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EAN : 9782070300204
214 pages
Gallimard (31/03/1968)
3.5/5   10 notes
Résumé :


"La naissance littéraire d'Audiberti coïncide avec la publication, par la Librairie du Carrefour, en 1930, d'un recueil de poèmes qu'il n'est pas exagéré de dire aussi extravagant qu'étourdissant. L'Empire et la Trappe.

Dès les premiers vers : Saint Augustin, et Cham que la dent dilapide Et qui sculpte sa transe au mufle fouisseur, Ceux que de longs départs a grevés la noirceur Et qui, cornus du luth, quêtent un dieu limpide, le baroq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est... Claude Nougaro qui, dans l'une de ses chansons, a attiré mon attention sur Jacques Audiberti (1899-1965). Jusqu'ici j'ignorais tout de ce poète, qui fut aussi auteur de pièces de théâtre. J'ai tenté la lecture de "Race des hommes", un recueil de poésie publié en 1937, qui a reçu le Prix de poésie de l'Académie Mallarmé. J'avoue que les pièces qui composent ce livre (paru dans l'excellente collection poésie/Gallimard) ne m'ont pas fait vibrer... J'ai dû rater quelque chose. Je vais me contenter d'ajouter une citation extraite d'une poésie que j'ai un peu aimée.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
A. B.

Je suis Arnaud Basquart, seigneur du château blême.
En trois morceaux colosse où primât le quatrième
j'épuise le désert de l'orgueil ténébreux.
L'impératif honneur, le naturel caprice
dont l'un borne et vernit l'autre pour qu'il pourrisse
me conçurent dans l'astre en gémissant sur eux.

Le hasard se déduit comme un cap d'une crique.
Au fil sacerdotal de l'urgence métrique
il gorge mes butins d'une complicité.
Orme où l'esprit pleuvait inverse mais sublime,
je tirai de mon cœur, par la hache et la lime,
le corsaire écumant la profonde cité.

Croquemitaine d'art, loup de cerise, une oie
de saphir, ou dragon pervers que l'on renoie
dans la sainte épaisseur du gouffre passager,
tout ce que le bâtard, l'incestueux, l'oblique
tentent secrètement pour la grandeur publique
crie ensemble le mot, jumeau du nom que j'ai.

Mais l'infernal charbon que ma blancheur décore
d'angéliques sentiers qui l'endiablent encore
exaspère peut-être à force de baisers
du mal, de noirs coussins et de roses pessaires,
inévitables lieux des descentes sincères,
le tissu délicat de mes brouillards pesés.

M'accablent de raisons le monceau, le décombre.
Là, lis qui pullulât, veille l'esprit du nombre.
Entre ses durs pistils flottent mes justes mains
sur le déroulement de la funèbre goutte
que mon rêve à mon pas décrit lorsqu'il s'ajoute.
Je sens que je saisis le trésor des chemins.

Il gitaît, explosif, dans l'arche qu'une habile
arabesque, rainure où séjournent la bile
de l'amour, et la rouille aveugle du martyr,
contre la vie, ailée au gré de la racine,
de l'objet à l'objet bondissante dessine.
Bientôt vois-le qui vole et l'entends retentir!

Dans le crépitement qui pèle, ausculte, émonde,
s'écrouleront alors les pancartes du monde.
Hors du sol convulsif l'ongle débaptisé
surgit. Une étincelle orpheline le casque
de majesté magique où ma race démasque
l'arme totale, enfin, que je prophétisai.

Et l'homme devient l'homme et notre guerre pure
finit. Je ne franchis la fatale coupure.
Que ferais-je parmi ceux qui tombent d'accord?
Sur, longuement, ces bords foulés du solitaire
m'orne le souvenir des erreurs de la terre
et je n'espère plus que de l'os de la mort.

p.157-158

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Si je meurs, qu'aille ma veuve
à Javel près de Citron.
dans un bistrot elle y trouve
à l'adresse du Beau-Brun

trois musicos de fortune
qui lui joueront- mi ré mi -
l'air de la petite Tane
qui m'aurait peut-être aimé

puisqu'elle n'offrait qu'une ombre
sur le rail des violons.
Mon épouse, ô ma novembre,
sous terre les jours sont lents.
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NAISSANCE DE L'HOMME


La nature achevait ses jeux
singuliers et terribles
Un tâtonnement orageux
ronflait contre les cribles.

Planait le principe écumant
des cycles de l'histoire.
Tout se fondait au diamant
aveugle et natatoire.

Des noirs glisseurs les ventres mous,
les coccyx malhonnêtes
portaient des jupons de remous,
des chapeaux de sonnettes.

Les pythons tiraient de la poix
leur cou plein de nichées
L'os formait encor un empois
dans les cuves penchées.

Les bouillons où les densités
se nuisent par les franges
fondaient un espoir de cités
sur le groin des sporanges.

p.163-164
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Poseuse marmaille.

L'empeureur guerroyant écrit de tenddres proses
mais rimaille, au retour, la pique et l'eczéma.
Dans ce frère qu'offert tout démence m'a
j'admire que le vers vienne après les nécroses.

Abélard, investi de battements moroses,
des pesons de terreau tire le pâle mât
et, dur sous le testicle inversé pur tréma,
subtitue au viril notre horreur pour les roses.

Alighieri, colosse où l'arbre sèche auprès,
triplement couronné de ce que je pourrais
s'il ne primait sur moi par les ans, par le verbe

rit, l'asphodèle aux dents et à la cendre aux genoux,
devant le fil concret de sa basse superbe
car l'éternel mignon hante le coeur de nous.
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DU COTE DE LARIBOISIERE

J'aime les coups de poings luisants
comme la cuisse des fermières,
Mort, par eux, dans quelque six ans,
J'emporterai sous la trémière

le cri nocturne des brisants,
l'ongle des bêtes non premières
et jusqu'au poil des paysans
mais aussi le sel des lumières.
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Video de Jacques Audiberti (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Audiberti
Jacques AUDIBERTI – Un siècle d'écrivains : Des tonnes de semences (DOCUMENTAIRE, 1998) L'émission « Un siècle d'écrivains », numéro 158, intitulée « Des tonnes de semences », diffusée sur France 3, le 08/04/1998, et réalisée par Marie-Louise Audiberti et Philippe Condroyer.
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