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3,17

sur 202 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
O est la fiancée de René. Un jour qu'il vient la chercher en taxi (le roman commence directement par cette scène), il lui demande de se déshabiller sur la banquette arrière et la dépose devant une porte. Il lui dit d'entrer et d'obéir aux ordres qui lui seront donnés. A l'intérieur, O se laisse guider jusqu'à une chambre (une cellule?), tend les poignets pour qu'on l'attache et commence à subir tous les outrages que les maîtres voudront lui infliger (rapports sexuels divers et forcés, coups de fouets, de cravache, humiliations et autres traitements qui rivalisent d'inventivité...).

Lors de ma première lecture, il y a plusieurs années, je m'étais arrêtée très vite (dès les premiers coups de fouets). La maltraitance d'O m'était insupportable. En fait, c'est surtout son absence de rébellion qui me paraissait inconcevable. Comment cette fille pouvait être aussi passive, aussi soumise, assez idiote pour accepter d'être livrée en pâture aux "amis" de son fiancé sans broncher? Quelle image dégradante de la femme me montrait-on là?

Je ne comprenais pas.

Et effectivement...Je n'avais rien compris.

Je n'avais pas compris qu'il y a une autre façon d'aborder histoire d'O.

Il ne faut pas le prendre au 1er degré mais le considérer comme ce qu'il est à la base: un fantasme.

Qui plus est, un fantasme de femme.

Pauline Réage (c'est un pseudo, on finira par découvrir la véritable identité de l'auteur -Dominique Aury - après des années de folles rumeurs) a écrit ce récit pour émoustiller son amant de l'époque "Je n'étais pas jeune, je n'étais pas jolie. Il me fallait trouver d'autres armes." expliquera-t-elle longtemps après.

Une fois qu'on a accepté cette idée, il est beaucoup plus facile d'entrer dans le récit et de l'apprécier. En avançant dans la lecture on comprend (ce n'est pas dit tout de suite) qu'O n'est pas une victime, elle est parfaitement consentante (je n'aime pas le terme de "victime consentante" - mais c'est un autre débat...). Elle accepte d'être soumise, de s'abandonner totalement à celui qu'elle aime, d'être son esclave dévouée. Et elle en tire du plaisir. de la fierté aussi. Quand elle a des moments de doute et d'angoisse, ce n'est pas à cause des mauvais traitements qu'elle subit mais parce qu'elle redoute que son maître ne l'aime plus autant, qu'il se lasse d'elle et la rejette. Elle est dépendante de l'attention qu'il lui porte.

J'ai trouvé très intéressant de se placer du point de vue de la soumise et d'essayer de comprendre ses motivations. Mais encore une fois, je pense qu'il ne faut pas chercher trop loin. Il faut lire histoire d'O comme petite curiosité coquine, piquante, et le consommer avec légèreté.

Bien que destiné à un public averti, le style, il n'est pas si cru qu'on pourrait s'y attendre. L'auteur a tendance à survoler les scènes d'amour en utilisant des termes vagues, un peu désuets. Les situations sont suffisamment parlantes et dérangeantes pour que l'auteur n'ait sans doute pas jugé utile d'en rajouter. Cependant, on regrettera un peu le manque de vocabulaire pour décrire les scènes charnelles et désigner les parties du corps. Toujours les 2 mêmes mots, imprécis, le ventre pour parler du vagin, les fesses pour désigner l'anus. Ce n'est pas comme si la langue française était limitée pour parler d'amour.

Histoire d'O a reçu le prix des 2 magots en 1955
Lien : http://lesgridouillis.over-b..
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Je me souviens, gamin, de la sortie du film. Je regardais alors avec envie les affiches de la pauvre Corinne Cléry enchainée et menottée, qui me troublait d'incompréhension...
Je viens d'avoir l'occasion de relire certains passages du livre. Qu'en dire ? Oeuvre terriblement datée, parfois même devenue assez puérile. A peine assez bon pour éveiller un début de désir. J'imagine qu'il faut resituer l'oeuvre dans son contexte socio-économique pour y comprendre quelque chose. La France des années 70 découvrait (enfin) en littérature et au cinéma, l'érotisme et la pornographie pour tous ! (relire à ce sujet certains passages des "années" d'Annie Ernaux.)
A oublier.
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Venant de lire Sagan 1954, je viens de penser à ce livre paru la même année que Bonjour tristesse.
J'ai lu ce livre lors de la sortie du film éponyme , il y a donc fort longtemps.
A l'époque j'avais été choquée par certaines pages car je les trouvais dégradantes pour la femme.
Depuis, les femmes se sont libérées sexuellement et je n'ai plus la même approche.
En conséquence, je pense à tout le scandale qui a entouré sortie de ce livre qui a même circulé sous le manteau, car il n'avait pas été réédité, et cela malgré le succès qu'il avait connu lors de sa sortie.
S'il paraissait à l'époque actuelle, comment serait-il accueilli?.
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Résumé : " Les mains liées dans le dos, nue et les yeux bandés, O pénètre dans le château de Roissy, guidée par deux jeunes filles très belles aux robes d'un autre temps retroussées sur leur ventre et leurs reins nus. O passera quinze jours dans ce château où l'a amenée René, son amant adoré. Les sévices subis sont chaque jour renouvelés. O est offerte et prise, fouettée et murée dans le silence, O commence l'apprentissage de l'esclavage. Par amour pour René, O ira très loin dans la négation de soi. Elle abdiquera toute volonté et perdra définitivement sa liberté. Et si O change de maître, c'est pour mieux éprouver les plaisirs extrêmes qui résident dans le fait d'être totalement livrée, corps et âme au sens strict, à un homme qu'on aime et qui aime en retour. C'est un voyage sans retour qu'O entreprend dans des contrées méconnues où le plaisir naît d'une souffrance intolérable."

Je ne sais pas trop quoi penser de ce livre. A la fois, envoûtant, dérangeant, excitant... Il est difficile de saisir la totale acceptation de O.
Elle se livre corps et âme, sans retenue aucune. Bien que cela fasse parti du monde des sado-masochistes, cette notion est dérangeante par rapport à la place de la femme.
Je pense qu'il y a des choses qu'il ne faut pas accepter par respect pour soi, mais c'est mon point de vue personnel ;)

Cependant l'écriture est fluide et presque poétique. Bien qu'étant un roman érotique on sent la retenue caractéristiques du début du 20ème siècle lorsqu'on abordait les sujets sensibles. Cette retenue nous empêche de tomber dans le vulgaire et donc nous permet de rester dans un registre littéraire classique. Ce livre convient à un public averti.
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Voila un livre qui me laisse indécise.
Déjà que ce soit clair : c'est un livre érotique BDSM, et c'est en ça que se situe son intérêt - ue personnellement je décrirait donc plutôt comme pornographique, c'est à dire à but d'excitation (para)-sexuelle. Ce qui pour moi n'empêche pas d'avoir de la profondeur ou des ressorts dramatiques. Par contre, si cet aspect ne vous intéresse pas, je ne pense pas qu'il y ait d'intérêt à le lire.

Je l'ai toujours vu comme un livre qui avait énormément marqué, au point d'en faire une référence dans "le milieu", bien qu'il semble aujourd'hui un peu passé de mode. Je lui associé un style glamour-séducteur énormément tourné vers l'apparat et le protocole, ce qui ne m'intéressais pas, et j'ai donc mis bien des années - et une ou deux recommandations fiables - avant de le lire.

On m'avait prévenue : la première partie est top, le reste ne vaut pas la peine. Et je dois dire que j'ai tendance à confirmer cette opinion.

La première partie décrit l'arrivée d'O, héroïne du roman, sous la coupelle de son amant qu'elle aime éperdument, dans un chateau dédié à l'éducation soumise et masochiste. Tout y est extrêmement protocolaire et sexiste, ne réalisme n'est pas vraiment à l'ordre du jour. Par contre, le cheminement est bien décrit, la sensation de soumission aussi. le masochisme est plutôt abordé par son aspect fétichiste et punitif, par le fait de subir, que par le plaisir potentiellement ressenti. le tout se passe comme dans une bulle, et j'ai trouvé qu'il laissait emporter dans ces fantasmes. C'est un peu rendondant, pas bien profond, mais comme ça se lit plutôt par petits morceau pour "réveiller l'esprit" en mode pré-masturbatoire ce n'est pas bien grave. L'atmosphère existe et le style s'y prête.

Et puis... puis, ça veut en faire un peu trop. Dès que l'on sort du huis-clos et de l'absolu des situations et sentiments, tout devient un peu bancal. On sort du schéma porno, mais l'histoire racontée est insipide. le monde réel et les rencontres, le type d'attraction gênent maintenant pour leur irréalisme. Des rapports plus divers, moins essentialistes, sont évoqués et du coup l'univers perd de sa construction et de sa puissance. Les structures sont extrêmement redondantes, on a l'impression de tourner autour du pot. On n'a plus aucune scène qui prend de la puissance, et rien non plus à attendre. Bref, c'est plat.

La conclusion regagne un peu en couleur, mais pas assez pour redonner satisfaction au lecteur.

Je suis contente de l'avoir lu, je recommanderais la première partie pour qui est intéressé par le sujet - même ceux qui regarde d'un air soupçonneux les protocolaires d'aujourd'hui, et d'autant plus qu'il auraient élevé l'oeuvre en bible. Je ne comprends personnellement pas que l'on puisse prendre ce roman comme guide, mais comme lecture affriolante sur la soumission et le fait d'être utilisée, salie et pervertie il se défend tout à fait. Et dans le domaine, on a vu bien plus mal écrit et moins évocateur.
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« Je n'étais pas jeune, je n'étais pas jolie. Il me fallait trouver d'autres armes. le physique n'était pas tout. Les armes étaient aussi dans l'esprit. “Je suis sûr que tu ne peux pas faire ce genre de livres”, m'avait-il dit. Eh bien, je peux essayer, ai-je répondu. » Ce serait ainsi un défi lancé à Dominique Aury par son amant Jean Paulhan. Sous un nouveau nom d'emprunt, celui de Pauline Réage, l'écrivaine et traductrice fera naître Histoire d'O, l'histoire d'une jeune femme qui acceptera de se soumettre corps et âme par amour.

C'est la curiosité qui m'a poussé à acheter et ouvrir ce livre, et je sais déjà en le refermant que je n'en garderai qu'un vague souvenir, n'ayant pas trouvé ce que j'étais venue chercher. L'ouvrage est découpé en quatre parties et la première est celle qui m'a le plus dérangé. J'étais déconcertée de n'avoir aucun cadre, aucune indication. le roman débute bien trop brutalement à mon goût, et en moins de deux pages, voici déjà l'héroïne à moitié dévêtue par son amant dans une voiture avant d'entrer à Roissy, où aura lieu son asservissement. La jeune femme ne pose aucune question, se laisse totalement faire. Pourquoi ? J'aurai aimé avoir une piste sur la relation déjà existante entre O et son amant René avant que ne débute cette partie cruciale de l'histoire. La jeune femme se retrouve très rapidement (j'insiste sur le très), reléguée au rang d'objet, exposée nue devant une assemblée d'hommes dont elle ne peut distinguer les visages, puis prise à tour de rôle par chacun d'eux. Et voici le second point qui m'a grandement dérangé. Pauline Réage s'applique à nous décrire la scène, assimilant cela à de la prostitution et du sadomasochisme. Mais tout ce que j'ai pu y lire, c'est un viol collectif. Et cela soulève le troisième point qui m'a soufflé durant toute la lecture de ce livre. Où est passée la parole d'O ? On lui apprend certes à se taire, à ne parler que lorsqu'on lui en donne le droit, mais je n'ai pas cessé de me demander quel était son réel avis sur tout ce qui lui arrivait et si sa conscience ne lui aurait pas murmuré ne serait-ce un seul instant de se révolter. J'aurais aimé plus de ressentis de la part d'O, mais tout ce qu'on nous donne, c'est son amour aveugle pour René, puis par la suite son obéissance sans faille envers Sir Stephen.

Histoire d'O, une histoire d'amour écrit par amour ? Tout ce que j'ai pu y voir, c'est le chemin d'une femme dénuée de pensées et de parole qui se voit forcer de se prostituer et d'être présentée en tant que telle, d'être donner à un autre et marquer sur son corps de son empreinte et son emprise. O relève plus de la femme objet que de la féministe qui revendique son droit de mener sa vie et sa sexualité comme bon lui semble. Ce n'est en rien un choix de sa part. Elle manque cruellement d'émotions, et c'est ce que j'ai le plus regretté. Je pense pouvoir comprendre les intentions premières de Dominique Aury, mais malgré son écriture et son style agréable et intéressant, je ne parviens pas à penser qu'elle soit parvenue au résultat final escompté.

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Je précise d'abord que je ne suis pas du tout habitué à lire des romans érotiques. "Histoire d'O" est une exception pour moi, peut-être justifiée par sa réputation sulfureuse dans la littérature française.
Un homme livre en pâture sa belle maitresse à d'autres hommes, dans un château. C'est par amour que son amant cède O (c'est ainsi qu'est désignée cette femme) à ces inconnus, c'est par amour qu'O subit sans se révolter des sévices sexuels à connotation nettement sadique. Froidement et... poliment, ces individus abusent d'O comme d'un objet sexuel pendant quinze jours.
Tout ceci m'a semblé vraiment choquant. Mais aussi je dois avouer, contre mon gré, que le récit a aussi quelque chose d'excitant; il renvoie à des velléités de transgression sexuelle qui ont pu traverser la tête des hommes, un jour ou l'autre. Une babeliste, @gridou, a suggéré qu'il faudrait lire ce roman au second degré comme l'expression d'un fantasme, plutôt que de le juger négativement comme une réalité trop malsaine pour être honnête. Je pense qu'elle a raison.
Par ailleurs, je note que le style semble assez désuet et que le vocabulaire n'est pas particulièrement cru, ce qui donne une ambiance littéraire particulière à ce roman. J'attribue trois étoiles à "Histoire d'O" mais, dans le cas particulier, cette notation ne veut pas dire grand chose.
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Deux lectures, soit pathétique pour cette quête surannée de détails vieux comme un canapé en velours seventies, soit émoustillant dans cette histoire absurde d'amour et surtout de sexe avec soumission.
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