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EAN : 9782724295436
362 pages
France loisirs (30/11/-1)
  Existe en édition audio
4.19/5   4672 notes
Résumé :
Injustement privées de leur héritage, Elinor et Marianne Dashwood sont contraintes de quitter le Sussex pour le Devonshire, où elles sont rapidement acceptées par la bourgoisie locale étriquée et à l'hypocrisie feutrée.
L'aînée, Elinor a dû renoncer à un amour qui semblait partagé, tandis que Marianne s'éprend bien vite du séduisant Willoughby. Si Elinor, qui représente la raison, dissimule ses peines de coeur, sa cadette étale son bonheur au grand jour, inca... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (369) Voir plus Ajouter une critique
4,19

sur 4672 notes
Dans le film documentaire La Femme aux cinq éléphants, Svetlana Geier (celle qui a retraduit en allemand les cinq gros romans de Dostoïevski) explique que selon elle, qui possède à présent une connaissance presque intime de l'auteur, Fiodor Dostoïevski a toujours écrit et réécrit le même livre, à quelques nuances près. Je ne sais si l'on peut en dire autant de Jane Austen mais force est de constater qu'il existe d'étonnantes similitudes entre Sense & Sensibility (Le Coeur et la Raison ou Raison et Sentiments selon les traductions), premier roman publié de l'auteure et Pride & Prejudice (Orgueil et Préjugés), son second.

C'est particulièrement vrai des deux soeurs principales des deux romans. En effet, l'Elinor ici présente rappelle à s'y méprendre la Jane d'Orgueil et Préjugés, idem pour la Marianne Dashwood du Coeur et la Raison qui est jumelle homozygote d'Elizabeth Bennet. C'est vrai également d'une foule de personnages dont on retrouve à peu de choses près toutes les caractéristiques (Ici Willoughby — nom qui ne doit rien au hasard car repris à Fanny Burney dans son Evelina — annonce fortement Wickham d'Orgueil et Préjugés, même chose pour Mrs Ferrars vis-à-vis de Lady de Bourgh ; Mrs Dashwood, belle-soeur d'Elinor, comparée à Caroline Bingley, Edward lui-même n'est pas sans évoquer fortement Darcy. Bref, inutile d'en faire la liste exhaustive, on peut quasiment tous les transposer.)

La principale différence enregistrée ici par rapport à l'oeuvre suivante, est la différence de focalisation. Dans le Coeur et la Raison, nous nous identifions davantage à Elinor, la soeur aînée pleine de pondération et qui est dans un contrôle absolu d'elle-même (rôle qui est tenu par Jane dans Orgueil et Préjugés et qui n'est pas l'héroïne). En revanche, Orgueil et Préjugés cherche à nous faire prendre le point de vue d'Elizabeth, la cadette tout feu tout flamme, romantique à l'excès et au caractère bien trempé. (Ici, ce rôle est dévolu à Marianne et, vous l'aurez compris, ce n'est pas elle l'héroïne principale.)

Si l'on se résume, donc, avec un même canevas, Jane Austen nous propose une relecture basée sur une focalisation différente. En ce qui me concerne, quoique j'aie bien aimé cette mouture, je la trouve très sensiblement inférieure à Orgueil et Préjugés. Ceci est, selon moi, imputable à trois éléments :

Premièrement, une héroïne sage et pondérée, cela fait toujours moins de spectacle qu'une héroïne qui ne s'en laisse pas conter. Une héroïne pondérée évitera les gros pièges tendus par la passion, tandis que l'autre y sautera à pieds joints, si bien que, d'un point de vue romanesque, nous autres lectrices et lecteurs peu scrupuleux aimons généralement mieux voir celui ou celle qui se prend carrément les pieds dans le tapis plutôt que celle qui avance timidement sur la pointe des pieds en évitant les grosses chutes.

Deuxièmement, si l'auteure, Jane Austen, tient tant à nous raconter deux fois la même histoire, sachant qu'elle-même est la cadette de sa famille parmi les filles, sa soeur aînée étant Cassandra et tout, et tout ce qu'on peut lire dans sa biographie, c'est qu'il y a vraisemblablement un fort pesant autobiographique là-dedans et, sachant cela, quelle sera l'oeuvre la plus aboutie ? Celle qui parlera d'elle-même ou celle qui parlera de sa soeur aînée ? Eh oui, fatalement, celle qui parlera plutôt d'elle-même, donc, Orgueil et Préjugés.

Enfin, troisième et dernier point de comparaison romanesque, l'ouvrage est plus linéaire, plus prévisible, plus simpliste ici que dans la version suivante. On sent moins le fil se tendre, les intrigues se mêler les unes aux autres. Bref, notre coeur reste à l'image de celui d'Elinor, calme et pondéré, tandis que dans Orgueil et Préjugés, notre coeur s'emballe au rythme de celui d'Elizabeth et tout ceci concourt à une impression moins impressionnante, de mon point de vue.

Qu'en est-il du synopsis ? Nous suivons une famille de la Gentry anglaise, c'est-à-dire de l'aristocratie provinciale dont la richesse émane de la possession des terres agricoles. Nous avons affaire à une famille plutôt modeste, c'est-à-dire qui peut vivre de ses rentes sans travailler mais pas dans une aisance débordante.

Au demeurant, la famille Dashwood a à subir une fragmentation de son patrimoine car le père a eu un fils d'un premier mariage. Devenu veuf, il s'est remarié et a eu trois filles de sa seconde épouse avant de s'éteindre lui même. En théorie, selon les règles de l'époque (fin du XVIIIème siècle), à peu près tout revenait au fils et à peu près rien à ses trois demi-soeurs. Avant de mourir, Monsieur Dashwood père a fait en sorte de ne pas laisser complètement son épouse et ses filles à la rue, mais elles doivent à présent compter chaque sou. Un beau mariage est donc plus que souhaitable pour les deux aînées, sachant qu'à 19 et 17 ans, elles entrent dans la course, si l'on peut dire…

D'un point de vue économique, Elinor et Marianne sont un très mauvais parti pour les représentants de la Gentry. Moralement et physiquement, c'est plutôt l'inverse. Se trouvera-t-il de valeureux prétendants pour passer outre l'orgueil et les préjugés liés à la fortune et pour ne s'intéresser qu'à ces deux charmantes âmes elles-mêmes indépendamment de toute considération d'ordre pécuniaire ? Ne seront-elles considérées que pour leur beauté physique comme on pourrait le redouter ?

Jane Austen s'en donne à coeur-joie pour railler la mesquinerie de ces soi-disant « aristocrates » et, pour celles et ceux qui m'accuseraient de trop parler dans cette critique d'orgueil et préjugés, je me permettrai simplement de leur recopier ce passage, qui, selon moi, en dit long sur le double projet romanesque de l'auteure. Il se situe au chapitre XIII du volume II :

« Elle avait suffisamment vu se manifester son orgueil, son étroitesse d'esprit et le préjugé tenace qu'elle avait conçu à son endroit pour saisir l'étendue des difficultés qui auraient contrarié ses fiançailles avec Edward et retardé leur mariage, si par ailleurs le jeune homme avait été libre. »

En somme, un bon roman, plaisant mais pas du calibre d'Orgueil et Préjugés d'après mes seuls critères d'appréciation. À vous de voir et de vous forger votre propre opinion à ce propos car vous savez à présent que ceci n'est que mon avis, et que d'avis, tout le monde en a un, si bien que 1 sur 7 milliards, ça ne représente vraiment pas grand-chose.
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Je m'inscris en faux contre l'opinion assez courante qui veut que les gens coincés dans un salon austenien entre une assiette de scones, une table de whist et une théière en argent s'ennuyaient à périr.

Au contraire... Leur mutuel intérêt étant d'occuper les heures de conversations et les mondanités, ces "coincés de salon" étaient bien plus à même que nous de développer une analyse très fine de la nature humaine, une observation aiguë de leurs concitoyens et un sens de la psychologie frôlant l'expertise. Jane Austen elle-même, tout comme certaines de ses héroïnes - Elinor, Elizabeth, Anne - était une femme de tête qui savait à la fois raisonner et exprimer ses sentiments.

Je ne vénérerai jamais assez la liberté de ton, l'humour, la finesse et la tournure d'esprit, l'ironie, l'objectivité et le jugement de Jane Austen qui, bien qu'étant née femme en 1775, a su brosser de tels portraits d'hommes et de femmes, tenant compte de leur psychologie, de leur tempérament, de leur condition sociale, de leurs aspirations personnelles, de leurs sentiments et par dessus tout cela de la complexité de l'âme humaine pour nous offrir ces concentrés d'émotion et de pénétration que sont ses malheureusement-trop-peu-nombreux romans.

"Sense and sensibility" est un diamant, tout simplement.
Plus cérébrale que "Pride and Prejudice", cette oeuvre se caractérise pourtant elle aussi par les parcours croisés de deux soeurs et si Elinor et Marianne sont moins intimes et soudées qu'Elizabeth et Jane, cela n'a pour effet que de renforcer encore davantage l'aspect dramatique du récit. Jane Austen réussit la prouesse de tisser une trame qui tient compte des particularités et des comportements de très nombreux personnages ayant leurs propres codes de conduite issus de leur position sociale et de leur éducation tout comme leur propre personnalité et leurs propres défauts et qualités. Alors que chez d'autres auteurs, une telle densité et de telles particularismes mèneraient au désordre et à la dispersion, miss Austen, elle, parvient à en faire un puzzle harmonieux, structuré et spirituel quoique définitivement poétique et exaltant.

Je ne dirai rien ici de l'histoire, je me contenterai seulement de louer une fois de plus l'écriture inimitable d'un auteur que j'encourage tout lecteur à découvrir au moins une fois dans sa vie. Cependant, pour celles et ceux qui, résolument, prendraient peur devant une littérature classique, je les encourage alors à visionner la superbe adaptation qu'Emma Thompson a réalisée pour le film d'Ang Lee en 1995 que je tiens à ce jour pour l'adaptation la plus soignée, précise, esthétique et fidèle de tout ce que le cinéma et la télévision ont pu produire dans la catégorie "austeneries".
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« Rente et sécurités » pourrait être le titre de ce roman qui nous plonge dans le royaume anglais du matérialisme et de l'oisiveté à la charnière du XVIII et du XIX siècle.

Les personnes sont appréciées à l'aune de leurs fortunes, de leurs revenus ou de leurs futurs héritages. A de rares anomalies près (médecins) personne ne travaille ou ne travaille plus (colonel) tout en jouissant de revenus confortables et éternellement stables.

Peu curieux de l'actualité politique ou culturelle, les acteurs passent leur temps à se rencontrer, bavarder, commérer et médire les uns sur les autres.

A l'exception d'un intermède musical, leur vie culturelle semble inexistante (aucune lecture) et les conversations se focalisent sur la préservation de cet art de vivre aussi futile que confortable.

Préservation qui implique des unions conçues comme de véritables projets de fusions - acquisitions dans lesquels les sentiments sont proscrits.

On comprend pourquoi Jane AUSTEN refusa de se marier…

Cette étude sociologique d'un monde désuet et obsolète se double d'une analyse psychologique observant deux soeurs, l'une « raisonnable », l'autre « sentimentale ». Quoique dégoulinant de romantisme, le dialogue et l'émoi de ces deux jeunes femmes est intemporel et féroce pour les hommes !

Superbement écrit et traduit ce roman est un témoignage bouleversant sur une époque et une conception du mariage surannées et matérialistes.

C'est avec un intérêt renouvelé que j'ai relu ces pages qui m'évoquent « La petite soeur » d'Hector Malot et la gracieuse Geneviève de Mussidan menacée d'être privée de son héritage.
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Raison et sentiments … Un roman conventionnel certes, tout comme l'univers étriqué de la bonne société anglaise dans laquelle nos héroïnes évoluent, mais sous la plume de la grande Jane Austen, ironie, esprit et cynisme s'en mêlent, fines analyses psychologies aussi de l'esprit féminin et de la naissance de l'amour, sentiment si délicat et imprévisible qui change sans cesse la donne.

Raison et sentiments distille ainsi un parfum persistant de romance, étranglé sous les convenances et le rang social. A l'époque, quand on aime, on le fait éperdument ou en silence. La retenue conjuguée à la passion. Jane Austen a su conjuguer élégance et frivolité, délicatesse et complexité des noeuds et des liens qui se font, et se défont, dans un livre qui fait partie de ma bibliothèque fétiche. Découpé en tranches de vie tour à tour dramatiques, ou tendres, le roman s'articule surtout sur nos deux héroïnes principales, Marianne, la jeune idéaliste passionnée, qui vibre à chaque seconde et sur tous les tons, et Elinor, douce, discrète et plus modérée. Deux soeurs, aussi différentes l'une de l'autre, qu'unies par une même volonté d'aimer et d'être aimées en retour. Elinor n'ose avouer ses sentiments par peur d'être repoussée, alors que Marianne les affiche fougueusement sans se soucier du retour de bâton. Tout sonne juste, le style d'écriture est en lui-même vraiment magnifique, et exhale un doux parfum de nostalgie bucolique propre à nous transporter plus de 200 ans auparavant.

Qu'il est doux de pouvoir apprécier pleinement de telles oeuvres, pleines de tact et de vérité cachée sous le vernis.
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Ne croyez pas que Raison et sentiments soit un roman désuet pour quelques vierges effarouchées et dévotes, jeunes ou vieilles, tout droit sorties d'un salon de l'époque victorienne, avec encore un peu de naphtaline collée aux mitaines que je me suis empressé de saisir dans mes mains pour les empêcher de trembler..
Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point, disait un certain Blaise Pascal.
J'aurais très bien pu écrire ces trois mots, raison OU sentiments, car ces deux manières d'appréhender la vie nous semblent si antagonistes, cependant Jane Austen ne choisit pas, couturant un chemin entre deux versants qui semblaient jusqu'ici s'opposer, mais c'est connaître bien mal l'âme humaine et Jane Austen...
C'est un peu comme si on vous demandait de choisir entre les soeurs Brontë et justement Jane Austen.
D'ailleurs, j'ai comme l'impression de connaître depuis toujours cette fameuse Jane Austen, comme une vieille copine avec laquelle j'irais boire un verre au pub un vendredi soir.
Ma première incursion dans l'univers romanesque de cette grande dame de la littérature anglaise fut par une autre porte d'entrée, - je ne saurais dire si elle fut plus facile, mais ma lecture d'Orgueil et Préjugés fut un enchantement.
Je trouve bien plus exquis le titre anglais Sense and Sensibility, rassemblant des mots bien plus proches par leurs racines et dont l'allitération relève presque de la sensation d'un effleurement facétieux et sensuel sur la peau.
Raison et sentiments, c'est l'intelligence d'un texte, je n'aurai pas l'affront de dire qu'on y trouve en plus de l'humour, car l'humour est pour moi une forme d'intelligence et de grâce, à condition toutefois qu'il ne tombe pas dans la vulgarité, mais dès lors cela ne s'appelle plus de l'humour.
Au commencement de ma lecture, perdu dans le jardin d'un cottage anglais, je lisais et j'entendais des rires, des voix venir à moi, bien sûr des voix féminines, celles de deux soeurs, dont l'une, - oui vous me voyez déjà venir avec mes grands sabots -, incarnerait la raison et l'autre bien sûr... l'autre, oui ? - il y en a trois qui suivent, merci... l'autre donc incarnerait le côté des sentiments comme de bien entendu ! Mais pour Jane Austen, vous l'aurez compris si vous me connaissez un peu, les choses sont bien plus subtiles et nuancées.
Venez, je vais vous présenter les deux soeurs Dashwood, à présent que je les connais un peu, le portrait sera plus facile à esquisser...
Elinor et Marianne Dashwood sont les deux aînées d'une modeste famille anglaise. Elles vivent avec leur mère et leur jeune soeur Margaret.
Elinor, l'aînée, a dix-neuf ans, elle est une jeune femme sensée, responsable, peu encline aux débordements émotionnels. Elle est tout le temps dans le contrôle d'elle-même. Certains diront qu'elle incarne le parfait flegme anglais. Marianne, qui elle a seize ans, est tout son contraire. Passionnée et impulsive, d'une sensibilité à fleur de peau, elle a des idées arrêtées et définitives sur tout, le monde, les gens, forcément l'amour qui ne peut qu'être grand, romanesque, idéal...
Leur père, Henry Dashwood, qui a eu un garçon d'un précédent mariage, vient de décéder. En raison de la loi anglaise ainsi faite et dont Jane Austen ne manque pas de dénoncer les maux par son merveilleux ton ironique dès le début du roman, ses trois filles, Elinor, Marianne et Margaret, ainsi que leur mère se trouvent privées de leur part d'héritage par leur demi-frère John. Pour cette raison, elle doivent quitter le Sussex et se réfugier pour le lointain Devon, où un généreux parent, Sir John Middleton, leur a proposé de venir habiter sur ses terres, à Barton Cottage. Les jeunes filles sont rapidement acceptées au sein de cette nouvelle société qu'elle découvre chacune avec leur manière différente de percevoir ce nouvel environnement...
Un beau mariage serait donc l'aubaine pour ces deux aînées, Elinor et Marianne qui, au demeurant, sont jeunes, belles et intelligentes, mais sans le sou. Autant dire qu'à cause de ce dernier point elles ne représentent pas vraiment un bon parti pour d'éventuels prétendants au mariage. L'amour viendra cependant vers elles avec son cortège d'illusions, de joie et de blessures, mais je ne dévoilerai rien des intrigues sentimentales.
Dans cette peinture sociale sans concession, l'amour viendra bien assez tôt à la rencontre de ces deux jeunes filles, l'amour viendra confronter leurs caractères, bousculer les certitudes et les apparences. Jane Austen, refusant tout manichéisme, croise peu à peu les parcours et les méandres des deux jeunes soeurs unies par une indéfectible affection, mais si différentes, elle est à la manoeuvre un peu comme sur un métier à tisser et c'est là que le texte acquiert toute sa subtile saveur, apportant nuances, complexité et maturité à l'intrigue. J'ai vu alors les personnalités des deux jeunes filles se transformer sous mes yeux séduits. J'ai vu les masques glisser, j'ai vu le caractère d'Elinor dont la raison gouverne parfois avec tant de rigueur, s'assouplir et laisser entrer en elle l'émotion d'un coeur qui parle... J'ai vu la sensibilité de Marianne apprendre à mieux apprivoiser l'imprudence et l'impatience si dévastatrices... J'ai vu deux chemins se rejoindre, s'entrelacer, se nourrir...
J'oscillais dans ce texte comme sur une balançoire, à peine distrait par le vol d'une libellule s'échappant de quelque marais du bocage anglais.
Et sur cette balançoire, traversant le ciel de ce livre gorgé d'amours, je suis allé cueillir d'une main désinvolte quelques fleurs disparates pour en faire un bouquet harmonieux.
Jane Austen construit ce récit sans mièvrerie, sans naïveté, avec parfois de la malice et souvent beaucoup d'ironie, dans les flèches qu'elle décoche contre certains personnages de la bonne société anglaise de ce début du XIXème siècle, pour en dénoncer les maux qui malmènent tant les femmes, notamment lorsqu'il s'agit de mariage, d'argent ou de famille... J'ai aimé la finesse de ses portraits psychologiques. J'ai aimé son regard acéré, ciselé d'élégance, pétillant c'est toujours fin, j'ai aimé l'émotion qu'elle sait convoquer avec la même légèreté et je vous avoue que la compagnie de ces dames dans la paisible campagne du Devonshire ne m'a dès lors pas du tout pesé...
Bon, je vous laisse, j'ai rendez-vous au pub avec une copine de longue date...
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Citations et extraits (352) Voir plus Ajouter une citation
Lady Middleton était plus agréable que sa mère, en cela seulement qu'elle se taisait davantage.
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… on s’imagine que les gens sont plus gais ou plus graves, plus ingénieux ou plus stupides qu’ils ne le sont en réalité, et il est difficile de dire comment et en quoi l’erreur a pris naissance. Parfois, on se fonde sur ce qu’ils disent eux-même et, plus fréquemment, sur ce qu’en disent les autres, sans se donner à soi-même le loisir de réfléchir et de juger.
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Ceux qui ont été déçus dans leur première tendresse, soit par l’inconstance de l’être qu’ils aimaient, soit par la faute des circonstances, sont-ils condamnés à rester indifférents tout le reste de leur vie ?
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Faut-il rejeter toutes les probabilités parce-que ce ne sont pas des certitudes ?
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Malgré toute la fascination que peut exercer l'idée de s'attacher constamment à un seul être, en dépit de tout ce qu'on peut avancer en faveur d'un bonheur qui dépendrait entièrement de quelqu'un en particulier, nous ne sommes pas faits pour cela — cela n'est pas réalisable — cela n'est pas possible.

Volume III, Chapitre I.
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