Indiana Teller, Tome 1 : Lune de printemps

- Tu veux que je lui parle ? Quand tu l'évoques, elle, ta voix se charge d'amour et de tendresse. Tu vas te griller en deux secondes, mon pauvre vieux.
- Ca se voit tant que ça ?
- Si ton amour était un poulet, il aurait la taille d'un dinosaure, alors oui, ça se voit. Tu sais que ce que ça veut dire, n'est-ce pas ? Tu dois arrêter cela tout de suite. C'est une humaine, bon sang, Indiana !

Nos sentiments étaient à l'opposé. Elle était radieuse, j'étais terrifié. Et je ne pouvais absolument rien lui dire. Pire, j'allais devoir lui mentir. Encore. Si j'avais été comme Pinocchio, mon nez serait en train de franchir les limites de l'Etat.

Elle prit mon cœur, l'enferma dans une boite et jeta la clef.

- Un rebrousse-temps. L'être le plus merveilleux, le plus étrange et le plus précieux qui existe. Si tes pouvoirs se manifestent, tous s'inclineront devant toi, mon petit. Mais cela doit rester un secret, tu m'entends, tu ne dois jamais, jamais en parler avec les autres.

C'est bizarre l'amitié. On ne sait jamais si on va devenir copain avec quelqu'un au premier regard. C'est sûr que celui que j'ai jeté sur Axel aurait poussé n'importe qui à s'enfuir en hurlant.

Tu es mon soleil et ma lune. Tu es l'espoir qui brille dans les yeux des prisonniers, tu es l'oiseau qui vole dans le ciel. Tu es ma respiration et les battements de mon coeur. Depuis que je t'ai vue, je n'ai ni repos ni songe. Je ne vis que pour toi, je ne pense qu'à toi. Nulle extravagance ne me semblera trop extravagante, nulle folie ne me semblera assez folle. Si j'étais un chevalier, je défierais tous ceux qui s'opposeraient à moi, si j'étais un dragon, je t'enlèverais comme le plus précieux des trésors.

Pour vaincre un loup-garou, soit on est Superman, soit on a une très grosse arme.
Je conseille le bazooka.

Dans son bureau grand-père me montra les plans de l'arène et de l'estrade où siègeraient les juges. Je lui proposai quelques modifications. Il me jeta un regard surpris puis sourit.
- C'est une excellent idée, Indiana, je n'y aurais pas pensé.
- C'est parce que tu as une mentalité de loup, alors que moi j'ai celle d'un lapin. Si je ne peux pas me battre, alors autant savoir bien me cacher.
Son sourire disparut. Il n'aimait pas ce que je venais de dire, cela l'offusquait. Tant pis.

- En fait, me dit-elle pensivement, c'est comme si on avait été préparé à ce genre de révélation. Je veux dire, notre génération. Avec tous ces films, ces histoires de vampires, de loups-garous, on finit par se demander s'il n'y a pas quelque chose de vrai là-dessous.
Elle était en train de rationaliser afin de dompter sa peur. Je n'osai pas lui montrer à quel point j'admirais son courage. Elle était admirable.
- Je pense que plusieurs elfes sont aux commandes des studios à Hollywood, répondis-je paisiblement. Ils adorent enquiquiner les vampires. Cela expliquerait cette vague de films de heroic fantasy ces dernières années.
Elle déglutit.
- Tu... tu veux dire qu'il y a aussi des vampires et des elfes ?
- Et des sorciers, sorcières, fées. Oui.
- D'accord, là je suis vraiment terrorisée.
- Désolé.
Elle garda le silence un instant, essayant de remettre sa vie à l'endroit.

- OK. Va dire au revoir à ta dulcinée, capitula-t-il. Je la protégerai en attendant ton retour.
- Ha ha, très drôle, Axel, vraiment. Là, j'ai l'impression d'être un chevalier prêt à partir pour les croisades.
- Sincèrement, à côté de ce qui t'attend, les croisades c'était de la rigolade.
- Merci, grommelai-je, ce que j'aime avec toi, c'est cette infinie compassion pour les problèmes des autres.
Il éclata de rire et je montai les marches en courant.