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Florence Aubenas a fait un exposé clair de cette affaire, et elle a du mérite tant elle est embrouillée :

- évocation empathique d'un milieu social défavorisé, la déréliction de trois enfants abusés ; d'une mère de famille auteure des faits dont les mensonges et les affabulations l'ont propulsée sous les feux de la rampe : son heure de gloire enfin, à elle, l'ignorée, la méprisée, l'éternelle victime devenue bourreau sous l'influence d'un mari pervers et violent ;

- un jeune juge psycho-rigide, frais émoulu de l'école de la magistrature, abandonné seul au traitement d'une affaire qui le dépasse, avec une hantise : ne pas recommencer la bévue de l'affaire Dutroux. Et pour cela un leitmotiv : croire les enfants, toujours ;

- l'immense souffrance des accusés à tort dont certains ne s'en sont jamais remis.

Un livre qui ne donne pas le moral et fait douter de beaucoup de choses.
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Dans La méprise, la journaliste Florence Aubenas aborde avec tact et une très grande sensibilité l'affaire d'Outreau, un sordide feuilleton judiciaire qui tint en haleine la France il y a quelques années.
Petit rappel des faits. Après des mois d'une enquête effrénée, basée principalement sur les dires d'enfants, dix-sept personnes sont inculpées, soupçonnées de faire partie d'un gigantesque réseau de pédophilie. Parmi elles des notables, un prêtre-ouvrier, une boulangère, un gardien d'immeuble ou encore un chauffeur de taxi. Les accusés sont présentés comme de véritables monstres, violeurs et assassins d'enfants.
Le juge d'instruction, incapable de prendre le recul nécessaire par rapport à des accusations délirantes (les enfants vont jusqu'à prétendre avoir été violés par des moutons, des vaches et des chèvres...), mène l'enquête uniquement à charge. Arrive le procès, très vite, l'affaire se dégonfle comme une vulgaire baudruche. Plusieurs accusés sont pourtant condamnés alors qu'ils ont toujours clamé leur innocence. Ils seront finalement acquittés l'année d'après, lors du procès appel (que le livre de Florence Aubenas n'aborde pas, ayant été publié avant), non sans avoir passé trois ans en prison préventive et avoir vu leurs vies familiale et professionnelle ruinées. Si ce procès fut l'occasion d'une réhabilitation pour l'ensemble des protagonistes accusés à tort, il fit également ressortir crûment les dysfonctionnements de l'institution judiciaire et des acteurs sociaux (notamment les experts psychologues) dans la lutte contre la pédophilie. Pour parachever le sombre tableau, on notera encore qu'une dix-huitième personne inculpée s'est suicidée en prison, ne pouvant supporter le poids des accusations mensongères portées contre elle.
Le récit fouillé de Florence Aubenas va des premiers soupçons d'actes sexuels sur des enfants habitant la Tour du Renard, dans le quartier populaire d'Outreau, jusqu'au procès de St-Omer. Son enquête finement construite, richement documentée et portée par une plume alerte prend aux tripes. En se basant sur l'ensemble des éléments du dossier judiciaire, la journaliste permet de mieux comprendre comment cette enquête, certes gigantesque et complexe, s'est transformée en instruction digne de l'Inquisition. Mis sous pression par des médias prêts à lyncher quiconque ferait preuve de laxisme dans la traque des pédophiles, le juge d'instruction sombra dans un parti pris manifeste en sacralisant la parole des enfants, qui selon lui, «ne mentent pas».
L'ancienne journaliste de Libération, qui a suivi au jour le jour l'affaire, met également en lumière l'existence de poches de pauvreté inimaginables dans la France du XXIe siècle. On ne peut qu'être abasourdi par la description de quartiers entiers gangrenés par le chômage, la violence, l'ennui et l'oisiveté.
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Mes dix mots inspirés par cette lecture :
- Rigueur (journalistique)
- Distanciation
- Détricotage
- Réalité (versus Dossier)
- Préjudices (irréparables)
- Dévastations
- "Présumé coupable" (le film)
- Souffrances
- Suicides
- Faillite (du système judiciaire)
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Il m'a fallu des mois pour enfin entamer ce livre.
Je l'ouvrais, j'entamais la préface : « c'était une histoire qui fait peur… », je le refermais.
Il m'a fallu moins de temps pour écrire cette critique mais cependant beaucoup de tentatives furent nécessaire, des brouillons furent effacés, l'idée même de laisser tomber fut envisagée.

D'abord, comme tout le monde, j'ai cru ce que disait la presse, la télévision,…pauvres enfants, et tous ces gens, ces adultes qui ont abusés d'eux……puis, comme d'habitude, de la une, les articles se retrouvèrent en 2me, en 3me page…puis l' »affaire » fut oubliée. Les coupables étaient en prison et les enfants protégés.
Elle reprit la une des journaux lorsqu'il apparu que la
« Justice » avait dérapé.
Des innocents avaient été enfermés des mois sans pouvoir se défendre (ce genre d'affaire dérange tout le monde avocats, journalistes, citoyen lambda,…) et d'un revers de main, « on »
reconnut les erreurs (les horreurs) du (des) dossiers….La Justice n'accepta pas sa culpabilité, ne présenta …que si peu d'excuses et on s'acharna sur un petit juge …responsable, oui, mais était-il le seul ?

« C'était un histoire qui fait peur… »….peur d'accuser trop vite sans réfléchir, en suivant les cris de la foule, peur de se retrouver de l'autre côté, accusé, et de ne pouvoir se défendre.

Merci à Florence Aubenas d'avoir réécrit ce livre avec du recul
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Combien de temps encore ce livre de Florence Aubenas "La méprise. L'affaire d'Outreau" va t-il être considéré comme un reportage objectif de l'affaire des enfants violés d'Outreau ? On en est malheureusement loin. Paru juste avant le procès en appel, son but était d'influencer l'opinion publique et les jurés pour faire acquitter les accusés. Plusieurs ouvrages et articles ont déjà souligné ce fait. En publiant le 22 février 2021 son témoignage "Au-delà de l'irréparable - Une vie d'enfant de l'affaire d'Outreau" Jonathan Delay, enfant victime d'Outreau, devenu adulte, contribue à rétablir la vérité.
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L'auteure relate des faits ignobles sans porter de jugement mais tout interpelle.
Comment une affaire aussi délicate a-t-elle pu être confiée à un juge débutant? surtout après l'affaire Dutroux en Belgique!
Comment les services sociaux ont ils pu laisser dans leur famille des enfants avec des comportements aussi violents et explicites?
Des familles entières ont été détruites définitivement , uniquement sur la dénonciations d'enfants traumatisés et d'une mère en mal d'amour sincère et de reconnaissance.
L'histoire fait peur :
1)parce qu'elle met en avant tout ce que l'homme est capable de faire et de dire de plus "inhumains" dans des moments d'extrême tension (rumeurs , ragots dénonciations, mensonges ...)
2) parce qu'elle nous met fasse à nos responsabilités dans une société avide de scandale et de notoriété !(la France entière était devant sa télé) et qui nous enlève tout capacité de jugement.
3) parce qu'elle montre les limites de la justice et surtout le pouvoir "des juges" :je me rappelle très bien l'arrivée du juge Burgaud droit , fier sur de lui et qui expliquera à ses "pairs" qu'il n'a fait que son travail!
Florence Aubenas grand Reporter à libération avait commencé le livre juste avant de partir en Irak où elle restera six mois en captivité. A son retour elle recommencera complètement son livre.
A lire juste pour ne pas oublier ces familles , ces enfants qui ont été séparés de leurs parents sans raison et espérer que tout cela n'arrivera plus .
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La méprise l'affaire d'Outreau de Florence Aubenas est un livre partisan, écrit entre les deux procès d'Outreau. Il ne tient aucun compte du verdict de la cour d'assises de Saint-Omer qui a reconnu les 15 enfants victimes de viols et de proxénétisme (12 en appel à Paris).
Florence Aubenas qui n'est ni chroniqueuse judiciaire ni magistrat et encore moins spécialiste des abuseurs sexuels ou de leurs victimes, a décidé elle-même du verdict avant le procès en appel, en prenant partie pour les accusés. Son statut d'icône lui a permis d'être suivie par les médias et de bénéficier d'une synergie d'intérêts dont le plus lisible aujourd'hui est politique : il fallait justifier la suppression du juge d'instruction... c'était l'affaire idéale, les enfants étant des enfants du quart-monde que personne ne viendrait défendre.

Remerciements au courageux Pierre Paul d'amazon.
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Dans une petite ville du Pas-de-Calais, des enfants ont été violés par leurs parents et un couple d'amis de ces derniers. L'affaire Outreau débute. L'auteure, actuellement grande reporter au Monde, à Libération à l'époque, raconte l'enquête qui a précédé le procès. Elle s'évertue à expliquer comment les erreurs de l'affaire se sont produites, en décrivant les personnalités des protagonistes, et le souvenir des erreurs d'une autre affaire de pédophilie, l'affaire Dutroux, qui s'est déroulée à quelques kilomètres de là, en Belgique. Les erreurs de l'affaire Outreau ont conduit à l'arrivée sur le banc des accusés des personnes qui seront innocentées. le procès en lui-même n'occupe que quelques pages du livre.
L'ouvrage permet de comprendre l'emballement qui a entouré l'affaire, l'inexpérience du jeune juge en charge de celle-ci, sa peur de laisser en liberté des coupables mais aussi ce qui a poussé des accusés à mentir et à accuser des innocents.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Florence Aubenas, grand reporter nous plonge dans une « histoire simple et qui fait peur ». Libération l'a envoyée couvrir le procès de Saint Omer, la rédaction de la Méprise a été interrompue par son enlèvement en Iraq. A son retour en France, 6 mois plus tard, elle s'y replonge et livre ici un travail journalistique dans une France sombre.
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livre bien intéressant ,écrit avec sobriété et distance qui nous met face à une certaine réalité mais aussi à nos fantasmes ....
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