La lamentation du prépuce ou la lamentation du nombril géant de l'auteur ? J'avoue que j'hésite entre amusement et agacement après cette lecture...
Amusement, parce qu'il y a du Woody Allen dans cette autobiographie ironique et angoissée d'un homme "normal" obligé de grandir dans une famille juive très orthodoxe et sous le regard implacable de son Dieu.
Agacement, à cause de l'égocentrisme forcené de l'auteur, qui nous raconte en détails la moindre de ses névroses et de ses failles, sans donner l'impression de s'intéresser à son entourage : même son fils à naître se réduit au prépuce du titre, générateur de longues tergiversations sur ce que l'auteur (lui, pas son fils) pourrait ressentir ou non lors de la circoncision... En outre, il semble absolument convaincu que son Dieu n'a rien d'autre à faire que de l'observer (lui spécifiquement) absolument tout le temps. Un chouia mégalomane, le lamenteur, non ?
Après, au-delà de l'amusement et de l'agacement, j'ai été intéressée par l'impact que peut avoir une religion, quelle qu'elle soit mais interprétée de manière très stricte, sur la construction de la personnalité : ici, pas de développement d'un sentiment de bienveillance ou de tolérance, mais une culpabilité et une anxiété quasi-permanentes et un abonnement à vie chez le psy... Politiquement incorrect, pas forcément généralisable à toutes les éducations religieuses strictes mais sans aucun doute intéressant.
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Shalom a été élevé dans la plus pure tradition juive orthodoxe : on respecte tous les interdits alimentaires, et les prescriptions du Shabbat à la lettre. On lui apprend dès son plus jeune âge que Dieu surveille tous ses faits et gestes, et qu'il sera puni tôt ou tard pour ses transgressions. On évoque même que cela pourrait tuer ses parents, puisque les fautes des enfants retombent sur le père avant ses treize ans. Pourtant, Shalom va transgresser une à une les règles qu'on lui a si soigneusement inculquées : il va "travailler" pendant le Shabbat, regarder des magazines porno, consommer de la nourriture non-cachère, du porc et de la drogue.
Malgré tout, l'image du Dieu vengeur et sadique est ancrée définitivement dans sa tête. À chaque transgression, Shalom est persuadé qu'il va retrouver sa maison en feu, ou ses proches morts dans un terrible accident. S'enchaînent alors les phases de défi des commandements divins, de culpabilisation et de strict respect des règles, et des tentatives de négociation. le doute se fait de plus en plus aigü sur la question de la circoncision de son fils : faut-il sacrifier à une tradition à laquelle il ne croit plus, ou prendre le risque de déchaîner la colère divine sur sa famille ?
À la fois drôle et terrifiant, ce livre constitue un blasphème à lui tout seul.
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Très drôle. Les relations de l'auteur, élevé dans une famille juive américaine ultra pratiquante, avec Dieu. Ses tentatives de rupture d'avec Lui, ses chantages, ses révoltes. Sa paranoïa profonde, ses angoisses existentielles, sa famille dysfonctionnellle, ses efforts de survie dans notre monde hostile et délétère. Et puis l'annonce d'un enfant mâle a venir et la question qui torture : faut-il le circoncire ou non, au cours d'une cérémonie ou non... Récit de survie d'un homme angoissé muni de la seule arme à sa disposition pour résister : l'humour.
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Aie aie aie
La religion juive en prend pour son grade et c'est assez drôle.
Qu'en ont pensé les purs et durs à la sortie de ce livre ? Pas du bien je pense...
Pauvre Shalom, quel dilemme permanent : ce n'est pas une vie ! Mais son humour est sa sauvegarde. Et on rit de sa révolte.
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Conseillé par mon libraire à qui je confiais avoir besoin de rire, je dois bien admettre qu'il a misé juste en me conseillant ce livre.
J'ai passé de très bon moments en compagnie de ce héros que l'on ne sait pas trop s'il est à plaindre ou à gifler! Les blasphèmes sont délectables et l'écriture plutôt agréable. Sans rire aux larmes, j'ai quand même secoué mon fauteuil à plusieurs reprises!
J'y ai appris beaucoup de choses sur cette religion que je connaissais finalement assez peu. Loin de Popeck ou de Marthe Villalonga (et donc de certains clichés), le héros nous fait comprendre le poids de la religion bien sur mais aussi celui que la famille vous pose sur les épaules dès votre premier cri.
Je reconnais toutefois qu'au trois quart j'avais hâte d'en finir. Il m'a semblé tourné un peu en rond sur les derniers chapitres mais j'ai tout de même beaucoup aimé le ton et la qualité d'écriture de ce roman.
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Un brin d'humour, une sacrée dose d'auto-dérision, une obsession face au Divin et l'arrivée d'un enfant qui fait tout remonter à la surface. Comment se reconstruire, en donnant la vie et en voulant nier l'ultra-orthodoxie dans laquelle Shalom a baigné, sur laquelle son éducation était basée ? Fabuleux cas pour un psychiatre, divertissant pour le lecteur mais j'espère que la V.O. était plus amusante car la V.F. manque de peps tout de même...
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