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EAN : 9782283031865
272 pages
Buchet-Chastel (03/01/2019)
3.35/5   34 notes
Résumé :
Après une vie de bâton de chaise et de nombreuses errances, Abdel Ramdankétif se retire dans le village de montagne où ses parents étaient venus vivre quand ils étaient arrivés en France. Tout a bien changé en quelques décennies : ses parents sont morts, et le village est quasi abandonné... Seuls, Jacky et Monette, un couple de voisins, survivent à la manière de vieux sages. Abdel s'est installé là, loin des hommes et de la modernité dont il se contrefout. À la fête... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Les amochés est un roman gigogne, qui débute comme un polar champêtre de Georges-Jean Arnaud. Abdel Ramdankétif, un misanthrope d'âge mûr vit seul dans un hameau dépeuplé par l'exode rural, avec pour uniques voisins Jacky et Monette, deux vieillards plein de sagesse. Or un matin, Abdel se réveille dans un univers figé. Le temps ne s'écoule plus, alors que de l'eau s'échappe de tous les miroirs de la maison. Il n'y a plus âme qui vive. Le voici seul pour de bon. Abdel décide de descendre de sa montagne pour voir si le même phénomène surnaturel a frappé la ville la plus proche. Le récit prend alors des airs de roman d'anticipation et n'est pas sans rappeler Le mur invisible de Marlen Haushofer. Abdel, ancien SDF qui a toujours chéri la solitude se retrouve confronté à une expérience inédite et difficile à appréhender sans tomber dans la folie ou la paranoïa. Lecteur enragé, cultivé et curieux, il tente de comprendre l'étrange phénomène en se souvenant de tous les romans lus, de tous les films vus. Dans la ville désertée il trouve trace de trois autres « survivants », deux soeurs et un garçon de café. Eternel amoureux, le voici rassuré par cette présence féminine, jusqu'à ce qu'il retrouve tout à coup la réalité, la ville, les gens, le bruit. Personne ne semble se souvenir de ce phénomène étrange. Craignant d'avoir sombré dans la folie, notre homme se retrouve accusé de viol, et placé derrière les barreaux. A-t-il inventé cet épisode fantastique pour dissimuler sa véritable nature? Est-il dément?
L'anticipation fait place au polar social, et permet à Nan Aurousseau de parler des amochés de la vie, des laissers- pour-compte de la société, des oubliés des hôpitaux psychiatriques, des petits délinquants, des femmes battues, des dealers… le roman a des accents de fable, et s'inscrit dans l'air du temps. Les amochés est le récit d'une expérience humaine doublé d'un état des lieux bien peu reluisant de notre société narcissique et destructrice. Seuls phares dans la nuit d'Abdel, les femmes et les livres éclairent son existence. Nan Arousseau parle beaucoup, et bien de l'amour et des livres, qui peuvent changer les choses. Car la vie d'Abdel est inscrite dans une autre temporalité, plus humaine, et façonnée par la lecture, même si la liberté a un prix: « Je menais en réalité une vie d'écrivain, qui n'écrivait pas. J'avais lu beaucoup de biographies d'écrivains et je m'étais rendu compte que je vivais comme eux: je ne faisais quasiment rien et en plus je n'écrivais pas tandis qu'eux y passaient au moins quatre heures par jour. Par contre, je lisais beaucoup plus qu'eux tous. Un livre par jour minimum. Comme disait l'un d'eux: « L'écrivain est libre, mais il le paie cher. «  Je peux lire que le lecteur aussi ».
Je remercie les éditions Buchet-Chastel pour ce livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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Menant une petite vie simple entre livres et projet de plus en plus évanescent d'écriture, à l'écart de ses concitoyens dont il attend peu sinon des désagréments (mais que peut-on attendre d'amochés?), le narrateur coule des jours calmes et tranquilles. Jusqu'à ce matin où le miroir suinte, voire dégouline à grosses gouttes et que l'ensemble de l'humanité semble s'être évaporée, à l'exception d'un garçon de café et d'un couple de jumelles trop belle pour être honnêtes.

On est donc dans un univers fantastique, et la question est alors de savoir comment les choses vont être expliquées, en espérant que la trop facile issue du rêve ne soit pas la chute. C'est ici plus complexe et l'aventure étrange que traverse notre héros va l'entraîner dans un imbroglio de malentendus , dont il ne sera pas facile de sortir. L'auteur lui s'en sort bien.

C'est assez drôle, autant que peut l'être un misanthrope qui relève avec clairvoyance et finesse les travers de ses contemporains.

C'est aussi l'occasion de livrer son opinion sur notre société, son égocentrisme, sa violence, et finalement le peu d'évolution malgré les progrès l'éducation :

« j'avais lu tous les sages de l'Antiquité, tous les philosophes modernes, j'avais lu l'histoire des hommes et elle était édifiante. Des massacres, des hordes sauvages, le règne du plus fort, partout, toujours, sans arrêt depuis la plus haute antiquité et cela malgré les progrès apportés par quelques-uns, malgré les bibliothèques pleines à craquer »

C'est agréable à lire, malgré quelques formes un peu éculées. Les dialogues sont bien sentis et l'ensemble constitue un récit bien contemporain.

La question est de savoir ce qu'aurait donné le roman sans l'épisode surnaturel. Aurait-il perdu en originalité? Etait-ce vraiment indispensable de recourir à ce subterfuge? Je n'ai pas la réponse…

#LesAmochés #NetGalleyFrance
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Avec le livre « Les amochés » (Janvier 2019), Nan AUROUSSEAU est désarçonnant. L'entame du récit laisse croire à une fiction fantastique, une histoire rocambolesque sous contrôle de doubles cosmiques, avec suspicion de destruction massive du genre humain. Au coeur de l'apocalypse, l'auteure, de manière convenue, maintient en vie – mais vivre est peut-être un grand mot – trois paumés en errance sous un soleil qui, à toute heure, danse au zénith !
Puis, peu à peu, le lecteur se surprend à suivre, plus qu'à aimer, le personnage central, narrateur de cette histoire sans repère. Abdel Ramdamkétif est un vieux villageois d'un village de montagne coupé d'à peu près tout. Aigri, misanthrope, solitaire, fragilisé par des ruptures amoureuses mais fortifié de toutes les références livresques et cinématographiques, fruits d'une passion absolue pour la culture, toutes périodes et styles d'écriture confondus, Abdel est cependant capable d'analyser le monde et de poser sur un regard critique sur la modernité qui réduit nos quotidiens à des fonctionnements plutôt qu'à une vie. Cette puissance de penser alimente l'incessante conversation qu'il tient avec lui-même et qu'il partage, exceptionnellement, avec Roger, garçon de café, Laure et Sandra, les jumelles ou, plus étonnant, un directeur de la prison.
Que s'est-il passé ? Ses souvenirs extrêmement précis lui offrent une conscience parfaite de la situation apocalyptique vécue. Il en est conscient, sa réalité est indicible. Il est donc exclu qu'il s'appuie sur ce vécu pour récuser l'accusation de viol que porte contre lui la famille de Sandra, une des jumelles ayant partagé son aventure cosmique.
Insidieusement, par le biais d'une accusation malveillante et à la réaction formatée de la police et du monde judiciaire, l'auteur nous a ramené dans le monde des cabossés, ces amochés de la vie qui se dépatouillent comme ils peuvent en s'accrochant à des modes de vie pourris par l'alcool, la drogue, la perte d'identité, la soumission à la Loi du plus fort ou le vide sidéral qui existe entre leurs quotidiens et les rêves qu'ils avaient sur la vie ! Bienvenue dans notre quotidien, sur un petit monde qui tourne comme un disque voilé où rien n'est droit, tout est gauchi, faussé, minable et sans espoir.
Et pourtant, la violence se nourrit de toutes les bassesses humaines mais donne aussi naissance à des bravoures solidaires et anonymes. Là où ne devrait nicher que la soif de vengeance, s'installe aussi l'oubli qui ouvre l'avenir. Allez comprendre !
Nan Aurousseau, a vécu une jeunesse cabossée. Entre respect de la Loi et illégalité, mépris des règles sociétales et recherche d'une place où se construire, incarcération et remise en liberté, le fait est évident, l'auteur s'est construit sur le chaos ! Mais la Culture, l'amour du livre, la pensée des auteurs ont joué un rôle prépondérant dans ce qu'il est advenu. Il est maintenant un auteur, portraitiste d'un monde noir, dur, amer mais bien réel !
Son récit, quittant le fantastique, s'installe dans le polar social et, ma foi, il y devient crédible, interrogeant nos quotidiens et l'opportunité des chemins de traverse qu'il nous est donné de choisir pour ne plus se fondre dans la masse monolithique de la pensée unique. Une ouverture vers une société inclusive ? A nous de décider. A nous de peaufiner le modèle que nous voulons nous forger pour servir de jalons à nos pas quotidiens !
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***

Abdel est un vieil solitaire. Après avoir erré des années durant, il est revenu vivre seul dans la maison de ses parents décédés, au centre d'un village isolé, avec les livres pour seule compagnie. Quand un matin il se réveille en voyant de l'eau jaillir des miroirs, il ne peut imaginer les heures surnaturelles qu'il va devoir affronter...

Quel drôle de roman que celui-ci !! Ni réellement fantastique car bien ancré dans notre réalité, ni totalement noir car certaines anecdotes sont plutôt amusantes, les amochés est un roman inclassable.

Nan Aurousseau possède un rythme dans son écriture. Elle est incisive, juste et essentielle.

Dénonçant notre société égoïste, violente et parfois irréelle, l'auteur nous entraîne avec talent au coeur de ses êtres abandonnés à la folie du monde.

Merci à NetGalley et aux Éditions Buchet Chastel pour leur confiance...
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«Les Amochés» est un roman noir, une fable cruelle sur la vie à la marge de la société.
Pour les vieux ours mal léchés comme Abdel Ramdankétif, la situation géographique de Montaigu-le-Fré est une sorte de paradis. Ce lieu-dit ne compte désormais que trois habitants, Jacky et Monette, «des gens d'ici depuis plusieurs générations, des taiseux, durs à la peine, tenaces à l'usure et toujours actifs, été comme hiver» et le narrateur qui a choisi de rester là après la mort de ses parents. Cette vie d'ermite lui convient très bien. Il a un toit, se nourrit de peu et peut consacrer le reste de son temps à parcourir la région, aux livres qui tapissent son intérieur et à l'écriture.
«Il y avait une quatrième personne mais elle a fait sa valise la semaine dernière. Elle se nommait Chris et c'était ma femme. Ma femme, c'est un bien grand mot, une amie clandestine, une passagère du vent, serait plus approprié. Elle est restée trois mois en tout, mai, juin, tout juillet et un peu début août.»
Du coup Abdel est déprimé, car Chris «est une très belle femme de trente-huit ans, mère allemande, père marocain. Elle a un visage de chatte égyptienne. J'en suis tombé raide amoureux dès le premier baiser et cela n'a fait qu'empirer de mois en mois.»
Quand il se lève, il voit l'eau suinter des miroirs, n'a plus d'électricité et ne croise personne. Les Jacky semblent avoir disparu. Il décide alors de se rendre à la ville de M. pour signaler ce curieux phénomène. En route les choses demeurent tout aussi mystérieuses. Les voitures sont vides et tous les habitants semblent s'être évaporés.
La première personne qu'il rencontre est le serveur du café où il a l'habitude de prendre un verre, mais ce dernier ne lui est pas d'une aide très précieuse. Il ne veut pas d'histoires. Abdel va alors chercher de l'aide au commissariat, vide, à l'hôpital, vide et chez Chris dont l'appartement est lui aussi vide. Sandra et Laure, deux magnifiques jeunes femmes, croisent sa route et, après s'être méfiés de lui, décident de l'accompagner avant de disparaître.
N'était-ce qu'un mauvais rêve? Ou faut-il croire ces théories qu'il a découvert au fil de ses lectures, celle des «centrales nucléaires, des noeuds telluriques et tout ce merdier, la toile d'araignée atomique…»
Nan Aurousseau sait parfaitement jouer des codes du fantastique pour déstabiliser son lecteur, avant de la rattraper par un nouveau rebondissement. Et si Abdel avait tenté de maquiller un viol derrière une histoire rocambolesque? Toujours est-il que Sandra porte plainte et que notre ermite se retrouve aux mains de la police qui a pu le localiser via facebook : sur Facebook où des photos d'une fête du pain ont été postées et où il apparaît : «Mlle Sandra Planche vous a reconnu et elle est venue porter plainte contre vous. Voilà, vous savez tout. Je vais vous signifier votre garde à vue.»
Même s'il est persuadé de son innocence et sûr qu'elle va pouvoir être démontrée assez vite, il passe par la case prison. « On dit que pour bien connaître son pays il faut passer par ses prisons. J'avais en permanence sous les yeux une population gravement amochée, des cassos à la pelle, des marginaux, des drogués, des gens incultes au dernier degré, des analphabètes, beaucoup, des alcooliques, des jeunes au bord de la démence, des cas psy. »
Notre homme, qui avait lu tous les sages de l'Antiquité et tous les philosophes modernes va apprendre beaucoup derrière les quatre murs de sa cellule. Avant de voler vers un épilogue tout aussi surprenant.
Un roman âpre et dur, mais aussi centré sur les quelques règles essentielles. Une sorte de viatique pour temps difficiles.

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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
La femme de Malraux, Clara, raconte comment avec André ils ont vécu selon leur fantaisie et l'inspiration du moment parce que, issue d'une famille très riche, elle avait hérité d'une belle fortune. Ils ont voyagé à travers le monde sans jamais se soucier d'avoir à gagner leur pain quotidien mais, Malraux menant grand train, ils avaient tout dépensé. Elle lui a alors dit: "Il va être temps de travailler."
"Travailler? Jamais!" lui avait répondu Malraux.
Il a eu l'idée d'aller au Cambodge, d'y voler des pierres sculptées au temple d'Angkor et puis de les revendre. Il s'est fait prendre, a fait de la prisons là-bas, etc. Moi, ce qui m'intrigue dans tout ça c'est qu'il soit ensuite devenu ministre de la Culture. Il ne s'est donc jamais rendu et il est parvenu aux plus hautes responsabilités dans son pays. J'ai toujours fait le lien entre le refus de travailler sous certaines conditions et le fait de s'adonner entièrement à la culture. La phrase de Malraux rappelle quelque part le graffiti de Guy Debord sur le mur du Quartier latin: Ne travaillez jamais! Mais malheureusement en 1968 Malraux n'était plus le rebelle qu'il avait été, il était devenu une vieille baderne qui aurait jeté sans remords Guy Debord en prison.
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Je n’avais jamais terminé le roman, j’en avais ébauché le plan avec beaucoup de difficulté. Pourtant c’était un bon départ et je connaissais la phrase de Racine : « Quand mon plan est fait ma pièce est écrite. » Eh bien mon plan était fait mais je n’avais jamais écrit le roman. C’est pour ça que je ne croyais plus aux « super-idées pour écrire un roman ». Je tenais mon journal et c’était déjà assez difficile. Il fait aujourd’hui environ mille deux cents pages. Il contient la recette du börtchi, le couscous lapon, et j’y raconte pourquoi les frites, inventées il y a très très longtemps au Tibet, ne sont arrivées qu’au XIXe siècle en Belgique. »
« On dit que pour bien connaître son pays il faut passer par ses prisons. J’avais en permanence sous les yeux une population gravement amochée, des cassos à la pelle, des marginaux, des drogués, des gens incultes au dernier degré, des analphabètes, beaucoup, des alcooliques, des jeunes au bord de la démence, des cas psy. Quand j’allais à la bibliothèque j’y étais seul. Un détenu s’en occupait. Il essayait de motiver les jeunes mais il n’y parvenait pas. On avait reçu la visite d’un écrivain, un ex-détenu qui s’en était sorti grâce à l’écriture. Le bibliothécaire avait tout fait pour qu’il ait un peu de monde mais nous n’étions que trois lors de sa venue. Il était resté stoïque, nous avait parlé de son livre avec enthousiasme. Quand le détenu l’avait sorti des rayonnages pour en lire des extraits l’écrivain avait été déçu. Il manquait la moitié de la couverture cartonnée. Il ne comprenait pas pourquoi les détenus avaient abîmé son livre.
– Les filtres monsieur, les bouts de carton, pour les joints…
À part moi les deux autres, des jeunes qu’on avait presque sortis de force de leur cellule, dormaient sur leur chaise.
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Malheureusement, malgré leur taille les stades de foot sont très largement insuffisants, avait dit l'écrivain, le sport est un pansement sur une jambe de bois en ce qui concerne la récidive. Une petite bibliothèque vingt fois moins grande qu'un stade, avec un bon éducateur, serait cent fois plus efficace. Le savoir, c'est le pouvoir, donc il n'y a aucun hasard au fait qu'on vous tienne culturellement la tête sous l'eau. C'est une asphyxie volontaire. Vous n'êtes pas né au bon endroit, celui où l'on devient riche et intelligent. On peut parler de population sacrifiée sur l'autel du fric...
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Dans M, l'impression de solitude totale de vie complètement vidée de tous ses occupants pesait très lourde et une sourde inquiétude commençait à me ronger les sangs. Déjà que je n'aimais pas la ville avec ses 8villages imbriqués inextricablement les uns dans les autres, avec sa banlieue Nord misérable, le fameux " Plessis " à l'odeur de désespérance, aux couleurs de faux ghettos de province.
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INCIPIT
C'est un bruit qui m’a tiré du sommeil ce matin. Quelque chose a frappé la vitre du Velux. Un choc sourd. Cela m’a réveillé brusquement. Le réveil marquait onze heures. Il s’était arrêté la veille j’ai supposé. Manque de piles je me suis dit. D’après la lumière il était plus tard que d’habitude. Je me lève tous les jours vers six heures. Ici il n’y a jamais de bruit le matin, le vent parfois fait grincer des tôles, battre un volet, agite la toile du parasol sur la terrasse si bien qu’on se croirait dans un bateau, mais pour le reste c’est le silence absolu. Non seulement le village est tout petit mais en plus il est abandonné. Tout le monde est parti, soit pour le cimetière, soit à M., en ville, soixante kilomètres plus loin. Ici on est en plein désert médical. C’est pour ça qu’ils partent les vieux. Pas de travail non plus. Il y a une cinquantaine d’années le village était vivant, les gens travaillaient à la ferme et puis il y a eu cette idée de barrage sur la rivière initiée par des industriels de l’électricité. Tous les villages devaient être noyés et le barrage fournir du courant à toutes les grandes agglomérations de la région mais on ne sait toujours pas pourquoi en cinquante ans le projet ne s’est jamais concrétisé. Cela dit l’État avait dépensé des millions et des millions pour racheter les biens et tous les gens avaient vendu au prix fort et s’étaient tirés ailleurs. Mes parents ont tenu bon contre les propositions de l’Administration et deux ou trois autres personnes aussi. Mon père il y croyait pas au barrage, ma mère non plus. Ils n’en voulaient pas. Ils ont subi pas mal d’intimidations d’après ce qu’on m’en a dit plus tard.
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