J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce roman, j'ai même failli l'abandonner plusieurs fois. le ton un peu mièvre et autocentré à la première personne du singulier m'a beaucoup dérangé, et le côté journal féminin, ce n'est pas vraiment ma tasse de thé, il y a même un certain érotisme de la soumission, le tout dans une attente lourde et malsaine pas vraiment passionnante, j'ai eu peur de me retrouver dans “50 nuances de gris”.
Il faut attendre la moitié du livre pour commencer à avoir du consistant à se mettre sous les yeux, mais quand on commence à découvrir la société dystopique mise en place, ça commence à devenir plus intéressant, parce qu'il y a des échos dans notre monde actuel comme la montée en puissance du puritanisme d'extrême droite qui tourne autour de
Donald Trump ou Jair Bolsonaro.
Paradoxalement, je découvre que ce ne sont pas ces deux [censuré] qui ont inspiré
Margaret Atwood, mais plutôt Berlin-Est dans les années 80 avant la chute du mur. le système des déplacements en binôme, où chacun doit se méfier de l'autre, était un procédé pratiqué en Allemagne de l'Est. Ce roman date en effet d'avant la chute du mur de Berlin, mais sa résonance actuelle n'en est que plus troublante.
Pour son aspect glaçant, sa présentation d'une société puritaine extrémiste, ce roman est assez remarquable, elle décortique des procédés, sans doute assez proche de certains apartheids sexistes actuels, mais imaginé du côté des chrétiens, dans la lignée des communautés influentes luttant violemment contre l'avortement entre autres.
J'ai aimé le contenu du roman, beaucoup moins le style, la mise en place m'a semblé laborieuse, et l'écriture n'est vraiment pas engageante, irrégulière dans la qualité, souvent trop de descriptions inutiles et sans relief. le récit tourne presque exclusivement à décrire la soumission, l'action est mineure, résumée en quelques lignes, et les réflexions plus profondes un peu trop rares. Pourtant, il y a quelques belles fulgurances, comme ce petit passage sur l'ennui au premier paragraphe du chapitre 13, c'est un comble !
J'ai trouvé l'ensemble très formaté : mise en place avec un mystère, dystopie, problématique féministe et actuelle, récit de révolte… Mais il n'est pas impossible qu'il ait servi de modèle pour ce “formatage” de la dystopie young adult, et si c'est à ce point repris, c'est parce que cela accroche le lecteur. Peut-être bien que si ça avait été ma première lecture de ce genre, j'aurais crié au génie, mais je suis maintenant las de retrouver toujours les mêmes ficelles. J'ai l'impression que toutes les dystopies écrites à la première personne du singulier avec un personnage féminin racontent la même histoire (je ne vais pas m'attirer que des amis avec ce jugement péremptoire !).
Alors, sur la fin, je l'ai dévoré, j'ai fini par me prendre au jeu et à y prendre goût, je ne regrette pas d'avoir persisté, même si mon point de vue reste mitigé pour l'ensemble.
Remarque sur le bandeau “Le livre qui fait trembler l'Amérique de
Donald Trump” : C'est d'un pompeux, ça ne fait que rendre le livre plus prétentieux qu'il ne l'est, ça ne donne vraiment pas envie. le livre qui provoque un tsunami, mais oui, mais oui, c'est ça, allez, faut arrêter de fumer la moquette les mecs !