Pour vous faire connaître ce livre, je vous propose la première nouvelle.
L'ENTERREMENT DE L'INSTITUTEUR
Tout le monde était là. Les habitants avaient déserté le village pour venir rendre un dernier hommage au cher instituteur disparu. Chacun y allait de louanges pour cet homme aimable qui avait vu défiler sur ses bancs d'école les rejetons de ses amis d'enfance, puis les enfants des enfants de ses amis.
Quand même, c'était pas Dieu possible cet accident stupide... Et qui pouvait en vouloir à cette enfant d'avoir laissé traîner ses billes dans l'escalier ? Et chacun de verser une larme en regardant pitoyablement Marie, qui depuis ce jour, ne disait mot... Bien sûr, c'était normal ; la pauvrette était choquée et devait se sentir tellement responsable...
Marie observait de son regard clair tout ce monde, sans parler. Qui aurait pu deviner ce que cachaient ce mutisme et cet air absent...
La tombe regorgeait de fleurs de toutes les couleurs et de banderoles de regrets : À mon mari, À notre père, À notre grand-père, À notre ami, À notre instituteur... n'en finissaient pas de s'amonceler autour du trou béant. Comment donc allait-on faire pour continuer sans ce bon instituteur ? La vie ne serait plus pareille désormais...
Tout le monde comprit, qu'à la fin de la cérémonie, Marie veuille rester seule un moment devant la tombe... Il fallait bien que la petite dise au revoir...
Marie fixa le cercueil au fond du trou, un long moment, si fort, si intensément... qu'elle crut un instant voir le visage de l'homme et son sourire, et son regard...
Son regard d'instituteur bienveillant dans la cour de l'école...
Son regard d'ami de la famille qui ramenait la petite Marie, après l'étude...
Son regard quand il s'arrêtait près du petit bois tous les soirs et posait ses mains immenses sur son corps enfantin...
Son regard quand il menaçait de tuer son petit chat si elle parlait de leur secret...
Son regard lorsqu'il découvrit l'enfant en haut de l'escalier, ce jour-là, qui le fixait de ses yeux d'azur...
Son regard lorsqu'il glissa sur les billes et dévala les marches...
Son regard lorsqu'il comprit que Marie était là, juge et bourreau, pour exécuter la sentence...
L'enfant regarda autour d'elle, ne vit personne... Alors, elle ouvrit lentement sa petite main, et les billes tombèrent sur le cercueil avec un bruit sourd, comme pour déranger une dernière fois "l'ignoble"... Puis elle fit demi-tour, et s'en alla rejoindre ses parents à l'entrée du cimetière.
Tout le monde regagna le village, la tristesse au bord du coeur... Mais dans le regard de Marie brillait une lueur nouvelle, pour une nouvelle vie qui commençait, une autre vie, une vraie vie de petite fille, une vie sans violeur...
© Véronique AUDELON - Tous droits réservés
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Puis, ces bruits dans la nuit que je ne connaissais pas, et dont je n’arrivais pas à déterminer d’où ils venaient, m’ont fait très peur… jusqu’à ce que je découvre les petites souris. Elles avaient presque plus peur que moi… On s’est apprivoisé mutuellement et maintenant c’est rassurant de les voir là courir dans la semi-obscurité, mes petitounettes. Je partage mon maigre repas avec elle et je suis content de les avoir pour compagnes… je me sens moins seul.
Et il marche, il marche... pour seul horizon, la jupe de Maman, bleu sale après tous ces jours, qui se balance lentement. Il marche parce qu’elle marche... sans se plaindre... porté par la douce voix.
Lorsque Émilie et Pierre arrivent à l'hôtel L'Inglese pour leur voyage de noces, dans la petite ville de Stresa, au bord du lac Majeur, point de départ des bateaux pour les romantiques et merveilleuses îles Borromées... ils ignorent que derrière ce décor de rêve se cache... leur pire cauchemar !