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Citations sur Les Tragiques (63)

On dit qu'il faut couler les exécrables choses
Dans le puits de l'oubli et au sépulcre encloses,
Et que par les écrits le mal ressuscité
Infectera les moeurs de la postérité ;
Mais le vice n'a point pour mère la science,
Et la vertu n'est pas fille de l'ignorance.
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Va Livre, tu n’es que trop beau
Pour être né dans le tombeau
Duquel mon exil te délivre;
Seul pour nous deux je veux périr :
Commence, mon enfant, à vivre,
Quand ton père s’en va mourir.

Encore vivrai-je par toi,
Mon fils, comme tu vis par moi,

1795 - [p. 35, L'auteur à son livre]
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Le secret plus obscur en l’obscur des esprits,
Puis que de ton amour mon ame est eschauffée,
Jalouze de ton nom, ma poictrine, embrazée
De ton feu pur, repurge aussy de mêmes feux
Le vice naturel de mon cœur vitieux ;
De ce zele tres-sainct rebrusle-moy encore,
Si que (tout consommé au feu qui me devore,
N’estant serf de ton ire, en ire transporté
Sans passion) je sois propre à ta vérité.
Ailleurs qu’à te loüer ne soit abandonnée
La plume que je tiens, puis que tu l’as donnée.

Je n’escry plus les feux d’un amour inconneu ;

Mais, par l’affliction plus sage devenu,
J’entreprens bien plus haut, car j’apprens à ma plume
Un autre feu, auquel la France se consume.
Ces ruisselets d’argent que les Grecs nous feignoient,
Où leurs poëtes vains beuvoient et se baignoient,
Ne courent plus icy ; mais les ondes si claires,
Qui eurent les saphyrs et les perles contraires,
Sont rouges de nos morts ; le doux bruit de leurs flots,
Leur murmure plaisant, hurte contre des os.
Telle est, en escrivant, non ma commune image ;
Autre fureur qu’amour reluit en mon visage.
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« Quand la plaie noircit, et sans mesure croist,

Quand premier à noz yeux la gangrene paroist :

Ne vaut il pas bien mieux d’un membre se desfaire »
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Je veux peindre la France une mère affligée
Qui est entre ses bras de deux enfants chargée,
Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts
Des tétins nourriciers ; puis, à force de coups
D'ongles, de poings, de pieds, il brise le partage
Dont nature donnait à son besson l'usage;
Ce voleur acharné, cet Esau malheureux
Fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux,
Si que, pour arracher à son frère la vie,
Il méprise la sienne et n'en a plus d'envie.
Mais son Jacob, pressé d'avoir jeûné meshui,
Ayant dompté longtemps en son coeur son ennui,
À la fin se défend, et sa juste colère
Rend à l'autre un combat dont le champ est la mère.,
Ni les soupirs ardents, les pitoyables cris,
Ni les pleurs réchauffés ne calment leurs esprits
Mais leur rage les guide et leur poison les trouble,
Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble
Leur conflit se rallume et fait si furieux
Que d'un gauche malheur ils se crèvent les yeux.
Cette femme éplorée, en sa douleur plus forte,
Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte;
Elle voit les mutins tout déchirés, sanglants,
Qui, ainsi que du coeur, des mains se vont cherchant.
Quand, pressant à son sein d'une amour maternelle
Celui qui a le droit et la juste querelle,
Elle veut le sauver, l'autre qui n'est pas las
Viole en poursuivant l'asile de ses bras.
Adonc se perd le lait, le suc de sa poitrine;
Puis, aux derniers abois de sa proche ruine,
Elle dit : « Vous avez, félons, ensanglanté
Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté;
Or vivez de venin, sanglante géniture,
Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture. »
(Misères, v. 97 et suiv.)

Si quelqu’un me reprend que mes vers échauffés

Ne sont rien que de meurtre et de sang étoffés,

Qu’on n’y lit que fureur, que massacre, que rage,

Qu’horreur, malheur, poison, trahison et carnage,

Je lui réponds : ami, ces mots que tu reprends

Sont les vocables d’art de ce que j’entreprends »
(Princes, v. 59 et suiv.).


Ne chante que de Dieu, n’oubliant que lui-même
T’a retiré : voilà ton corps sanglant et blême
Recueilli à Talcy, sur une table, seul,

A qui on a donné pour suaire un linceul. [...]
Ta main m’a délivré, je te sacre la mienne
(Fers, v. 1425 et suiv.)

Mais quoi ! c'est trop chanté, il faut tourner les yeux 
Éblouis de rayons dans le chemin des cieux. 
C'est fait, Dieu vient régner, de toute prophétie 
Se voit la période à ce point accomplie. 
La terre ouvre son sein, du ventre des tombeaux 
Naissent des enterrés les visages nouveaux : 
Du pré, du bois, du champ, presque de toutes places 
Sortent les corps nouveaux et les nouvelles faces. 
Ici les fondements des châteaux rehaussés 
Par les ressuscitants promptement sont percés ; 
Ici un arbre sent des bras de sa racine 
Grouiller un chef vivant, sortir une poitrine ; 
Là l'eau trouble bouillonne, et puis s'éparpillant 
Sent en soi des cheveux et un chef s'éveillant. 
Comme un nageur venant du profond de son plonge, 
Tous sortent de la mort comme l'on sort d'un songe. 
Les corps par les tyrans autrefois déchirés 
Se sont en un moment en leurs corps asserrés, 
Bien qu'un bras ait vogué par la mer écumeuse 
De l'Afrique brûlée en Tylé froiduleuse. 
Les cendres des brûlés volent de toutes parts ; 
Les brins plus tôt unis qu'ils ne furent épars 
Viennent à leur poteau, en cette heureuse place 
Riants au ciel riant d'une agréable audace.
(Jugement, v. 661 et suiv.)

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Leur souper s'entretient de leurs ordes amours,
Les maquereaux enflés y vantent leurs beaux tours;
Le vice, possédant pour échafaud leur table,
Y déchire à plaisir la vertu désirable.
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Vous qui avez donné ce sujet à ma plume,
Vous-même qui avez porté sur mon enclume
Ce foudre rougissant acéré de fureur,
Lisez-le: vous aurez horreur de votre horreur!
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Rien ne noircit si tôt le ciel serein et beau
Que l'haleine et que l'œil d'un transi maquereau.
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J'appelle Dieu pour juge, et tout haut je déteste
Les violeurs de paix, les perfides parfaits,
Qui d'une sale cause amènent tels effets :
Là je vis étonnés les cœurs impitoyables,
Je vis tomber l'effroi dessus les effroyables.
Quel œil sec eût pu voir les membres mi-mangés
De ceux qui par la faim étaient morts enragés ?
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Les corps par les tyrans autrefois deschirez
Se sont en un moment à leurs corps asserrez,
Bien qu’un bras ait vogué par la mer escumeuse.
De l’Affricque bruslée en Tyle froiduleuse,
Les cendres des bruslez volent de toutes parts ;
Les brins, plus tost unis qu’ils ne furent espars,
Viennent à leur posteau en cette heureuse place,
Riants au ciel riant d’une aggreable audace.
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