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Critique de montmartin


Les lieux :
Un village de montagne, une vallée où la désertification fait des ravages, la maternité, la mutuelle sociale agricole tout a été délocalisé. Les trains passent, mais ne s'arrêtent plus. Six cents emplois ont disparu.

Les faits :
La petite poste située dans la vieille ville, on dirait une maison de poupée. Catherine Burgod, qui tient l'agence, gît entre l'évier et le coffre dans une nappe de sang, assassinée de vingt-huit coups de couteau. Deux mille six cents euros dérobés, un butin bien maigre pour un pareil massacre.

Le suspect :
Thomassin, un marginal qui vit des minima sociaux, il a connu son heure de gloire comme acteur, césar du jeune espoir, il loue un studio dans une bâtisse ancienne, à dix mètres du lieu du meurtre. Il a toujours une lame sur lui. Il raffole des histoires criminelles. Une gueule à faire peur, bouillie par la drogue et l'alcool

Florence Aubenas nous raconte dix ans d'enquête, des centaines de personnes entendues, trois hommes mis en examen, près de quatre cents prélèvements ADN, la vallée ratissée dans tous les sens. L'auteure décrit parfaitement les dégâts et la dévastation provoqués par une instruction, l'intimité étalée, exposée au grand jour, les secrets éventrés, les plus importants comme les plus dérisoires. Famille, amitiés ou réputation seront pulvérisées, sans épargner la douleur ni les sentiments. L'assassin est sûrement un gars du coin, peu à peu la méfiance entre voisins s'est installée. Les intimes sont les premiers suspects le futur ex-mari en premier, on se bouscule pour témoigner. Les gendarmes lancent des vérifications, des convocations, auditions, écoutes, contrôles. le dossier se transforme en un chaudron infernal où bouillonnent une multitude de pistes.

Florence Aubenas ne fait pas l'enquête elle regarde l'enquête se faire et témoigne, jusque dans les moindres détails. Un reportage, un vrai travail de journaliste, elle raconte les faits sans porter de jugement. Elle dresse des portraits saisissants des protagonistes.

Catherine, la victime, une belle femme blonde avec de faux airs de Sophie Marceau. le mariage a été la grande aventure de ses vingt ans, le divorce sera celle de ses quarante ans. Mais son mari ne veut pas divorcer. Elle fait plusieurs tentatives de suicide, puis une nouvelle vie, un nouveau compagnon, le Nouveau et une grossesse inattendue.

Le père de Catherine, qui ne vit plus que pour retrouver l'assassin de sa fille et dont l'appartement du sol au plafond est transformé en un prolongement du dossier.

Tintin et Rambouille qui forment avec Thomassin un trio de paumés, des vrais Dalton, des pieds nickelés qui éclusent des packs de bières achetés au Lidl.

Mais surtout Thomassin un homme de trente-quatre ans, qui n'a ni grandi, ni vieilli, qui a gardé sa petite gueule touchante d'adolescent, mais amochée, tailladée, roulée par les vagues d'une vie d'errance. Un garçon naturellement doué, recherché par les metteurs en scène, mais il faut parfois un ou deux mois pour mettre la main dessus. Il a besoin de sentir l'amour autour de lui. Il n'a jamais appris les techniques du métier, il joue avec ses tripes. Un homme attachant, mais décourageant aussi.

Un roman d'atmosphère, très bien écrit, où tout est détaillé avec rigueur, on sent dans ces pages l'empathie qu'éprouve Florence pour Thomassin et le lecteur ne peut que la partager.

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