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EAN : 9782913366831
274 pages
L' Iconoclaste (07/01/2015)
3.56/5   8 notes
Résumé :
Femmes, créatrices, audacieuses et libres
Six femmes d'aujourd'hui racontent celles d'hier
On ne naît pas femme ni écrivain, on le devient. À force de lectures et d'attention, à force d'indépendance et de liberté. Six romancières ont choisi de faire le portrait d'une écrivain qu'elles admirent, de raconter ces vies de femmes habitées par la création.

L'une & l'autre, c'est Marie Desplechin et la comtesse de Ségur, saisissante de modernit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Livre qui à travers les affinités électives de six femmes écrivains envers six autres donne envie de découvrir l'admiratrice et l'admirée et réamorce le désir de lire si tant est qu'il en soit besoin.

Marie Depleschin m'a permis de découvrir La comtesse de Ségur, une femme forte, déchirée qui aura tout perdu au fil des années mais qui va trouver sa voie grâce à ses enfants et petits enfants :
« Si elle se retourne sur sa vie, ce qu'elle a connu d'émotions sincères, d'amours comblés, de souffrances légitimes, de fierté, d'espoirs et de triomphes, c'est à ses enfants qu'elle le doit. »
« Elle raffole de ses petits-enfants. Elle les comprend avant même qu'ils ne se mettent à parler. Elle les traduit, elle les défend. Elle est grand-mère avec l'ardeur qu'elle a eue à être mère. »
C'est cet amour qui lui a fait écrire pour eux et qui l'amènera à publier ses contes et romans. A l'âge de 57 ans elle va regagner son indépendance perdue.

Gwenaelle Aubry m'a émue par son empathie pleine d'exaltation vis à vis de Sylvia Plath dont elle partage la folie d'écriture, l'écriture dont elles pensent qu'elle seule peut les sauver en les rendant plus vivantes :
« Écrire. Écrire est une autre solution. La seule qui permette d'être tout et rien à la fois : se débarrasser de soi, « devenir le véhicule d'un monde, d'une langue, d'une voix » et depuis ce vide devenir les autres, « apprendre d'autres vies et en faire des mondes imprimés qui tournent comme des planètes dans l'esprit des hommes ».
« Je cherche en elle, à travers elle, le point d'ajustement de l'écriture à la vie. Je ne veux pas la lire à travers sa mort (et donc pas non plus à travers le récit de sa vie). Je cherche à comprendre ce que, par l'écriture, elle a sauvé de la vie et ce qui, de l'écriture, l'a sauvée elle aussi. Je crois qu'elle a été violemment, excessivement vivante, que de la vie elle a tout embrassé, mort incluse. Et je crois aussi que l'écriture naît de ça : de la sensation (effroi et émerveillement) d'un excès de la vie sur elle-même que la vie ne suffit pas à combler. »

Camille Laurens fusionne avec Louise Labbé la rejoint dans la passion amoureuse et lui prête à certain moment le langage d'une féministe (là je ne l'ai pas trop suivie) mais surtout elle pense que l'écriture est aussi communion :
« Ce que Louise demande à l'amant, qu'il « sente en ses os, en son sang, en son âme/Ou plus ardente, ou bien égale flamme », je l'espère de la personne qui va me lire et qui ainsi, à sa façon, m'accompagne ; j'ai foi, comme Louise, en la ­puissance de vérité de la littérature, en son rôle vital de transmission, d'échange. Quand j'écris ou quand je lis, je partage des émotions, des sentiments, des expériences essentielles ; j'éprouve et je crois, comme Louise Labé l'espère de manière si poignante, que le poids de la vie « plus aisé me sera/Quand avec moi quelqu'un le portera ».

Lorette Nobécourt partage avec Marina Tsvetaeva la culpabilité des mères vis à vis de leurs enfants.« … je me souviens de ces heures effroyables où je pensais avec sincérité que mon suicide épargnerait ma fille de ma présence toxique. C'est une telle culpabilité Marina, quand on croit préférer les mots aux gens, et même à son enfant. Une telle culpabilité quand on ne sait pas encore que l'amour des premiers n'enlève rien aux seconds. Au contraire. »
et elle l'a remercie de lui avoir permis, grâce à son exemple, de trouver la force pour prendre son envol.

Marianne Alphant insiste sur la vie faite de calme et de retrait de Jane Austen, un vie dénuée d'évènements, une femme dont on sait peu de choses. Elle me fait penser à Emily Dickinson ou aux soeurs Brontë.
« Il y a des politesses à rendre, des conversations à écouter, les jours se ressemblent, il faut se contenter de ce peu, faire quelque chose avec rien – l'art le plus grand »
et de conclure
« Peut-être faut-il une vie décevante pour que tout soit donné par l'écriture. Peut-être faut-il connaître l'esseulement, l'échec, le doute, le sentiment de ne pas compter, pour observer avec tant d'empathie ce à quoi l'on n'aura jamais part. Et – que l'histoire soit écrite ou vécue – pour tout obtenir au final : l'importance, la lumière, le nom. Car ainsi procède le roman, sweetly, avec sa grâce heureuse.

Cécile Guilbert nous amène elle, vers la joie de Cristina Campo. Elle ne partage pas sa foi mais admire « ce personnage à la fois réservé et ardent », indépendante et révoltée : « Substance », « nourriture », « lumière », « eau vive » : nul besoin d'avoir foi comme elle dans « la Majesté Divine » pour savoir reconnaître dans ces synonymes les portes d'entrée d'une joie enluminée par cette notation exaltante : « Dans la joie, nous nous mouvons au coeur d'un élément qui se situe tout entier hors du temps et du réel, mais dont la présence est on ne peut plus réelle. Incandescents, nous traversons les murs. »

Les échanges entre ces femmes, car elles se parlent même si des siècles les séparent, sont inégaux mais toutes montrent que la rencontre entre elles leur a permis d'être plus forte et les a convaincues de poursuivre leur chemin d'écriture dans les moments où elles pouvaient vouloir abandonner.
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Bof, pas terrible. Besogneux comme une dissertation. On aurait pu se passer de cet ouvrage de commande. Seules les deux dernières évocations (Jane Austen par Marianne Alphant et Cristina Campo par Cécile Guilbert) m'ont charmée, la première par sa vivacité et la seconde par sa poésie.
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critiques presse (2)
NonFiction
06 mai 2015
Quand six auteures contemporaines parlent de six auteures du passé qui les ont marquées et influencées, que nous disent ces portraits croisés du rapport entre vivre et écrire?
Lire la critique sur le site : NonFiction
LeFigaro
06 mars 2015
À lire leurs textes sur leur auteur de prédilection, les correspondances se font jour (...) mais l'exercice veut que l'on retombe sur ses pieds avec légèreté pour éviter l'hommage poussif. C'est réussi!
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
extrait de Cristina Campo par Cécile Guilbert
« Pour savoir écrire il faut avoir lu, et pour savoir lire, il faut savoir vivre. » Lorsque j’ai découvert, il y a vingt ans, cet axiome de Guy Debord, j’ignorais encore qu’un certain Alessandro Spina le formulerait ainsi à propos de Campo : « Elle sait que l’art d’écrire présuppose l’art de lire, et que l’art de lire demande à son tour l’art difficile, inaccessible, d’hériter. » De quoi ? de la mémoire, du rêve, du paysage, de la tradition – ces « quatre sœurs à la face obscure », ces quatre sphinges avec lesquelles elle ne cessera d’entretenir un long et insatiable rendez-vous amoureux.
(...) Plus essentiel encore : savoir lire implique de pouvoir tout lire. La Bhagavad-Gita et Maître Eckart, Dante et le drame japonais, le théâtre espagnol du XVIIe siècle et la poésie persane, chinoise, indienne, etc. Car ces « lectures multiples à l’infini, il n’est pas de strates de hauteur ou de profondeur qu’elles ne touchent pas ».
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(...) les femmes qui ont choisi le verbe (les mots, les phrases) pour manière de vivre (...) reconnaissent-elles qu'elles doivent à leurs aînées; combien leur a ouvert la voie telle ou telle auteur qu'elles ont découverte à un moment clef de leur existence, les autorisant à écrire et publier à leur tour. Les autorisant aussi à s'accepter comme telles, femme écrivant et écrivain à plein temps.
"Ce sont des femmes comme toi qui m'ont donné la force, toujours renouvelée de voler", écrit Lorette Nobécourt en s'adressant à Marina Tsvetaeva. Alors ces anciennes semblent être autant des modèles littéraires que des modèles de vie; en somme des maîtres emblématiques qui, une fois lues, ont laissé une empreinte indélébile.[ préface de isabelle Lortholary, p.8]
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Camille Laurens
...les bibliothèques sont douces aux fous, qui y sont plus nombreux qu’ailleurs. Est-ce de fréquenter des livres où rien n’est impossible, où les oranges sont bleues et les femmes des oiseaux ? Ou bien le lieu leur permet-il simplement d’échapper à la violence du monde au-dehors ? Je savais en tout cas comment fonctionnent les fous – comme les écrivains : un mot suffit à les embarquer.
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Cristina Campo (1923-1977) par Cécile Guilbert

(...) c'est l'un de ces "livres foudre" dont le gai savoir vous aide à renaître et à vous sauver. Un de ces volumes enchanteurs auquel s'applique l'étonnante définition que son auteur confère elle-même à l'excellence : "Un des rares objets en compagnie duquel (selon une définition fameuse du grand art) on pourrait rester en prison pendant des années sans devenir fou." ( p. 243)
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Cristina Campo (1923-1977) par Cécile Guilbert

Car à qui est spirituellement affamé, lire des livres et en écrire ne suffit pas, ne suffira jamais. Il est tout aussi vital d'en susciter, d'en traduire, d'en faire publier, d'en conseiller, d'en rendre compte, d'en parler autour de soi. (p. 260)
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Conseil lecture d'un livre jeunesse par Stéphane Nappez, co-fondateur de l'association Baraques Walden.
Entretien mené à l'Abbaye de Jumièges (Département de Seine-Maritime)
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