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Critique de pompimpon


Marie-Claire est une toute petite fille lorsque sa mère meurt.
Confiée un temps avec sa soeur à la voisine, elle est bien vite emmenée à l'orphelinat, abandonnée par son père.
Soeur Marie-Aimée la prend rapidement sous son aile, lui offrant un soutien maternel aimant.
Cet amour que Soeur Marie-Aimée ne craint pas de montrer attire à Marie-Claire quelques inimitiés bien senties, dont la Mère Supérieure qui la fait placer dans une ferme à douze ans, pour briser l'orgueil qu'elle lui suppose.

En dire davantage, c'est tout raconter. Cela ne changerait rien au plaisir de la lecture tant ce petit livre est un chef d'oeuvre, mais ce serait un peu dommage tout de même.

Tout y est juste, pour dire l'enfance et ses découvertes. Le récit des jours à l'orphelinat, de l'amour non dénué d'exigence de Soeur Marie-Aimée, des mystères auxquels l'enfant assiste sans les comprendre, des camarades, du rythme quotidien, des injustices ravageuses, des chagrins dévastateurs, tout est raconté dans une langue précise et délicate, qui donne vie aux faits et aux gens.

C'est la même langue qui décrit ensuite superbement la Sologne, les travaux des champs, la nature accueillante ou hostile, les liens qui se nouent entre les êtres. Il y entre beaucoup d'amour et de fraternité pour parler d'Eugène, de Pauline, de Maître Sylvain, du vacher, de Jean le Rouge...

Et lorsque le coeur de Marie-Claire va battre pour ce jeune homme à la blouse de laboureur bien nette, les mots seront au plus près de la noblesse des sentiments qu'ils partagent.

La première fois que j'ai lu Marie-Claire, je devais avoir dix-huit ans et j'avais pioché ce livre au hasard dans les bacs de vieux poches d'un magasin de livres d'occasion.
Je l'avais dévoré, touchée en plein coeur par la sincérité, la douceur, la beauté de cette plume.
Ce sont les plus belles pages d'enfance que j'aie jamais lues.
L'image de cette toute petite fille blottie sur son petit banc, au creux du pupitre de Soeur Marie-Aimée, est inoubliable.
Et j'avais eu l'impression d'enfoncer moi aussi mes sabots dans la neige à la suite des moutons de Marie-Claire...

Je n'avais jamais entendu parler de Marguerite Audoux, une couturière rendue à moitié aveugle de s'user les yeux sur son ouvrage, qui s'était largement inspirée de sa vie pour son premier roman publié en 1910. Elle n'était pas particulièrement instruite, sa sensibilité et son intelligence rêveuse se sont exprimées avec la délicatesse qu'elle portait en elle, naturellement.

Admirée en son temps par Mirbeau ( qui a bien volontiers préfacé Marie-Claire) et Gide, elle est tombée dans l'oubli et c'est une injustice. Heureusement, il y a des bacs de vieux poches dans lesquels on peut attraper des merveilles, et des sites de lecteurs pour faire passer le mot.
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