Citations sur Captive (160)
J'imagine que le confort, c'est ce à quoi on est habitué, et, à l'époque, j'étais plus habituée à mon lit de prison, étroit, qu'à une chambre d'ami avec des draps propres.
Criminelle, criminelle, murmure-t-il tout bas. Ce terme a de l’attrait, une senteur, presque. De gardénias de serre. Terrifiante, mais également discrète. Il s’imagine en train de la respirer tout en attirant Grace vers lui, en appuyant sa bouche contre la sienne. Criminelle.
Quand vous êtes en plein milieu d’une histoire, ce n’est pas du tout une histoire, mais juste un embrouillamini ; un mystérieux rugissement, un aveuglement, des débris de verre brisé et des éclats de bois ; pareille à une maison prise dans une tornade ou bien à un bateau écrasé par des icebergs ou emporté par des rapides et que personne à bord n’a le pouvoir d’arrêter. Ce n’est qu’après que ça devient quelque chose qui ressemble un peu à une histoire. Quand on la raconte, à soi-même ou à quelqu’un d’autre.
Car si le pénitencier n'était pas vraiment une place chaleureuse,c'était pourtant le seul foyer que j'eusse connu durant près de trente ans;et c'est long....
Depuis que j'ai aidé McDermott à étrangler Nancy Montgomery, son visage terrible et ses abominables yeux injectés de sang ne m'ont jamais laissé un moment de paix. Nuit et jour, ils m'enveloppent de leur éclat éblouissant et, lorsque je ferme les yeux de désespoir, je les vois qui scrutent mon âme - il m'est impossible de les chasser de mon esprit...la nuit -dans le silence et la solitude de ma cellule, ces yeux flamboyants éclairent ma prison comme en plein jour. Non, pas comme en plein jour -ils ont un éclat terriblement brûlant qui ne ressemble à rien de ce qui existe sur cette terre.
Grace Marks,
A Kenneth MacKenzie, d'après le compte rendu de Susanna Moodie, Life in the Clearing, 1853
Puis je me dis, Il faut savoir accepter l'inévitable ; alors je regardai autour de moi les marguerites et les carottes sauvages ainsi que les globes violets des fleurs de laiteron qui sentaient si bon et qui étaient couverts de papillons orange ; puis je levai la tête vers les branches du pommier au-dessus de moi où les petites pommes vertes commençaient déjà à se former et vers les pans de ciel bleu visibles au-delà et essayai de reprendre courage en me disant que seul un Dieu de bonté, soucieux de notre bien-être, devait avoir crée autant de beautés et que les fardeaux que je portais, quels qu'ils fussent, étaient sûrement des épreuves pour tester ma force et ma foi comme dans le cas des premiers chrétiens, de Job et des martyrs. Mais, comme je l'ai dit, penser à Dieu me donne souvent sommeil ; et je tombai endormie.
Chapitre 29
Mary déclara que j'étais peut-être très jeune et ne savais ni grec ni latin, mais que j'étais vive comme un sou neuf et que la différence entre stupide et ignorante c'était qu'un ignorant pouvait apprendre;
Chapitre 18
Une école d'aliénistes français recommande la transcription des rêves comme outil de diagnostic ; leurs propres rêves ainsi que ceux de leurs patients, à titre de comparaison. Ils tiennent les rêves, ainsi que le somnambulisme, pour une manifestation de la vie animale qui se poursuit en dessous du seuil de conscience, hors de vue, hors de portée de la volonté. Peut-être est-ce là que sont localisés les crochets -les charnières, pour ainsi dire- de la chaîne de la mémoire ?
Il faut qu'il relise l'oeuvre de Thomas brown sur les associations et les suggestions, et la théorie de Herbert sur le seuil de conscience -cette ligne qui sépare les idées appréhendées en plein jour de celles qui rôdent, oubliées, parmi les ombres, en dessous. Moreau de Tours considérait le rêve comme la clé de la compréhension de la maladie mentale et Maine de Biran soutenait que la vie consciente n'était qu'une sorte d'île flottante sur un inconscient bien plus vaste où elle puisait des pensées comme des poissons. Ce qui se perçoit comme quelque chose de connu n'est qu'une petite partie de ce qui peut être emmagasiné dans ce mystérieux entrepôt. Des souvenirs perdus gisent dans ces profondeurs tel un trésor englouti sous les flots, devant être récupéré petit à petit, si tant est qu'il le soit jamais ; et il se peut que l'amnésie elle-même soit en réalité une sorte de rêve à l'envers ; une immersion du souvenir, une plongée sous...
Chapitre 17
Je leur avais dit que je n'étais pas folle, que ce n'était pas pas de moi qu'il s'agissait, mais ils n'ont pas voulu m'écouter.
De toute façon, ils ne seraient pas fichus de reconnaître un fou s'ils en voyaient un parce qu'une grande partie des femmes de l'asile n'étaient pas plus folles que la reine d'Angleterre.
Chapitre 4
"Bien que loin de toi je doive m'en aller,
N'aie pas le coeur brisé,
Nous deux qui ne formons qu'une âme
Ne sommes jamais vraiment séparées. Ta Lucy. "
Cette jeune demoiselle se noya peu après dans le lac quand son bateau coula lors d'une tempête et l'on ne retrouva jamais rien, hormis sa malle avec des initiales en clous d'argent ; elle était encore fermée à clé, de sorte que, même si tout était mouillé, rien ne s'était perdu, et Mlle Lydia reçut en guise de souvenir une écharpe qui était dedans.
" Quand je serai morte et enterrée
Que tous mes os seront décomposés
Quand tu verras ceci, pense à moi,
De peur que l'on ne m'oublie."
Chapitre 3