Voilà un roman qui aura, c'est certain, une place à part pour moi. Celui ci m'aura en effet procuré une émotion bien particulière au moment où je l'ai eu en main. Non parce qu'il s'agit d'un premier roman, j'en ai chroniqué plus d'un ici même. Non , cette émotion vient d'ailleurs. de cette relation si particulière qui me lie à ce roman. Car voyez vous, j'ai eu la chance de suivre sa gestation et sa venue au monde des livres !
Retour en arrière.
J'ai pour habitude de trainer mes guêtres sur la toile, à fouiner et voir ce qu'il se fait chez les copains blogueurs.
Un jour je suis tombé sur le site d'un bonhomme qui s'était lancé dans l'écriture de son premier roman et qui racontait au fil du temps son long travail de rédaction. Ce n'était certes pas le premier, et sans doute pas le dernier à faire cela. Mais allez savoir pourquoi, je me suis mis à le suivre, dans l'ombre, en train de bâtir son univers et mettre en mots son scénario. Entre temps j'ai sympathisé avec lui via un réseau social .
Le jour où je l'ai eu en main, Je me suis rappelé ces moments particuliers où Guillaume se réjouissait de l'avancée de son travail, de son angoisse quand il lâcha enfin son bébé dans la nature , en direction d'une quinzaine d'éditeurs, se demandant si l'un d'entre eux aller l'accepter.
Et ce sont finalement les éditions du CAÏMAN qui décidèrent de prendre sous leur aile ce premier roman. Il faut dire que cette petite maison d'édition est bien connue des amateurs pour publier des romans de qualité. Et celui ci justement n'en manque pas.
Alors une fois en main, une fois cette émotion si particulière passée, ne me restait plus qu'à me plonger dans le roman de Guillaume.
Eddie Grist est un natif de l'île de Stroma, au large de L'écosse. Une terre balayée par les vents, cernée d'une mer souvent tempétueuse, qui forge les caractères et endurcit les coeurs. Une terre qu'il a quitté pour devenir flic. Sa carrière achevée celui ci revient chez lui.
Mais il y a des départs qui raisonnent comme un abandon, une rupture d'un lien qui unit un homme à sa terre, un manque aux âmes vivantes de cette île que seul le silence semble pouvoir parfois combler.
Le contact avec ce père qui lui a pourtant demandé de revenir sur l'île pour s'occuper de la boutique familiale, ne sonne pas vraiment comme un feu familial qui se ravive, tant leurs relations ont toujours été difficiles. Ce n'est d'ailleurs pas chez ses parents qu'il posera ses valises, et heureusement pour lui certains de ses vieux amis ont encore quelques coups à boire à offrir.
A peine commence t'il a prendre possession de la boutique et d'y trouver ses marques, qu' un squelette est mis à jour sur le chantier d'une résidence secondaire. Une découverte qui ne manque pas de mettre en émoi la communauté de l'île, et de susciter la curiosité d'Eddie, dont les vieux réflexes d'enquêteur reviennent aussi vite qu'une bulle d'oxygène remontant à la surface de l'océan.
Étant la seule personne sur l'île disposant des qualités requises pour prendre les choses en mains, il engage les premières constatations jusqu'à l'arrivée du légiste, et le temps que la police du continent reprenne les choses en mains.tête
Et c'est à Moira qu'est confiée l'enquête. Moira n'est pas une inconnue pour Eddie. C'est un ancien amour de jeunesse, partie elle aussi vivre sa vie sur le continent avant que celle ci ne se fracasse finalement sur un divorce, ne lui laissant de ce naufrage que deux enfants qu'elle élève seule.
Son retour sur l'île est l'enquête qu'elle va y déployer ne seront pas non plus au goût de tout le monde. D'autant qu'avec l'identification du squelette, qui semble être celui d'un prêtre qui avait officié sur l'île il y a plusieurs décennies de cela , va progressivement remonter à la mémoire des vivants de bien sombres souvenirs. Autant de secrets jalousement gardés que certains sur l'île n'entendent pas dévoiler à la lumière de la vérité.
En refermant ce livre une fois terminé c'est un véritable sentiment de satisfaction qui m'a parcouru, non sans aussi, un certain bonheur pour Guillaume de savoir qu'il a signé là un roman plutôt réussi.
Certains penseront sans doute j'imagine, que je ne suis pour le coup pas très objectif au regard de ce que j'évoquais au début de ma chronique. Pourtant, c'est bien d'un roman de belle qualité dont je parle.
La première qualité de Guillaume c'est d'avoir d'abord su rendre cette atmosphère si particulière, si propre à une île refermée sur elle même, où vivent des communautés d'apparence solidaires mais traversées par des lignes de tension et de fractures.
Mais c'est aussi d'avoir donné corps à ses personnages on leur faisant narrer eux même cette histoire à la première personne, donnant ainsi la profondeur psychologique nécessaire à la trame de cette histoire, à l'ambiance chargée de non dits et de rancoeurs.
Captiver son lecteur est chose ardue pour un auteur.
Guillaume Audru y parvient parfaitement, sans pour autant succomber à la facilité de scènes spectaculaires ou de rebondissements inopinés dont se sont fait lune spécialité un grand nombre d'auteurs aujourd'hui. A cela l'auteur leur préfère un style épuré, fait de phrases et de chapitres courts et privilégiant les dialogues, traduisant un rythme qui ne se relâche à aucun moment.
Peut être le personnage de Moira méritait il un traitement plus approfondi, tant elle est intéressante. Mais je me suis laissé dire que nous la découvrirons sans doute un peu plus à l'occasion d'un prochain roman de
Guillaume Audru.
Un premier roman qui dégage donc un vrai potentiel chez ce jeune auteur que l'on ne manquera pas de suivre, et qu'il convient de découvrir.