Si vous connaissez Brigitte Aubert, vous devez savoir que c'est une auteure à multiples facettes, son talent s'exerçant aussi bien dans des romans très glauques que dans de la littérature jeunesse. Dans "
La mort au Festival de Cannes", elle nous la joue version polar humoristique. Elle remet en scène Elise Andrioli que j'avais adorée dans "
La mort des bois" et "
La mort des neiges", véritables thrillers où malgré son handicap, tétraplégique, aveugle et muette à la suite d'un attentat, la jeune fille, s'était retrouvée enquêtrice un peu contre son gré et avait élucidé plusieurs meurtres. Je préviens le lecteur connaisseur que cette suite, question genre n'a rien à voir avec les précédents.
Dans "
La mort au Festival de Cannes", on la découvre membre du jury Jeunes Talents, ses aventures ayant fait l'objet d'un livre (écrit par une mystérieuse B.A.) puis d'un film avec Jodie Foster dans son rôle, accompagnée bien sûr de la fidèle Yvette qui remplace ses yeux et ses jambes. Ayant désormais retrouvé l'usage d'une main, Élise se sert d'un ordinateur hightech pour communiquer mais comme elle le dit elle-même, elle potiche souvent (du verbe poticher) entre deux assiettes de petits fours et le visionnage de films peu captivants qui eux aussi risquent de faire un four... Telle la fleur attirant l'abeille, on dirait qu'elle attire les ennuis, voire pire puisque chaque jour qui passe, quelqu'un trépasse : meurtre ou suicide, tout cela reste à déterminer et Elise va s'y employer discrètement car la sachant muette et immobile, les langues se délient autour d'elle, oubliant qu'elle n'est pas sourde. Mais voilà qu'elle-même est victime de ce qui aurait pu passer pour un accident...
J'avoue que l'humour dont l'auteure fait preuve à chaque page m'a totalement fait oublier l'intrigue policière dont la qualité me semble quand même inférieure aux deux précédents opus, en particulier la fin. Les pensées sarcastiques d'Elise aussi bien à son égard qu'à celui de ceux qu'elle côtoie sont des purs moments de bonheur. Et il y a du grain à moudre car loin des vedettes du festival officiel que l'on aperçoit et qui font hurler les foules, les multiples personnages qui l'entourent, entre membres du jury, organisateurs et jeunes talents activent son imagination. Cette galerie de portraits assez caricaturaux ajoutée à l'humour vache de l'héroïne m'ont fait penser à l'univers d'un
San Antonio au féminin, version édulcorée.
Merci à Babelio et aux Éditions du Seuil pour ce pur moment de plaisir et son lot de phrases cultes, même si de ce fait le suspense que l'on attend d'un bon polar est amoindri. J'apprécie d'autant plus que l'humour au féminin est souvent rare en littérature. 13/20