Le toubib m'a arrêté trois semaines dans un premier temps. Quand je suis venu le revoir trois semaines plus tard, pieds nus et en pyjama, il m'a dit : "Ça ne s'arrange pas, Monsieur Mamout, il va falloir songer à voir quelqu'un.
- Qui ça quelqu'un ?"
Il a été franc : "un psy." Mais là, je n'étais plus d'accord. Je lui ai dit : "Il faut me sortir de là, docteur, faut me donner les bons médicaments. Je peux vous parler franchement?" Il ma dit que oui, alors j'ai craché le morceau : "Les petites pilules roses que vous m'avez données, je ne les prends plus parce que ça me fait éjaculer trop vite. À peine je suis dedans et zou ça fait comme de l'eau.
Le coffre a été embarqué dans une camionnette blanche que j’ai photographiée aussi. Il se croit malin Dolto, mais avec moi il a tout faux, il est tombé sur un os, un os de Mamout. Mamout c’est mon nom, moi je ne descends pas du singe comme je dis toujours.
En roulant, je pensais aussi à comment ils avaient pourri le métier de plombier. Maintenant, le plombier devait même faire de la VMC et de la clim. Maintenant, le plombier devait savoir tout faire parce que la concurrence avec les gars venus de l'Est était assez féroce, eux ils bossaient pour pas une thune et avec ce rien, chez eux, ils devenaient propriétaires. Nous ici, les Gaulois, les tauliers ne voulaient plus de nous, même si on faisait bien le boulot. Ils n'en avaient plus rien à foutre que le boulot soit bien fait. Après eux le déluge. Pour les tauliers, c'était impeccable d'avoir des peintres pakistanais, des maçons turcs, des plaquistes roumains, et bien sûr ces fameux plombiers polonais dont les médias se sont subitement emparés mais dont personnellement je n'ai jamais vu l'ombre sur aucun des nombreux chantiers où je suis passé, bref, pour les tauliers pas un clan qui parle la même langue que l'autre, du communautarisme à la louche, aucun syndicalisme possible, un sacré putain de bordel spécialement aménagé pour l'ultralibéralisme triomphant comme disent les journaux...impeccable!
On sait qu'on ne va pas trop mal tant qu'on arrive à fréquenter les autres et à survivre sans tomber dans la violence.
On laisse filer, y a un coup de mou et quand le câble se retend c'est là que ça casse, parce que c'est mauvais les coups de mou, y a rien de pire en ce qui concerne les rapports entre l'homme et la femme, c'est une chose qu'il faut savoir: entre l'homme et la femme les rapports doivent être constamment tendus pour que ça dure. Je dis pas tendus à mort, mais tendus, toujours.
Il me restait mes poches et j'ai mis mes mains dedans.
il y a des mouvements secrets de la pensée qui n'apparaissent jamais nulle part, ni le jour ni la nuit. Ce sont des paroles tenues dans des mains discrètes, comme de petites bougies protégées du vent des fanfares officielles. Nous nous y réchauffons, tels des loups venues d'un autre cosmos et en partance pour y retourner.
« Mais Ducon, t’as pas compris qu’ils vont faire sauter les barres avec les gens encore à l’intérieur ? » Il y a des gars qui me croyaient. Authentique. Des gars qui croient tout ce qu’on leur dit, ça ne manque pas, des gens désinformés à tous les étages, l’ascenseur qui leur sert de neurones en panne depuis trop longtemps ils sont scotchés à mort devant la télé qu’ils ne savent pas éteindre.
C’est véritablement une sale ordure pourrie à l’intérieur mais nickel à l’extérieur, costume-cravate, manières onctueuses, grosse voiture noire à gueule de requin et toujours un portable d’avance sur vous, Dolto. Vous qui avez les mains dans la merde, les bleus pleins de graisse et un portable de l’année dernière, il vous vexe exprès devant les autres en vous disant par exemple : « Il fait machine à laver ton portable ? Et quand t’appuies sur menu, il te sort une pizza ? » Tout le monde rigole et vous passez pour un ringard.
Du coup ça me ramenait à Dujardin de penser à Letelier, d'un faible à l'autre, je remontais la chaîne de l'infamie ancree, comme chacun sait dans le consentement.