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EAN : 9782020316545
266 pages
Seuil (31/01/1997)
4.08/5   225 notes
Résumé :
Lorsqu'elle débarque à Londres en février 1944 pour y mettre au monde son deuxième enfant, Lucie Aubrac est accueillie comme une héroïne de la Résistance française. Quelques années plus tard, lors d'un voyage aux Etats-Unis, elle trouvera par hasard dans un avion des " cartoons " américains racontant, en bandes dessinées, sa propre histoire. Mais qu'est-ce qu'une héroïne ?


Depuis quarante ans, Lucie Aubrac – peu soucieuse de gloriole – n'avait... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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A propos de ce livre témoignage de Lucie Aubrac, j'ai eu envie de témoigner à mon tour en recopiant quelques extraits d'un texte écrit après que j'ai eu la chance de la rencontrer lors d'un colloque sur la résistance à Lyon, au début des années 90. Ce texte s'intitule : « Une femme ordinaire » et me semble dire en filigrane ce que le lecteur du livre de Lucie pourra ressentir.
« (…)
En début d'après-midi, le colloque a pour thème : Résistance et Mémoire.
Après les premiers discours d'usage, un intervenant s'avance, le volcanologue Haroun Tazieff. de sa voix si particulière, rocailleuse et musicale, il raconte son entrée dans la résistance. le jeune homme d'alors, plein de fougue et d'énergie à dépenser, rêvait d'action. Sa démarche, une démarche intellectuelle, militante, visionnaire ? Pas du tout. Une envie physique, uniquement, d'en découdre, de se battre, d'écouler la sève qui coule dans ses veines. Et cet homme dans toute son honnêteté nous explique qu'il s'est retrouvé du bon côté de la barrière un peu par hasard, qu'il aurait pu peut-être, si on avait cherché à le séduire, s'engager au sein de la milice.
Je pense à ce film que j'aime tant, "Lacombe Lucien" de Louis Malle et Patrick Modiano, qui a tant choqué lors de sa sortie et encore de nos jours. Pourtant, la vérité d'Haroun Tazieff est là, dans sa crudité et son évidence : on ne choisit pas toujours d'être un héros.
Ce témoignage, d'une simplicité lumineuse, exprimé avec jovialité, suscite quelques interrogations incrédules. Certains ne peuvent se résoudre à accepter une telle insouciance, préféreraient un message plus tranché, sans doute pour se rassurer. le vieil homme tient bon, chaleureux mais constant, il ne cède aucune parcelle du terrain. Voilà ma vérité : jugez-moi si vous voulez, mais entendez-la.
Une pause d'un quart d'heure est la bienvenue. Les esprits s'échauffent un peu autour de moi, qui reste calme. Ce discours m'est sympathique, rejoint certaines de mes convictions les plus anciennes. L'homme est un être ambivalent. Les porteurs de certitude sont parfois dangereux. le doute construit. A l'heure du choix, nous ne sommes pas toujours au rendez-vous.
La reprise des débats s'annonce. Une femme s'approche du micro. Grande, âgée, osseuse, plus distante en apparence qu'Haroun Tazieff. Lucie Aubrac. C'est un ancien professeur, qui, je le présume à sa posture, ne devait pas être commode. Sa voix est directe, presque autoritaire, et je m'attends à un discours didactique et un peu péremptoire. Et les mots commencent à dérouler leur chemin jusqu'à mes oreilles, mon coeur, mon âme.
Que dit Lucie Aubrac ?
Qu'elle n'a aucune leçon à donner, simplement le besoin de témoigner. Non pas pour elle, pour régler les comptes du passé, mais pour les êtres d'aujourd'hui. Elle avait deux ans de plus qu'Haroun Tazieff pendant la guerre, mais son engagement fut davantage conscient, militant. A vrai dire, elle ne s'était jamais posé la question. Amoureuse de son métier, elle se sentait charge d'âmes. Amoureuse de Raymond, elle l'accompagna dans la lutte. Au nom de leurs idéaux communs, sans grand discours, sans emphase. Simplement, il fallait que cela soit. Qu'il y ait des femmes et des hommes pour se dresser contre l'inacceptable. Que des réseaux soient créés. Qu'une organisation se mette en place, hiérarchisée, soumise à des lois que l'on doit respecter, même si on ne les comprend pas toujours. Non sans humour, elle raconte la différence entre les hommes et les femmes dans le quotidien des résistants. L'homme, tout entier tendu vers le combat, les armes, déconnecté des considérations domestiques. La femme, portant des messages, assurant les liaisons, distribuant des tracts, et assumant la totalité des tâches ménagères, la cuisine, l'éducation des enfants, perpétuant une certaine routine qui est aussi la vie, et gage d'équilibre. Lucie adopte un ton léger pour raconter les dangers encourus, les incertitudes, les longues heures d'attente et d'inquiétude. Rien en elle ne trahit une fierté qui lui semblerait dépassée, parce qu'aujourd'hui, si elle a acquis une petite célébrité, elle garde en mémoire les milliers d'anonymes dont on ne parlera jamais et qu'elle porte en elle. Oui, ces anecdotes pour nous ressemblent à un film, mais au cinéma les morts se relèvent après le mot fin. Pas dans la vie. le froid s'insinue jusque dans mes os. Je repense à Jean Moulin, devenu un emblème, mais qui n'était qu'un homme. Et j'y vois là sa grandeur. Lucie ne veut pas s'attarder les heures sombres, elle martèle obstinément : il vous faut résister, aujourd'hui comme hier, à l'oppression, aux idées reçues, à votre peur, vous engager aussi, pour vous, vos amis, vos voisins, le proche et l'étranger. Choisissez vos armes, un bulletin de vote, l'écriture, l'enseignement, l'amour.
Car résister, précise-t-elle, c'est aussi célébrer la vie : rire, partager, faire l'amour, même en temps de guerre, surtout en temps de guerre. Maintenir allumée la petite flamme de l'espérance et des petits moments de bonheur. Une chanson qui passe à la radio, un fruit que l'on déguste avec gourmandise, le sourire d'un enfant, une nouvelle rencontre, l'ami qui vous fait signe alors qu'on ne l'attendait plus...
Plus je l'écoute et plus je me prends d'affection pour cette femme qui m'était apparue revêche, que j'avais préalablement jugée sur son physique, et je comprends que résister c'est tout d'abord commencer à lutter contre sa propre bêtise, les a priori que l'on porte en soi depuis l'enfance, savamment entretenus par la famille, l'école, les dogmes. On n'en a jamais assez de toute une vie pour apprendre, s'ouvrir, changer, se remettre en question. La vigilance est de mise, quand tant de facilité nous tend les bras. La liberté a un prix, et coûte cher, Lucie le sait plus que quiconque. Choisir d'essayer d'être heureux avec les autres, et non malgré eux. J'aime et j'admire cette femme, elle devient mon héroïne, elle qui ne cesse de répéter : je suis une femme ordinaire.
Ordinaire ? Oui, c'est peut-être cela, l'ambition ultime : être ordinaire dans une époque où chacun se veut unique, extraordinaire, court après son petit moment de célébrité aux yeux de tous, quand être aimé d'une seule personne suffirait. Rester humble alors que tant de choses nous dépassent, avec l'orgueil de ne jamais courber l'échine. Accepter ses faiblesses, ne pas les porter en étendard, savoir demander de l'aide, porter assistance à son tour. Appliquer le principe des vases communicants. Ne rien tenir pour acquis et ne pas s'en angoisser.
Cet ancien professeur m'a donné la plus belle des leçons, celle d'un vrai esprit libre.
Une leçon d'humanité. Celle d'une femme ordinaire : Lucie Aubrac. »

Lien : http://parures-de-petitebijo..
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Voilà une personne face à laquelle on se sent toute petite, tant sa force déborde des pages de ce témoignage édifiant au sens le plus noble du terme : force du courage, force d'un engagement pour une cause au-delà de soi et au mépris du danger, force tranquille à se tenir debout face à une menace terrifiante devant laquelle il est si naturel de se coucher; force de l'amour aussi, brûlant, flamboyant de Lucie pour son Raymond; force de la maternité encore, qui sait hiérarchiser au degré près toutes les priorités de rang un.
Voilà encore une page d'histoire au plus près du réel, splendide dans sa brutale simplicité, couvrant le long de neuf mois de gestation un aspect de la guerre suffisamment noble pour ne pas avoir besoin d'artifices.
Le lire m'a donné l'occasion de découvrir parmi les critiques publiées ici des témoignages de lecteurs ayant entendu Lucie Aubrac lors de conférences ou lors de leurs études secondaires, ce qui n'a fait que donner plus de force à cette lecture.
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Lucie Aubrac n'a pas réellement tenu un journal intime entre mai 1943 et février 1944, c'était inenvisageable pour des raisons qu'on imagine sans peine, mais c'est tout de même sous cette forme qu'elle a choisi de nous raconter les événements survenus durant ces neuf mois. Riche idée (mais Lucie Aubrac n'a-t-elle jamais eu autre chose que de riches idées ? Folles parfois, audacieuses souvent mais toujours éclairées) car son récit, aussi somptueux aurait-il été dans une forme plus classique, rapporte encore mieux ce qu'elle a traversé, vécu et enduré pendant ces semaines de terreur. Neuf mois pendant lesquels elle a porté son deuxième enfant, une fille, Catherine bien sûr, nom de résistante de sa si courageuse maman.

Sur Lucie Aubrac tout a été dit et redit, quand on ouvre Ils partiront dans l'ivresse, on sait déjà ce qu'on ne va pas découvrir (la force, la bravoure et la grandeur de cette professeure d'histoire-géo, sans histoires d'ailleurs jusqu'à la guerre, l'occupation et les déportations) parce qu'on le sait déjà et qu'il n'est nul besoin d'en chercher l'inutile confirmation. Si la France a nourri une héroïne en son sein, c'est bien Lucie Aubrac.
Non, ce qui est intéressant dans ce journal, c'est le fonctionnement de la Résistance qui nous est minutieusement raconté, les victoires, emprisonnements et parfois morts de ces hommes et femmes de l'ombre, le récit de l'héroïsme des gens "ordinaires", du fermier à l'enseignant, qui sans parfois appartenir à aucune organisation ont aidé, nourri et caché des résistants. C'est le récit de la lutte à mort de Lucie Aubrac pour l'Amour et la Liberté mais aussi, déjà, le récit de son combat pour les femmes. Moins répandues peut-être que les hommes dans la Résistance et pourtant bien présentes, bien plus en tout cas qu'on le laisse souvent entendre.
Oui, il y a eu Lucie Aubrac, mais elles ont été nombreuses ses soeurs d'insoumission, des Cécile Rol-Tanguy, des Gisèle Guillemot, des Madeleine Riffaud, des Marie-Jo Chombart de Lauwe, dammit l'impossible envie de les citer toutes... Un respect total.
Ils partiront dans l'ivresse (peut-être l'un des plus illustre des messages codés de la BBC, donnant aux époux Aubrac le feu vert d'un départ pour Londres et la sécurité) est le journal passionnant d'une mère, d'une épouse et d'une militante engagée. Un témoignage historique unique.
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"Ils partiront dans l'ivresse", le titre de ce récit autobiographique était le message codé depuis Londres par la BBC annonçant son départ avec son époux Raymond Aubrac et leur jeune enfant, dans la clandestinité vers la capitale anglaise. Ce récit autobiographique, rédigé comme un journal intime, est un précieux document pour comprendre de l'intérieur ce que fut l'engagement de Lucie Aubrac durant l'Occupation. Jeune mère (au moment des faits, elle est mère d'un petit garçon et attend un second enfant dont elle accouchera très peu de temps après son arrivée à Londres) et enseignante d'Histoire-géographie à Lyon, elle fait partie avec son époux et d'amis du mouvement de résistance Libération-Sud. Elle y décrit, entre autres, l'arrestation par la Gestapo de son époux et de Rex (Jean Moulin) à Caluire. Elle va alors se jeter à corps perdu dans l'action, parfois au prix de risques inconsidérés, pour faire évader son mari.
Elle a connu le doute, la tristesse, la solitude mais jamais le renoncement. Au-delà des événements, des péripéties décrits, ce qui structure le récit, c'est l'obstination presque sans failles, le courage, la détermination de Lucie Aubrac. Une personnalité hors-normes.

Dans ce livre témoignage touchant, Lucie Aubrac a une liberté de ton, une franchise qui ne laissent pas insensibles. J'en recommande vivement la lecture notamment aux jeunes. Une bonne manière d'approcher, de comprendre une grande part de l'engagement et du combat de tous les résistants pendant l'Occupation, de ces combattants de l'ombre.
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Lucie Bernard, épouse Samuel, alias Aubrac (1912-2007) fut une femme tout à fait exceptionnelle ! Professeure d'histoire pendant la guerre, elle s'est engagée très tôt dans la Résistance, prenant des risques inouïs dans sa lutte contre les nazis et pour la libération de son mari Raymond. Après la Libération, elle a été compagnon de route du PCF (non sans difficultés !). Toute sa vie, elle a inlassablement plaidé en faveur du progrès politique et social, contre l'extrême-droite et le racisme.
En 1984, elle a publié "Ils partiront dans l'ivresse". Dans ce récit, Lucie Aubrac reconstitue a posteriori le journal qu'elle aurait pu tenir entre Mai 1943 et Février 1944, qui correspond à la période la plus dangereuse de son activité de résistante. L'aventure la plus extraordinaire concerne l'évasion de son mari, après son arrestation par la Gestapo en même temps que Jean Moulin, à Caluire. L'audace de Lucie et de ses amis « terroristes » parait presque incroyable. le fait est qu'elle fut couronnée de succès. L'héroïne, enceinte jusqu'aux yeux, plonge alors dans la clandestinité puis elle est exfiltrée vers Londres. Alors, son récit s'arrête abruptement.

Ce livre donne un témoignage époustouflant sur ce qu'a été la Résistance. Cependant, il y a eu de vives polémiques à ce sujet. D'abord, dans son récit, l'auteure a pris quelques libertés avec les faits réels. Mais il y a surtout la question: qui a été le dénonciateur de Jean Moulin ? Lucie Aubrac est persuadée que c'est un nommé Hardy, mais il a été acquitté de ce chef d'accusation. Plus grave: au moment du procès de K. Barbie (le tortionnaire en chef de la Gestapo à Lyon), certains ont mis en cause les Aubrac eux-mêmes; mais, là encore, aucune preuve de culpabilité n'a pu être avancée le mystère de Caluire reste donc entier. Enfin, j'ajouterai que la (trop) forte personnalité de Lucie Aubrac n'a jamais fait l'unanimité autour d'elle. Toutes ces considérations laissent songeur... Bien entendu, cela n'enlève rien au caractère intrépide de Lucie Aubrac, ni à l'intérêt exceptionnel de son témoignage.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
On a beau savoir qu'il y a collaboration entre Vichy et Hitler, y être confronté dans la réalité, c'est autre chose. Je jure de m'en souvenir après la guerre. Des policiers français, c'est-à-dire de vrais fonctionnaires et non pas seulement des formations fascistes telles que la Milice, obéissent sur le plan professionnel aux ordres allemands. Ils acceptent de conduire dans les bureaux de la Gestapo des Français qu'ils ont, eux, arrêtés et dont l'affaire est instruite par la justice française. C'est inconcevable !
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Pourquoi faut-il que le plus grand compliment qu'un homme puisse faire à une femme, c'est de lui dire : vous écrivez, vous travaillez, vous agissez comme un homme ! Quand je préparais l'agrégation d'histoire en Sorbonne, mon maître Guignebert m'avait dit : « Vous devriez présenter l'agrégation masculine, vous avez la puissance intellectuelle d'un homme. » J'avais été profondément vexée de ce jugement qui me classait par rapport à un stéréotype.
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C'est l'heure de la radio de Londres. Autour du poste de TSF, nous sommes tous réunis. M. Boyat règle les boutons. Par chance, il y a de l'électricité. D'abord, c'est la ritournelle du brouillage, puis, bien en face de la longueur d'ondes, les trois coups :" Ici Londres, aujourd'hui, énième jour de la lutte du peuple fra nçais". Nous nous regardons, attentifs et complices, d'un coup redressés sur nos chaises. Dix fois, vingt fois Jean Boyat manie les boutons pour retrouver les voix qui viennent de Londres. Quelle situation insensée! Les nouvelles de France nous sont connues via la BBC, nous apprenons le sabotage d'un barrage sur la Saône, à moins de cent kilomètres d'ici, le déraillement d'un train d'essence près de Fontaines, à une trentaine de kilomètres, les exécutions d'otages à Bordeaux, au mont Valérien près de Paris, les abandons successifs du gouvernement de Vichy....page 217
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La grisaille chevrotante, la servilité camouflée sous une morale de punition, c'est Pétain et Vichy. Ce n'est pas la France ! Et ces conquérants pillards, pleins de morgue, qui remplissent les trains de marchandises d'êtres de tous âges, de toutes races, et aussi d'ouvriers communistes ou de prêtres qui ont caché des enfants juifs, ils ne seront jamais nos alliés, et nous refusons qu'ils deviennent nos maîtres.
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Quand on donne un coup de pied dans une fourmilière, les fourmis survivantes s'activent à remettre de l'ordre et à rétablir toutes les connexions de leur société. Chaque fois qu'un coup dur arrive chez nous, c'est la même chose. Dans notre monde de l'ombre, tout est souvent à recommencer, à réorganiser.
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Lucie Aubrac. La Résistance à Lyon.
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