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3,47

sur 125 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Gwennaëlle Aubry compose le portrait éclaté d'un homme absent du monde et séparé de lui même: son père, aujourd'hui disparu. Juriste, avocat et universitaire, ce fils unique de bonne famille eut deux filles mais ne parvint pas à faire souche. Il eut une place dans le monde mais ne parvint pas à l'occuper.A partir des différents personnages auxquels il cherche à s'arrimer, tous pseudo moi de cet homme sans ego, angoissé d'avoir à être quelqu'un, sa fille aînée compose un abécédaire qui donne consistance à la souffrance mélancolique de son père, et un sens à sa dérive et à sa déchéance. Un très beau livre sur la souffrance d'un homme désarrimé.
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Avec Personne, Gwenaelle Aubry dresse un bel hommage en forme d'abécédaire, au père disparu, mais déjà absent de son vivant victime de crise maniaco-dépressive. Cet homme cultivé , grand juriste, professeur à la Sorbonne, socialement reconnu à glissé petit à petit mais inéxorablement vers le néant, d'absences en fugues rien n'a pu empêcher l'inéductable . Aubry fait appel à ces souvenirs, à des lettres de son pére, des photos pour tenter de retrouver la faille qui à fait basculer ce père aimé. Sans pathos, avec beaucoup de justesse et d'émotion, Gwenaelle Aubry tente de trouver l' apaisement en écrivant cette souffrance. Prix Fémina 2009.
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Personne: l'alphabet d'un enfant qui pleure au fil des mots,l'alphabet d'une femme qui mitraille à l'aveuglette quitte à choquer, un alphabet qui tape fort sur la lettre N,celle d'un Napoléon d'opérette, pour écrire en catimini le nom de François Xavier Aubry, célèbre juriste inconnu d'une fille en manque de père et de repères, un alphabet qui tape tendre sur la lettre G, celle du gisant qui réveille d'affectueux souvenirs.
Personne: un puzzle fait d'éclats de folie entre le A génial d'Antonin Artaud Gwenaëlle Aubry glisse la plume en souffrance qui cherchait son envol sur des "cahiers noircis" et le Z de Zélig "l'homme caméléon" tour à tour conspué,acclamé,psychotique.
Personne: un portrait éclaté, sorte de tableau pointilliste, celui d'un James Bond au nez rouge, éternel enfant mort avant l'heure, mi-flic mi-voyou au profil à la Dustin Hoffman,illuminé en attente de chatiment, chercheur de terre promise au visage bouffi par les médicaments, mouton noir anticonformiste, inventeur d'enfance idéale, habitué des divagations, homme sans qualité déchu par son goût de la déchéance, maître du vide, triste inconnu.
Personne: un étrange jeu de piste, celui de Gwenaëlle Aubry qui décrie ce Personne en gros,en gras,en dur sur la première de couverture pour lui donner le fin mot et cloturer le débat en écrivant sur cette personne, cette figure du père: "peut-être a-t-il trouvé dans le désert blanc de la mort,ce que depuis toujours il cherchait:le droit,enfin,de ne plus être quelqu'un?
Personne et quelqu'un résonnent-ils en écho?
Livre exutoire, fait de copiés-collés originaux qui délivre des non-dits tout en recollant les morceaux d'une enfance brisée?
Emouvant!
Un livre qui rappelle Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan qui raconte sa mère maniaco-dépressive, suite à son suicide, pour la réhabiliter.
Rappel:Gwenaëlle Aubry (agrégée et docteur de philosophie,auteur de plusieurs autres ouvrages) a obtenu le Prix Fémina 2009 pour Personne.

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J'ai rarement été aussi bouleversée par un livre. J'en ai lu chaque page, chaque ligne, chaque mot avec une intensité de plus en plus forte au fur et à mesure des chapitres.

La quatrième de couverture l'annonce, l'auteure cherche à cerner la folie de son père au fil des 26 lettres de l'alphabet.

Elle s'aide du journal qu'a tenu son père et de ses souvenirs d'enfance entièrement marqués par la maladie de son père maniaco-dépressif.

Pour moi, dans ce livre tout n'est que souffrance et comme aucune solution ne semble possible, ni l'intelligence de son père, ni l'amour de ses filles, ni l'amour que les femmes lui ont porté, on se sent terrassé.

Il faut aussi souligner la beauté de l'écriture qui rend cette histoire lisible.


Lien : http://luocine.over-blog.com/
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Vingt-six chapitres comme vingt-six fragments d'un père morcelé. Un père manquant et manqué car enfermé dans une maladie qui l'a éloigné du monde et de sa famille : la psychose maniaco-dépressive. Un père soutenu aussi, quand elles en avaient la force, par ses deux filles. Et c'est l'une d'elles, l'écrivain de la famille, Gwenaëlle Aubry, qui livre aujourd'hui ces morceaux de père dispersé, alternant ses souvenirs et extraits des journaux que son père n'a cessé d'écrire tout au long de sa vie. Ils disent la « folie », la conscience de la maladie aussi, la souffrance et un amour filial profond. Dans ce portrait sensible en forme d'exutoire – « (je ne fais rien d'autre, finalement, écrivant ce livre, que prononcer son nom) » - porté par la plume élégante et érudite de Gwenaëlle Aubry, l'émotion est palpable, celle d'un lien distendu malgré l'amour sincère.
Lien : http://lencreuse.over-blog.com
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Vingt-six angles de vue pour écrire, avec poigne et intelligence, le roman tragique et tendre d'un père bipolaire et de son effondrement continu.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/07/21/note-de-lecture-personne-gwenaelle-aubry/

C'est grâce à Hélène Gaudy que j'ai découvert Gwenaëlle Aubry, un soir d'octobre 2018, à travers ce roman, « Personne », que l'autrice de « Une île, une forteresse » et de « Un monde sans rivage » avait chaleureusement proposé dans sa sélection de libraire d'un soir chez Charybde (une rencontre à écouter ici). « Livre donnant une forme à une absence », usant d'un magnifique abécédaire pour rendre possible une narration impossible, celle de la vie et de la mort de son propre père, soumis à un intense trouble psychiatrique, celui de la bipolarité. Livre profondément bouleversant sans aucun pathos, livre d'une étonnante beauté poétique, livre d'une inventivité a priori totalement inattendue, ce texte relativement court m'a totalement conquis à mon tour.

L'abécédaire qu'utilise Gwenaëlle Aubry pour nous donner à percevoir cet irracontable si intime est d'une étonnante tendresse malicieuse, mêlant James Bond à Dustin Hoffman, le Mouton Noir à l'Homme sans qualités, Antonin Artaud au Napoléon du Grand Nord, Georges Pérec à Jean-Pierre Léaud, le Flic au SDF, ou encore le Jésuite au Pirate. Pour romancer le parcours chaotique de l'enfoncement d'un père dans la psychose, pour saisir les facettes contradictoires d'un être en voie d'effacement définitif, au quotidien, dans ses moments d'exaltation comme dans ses moments d'abattement, l'autrice mobilise avec une extraordinaire justesse les ressources les plus variées, multiplie avec une terrible grâce les angles de vue sur une dérive au long cours, et offre un regard comme démultiplié sur l'insondable, sur l'étroite association du vide et du plein qui peut ainsi hanter une vie – et d'autres par rebond et capillarité. Ce cinquième roman de la philosophe spécialiste de Plotin, publié au Mercure de France en 2009, s'affirme bien, en à peine 180 pages, comme un très grand texte.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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Ce récit soulève le problème de la construction d'une enfant en femme. A travers les histoires du père, c'est l'histoire de la fille. Quand l'inversion des rôles se produit c'est assez perturbant. On a un père qui reste bloqué dans une enfance alors que sa fille (ses filles) elles grandissent. Comment construire un foyer stable quand on a connu l'instabilité avec un homme de référence : son père. La fille a soutenu les extravagances de son père maniaco-dépressif qui de professeur à la Sorbonne devient SDF, pour ensuite refaire surface etc.

C'est un livre intéressant car il permet de se poser des questions. Comment le comportement de nos parents nous a influencé pour notre vie d'adulte… et comment à notre tour dans le rôle de parents nous engendrons un futur comportement.

Il y a un travail entre ses souvenirs et ses sentiments à elle et les écrits de son père. Écrits qu'elle a retrouvé après sa mort sous le titre : « le mouton noir mélancolique ». Titre qui résumé tout. Mouton noir de sa famille bourgeoise, mélancolique comme son état d'âme.

Il a passé une partie de sa vie à se créer un personnage selon sa phase pour devenir « Personne ». Pour chaque personnage une souffrance l'accompagnait. En devenant personne il voulait retrouver « une grande joie »…

Voilà un « roman » que je n'aurais pas acheté ni lu s'il ne m'avait pas été offert. J'ai voulu à tout prix le lire avant qu'il ne se perde dans mes étagères mais ce n'était pas le moment pour moi de descendre dans les méandres de ses vies de souffrance morale. C'est une lecture qui m'a coûtée mais je ne regrette pas, car il est toujours bon de se poser des questions. Je n'ai pas connu de personne ayant vécu ce genre d'expérience, ce récit reste donc assez théorique.
Lien : https://latelierderamettes.w..
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Un très bon livre, qui nous entraîne avec la narratrice et son père dans leur relation digne de montagnes russes, où l'instabilité psychique entraîne une instabilité relationnelle entre eux mais toujours cimentée par un très grand amour réciproque.

Un bel hommage, très poétique, où le rythme des phrases peut dérouter mais permet de saisir l'irréalité de ces situations.
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En refermant ce livre, je ne peux m'empêcher d'éprouver de la tristesse et de l'affection pour cet auteur.
Pour tout ce qu'elle ne dit pas , pour les profondeurs de son âme blessée.
Ces blessures de l'enfance dont nous avons tellement de mal à guerir.
Elle ravive cette petite chose que l 'on reste, quelque soit notre âge, face à nos parents.
Les parents dont on rêve, les parents que l'on a et un jour les parents que l'on apprend à connaitre, que l'on comprend, que l'on accepte et qui nous font grandir.
Ce papa clown, clochard, alcolo mais merveilleux , imaginatif, fantasque et plein d'amour qu'elle côtoie durant son enfance puis qu'elle fuit de peur d'une contagion, c'est notre père à tous et c'est aussi celui que l'on sera fatalement.
Il n'y a pas de parents parfaits , il n'y a que des enfants compréhensifs.
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Le hasard des lectures m'a une nouvelle fois guidée vers un hommage d'une fille à un parent disparu.
Gwenaëlle Aubry retrace la mémoire de son père, François-Xavier Aubry, éminent juriste et professeur, en un abécédaire. C'est donc vingt-six facettes de sa vie, remémorée par la lecture et la transmission des mémoires à romancer que son père a écrit tout au long de sa vie.
L'auteur reste vague sur la maladie de son père, qu'elle nomme "folie". En fait, son père souffrait d'une psychose maniaco-dépressive qui l'a conduit à sa perte.
On comprend que son père est devenu "fou" par la dissonnance entre sa nature et son état.Il refusait le côté bourgeois de sa famille, le sérieux de son métier d'avocat. Il a choisi de passer de l'autre côté, du côté des marginaux, de sombrer dans l'alcool et la malnutrition.
Il est resté figé à l'âge de cinq ans puis il s'est composé d'une multitude intime ("le troupeau de son âme") face "à son moi toujours échappé".
L'auteur, en évoquant ses souvenirs "change l'absence en mémoire". Elle évoque les différents "masques" (personna en latin) de son père.
Le style de l'auteur est très littéraire avec de longues phrases poétiques. C'est un écrit intelligent et admirable.
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