Personne: l'alphabet d'un enfant qui pleure au fil des mots,l'alphabet d'une femme qui mitraille à l'aveuglette quitte à choquer, un alphabet qui tape fort sur la lettre N,celle d'un Napoléon d'opérette, pour écrire en catimini le nom de François Xavier Aubry, célèbre juriste inconnu d'une fille en manque de père et de repères, un alphabet qui tape tendre sur la lettre G, celle du gisant qui réveille d'affectueux souvenirs.
Personne: un puzzle fait d'éclats de folie entre le A génial d'
Antonin Artaud où
Gwenaëlle Aubry glisse la plume en souffrance qui cherchait son envol sur des "cahiers noircis" et le Z de Zélig "l'homme caméléon" tour à tour conspué,acclamé,psychotique.
Personne: un portrait éclaté, sorte de tableau pointilliste, celui d'un James Bond au nez rouge, éternel enfant mort avant l'heure, mi-flic mi-voyou au profil à la Dustin Hoffman,illuminé en attente de chatiment, chercheur de terre promise au visage bouffi par les médicaments, mouton noir anticonformiste, inventeur d'enfance idéale, habitué des divagations, homme sans qualité déchu par son goût de la déchéance, maître du vide, triste inconnu.
Personne: un étrange jeu de piste, celui de
Gwenaëlle Aubry qui décrie ce
Personne en gros,en gras,en dur sur la première de couverture pour lui donner le fin mot et cloturer le débat en écrivant sur cette
personne, cette figure du père: "peut-être a-t-il trouvé dans le désert blanc de la mort,ce que depuis toujours il cherchait:le droit,enfin,de ne plus être quelqu'un?
Personne et quelqu'un résonnent-ils en écho?
Livre exutoire, fait de copiés-collés originaux qui délivre des non-dits tout en recollant les morceaux d'une enfance brisée?
Emouvant!
Un livre qui rappelle Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan qui raconte sa mère maniaco-dépressive, suite à son suicide, pour la réhabiliter.
Rappel:
Gwenaëlle Aubry (agrégée et docteur de philosophie,auteur de plusieurs autres ouvrages) a obtenu le Prix Fémina 2009 pour
Personne.