Du Harlequin pendant la Préhistoire.
J'exagère un peu mais je me suis souvent dit, durant cette lecture, que si l'histoire d'amour s'était déroulée à notre époque, ç'aurait été un vaudeville qui ne s'avoue pas (parce qu'il n'est même pas drôle, au contraire). Resituons. Ayla et Jondalar, les héros des Enfants de la Terre, continuent leur voyage à travers l'Europe d'il y a 35 000 ans. Ils tombent sur le peuple des Mamutoï, avec lesquels ils vont vivre pendant un certain temps. Durant le long hiver pendant lequel les personnages restent cloîtrés dans leur refuge, un triangle amoureux va se former. Classique, me direz-vous. Mais il faut voir la façon dont la chose est traitée. "Pourquoi ne m'aime-t-il plus ?" Comment vais-je vivre sans elle ?" Etc, etc, et ce pendant presque mille pages. La passionnante héroïne du premier tome est devenue une pleurnicheuse stupide et fade et les hommes ne sont guère mieux. S'ajoutent quand même à ces introspections sentimentales qui tournent en rond des descriptions de parties de jambes en l'air qui sont aussi redondantes que le reste. Ayla a singulièrement perdu de son intérêt à mes yeux : elle est trop tout. La plus belle femme du monde ; cumulant d'innombrables talents qui font ouvrir de grands yeux à tous ceux qu'elle rencontre (don de guérir, dons mystiques, don de s'entendre avec les animaux, don d'inventer des objets, talent à la chasse) ; générosité exacerbée qui lui fait oublier sa propre sûreté (elle sauve tout le monde sans arrêt - je crois que l'espèce humaine n'existerait plus si elle n'avait pas été là) ; et, comme cela ne suffisait pas, elle est d'une candeur, d'une naïveté, d'une innocence charmante. N'en ajoutez plus, la coupe est pleine.
Heureusement, les informations sur le mode de vie de l'époque sont toujours aussi nombreuses et détaillées et donnent du corps à un récit qui en a bien besoin, tandis que les descriptions des interactions sociales des Camps mamutoï et des individus entre eux viennent aussi relever le niveau. En gros, pour schématiser, je dirais : contexte et environnement très intéressants ; mais scénario et héros proches du zéro.
J'ai l'impression aussi que la traduction s'est beaucoup dégradée entre les tomes 1 et 3, notamment en ce qui concerne les dialogues.
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