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3,79

sur 1704 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voilà.
Je viens de quitter Caen et ce quai de Ouistreham auquel j'aurais du me rendre depuis quelques années déjà.
Merci, madame Aubenas, d'avoir rapporté ce reportage d'une valeur inestimable. Vous êtes la digne héritière et continuatrice de ces journalistes qui firent le renom de la presse française.
Vous avez rejoint, dans cette crise qui affaiblis encore plus les plus faibles, le peuple invisible des travailleurs précaires des entreprises de nettoyage.
Bien sûr, vous n'y êtes pas allé pour y rester à passer le lave-pont ad vitam éternam... Ce que quelques chroniqueurs babéliotes vous reprochent absurdement! Vous avez donné une voix , un visage et une humanité à celles et ceux qui oeuvrent au nettoyage dans des horaires impossibles, courant de contrats en contrats, contraints de briquer et faire briller dans des laps de temps plus que chichement mesurés.
Votre livre, Madame Aubenas, est instructif et nécessaire: Un témoignage soigneusement écrit par celle-là même qui a partagé la vie des précaires...
Celle qui a nettoyé les sanitaires sans rechigner à la tâche.
Un document de première main, dur, parfois désespérant mais avant tout humain.
C'est celà, l'oeuvre d'un journaliste, et je vous en remercie infiniment.
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Florence Aubenas, dont le visage avec ses beaux yeux bleus est pourtant bien connu à cause de sa détention comme otage, se glisse dans la peau d'une femme de ménage complètement anonyme!
Son expérience donne encore à réfléchir sur les injustices qui subsistent dans notre pays "des droits de l'homme". Quand on n'appartient pas à cette classe socio-économique, on est plongé dans des réalités très dures.
Je suis admirative devant le courage de beaucoup de mal-lotis en France.
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"Thérèse, écoute-moi, c'est vrai pour Mimi ?
Mimi ? Mimi quoi ? Mimi et alors ? " dit Thérèse.
C'est moi qui me sens gênée, tout à coup : "Ce n'est pas un problème. Je voulais savoir, c'est tout.
- Qu'est-ce que tu as à faire l'effarouchée ? dit Thérèse. Tu es ridicule. Tout le monde le sait. Pour nous, Mimi c'est Mimi. On l'aime, comme ça."

Voici un extrait tiré d'un des derniers chapitres de ce livre. Mimi, c'était il et aujourd'hui c'est elle. Et Mimi, on l'aime, comme ça...

C'est, au fond ce que je retiendrai de cette aventure : la vie, c'est ça. Et on l'aime, comme ça.

Florence Aubenas, reporter incognito, cherche à décrocher un CDI dans la région de Caen dans un secteur pénible, dur, précaire et très féminin : le nettoyage.

Dans ce petit extrait, un concentré de ce que j'ai ressenti à la lecture de ce document émouvant : des questions posées sans a priori de la part d'une journaliste et des réponses, sans fard, qui vous démolissent de leur vérité pure, transcendante.

Mais surtout, "pour nous", sans cette chaleur humaine, que reste-t-il ?

Certes, ce n'est pas tous les jours joyeux, loin de là, mais il y a quelque chose qui les unit. Et Florence Aubenas ne s'y trompe, elle est "gênée" car elle va devoir leur dire sa vérité, un jour...

...alors en attendant, allez, un dernier tour de Tracteur. Enfin si cette vieille guimbarde veut bien démarrer. C'est pas tout, mais comment être à 5heure sur le quai ? Le ferry n'attendra pas.
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Dans la lignée de Nellie Bly, dont elle a le talent, et largement plus d'un siècle après, Florence Aubenas s'immerge dans le monde des précaires.
Se faisant passer pour une femme abandonnée, elle s'installe dans un étroit appartement de la ville de Caen, s'inscrit à Pôle Emploi et accepte n'importe quel travail sous-payé ne nécessitant pas de qualifications particulières.
Elle découvre la misère, la dureté du travail de femme de ménage, la débrouillardise et le système d'mais aussi l'entraide et l'amitié.
Cette immersion dans une région française guère plus sinistrée que d'autres est criante de vérité.
Ce reportage a eu lieu en pleine crise des subprimes, en 2009.
Les femmes et les quelques hommes dont il est question ici sont ingénieux, certes, mais peu enclins à la contestation de l'ordre établi, craintifs même à cette idée.
Au vu de la survenue des gilets jaunes années il est clair que, sans surprise, la révolte couvait.
Et aujourd'hui plus que jamais la situation de ces personnes devant choisir entre un chômage à vie ou un travail doublement pénible va être pire qu'à cette époque.

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J'entrais dans ce livre un peu à reculons, mais j'ai vite été convaincue de son utilité. Florence Aubenas s'était donné pour but de s'installer dans une ville inconnue d'elle, sous son identité, mais sans autre bagage qu'un baccalauréat, et en n'annonçant aucune compétence ni expérience particulière. Elle arrêterait l'expérience dès qu'elle obtiendrait un contrat de travail à durée indéterminée. « Agent d'entretien, c'est l'avenir. » lui annonce sa conseillère, et c'est donc vers ce domaine qui ne requiert aucune qualification (quoique…) qu'elle se dirige. La multitude de ses expériences, ses rencontres avec d'autres agents de propreté, sa formation, les situations kafkaïennes au guichet du Pôle Emploi, tout est minutieusement décrit, avec une dose d'humour qui fait parfois sourire de situations où l'on ne voudrait pas se retrouver.
Ce témoignage très intéressant se lit avec facilité, et éclaire sur des conditions de vie que ne font parfois qu'imaginer ceux qui ont la chance d'avoir « la sécurité de l'emploi ». La démarche de Florence Aubenas est courageuse, il aurait été tellement plus facile d'aller réaliser un reportage d'une quinzaine de jours dans la région de Caen, et d'aligner des interviews ici et là. Ce changement radical de vie lui a permis d'approcher les problèmes au plus près, et d'en rendre compte d'une manière absolument pas didactique, et sans réduire les demandeurs d'emploi à des nombres ou à des pourcentages. Ils s'appellent Philippe, Mimi, Marilou, Françoise ou Marguerite, pratiquent mieux que quiconque la solidarité et l'entraide, et tentent contre vents et marées d'assurer une maigre subsistance à leur famille au prix d'un combat de tous les jours. Et je vois ce livre comme un hommage qui leur est rendu.
Lien : http://lettresexpres.wordpre..
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Depuis dix ans, date de sortie de ce livre, rien n'a changé. Les Gilets Jaunes sont dans la rue. Ce témoignage parle d'un univers cruel, le nôtre. La précarité, la souffrance au travail, le salaire de misère, le temps partiel imposé, les horaires inhumains. La recherche d'emploi - un sport de combat. L'auteure évoque aussi l'absence d'action syndicale : le contexte de cette activité précaire rend inopérante toute action de contestation.
Sans oublier les mornes zones périurbaines, friches, plates-formes à l'abandon - le décor de leur quotidien sans illusions.

Je sais pourquoi ils/nous/la société n'approuve pas le projet de Benoît Hamon, le revenu universel : il n'y aurait plus personne pour récurer les toilettes d'Ouistreham.

Heureusement, des gestes de solidarité illuminent ce témoignage touchant.
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Même si Florence Aubenas a joué le rôle de demandeuse d'emploi avec beaucoup de sincérité, j'ai quand même été gênée par l'imposture. Bien que partageant le quotidien professionnel de ses soeurs de précarité, l'enjeu pour elle n'est pas identique. Il ne lui est pas dramatique d'échouer, de ne rien trouver, de galérer car elle a une solution de repli. Sa vraie vie est ailleurs, une vie où elle est diplômée et a un métier tandis que pour ses compagnes, la question de l'emploi est cruciale. Pour ces femmes il faut payer le loyer et remplir le réfrigérateur, c'est vital.
D'être dans cette situation de façon tout à fait artificielle doit permettre à l'auteur de mieux encaisser les humiliations et les insultes au contraire des autres qui doivent en souffrir et se sentir détruites d'être traitées ainsi. L'incertitude du lendemain ne pèse pas non plus sur Florence Aubenas de la même façon puisqu'elle n'est pas vraiment réelle.
J'ai quand même été passionnée par ce récit effrayant, déprimant et parfois sordide mais jamais misérabiliste. Personne n'y est épargné: patronat, syndicat, tous en prennent pour leur grade. L'auteur a la dent dure mais juste.
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J'ai mis dix ans à lire le Quai de Ouistreham, dont il avait été beaucoup parlé à la sortie, car j'hésitais, partagé entre la certitude que oui, parler sous toutes les formes possibles des problèmes de notre société est le devoir des journalistes, et le fait que je trouvais l'exercice auquel s'est livré Florence Aubenas un peu voyeuriste. Mine de rien, elle s'introduit quelque part dans la vie des gens sous un faux prétexte. Je ne parle pas de ceux qu'elle croise simplement comme collègues, mais de ceux avec lesquels elle va se lier d'amitié, de cet homme qui la trouve à son goût etc.
Je suis cependant contente de l'avoir lu, c'est bien écrit, c'est un témoignage facile d'accès, très peu de réflexions, que du ressenti, au point que parfois les raisons de la précarité, de son aggravation surtout, échappent un peu.... On a traversé tellement de crises et de catastrophes diverses depuis, que pendant une seconde je ne savais plus laquelle c'était!
Un bon livre, pas le livre du siècle, mais intéressant, et qui nous met vraiment les yeux sur tout ce qu'il y a de si dur, de si inhumain, dans notre société.
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Le nom, le visage et la voix de Florence Aubenas sont célèbres en particulier depuis sa longue période de captivité en Irak en 2005 . Cela ne l'a pas empêchée d'endosser le rôle d'une femme en quête d'emploi dans la région de Caen de février à juillet 2009.

Voilà donc Florence Aubenas en femme proche de la cinquantaine, bachelière mais n'ayant pas travaillé depuis quinze ans qui se présente au Pôle Emploi de Caen alors que l'on ne parle partout que de la "crise" depuis 2008.

Seule issue pour un cas désespéré comme elle, faire des ménages et encore, son cas est si difficile qu'il est confié à une agence d'interim. Elle apprend à rédiger un CV et à trouver quelles passions peuvent y être inscrites pour intéresser un employeur de femmes de ménage !

Entre espoir ténu de trouver quelques heures ici, quelques autres heures plus loin et peur continue de perdre ces emplois qui pourtant n'en sont pas, c'est la précarité au quotidien que nous fait découvrir ce livre : Partir à l'aube, s'aventurer dans des Zac déshumanisées, prendre sur soi pour ne pas sentir la douleur dans les muscles et les articulations, pour rester insensible à l'humiliation permanente, à l'angoisse du lendemain puis rentrer fourbue à la nuit, après des heures supplémentaires qui ne seront jamais payées, avec à peine de quoi vivre et croiser sur son chemin beaucoup d'autres précaires qui enchaînent les CDD mais se secouent pour continuer.

Le travail le plus stable qu'elle ait trouvé : le nettoyage des "sanis" sur les ferries de Ouistreham, fonction réservée aux femmes ! La première fois, elle s'est précipitée pour tenter de rattraper Mauricette, la contremaître, qui lui a paru s'écrouler à terre dans « un sani ». Mais pas du tout ! Sa cheftaine lui montrait comment s'y prendre pour aller vite. Car le nettoyage ne doit pas durer plus de trois minutes par cabine ! L'escale du bateau ne dure qu'une heure.

Florence Aubenas a mené cette vie aux côtés de Marilou, Victoria, Marguerite ou Philippe mais elle avait elle quelques atouts : sans compter la certitude d'une autre vie possible, elle a dans le livre l'atout de ne pas avoir mal aux dents comme au moins deux des femmes rencontrées et la possibilité d'utiliser une voiture qu'elle surnomme "le tracteur" : cette voiture, prêtée par l'amie d'une amie, lui permet d'accepter des heures de ménage loin de son deux pièces de Caen.

Ce livre s'inscrit dans une longue lignée de livres d'enquête "dans la peau de..." parmi lesquels Dans la peau d'un Noir, de John Griffin, (1961), Tête de Turc de Gunther Walraff (1986), Dans la peau d'un intouchable, de Marc Boulet (1994)... et nous ouvre les yeux sur le monde dans lequel nous vivons !
Lien : http://www.lirelire.net/arti..
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Il y a quelques années profitant des livres étudiés par ma fille, j'ai eu l'occasion de lire « L'Amérique pauvre » de Barbara Ehrenreich, journaliste qui faisant un pari avec un ami va partir chercher du travail sans qualification, en conservant seulement sa voiture et mille dollars (il me semble, bien que maintenant la somme me parait importante…), Depuis j'attendais qu'un journaliste ou sociologue se lance dans le même genre d'aventure en France. Mon souhait a été exaucé ! Ce livre arrive au bon moment dans ma vie puisque je suis inscrite à pôle emploi depuis deux mois…. J'ai retrouvé dans ce constat navrant et pourtant réaliste l'ambiance de pôle emploi, une sorte d'agressivité latente dès qu'on pousse la porte de cet endroit. La pensée positive est arrivée jusqu'à nous, sauvons nous help !!!! Ou comment faire passer des consignes et des ordres sans que ceux-ci soit discutés ou refusés, excellent ! J'ai beaucoup ri en lisant ce témoignage, me retrouvant dans certaines situations. Les loisirs évoqués sont malheureusement pragmatiques en ces temps de précarité et je le constate dans ma région : la sortie du week-end est aussi la grande surface où on passe beaucoup de temps à discuter, à faire des rencontres etc…La solidarité, les astuces pour acheter de quoi manger, l'amitié, les bagarres, tout y est. Florence Aubenas s'est parfaitement « coulée » dans la peau du personnage s'est contentée de témoigner et son livre est une réussite. A lire absolument surtout si vous êtes « demandeur d'emploi », il ne faut plus dire chômeur, la pensée positive n'oubliez pas !
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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