"Confessions d'une meurtrière" relate exactement ce que le titre annonce : les confessions d'une femme qui bascule dans le meurtre. Mais attention, la meurtrière et ses amies ne tuent que ceux qui les ont maltraitées, ou qui ont maltraité d'autres femmes. Il y a donc l'idée sous-jacente que les victimes n'en sont pas puisqu'elles sont d'anciens bourreaux, qu'elles ont bien mérité leur sort ; d'ailleurs, les meurtrières se réjouissent de leur mort et expriment de la satisfaction à l'idée d'avoir amélioré notre planète. Tout lien avec l'actualité sur les violences faites aux femmes est purement fortuit... même si cela résonne étrangement, évidemment.
Faire justice soi-même ? Voilà qui est bien dérangeant ! Mais le livre repose sur le parti-pris délibéré d'en rire : c'est un petit bijou d'humour noir. L'humour noir, ce mécanisme de défense qui permet d'éviter de ressentir l'angoisse qui devrait être normalement associée au meurtre et à la mort. Il va jusqu'à nous faire accepter que les meurtrières soient exemptes de tout sentiment de culpabilité. Il permet d'exprimer tous les fantasmes de passage à l'acte, ceux qu'on s'interdit dans la réalité mais qu'il peut être si bon d'exprimer, et dont l'expression est une soupape de sécurité : si on les met en scène sous toutes leurs coutures dans un espace imaginaire, alors on n'a plus besoin de passer à l'acte. Et quand cet espace imaginaire est un livre, cela permet d'ouvrir le débat et, aurais-je pu dire il y a un an, de libérer la parole... mais je ne le dis pas : c'est devenu trop galvaudé.
Mais aussi, ce roman offre un petit plus que j'ai vraiment apprécié : c'est le dénouement. Il est inattendu et en principe, révéler une fin inattendue est la dernière chose à faire quand on parle d'un livre. Rassurez-vous donc, je ne vais pas tout révéler. Quoique... il ne s'agit pas du dénouement d'un livre à suspense : tout savoir dès le départ n'aurait aucune conséquence pour l'intérêt du livre. Et je me demande même si ce ne serait pas l'inverse. Car au fur et à mesure qu'on lit, on est emporté par la plume fluide de Marie-José Aubrycoin, mais on ne comprend pas où cet enchaînement de péripéties peut mener. L'histoire elle-même pourrait continuer encore longtemps. Mais si on sait qu'elle débouche sur une réflexion sur l'écriture, autour de cette question "comment devenir un auteur à succès ?"... alors je n'en dis pas plus, mais cela donne une idée de ce vers quoi se dirige le livre, et permet de saluer au passage les formidables capacités d'autodérision de l'auteure !
Commenter  J’apprécie         340