Ce polar roumain manquait à ma culture du polar européen. Un ouvrage écrit avec amour maestria et culture.
Les personnages :
Le héros et narrateur,
Arthur Weber, un franco-roumain qui attire la poisse, en l'occurrence des meurtres sont commis sur son passage avec des objets contendants qui lui appartiennent.
Pour l'horrible inspecteur Radulescu, l'affaire ne fait aucun doute et il n'a de cesse de coffrer Arthur, de le transformer en « Meursault des Carpates ! »
Iula, épouse d'Arthur, enceinte de jumeaux et déjà mère d'un enfant né d'un premier mariage adopté par notre héros.
Vasile, son beau-père, ami de Carmen Micu, rencontrée au mitard, « aussi féru de
San Antonio que de philosophie antique » ; membre fondateur de « l'AIUREA, l'Association des Indignés Unis pour la Réintégration par l'Education et l'Activisme. », une association de réinsertion.
Razvan, le fils de Iula « (…) ce loustic sur vitaminé est toujours dans une forme olympique.(…) cet enfant de huit ans [déguisé en] l'ouvrier le plus célèbre des jeux-vidéos, Super Mario en personne ! »
Carmen Micu, « Avocate du barreau de Bucarest. (…) cette Jacqueline Maillan matinée d'Arletty (…) pétroleuse aux allures de bourgeoise.»
Radu le Balafré et Liviu le Bégue, les ex taulards réinsérés gardes du corps d'Arthur par l'AIUERA, « côté discrétion, plus proches de Rammstein que de Carla Bruni » ; amateurs de Dvorak et Ravel.
L'intrigue et la motivation principale des meurtres et des personnages résident dans le contrôle politique et social du régime via son bras armé la Securitate de sinistre réputation. Comme dans de nombreux pays d'Europe Centrale, le passage au capitalisme a entériné des règles de contrôle et de domination sous une autre forme mais souvent avec les mêmes acteurs.
Outre l'intrigue et les personnages dont je ne vous dévoilerai pas davantage, l'intérêt du roman est la grande place qu'il accorde au contexte social roumain et à l'apport d'informations documentées au lecteur.
Pas moins de 42 notes explicatives introduisent dans le court du récit des éléments fondamentaux de l'histoire politique et sociale de la Roumanie. La grève des mineurs de 1990, la lutte pour le pouvoir entre les ex communistes Ion Iliescu et Nicolas Ceaucescu (dont les surnoms fleuris ne sont pas écartés – Génie des Carpates ; Danube de la pensée ; Grand Architecte), Les méfaits de la Securitate, les relations particulières entre Moscou et Bucarest, la Casa Poporuili abritant le Parlement plus grand bâtiment administratif après le Pentagone, les origines roumaines de Radio Free Europe, les différents mouvements de contestation littéraires, musicaux, politiques, syndicaux, du régime communiste et comment après la chute de Ceaucescu, ils ont été mis sous l'éteignoir.
Comme il est dit dans les remerciements « Ce livre n'est pas dédié aux imbéciles qui pensent encore en 2021 que Bucarest est la capitale de la Bulgarie. »
Un romain contemporain qui nous initie de façon humoristique mais avec sérieux à l'histoire immédiate de la Roumanie. A découvrir !
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