Contemple, ô Pârtha, Mes centaines et Mes milliers de formes divines, diverses en genre, diverses en forme et en couleurs.
Le théisme de la Gîtâ n’est pas un théisme précautionneux et craintif, effrayé des contradictions du monde, mais un théisme qui voit Dieu comme l’Etre originel unique, omniscient et omnipotent, qui manifeste tout en Lui, quoi que ce puisse être –bien et mal, peine et plaisir, lumière et ténèbres- comme matière de Sa propre existence […].
[…] ô toi qui est venu en ce monde éphémère et malheureux, aime-Moi et tourne-toi vers Moi.
Emplis ton esprit de Moi, sois Mon amant et Mon adorateur, sacrifiant à Moi, te prosternant devant Moi ; ainsi uni à Moi dans le Moi tu viendras à Moi, faisant de Moi ton but suprême.
Moi, l’action rituelle ; Moi, le sacrifice ; Moi, l’oblation ; Moi, l’herbe qui donne le feu ; le mantra, Moi ; Moi aussi le beurre ; Moi, la flamme ; l’offrande, Moi.
Moi, le Père de ce monde, la Mère ; l’Ordonnateur, le premier Créateur, l’objet de la connaissance, la syllabe sacrée AUM, et aussi le Rig, le Sâma et le Yajur [Védas].
Moi, la voie et le but, le soutien, le maître, le témoin, la maison et le pays, le refuge, le bienveillant ami ; Moi, la naissance et l’état et la destruction de l’existence apparente ; Moi, la semence impérissable de tous les êtres, et le lieu éternel de leur repos.
Je donne la chaleur, Je retiens et j’envoie la pluie ; l’immortalité et aussi la mort, l’existence et la non-existence Je suis, ô Arjuna.
Et cependant toutes les existences ne sont pas situées en Moi. Vois Mon divin yoga ; Mon Moi est la source et le support de toutes les existences et il n’est pas situé dans les existences.
Ceux qui ont recours à Moi comme refuge, ceux qui se tournent vers Moi dans leur effort spirituel vers la délivrance de la vieillesse et de la mort (de l’être mortel et de ses limitations), ceux-là en viennent à connaître ce Brahman et toute la plénitude de la nature spirituelle et l’intégralité du karma.
Parmi les vertueux qui se tournent vers Moi avec dévotion, ô Arjuna, il y a quatre sortes de bhaktas : ceux qui souffrent, ceux qui cherchent le bien dans le monde, ceux qui cherchent la connaissance, et ceux qui M’adorent avec la connaissance, ô Seigneur des Bhâratas.
Le seul fait originel et éternel est l’énergie de la nature, la puissance et la qualité d’être qui se manifeste ainsi à l’âme à travers les sens.
Ce en quoi le mental devient silencieux et tranquille par la pratique du yoga, en quoi le Moi est vu au dedans, dans le Moi par le Moi, et en quoi l’âme est satisfaite ;
Ce en quoi elle connaît sa propre béatitude, véritable et extrême, ce qui est perçu par l’intelligence et qui est par delà les sens, et d’où elle ne peut plus, une fois qu’elle y est établie, retomber de la vérité spirituelle de son être ;
C’est le plus grand de tous les gains et le trésor auprès duquel tous trésors perdent leur valeur, c’est là où, une fois établi, l’homme n’est pas troublé par l’assaut le plus violent de l’affliction mentale.
Quand l’âme n’est plus attachée aux contacts des choses extérieures, l’homme alors trouve le bonheur qui existe dans le Moi ; un tel homme jouit d’un bonheur impérissable […].