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L'homme qui n'aimait plus les chats" (2019) est un très court roman, tirant très franchement sur la fable, écrit par
Isabelle Aupy.
Alors avec ce bouquin, j'ai vécu une expérience troublante.
D'une certaine manière, il s'agit d'une petite pépite. En quelques traits de contexte rapidement esquissés, Aupy parvient à explorer les modalités du langage et surtout ce qu'il contrôle, la liberté de penser et de formuler et l'endoctrinement. Et ceci en racontant simplement l'histoire d'insulaires perdant du jour aux lendemains leurs chats, remplacés par le gouvernement par d'autres... "chats", mais qui aboient et se tiennent en laisse. C'est un récit millimétré: rien n'en dépasse et chaque envoi d'idée est absolument précis. C'est donc extrêmement bien maîtrisé.
Pourquoi un 3/5, alors? Eh bien parce que finalement, j'ai trouvé le bouquin... Très simple. Si ses effets sont démesurés, pouvant amener à des heures de discussion au bas mot, le bouquin fait finalement peu d'effort pour nous y amener. Les thématiques sont passionnantes, bien sûr, et on le sait : il vous suffit de constater l'importance de la postérité de "1984" et de sa novlangue. Et "
L'homme qui n'aimait plus les chats" frappe juste, mobilisant des idées obsédantes, mais le faisant un peu facilement. La faute peut-être à ce format de fable, qui en restant très général, s'adapte à tout mais manque de maestria pour engager le lecteur. C'est donc intelligent, certes, mais presque un raccourci vers des champs de questionnement. Disons, pour filer la métaphore, que ça ne demandera pas le même effort que paver une vraie route pour la même destination.
Mais bon, au vu de la longueur du bouquin, vous auriez tort de vous priver de cette lecture très agréable et sincèrement intéressante.