C'est un très beau roman que l'on pourrait décrire comme le journal intime, le récit de voyage d'un écrivain basque, tout juste émigré à Reno, dans le Nevada avec sa femme, Angela et ses deux filles, Izascun et Sara. Il nous raconte leur installation dans le Grand Ouest américain, nous fait part de ses émotions, de ses sentiments présents, de ses rencontres souvent atypiques. nous conte divers événements (la campagne de
Barack Obama, la disparition du milliardaire Steve Fosset, d'un tueur et violeur en série qui sévit à Reno, l'évocation de la cellule du prisonnier AZ87
Al Capone ...), évoquent des écrivains (
Raymond Chandler, Kerouac, Allan Ginsberg,
Juan Benet, Eric Havelock...), des livres, des albums photos (celui de The Way We Were est marquant, troublant - extrait p.218) et puis tant d'histoires qui surgissent et disparaissent tout au long du roman, comme des tourbillons de souvenirs.
Parce qu'il est aussi question des rêves et des souvenirs du narrateur dans ce livre, apportant, parfois une touche sombre à ce roman, celle du deuil (de son père, de sa mère ....), celle de la nostalgie, des difficultés liées au déracinement. Il écrit sa vie, à un moment de sa vie, où il est temps de tourner la page.
"Ce qui s'était passé étant désormais derrière nous, notre façon de vivre a changé. Pour employer une métaphore empruntée aux livres religieux, l'herbe - la vie - a commencé à pousser et grandir dans d'autres fissures du mur."
Cette lecture fait voyager, elle nous transporte du désert dans le Nevada, à Reno, Las Vegas, Lac Tahoe, Truckee, Black Rock, mais aussi en Italie (Gênes, Florence, Rome, Pise ...), en Espagne et au pays basque.
La playlist déroulée tout au long du roman est un pur bonheur : The Mamas and The Papas, Animals, Sinatra ...
Une très belle écriture qui invite sans aucun doute au voyage; par de jolies touches colorées, l'auteur décrit merveilleusement bien le décor grandiose, majestueux qui l'entoure.
"Le ciel était bleu, le désert ocre, rougeâtre du côté des collines arrondies, le vent passait sur les arbustes comme une brosse en les frottant et en les nettoyant."
"Beau comme le premier jour du monde, de la création. Telle est l'idée qui vient à l'esprit quand [...] s'ouvre le panorama et apparaît le lac, Lake Tahoe. Les sapins cachent les chemins proches de ses berges : les montagnes recouvertes de neige succèdent l'eau bleue. On dirait, sans qu'il le soit vraiment, un paysage de carte postale : l'espace immense et les appareils photo ressemblent à des jouets. Durant un instant, on a l'impression que c'est précisément l'immensité qui va s'imposer à l'esprit mais non, c'est la première idée qui triomphe, celle qui nous fait soupirer et dire beau comme le premier jour. Tout semble innocent, primordial, comme si en traversant la sierra, on traversait aussi la frontière du temps en remontant en arrière, vers le paradis."
J'y étais, sincèrement, j'y étais !
J'ai adoré ce voyage; il faut le savourer lentement, par petites touches, au risque peut-être de s'ennuyer (ce qui ne fut pas mon cas) et de se perdre dans le désert, ce qui serait une expérience bien cruelle !!
Un très grand roman autobiographique extrêmement dense et riche, aux mille histoires, récits, chansons, souvenirs, que j'ai lu avec un immense plaisir.
Lien :
http://seriallectrice.blogsp..