« En politique, plus ça change, plus c'est la même chose. » et
« La vie se partage en deux moitiés, l'une pleine d'espérances qui ne doivent point se réaliser ; l'autre, livrée aux regrets de bonheurs dont nous n'avons pas joui ; car ce qui nous semblait si beau dans l'avenir, ce qui, lorsque nous l'avons atteint, ne nous a donné que désappointement et dégoût, reprend sa magie dans le passé. »
Ces citations extraite, d’ouvrages d’Alphonse Karr (romancier, journaliste, humoriste) me semble bien refléter le roman d’Antoine Audouard « Changer la vie »
Antoine Audouard ne m’a pas vraiment séduite même si j’ai vécu à peu près au même âge, l’époque qu’il fait traverser à deux amis François et André qui se retrouvent, après s’être longuement perdu de vue, au moment où François Hollande est devenu président. Ils ont connu ensemble les désillusions des années Mitterrand et fait un séjour New-Yorkais après lequel leurs chemins se séparent.
Disons que si j’ai bien aimé certains moments l’ensemble ne m’a pas vraiment emballée. J’ai été agacée par les phrases et expressions en anglais qui émaillent tout le texte le plus souvent non traduites par le traducteur qui se manifeste dans les notes en bas de page
« Note du traducteur : il est impossible de dire en quelle langue exactement ce livre a été écrit à l’origine (d’où la présence fréquente de néologismes à la limite du barbarisme et, avec l’avancement de l’action, un franglais auquel il sera prudent de ne pas exposer les jeunes générations). Après un accident vasculaire cérébral, l’auteur l’a écrit sur des cahiers qu’il s’est trouvé par la suite dans l’impossibilité de déchiffrer. Il a donc confié cette mission à un traducteur qui s’est acquitté de cette tâche du mieux qu’il a pu, par un travail que l’on peut qualifier de devinatoire s’il n’est pas divinatoire. L’auteur les lui ayant abandonnés, le traducteur tient lesdits cahiers à la disposition des curieux. » p 13
De plus, je n’ai pas compris le rapport entre les morceaux musicaux, dont j’ai réécouté certains et relu les paroles, et le contenu des chapitres qu’ils introduisent.
Reste le ton général du livre, celui d’un désenchantement souriant, et les rencontres que fait André qu’il relate avec humour : comment il devient grâce à son parrain Roland ethnologue devenu éditeur, nègre ou « écrivain fantôme comme on dit plus joliment en anglais », et il va même, nous dit-il, se trouver à l’ombre de l’ombre, nègre d’un nègre. Il continue dans cette voie à New-York où il est invité à séjourner avec son ami François par Pam un femme mariée à riche américain Mr Baylock qui deviendra sa maîtresse sa « Mrs Robinson » et il y a un peu du personnage de Dustin Hoffman dans André, une certaine naïveté qui sera mise à l’épreuve par un autre personnage féminin attachant Jenny qui acceptera de raconter à André, le « French nigger », son destin tragique mais qui est peut-être aussi une affabulatrice….
Dans l’ épigraphe de "Changer la vie" cette belle citation extraite des Rochers de Jules Supervielle qui exprime la lutte de l’auteur, victime comme André d’un AVC. Il a réussi en écrivant ce roman à ne pas devenir silence ce qui en soi est beau. Reste que ce livre ne demeurera pas dans ma mémoire.
Comment rassembler le courage
De vivre, combien il en faut
Pour quitter son lit, respirer,
Pour affronter la verticale
D’un coeur maigre et peu musical
Et pour faire en sorte qu’il donne
Sa chaleur de grande personne,
Et pour marcher la tête haute
Dans sa nouvelle vérité.
(…)
Je crains qu’à la moindre indolence
Je ne devienne du silence. (Jules Supervielle, Rochers)
Je remercie Babelio et les éditions Gallimard/Versilio pour m’en avoir offert la lecture
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