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4,1

sur 955 notes
Quel bouquin inouï !

Après 1016 pages de lecture, c'est un peu court comme avis, j'en conviens. Mais comme il est hors de question que je me perde dans un résumé de toute façon impossible, voici le pitch minimal : « Quatre variations biographiques pour un seul personnage, quatre répliques de Ferguson (le personnage principal) qui traversent d'un même mouvement l'histoire américaine des fifties et des sixties. »
Passons à l'essentiel maintenant : les raisons pour lesquelles j'ai beaucoup aimé ce roman, même si j'aurais préféré que quelques passages soient moins longs.

1.4 C'est d'abord et avant tout un formidable récit à la construction très originale. Une aventure vivante, foisonnante, gargantuesque comme on en lit peu. Quatre scénarios pour un héros, jeune garçon juif de Newark né en 1947 (comme Auster), ses amours, ses amis, sa famille, dont les vies sont diversement impactées par les aléas rencontrés dans le labyrinthe narratif imaginé par Paul Auster. Mais attention, ces possibilités ne se succèdent pas basiquement en quatre parties, mais en sept qui se déclinent en quatre variations, quatre destinées différentes qui s'entremêlent. C'est beaucoup plus sioux à suivre, intellectuellement palpitant. Au début, j'ai cherché à regrouper chaque scénario au fil de ma lecture pour finir par admettre que l'aléatoire avait un charme certain et qu'il valait mieux me laisser embarquer, quitte à me perdre pour mieux me retrouver plus tard.
Et ça fonctionne !

1.3 Ça fonctionne parce que Paul Auster a un incontestable talent de conteur, une agilité d'écriture qui m'épate, bref une grande maitrise du job d'écrivain. En même temps qu'il s'amuse autour de ce que j'appelle « Les variations Ferguson », à hauteur d'hommes et de femmes, il revisite l'histoire de son pays et les principaux évènements marquants depuis la seconde guerre mondiale jusqu'à la fin des années soixante. Ses personnages les traversent, les impactent. C'est très habilement fait, même si, de mon point de vue, le fait de s'apesantir parfois sur des évènements historiques nuit au rythme du roman et à sa souplesse singulière. Comme ceux par exemple des révoltes étudiantes, sur lesquelles il revient à plusieurs reprises.

1.2 « Quelle idée intéressante de penser que les choses auraient pu se dérouler autrement pour lui, tout en restant le même. » C'est bien le coeur du roman selon moi : la quête de l'identité véritable du héros, l'illustration de sa fragilité aussi, soumis à des variations de destinée. Selon que son père meurt, fait faillite ou réussit, pour ne prendre qu'un exemple parmi les multitudes de variations mineures ou majeures.
Roman multiple, certes, mais très autobiographique. Les références personnelles qu'elles soient littéraires, cinématographiques, sportives (le baseball évidemment) abondent et éclairent sur « Les passions Auster ».
C'est le roman d'une vie !

1.1 L'« Austeur » n'est donc jamais loin, devenant finalement comme Ferguson, ou Ferguson comme lui, un personnage de fiction. Quand vous aurez croisé Les variations Ferguson avec Les passions Auster, au terme de plus de mille pages de lecture (oui, je sais c'est énorme et lourd à porter, mais tellement passionnant), vous en saurez peut-être un peu plus sur vous-mêmes car comme le disait déjà Paul Auster dans La pipe d'Oppen :
« L'être humain a besoin d'histoires. Sans elles, il est impossible d'imaginer la vie. »
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J'ai fini le roman "4321" de Paul Auster, j'ai ralenti tant que j'ai pu ma lecture mais voila l'histoire est finie.
Vous connaissez surement la trame du roman, la vie d'Archibald Ferguson et ses quatre destins.
Il y a une phrase que tout le monde s'est posé au moins une fois dans sa vie; " Qu'aurait été mon existence si j'avais rencontré telle personne, si j'avais pris telle chemin..."
La vie est faite de hasard heureux et malheureux.
Archie est un personnage attachant, il est bosseur, fidèle en amitié pas très heureux en amour. Sa vie suit son petit bonhomme de chemin, du New-Jersey à New-York de l'université de Princeton à celle de Columbia, son amour des livres, de la musique ou encore du cinéma. Bien sur la vie lui fait des crocs en jambes, des accidents de la vie, des retours de manivelles.
Pendant plus de 1000 pages on déambule dans les couloirs du temps, de la guerre froide aux assassinats des frères Kennedy, des émeutes raciales au meurtre de Martin Luther King pour finir à la guerre du Viêt-Nam.
Paul Auster a su encore une fois me surprendre et m'étonner.
"4321" n'a rien à voir avec ses romans précédents, le style a changé, des phrases plus longues un point de vue politique intéressant dans cette Amérique en pleine effervescence.
j'ai adoré ce roman à tiroir, je vous le recommande vivement.
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Depuis le temps que j'attendais cela (7 ans en fait) : Paul Auster a enfin sorti un nouveau roman, 4 3 2 1, un beau pavé de 1016 pages.

Je suis émue tellement j'ai savouré ces deux semaines en compagnie d'Archie Ferguson. Un énorme coup de coeur. Quand on est fan depuis un quart de siècle, ça fait du bien ! Quel pied !

Le 1er janvier 1900, Isaac Reznikoff arrive en Amérique. Suite à l'erreur d'un fonctionnaire, il va devenir Ichabod Ferguson « Un Juif russe transformé en presbytérien écossais de quinze traits au stylo sortis de la plume d'un autre. » Ichabod est le grand-père d'Archie.

Archie est né le 3 mars 1947 (un mois après Paul Auster ^_^ ) et c'est son histoire en quatre déclinaisons que Paul Auster nous propose. Au début, j'ai eu un peu de mal à resituer chaque Archie dans son contexte (vu que les histoires se chevauchent) mais en fin de compte, c'est tellement mieux que s'il avait découpé son roman en quatre parties distinctes. Quoi qu'il en soit, il est plus que probable qu'un jour je relise chaque vie séparément… juste comme ça, pour le plaisir.

On y retrouve tout ce qui fait l'univers de l'auteur : l'immigré juif, l'absence du père, la chance/le hasard (au choix), le base-ball, New York, etc. Mais aussi il y a tous ces petits clins d'oeil qui m'ont ravie : Laurel et Hardy (cfr sa pièce Laurel et Hardy vont au Paradis), Anne Frank, Paris, la traduction de poètes français, l'écriture, le Moon Palace et ces personnages qui sont venus faire une apparition : David Zimmer (Le livre des illusions) et Marco Fogg (Moon Palace).

C'est aussi un livre sur l'histoire de l'Amérique jusqu'en 1970. Bon, il y a avait quand même quelques passages un peu trop longs (sur les troubles survenus à l'Université de Columbia en 1968 par exemple) mais dans l'ensemble c'était quand même intéressant.

Le seul petit bémol (qui ne me fera pas baisser ma note de 5 étoiles) est que j'ai été un peu déstabilisée

C'est un roman remarquable avec une galerie impressionnante de personnages qui se croisent (ou pas) d'une vie à l'autre.

J'ai vraiment adoré la fin, que je n'avais pas vue venir (c'est encore mieux).



Challenge pavés 2018 (2-3)
Challenge multi-défis 2018 (69)
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4 grands thèmes récurrents : l'écriture, la judéité, le sexe, l'engagement.
4 trajectoires de vie possibles.
4 Archie Ferguson
4 personnages-clés, au premier ou second plan: la mère en majesté; la figure paternelle, souvent père de substitution; le pote/ le double/ l'alter ego ; l'"Amy" perdue ou retrouvée,.

3 lieux pivots: les limbes- banlieue, camps de vacances- , New York: le nombril du monde, Paris: paradise lost ou paradise regained.
3 passions annexes : le baseball, le cinéma, le journalisme.
3 générations d'Ichabod à Archie, en passant par Stanley.

2 blagues juives fondatrices aux 2 endroits stratégiques.
2 décades prodigieuses et 2 morts ...

..+ 1 finalement...nolens volens..

____________
= 1 roman de 1000 pages haletant, passionnant, plein d'empathie et d'ironie, plein de tourment et de piment, si personnel et pourtant si universel.

4 3 2 1 : Magnifique come back du grand Paul Auster!
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Découvert ce livre juste après la sortie de son édition originale anglaise (et lu dans cette langue donc, la traduction française n'étant pas encore disponible, Actes Sud a annoncé 2018) bien en évidence sur la table des nouveautés d'une librairie anglophone bruxelloise alors que j'attendais une amie pour aller dîner au restau d'en face. Une découverte de l'existence de ce livre somme toute très austérienne car le complet fruit du hasard. En effet si j'ai pas mal lu Auster il y a quelques années, j'ai un peu décroché récemment et n'avais aucune idée que ce livre était sorti et était visiblement très attendu (d'après de que j'ai pu glâner sur internet après son achat).
Certains décrivent ce livre comme son "chef-d'oeuvre". Je serais plus réservée car je préfère le Paul Auster des oeuvres plus anciennes, où sa "petite musique du hasard" s'alliait à une sorte de poésie confinant au fantastique. Les livres plus récents d'Auster m'ont moins emballée car si sa petite musique y est toujours présente, sa narration est devenue simplement réaliste et ce livre-ci n'y fait pas exception.
Cependant je comprends par ailleurs ceux qui y voient un livre majeur dans l'oeuvre d'Auster. Car il s'agit sans doute de son bouquin le plus personnel et, au surplus, sorti alors qu'il célèbre ses 70 ans, sans doute un livre "bilan", en quelque sorte.
J'ai lu quelque part qu'Auster était sorti "épuisé" de son écriture. Ca se comprend car "la bête" est i m p r e s i o n n a n t e, 866 pages d'un format assez grand et couvertes de caractères relativement petits pour une édition originale "harcover". L'édition française dépassera sans nul doute allègrement les 900 pages.
Une telle longueur, vraiment inhabituelle chez Auster, s'explique par le fait que ce livre est un "4 en 1" car il s'agit de raconter la vie d'un certain Archibald ("Archie") Isaac Ferguson (ou plutôt sa jeunesse, de sa naissance à l'âge de 23 ans) en quatre versions différentes. Il s'agit bien du même personnage entouré de la même famille mais un événement affectera son père dans sa petite enfance qui changera le cours de son existence. le père, doté d'un certain esprit d'entreprise mais, malheureusement pour lui, également encombré de deux frères "parasites", ouvre un magasin d'appareils ménagers. Dans la première vie d'Archie le magasin de son père est le théâtre d'un cambriolage orchestré par ses deux frères en manque d'argent. Dans la seconde vie d'Archie le magasin part en fumée à la suite d'un incendie provoqué par ses frères. Dans la troisième vie d'Archie, la même chose se passe que dans la seconde sauf - détail capital - que son père meurt dans l'incendie en question. Enfin dans la quatrième vie d'Archie, tout se passe bien du moins en ce qui concerne les affaires de son père rapidement débarrassé de ses frères toxiques.
Partant de ces prémisses, la vie d'Archie va prendre des orientations forcément très différentes, qu'il s'agisse des lieux où il va grandir, de l'évolution de ses parents et en particulier de sa mère (qui survit dans les quatre versions) rejaillissant sur lui, des écoles et universités qu'il va fréquenter, des amitiés et amours nouées etc. Toutefois il y aura deux constantes quel que soit l'Archie considéré : son attachement pour une certaine Amy et sa prédisposition pour l'écriture...
Comme je le disais il s'agit indubitablement de l'oeuvre d'Auster la plus inspirée par sa propre jeunesse. Comme Auster Archie est né en 1947 de parents juifs dans le New Jersey. Comme Auster ses Archie (à une intéressante exception près) vivront la vie de banlieusards aspirant à rejoindre New York pour y vivre la vie trépidante du citadin immergé dans la culture. Comme Auster, ses Archie passeront des périodes de leur jeunesse en France. Certaines anecdotes (j'ai lu ça ensuite dans des interviews) ou événements jalonnant l'enfance de ses Archie sont également inspirés de faits vécus par Auster (notamment lors de ses camps de vacances d'été). Le plus pénible pour un européen continental est que comme Auster ses Archie sont passionnés par le baseball. Il s'agit là d'un tic de plus en plus omniprésent, me semble-t-il, dans les bouquins d'Auster et, franchement, on baille profondément lorsqu'il consacre des pages à narrer les exploits d'obscurs héros baseballeurs des années 30 aux années 60 et on s'empresse de sauter le passage... Heureusement le décrochage des phases baseball ne nuit pas à la lecture et à la compréhension du reste (du moins je l'espère)....
Un conseil : n'entamez pas la lecture de ce livre si vous n'êtes pas sûr de pouvoir vous libérer des périodes de lecture significatives et rapprochées s'étirant sur plusieurs semaines. En d'autres termes il est à mon sens impossible d'en entamer la lecture, de le poser quelques jours et de le reprendre ensuite. La narration parallèle de l'histoire des quatre Archie n'est pas des plus aisées à suivre, d'autant plus que les différences de parcours entre eux sont parfois assez subtiles. Au début je me suis demandée si je ne devrais pas établir des fiches résumant l'histoire de chacun des Archie afin de ne pas tout mélanger (la structure est celles de chapitres se subdivisant en sous-chapitres pour chacun des Archies, on passe donc constamment de la vie de l'un à celle des autres). Puis je me suis dit que le mieux était probablement de me "laisser aller" et que, de toute façon, s'il s'avérait nécessaire de faire des fiches cela voudrait dire qu'il s'agit d'un mauvais bouquin. Mon intuition a été la bonne car une fois que l'on a pu passer les deux premières chapitres on s'habitue au mode de narration et que si l'on mélange probablement un peu cela ne prend pas des proportions gênantes et, après, tout il s'agit bien du même personnage en quatre déclinaisons. Il faut dire que la tâche se trouve au surplus facilitée du fait de la disparition très rapide (malheureusement pour lui) de l'un des quatre Archie (dès le second chapitre), ce qui nous laisse trois Archie pour l'essentiel du bouquin et, perso, j'ai trouvé trois Archie beaucoup plus gérables que quatre.
Au final quelle appréciation ?
Personnellement je regretterai sans doute toujours les oeuvres plus anciennes d'Auster. Ce bémol étant fait il s'agit d'un bouquin plus que "solide" et qui dépasse de très loin en qualité la plupart des livres sortis (trop rapidement et trop aisément encensés) aujourd'hui. Evidemment cette nouvelle variation sur la petite musique du hasard, qu'Auster a lui-même popularisée, ne surprend plus aujourd'hui (du moins si on a déjà lu du Auster) mais que l'auteur se l'applique désormais à ce point à lui-même ne manquera pas d'intéresser ses fidèles lecteurs. Quant à ceux qui ne le connaissent pas encore, il seront probablement impressionnés. Pour ma part, sans être totalement convaincue je suis contente de l'avoir lu. Au-delà de l'histoire d'Archie d'ailleurs j'ai particulièrement apprécié le récit des faits historiques (les années 60 contestataires, révélatrices d'une crise dont on dirait que celle-ci n'a jamais cessé depuis, personnellement je ne savais pas que les prémisses de notre "mal" actuel remontaient au-delà des années 70; à en croire le récit d'Auster il semblerait bien pourtant que ce soit le cas) accompagnant la petite histoire d'Archie. A ce niveau Auster, qui a connu l'époque mais qui a aussi pris le soin d'une recherche historique soigneuse - contrairement à pas mal d'auteurs plus jeunes -, nous distille une autre petite musique, celle du caractère circulaire de l'histoire et que, sans nul doute, notre époque gagnerait beaucoup à se réintéresser au passé pour en tirer les leçons appropriées...
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Si le fond de l'histoire ne se démarque pas vraiment de cette littérature new-yorkaise, qui se nourrit d'une analyse à double focale, à la fois triviale dans son souci du quotidien et consciente des failles de la nation qui a depuis longtemps fait l'impasse et perdu ses illusions sur le rêve américain, la forme est originale.


Au coeur du récit, Ferguson, dont on suit le destin sur une quinzaine d'années, de sa petite enfance aux années universitaires, de la fin des années cinquante aux seventies. Mais ce qui vit cet enfant de la 3 ème génération d'une famille immigrée de l'Europe de l'Est (l'origine de son nom tient d'un malentendu à la fois drôle et pathétique), se déclinera en quatre versions, au cours desquelles les événements extérieurs et les relations avec son entourage, modifieront le chemin. (Pas avertie du processus lorsque j'ai démarré la lecture, j'ai eu un moment de doute sur mes capacités d'attention, lorsqu'ayant abandonné le cadavre du père de Ferguson à la fin d'un chapitre, je le retrouve fringuant au début du suivant).

C'est au travers de l'histoire de la famille et des amis de Ferguson, un portrait des Etats-Unis sans concession, avec les ravages du racisme qui s'expriment avec une violence qui laisse l'enfant sans voix, tant elle est loin de l'idéal qu'il se construit peu à peu. C'est aussi la stupidité sans nom, et l'iniquité du conflit armé dirigé contre le Vietnam, faisant des deux côtés un nombre considérable de victimes qui n'auront jamais dû payer de leur vie les ambitions imbéciles des « prêcheurs à l'abri de la bataille ».

Martin Luther King, Kennedy, les émeutes qui finissent dans des bains de sang, tout cela forge la personnalité du personnage, qui, quelle que soit l'option prise pour créer son destin, reste un pacifiste convaincu.

Il est important de dire, en effet que Ferguson est sans ambiguïté. Dans chaque version, ce sont les événements extérieurs qui façonnent son histoire et modifient son destin. C'est le rôle de l'environnement sur les choix de vie, et l'intervention du hasard qui peut ouvrir des perspectives ou mettre un terme brusque à une existence lancée sur des rails que rien ne semble pouvoir changer.

Et il est bien sympathique, Archie, avec ses doutes et ses certitudes, ses multiples façons d'aborder l'amour et sa fidélité en amitié, sa conscience des rendez-vous manqués et le fil rouge de l'écriture.


C'est un peu long, mais au final, on a quand même quatre romans en un, et la lecture reste facile et agréable.




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Le dernier Auster. Cet écrivain qui a bercé ma jeunesse. J'ai attendu presque deux ans pour le lire, intimidée, en ayant peur d'être déçue et effrayée par le morceau (pas moins de 1016 pages), j'ai attendu je crois le moment propice. Bien m'en a pris, cette lecture a été une véritable aventure.

4321 serait-il LE livre de Paul Auster, celui qui réunit absolument tout son univers, ses gouts (musicaux, littéraires, cinématographiques, sportifs), ses expériences personnelles, ses visions de l'écriture et de l'écrivain ? LE livre synthèse, LE livre le plus personnel de l'auteur, LE livre d'une vie ? le héros, Archie Ferguson, est en tout cas de la même année que lui (1947) et semble traverser des expériences et des interrogations proches de ce qu'a vécu l'écrivain.

4321 est un roman fleuve ou plutôt un roman qui s'écoule telle une rivière qui se séparerait en bras. Au lieu de prendre un chemin et de nous raconter une histoire, l'auteur se veut omniscient et décide de prendre tous les bras de la rivière, en parallèle, pour voir ce que cela donne. Une expérience de littérature. Quatre histoires, quatre destinées pour un même personnage. Tout est résumé ainsi : « Quelle idée intéressante, se dit Ferguson, de penser que les choses auraient pu se dérouler autrement pour lui, tout en restant le même. le même garçon dans une autre maison avec un autre arbre. le même garçon avec des parents différents. le même garçon avec les mêmes parents mais qui ne faisaient pas les mêmes choses qu'actuellement. Si son père était resté chasseur de fauves, par exemple, et qu'ils vivaient tous en Afrique ? Si sa mère était une actrice célèbre et qu'ils vivaient tous à Hollywood ? S'il avait un frère ou une soeur ? ».

Une version lumineuse, une version plus torturée et ambigüe, une version dramatique, une autre peut-être plus sereine d'un même personnage car un virage a été pris et pas un autre, un labyrinthe narratif, variations sur un même personnage, des variations importantes, des variations plus mineures…c'est original, et ce raconté sur deux décennies, les années 50 et 60, sur fonds d'histoire américaine marquée par la ségrégation raciale, la guerre au Vietnam, les révoltes étudiantes.

J'ai profondément aimé ce livre pour plusieurs raisons :

- le formidable talent de conteur de Paul Auster qui nous amène, des heures durant, sans jamais nous lasser. Il m'a captivé, m'a profondément attaché au personnage principal, je l'ai suivi de bout en bout, alors que le livre fait plus de mille pages, me surprenant à lire des heures durant sans bouger et sans me rendre compte du temps, de l'heure. Ce livre est un cocon douillet.

- Cette expérience de littérature inédite, ces quatre livres imbriqués, de manière foisonnante et ambitieuse, mettant en valeur la puissance du destin mais aussi la prégnance du moi intrinsèque malgré ces destins. Une construction brillante comme je n'en avais jamais lu. J'avoue m'être un peu perdu au début, avoir voulu absolument relier les différents scénarios (car on alterne sans cesse : 1.1/1.2/1.3/1.4 puis 2.1/2.2/2.3/2.4 etc, 2.1 étant bien entendu en écho au 1.1) mais en fait, même si intellectuellement parlant c'est riche, se laisser aller sans chercher à relier quoi que ce soit marche aussi car j'ai fini par bien faire correspondre les éléments sans effort, cela venait naturellement. Et cette trouvaille se base sur des questions universelles que nous nous sommes toutes et tous un jour posé « si je n'avais pas pris telle décision, où en serai-je aujourd'hui ? » Oui, une sorte de kaléidoscope qui montre une image légèrement différente dès que nous le tournons un tout petit peu (variation mineure) et une image totalement différente dès que nous le tournons beaucoup (variation majeure).

- Les références culturelles nombreuses et riches : j'ai corné de multiples pages faisant référence aux livres, aux musiques, aux films, autant de fils et de clés permettant de connaitre, d'approcher, d'ouvrir l'univers austérien. J'ai une envie de me plonger dans cet univers que j'avais bien sûr entrevu dans ces précédents livres mais qui est ici assemblé, comme offert. Oui, Paul Auster nous fait une offrande, un testament culturel.

- Les références historiques, très détaillées, m'ont beaucoup appris. Si ces éléments historiques et politiques semblent parfois longs (notamment les révoltes étudiantes longuement décrites), ils sont importants car ce sont eux qui, en grande partie, ont une influence sur le destin de Ferguson. C'est en effet le rôle de l'environnement social et historique sur les choix de vie, et le hasard qui peut faire bifurquer ou mettre un terme à une vie qui semblait immuable. Une sorte d'effet domino : selon l'endroit où on se trouve et dans quelle situation personnelle, familiale, culturelle, si les parents sont encore ensemble ou non, selon l'endroit où l'on habite, l'université où l'on fait ses études, et donc la façon d'appréhender et de vivre l'Histoire, ou encore selon son orientation sexuelle, on va alors évoluer de manière différente.

- La ville de New York, comme souvent avec Paul Auster, que nous parcourons, dans laquelle nous déambulons, mais aussi celle de Paris des années 50/60 dans leur bain culturel et politique (on sent tout l'amour de l'auteur pour ce Paris de la nouvelle vague).

- de nombreux clins d'oeil en référence à ces livres ou pièces antérieurs : Laurel et Hardy , Moon Palace (ah…Moon Palace), le livre des illusions (David Zimmer), le carnet écarlate de Ferguson (le carnet rouge)…


- La quête d'identité malgré les soubresauts du destin, la recherche du moi intrinsèque du héros, avec Paul Auster en filigrane. Les pages, nombreuses, sur l'écriture et le rôle de l'écrivain m'ont plu, interpellé. Malgré tous les soubresauts du destin, l'essence du héros et de l'auteur est là. Dans cette passion, dans cette soif.

- La fin, brillantissime et surprenante…

C'est un roman hors norme, remarquable, riche, intelligent, haletant, plein de rebondissements, et, surtout, à caractère universel. Chapeau bas M.Auster. Je ressors de cette lecture émue et troublée.

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Onze heures du soir, les néons clignotent sous une lune voilée. Des hôtels bon marché, des restaurants chinois qui ne semblent jamais fermés, des tripots de mauvais augures. En rouge flash, s'illumine devant moi le « Moon Palace », palais de mes rêveries d'antan. Brooklyn Avenue s'allonge comme l'ombre des putes sur le macadam chauffé par cet été indien, je promène mon regard perdu dans cet univers bouillonnant, guidé par « La musique du hasard » un livre en poche, un pavé aussi lourd qu'une caisse pleine de Bud même pas light. le poids des mots pèse sur ma conscience, mais le plaisir de la rencontre sera au rendez-vous. J'attends donc Archibald Ferguson à la terrasse d'un café où les serveuses baladent leur cul en rollers en balançant leurs seins dans un chemisier dont l'attachement au dernier bouton défie toutes les lois de la physique, sublime époque, la déchéance du rock et le déhanché des serveuses. Mais quel Archie vais-je rencontrer ce soir ?

Archie vient à ma rencontre. Seul. Non... Ils sont deux mais n'en font qu'un, ou deux, ou trois ou quatre. Quatre êtres, quatre destins. Mais finalement qu'est-ce que le destin ? Archie va mourir. Probablement au Viêt-Nam, ou plus drôlement écraser par un Westfalia. A moins qu'il me survive... Qui sait dans quel monde d'Archie je (sur)vis ? Rufus me sert une autre bière avec Archie. A moins que cela soit un whisky avec le second Archie. Un Cuba Libre avec le troisième Archie. Je ne sais plus… 4 3 2... il me manque un verre, je sais encore compter. 1… avec le dernier Archie c'est le cocktail de ma vie, l'intraveineuse du plaisir, bière-rhum-whisky. Merci Rufus, tu es un ange. Ou un saint. Je suis sûr, en revanche, d'une chose. Quel que soit l'Archie auquel je fais face, il est toujours amoureux de la même femme, celle qui a une longue paire de jambes couleur caramel, et une crinière brune lapsang souchong, un parfum épicé qui pique mes sens. C'est une évidence, l'amour est au-dessus du destin, quoiqu'elle en pense. le silence, il s'impose dans la vie d'Archibald, et la mienne. Devant la tristesse du verre vide, ou la solitude du verre esseulé sur le comptoir, je poursuis ma vie. La radio diffuse un match de baseball, les Yankees de New-York. Je sors de la taverne de Rufus sans plus savoir qui je suis, ni dans quelle vie j'erre. Je ne suis sûr que d'une chose : quand je lève la tête, je vois les néons rouges du Moon Palace clignoter, je regarde la lune, blue moon, et personne ne pourra m'empêcher de penser à elle. La seule évidence de ma vie, le roman d'une vie.
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Archibald Fergusson est un petit garçon juif qui naît en 1947 à Newark de l'union quelque peu improbable de Rose, photographe de son métier, et Stanley qui tient un magasin de meubles avec ses deux frères. L'auteur nous raconte comment son grand-père a fui Minsk pour entrer à New York le premier jour du XXe siècle et choisi malgré lui le nom de Fergusson pour entamer sa nouvelle vie :

« Votre nom ? demanda l'agent. Se frappant le front de frustration l'immigrant épuisé laissa échapper en Yiddish, Ikh hob fargessen ! (J'ai oublié !) Ainsi, Isaac Resnikoff commença-t-il sa nouvelle vie en Amérique sous le nom de Ichabod Fergusson. » P 7

Cette présentation constitue le temps 0 quel l'auteur désigne par le code 1.0. Ensuite, Paul Auster nous propose quatre avatars d'Archie pour démontrer que s'il se produit tel ou tel évènement, tel ou tel choix des protagonistes, la vie prendra un autre sens, une autre signification. Ainsi commence la narration où se succèderont en alternance les 4 vies : 1.1, 1.2 etc. le rythme se faisant en fonction du déroulement dans le temps.

On va ainsi explorer toute l'histoire des USA, croisant au passage les Kennedy, Martin Luther King, Malcolm X, les émeutes raciales, les milieux étudiants, sans oublier la guerre du Vietnam, la société américaine, avec ses travers, le racisme, la ségrégation, l'exil… l'auteur nous entraîne aussi dans ses autres centres d'intérêt : le journalisme, le cinéma, Laurel et Hardy, le théâtre et surtout la poésie (les traductions des poètes français sont savoureuses) et… Paris.

Paul Auster nous parle ainsi de l'effet domino, loi de causalité… selon l'endroit où on se trouve et dans quelle situation personnelle, familiale, si les parents s'entendent ou non, le lieu où l'on travaille, l'endroit où l'on habite, où l'on fait ses études, ou selon son orientation sexuelle, on évoluera de manière différente… même si on rencontre les mêmes personnes, si on a les mêmes aspirations, la vie peut prendre une direction toute autre.

L'auteur montre aussi comment un malheur peut se transformer ou non, en bienfait selon ce qu'on en fait, et donc soit on est acteur de sa vie soit on reste simple spectateur, soit on agit, soit on subit, seul ou avec les autres…

J'ai A.DO.RE ce roman, c'est un festival, et pourtant il est volumineux 1020 pages et pèse 1,2 kg donc on ne peut pas le lire n'importe où, il faut s'installer confortablement… Je n'arrivais pas à le lâcher (au propre comme au figuré !). Chaque fois que je passais à côté, en dehors des moments de lecture, je me disais, « j'adore ce bouquin, il est génial » j'ai dû le dire des centaines de fois tant j'étais subjuguée… Bref, j'étais devenue en deux temps et trois mouvements, une groupie de Paul Auster

L'histoire m'a énormément plu. Je me suis attachée à tous les avatars, quelque soit leur destin, je les ai accompagnés. Au début je prenais des notes pour ne pas me perdre, ne rien oublier et peu à peu je me suis laissée porter.

Je ne mets qu'un seul bémol, l'omniprésence du base-ball : je ne comprends rien à ce sport, et quand l'auteur se branche sur les matches, les scores, je me lasse très vite, mais je n'ai pas sauté les pages. Par contre j'ai eu moins de problèmes avec le basket, très présent également.

Ce n'est un secret pour personne, je connais peu la littérature américaine, à part quelques auteurs dont Philip Roth que j'aime beaucoup (en fait j'exagère, j'en ai quand même lu quelques-uns !) car les USA me tapent un peu sur le système, par leur histoire, leurs manières et l'ère Trump n'arrange rien… donc, c'est le premier livre de Paul Auster que je lis, j'avoue, mais quelle rencontre !

J'aime son style, son écriture, les phrases longues, dans lesquelles il est si bon de se laisser porter, comme dans les vagues de l'océan, la manière dont il parle de poésie, de littérature, de politique, de musique…

« … ces soirées au concert n'étaient rien moins qu'une révélation sur le fonctionnement de son propre coeur car il comprit que la musique était le coeur même, l'expression la plus parfaite du coeur humain, et après avoir écouté ce qu'il avait écouté, son oreille commençait à s'affiner, et mieux il écoutait plus il ressentait profondément la musique, à tel point que parfois son corps tremblait. » P 265

Immense coup de coeur donc !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Je me suis souvent demandé pourquoi j'aimais tant Paul Auster. Pourquoi cet écrivain me fascinait, pourquoi il exerçait un pouvoir magnétique sur moi.
Et puis j'ai compris.
J'ai compris ce qui faisait sa singularité.
Il est surprenant.
Ces romans sont truffés de surprises. On ne sait jamais où il va nous emmener.
On ne peut jamais prévoir ce qui va arriver d'un chapitre à l'autre. D'un paragraphe à l'autre. D'une phrase à l'autre.
D'un mot à l'autre, même.
Parce qu'à l'intérieur d'une phrase, Paul Auster peut subitement changer de direction, sans que le lecteur ne s'y attende.
On peut commencer par quelque chose de léger, très léger, et finir par une atrocité, ou vice-versa.
On peut commencer par quelque chose de drôle, très drôle, et finir par une nouvelle d'une infinie tristesse, ou vice-versa.
On peut commencer par quelque chose de très important et finir par une futilité, ou vice-versa.
On passe du coq à l'âne, de l'éléphant à la crevette, du moineau au dinosaure.
On part loin des sentiers battus. On part dans un univers à la fois réel et irréel, dans lequel le moindre petit événement peut prendre des proportions incroyables.

Ouvrir un livre de Paul Auster, c'est embarquer dans un fabuleux grand huit.
Fermez les yeux, et laissez-vous surprendre par les montées, les descentes, les tournants, laissez-vous entraîner dans un tourbillon fabuleux.
Dans 4 3 2 1, Paul Auster fait plus que jamais du Paul Auster.
Ce livre est fou !
Fou par la taille : un gros pavé de 1 016 pages.
Fou par la construction : Paul Auster ne s'est pas contenté d'imaginer la vie de son héros, il lui a créé quatre destins différents. Il a inventé quatre Ferguson.
Fou par le contenu : l'originalité et l'imagination de l'auteur sont poussées au maximum.

J'ai mis plus d'un an à lire ce roman.
Non parce qu'il ne m'a pas intéressée. Pas du tout !
Mes amis sur Babelio savent que j'ai lu plein de livres pendant cette période, parce que j'aime varier mes lectures et que j'ai l'habitude de lire plusieurs ouvrages à la fois.
J'ai donc lu 4 3 2 1 en parallèle avec d'autres romans, nombreux vu le temps écoulé.
Cette période fut très étrange : j'avais ma vie (la vraie) et en parallèle ma vie avec Ferguson... ou plutôt mes vies avec les Ferguson.
J'ai déjà dit que ce livre était fou !
Cette lecture fragmentée ne m'a pas gênée du tout. À chaque fois que je l'ai reprise, je n'ai eu aucun mal à retrouver le fil et poursuivre l'histoire.
Les histoires plutôt, car Paul Auster a écrit un livre foisonnant. Non content de fabriquer quatre destins différents à son héros, il a truffé chacun d'eux d'aventures, de rencontres, de péripéties, de rebondissements : chaque histoire est remplie d'autres histoires.

Qui ne s'est pas, un jour, demandé : "Et si je n'avais pas pris telle décision ?" ou "Et si je n'avais pas rencontré telle personne ?" Qui n'a pas imaginé quelle aurait été sa vie si à la croisée des chemins il avait choisi une autre route ?
C'est sur ces interrogations universelles que Paul Auster a fondé son texte.
Une petite variation et... tout change. Comme dans un kaléidoscope.
Un kaléidoscope géant qui nous montre une image différente dès qu'on le tourne un tout petit peu.
Pour Ferguson, une petite différence initiale, et c'est une toute autre vie qui s'offre à lui.
Paul Auster dirige ce kaléidoscope de main de maître et fait tourner le joujou quand il le veut. Il maîtrise parfaitement tout, le contenu et le rythme.
Un auteur est toujours le créateur de ses personnages, le créateur des histoires qui leur arrivent.
Ici, c'est multiplié par quatre.
Non, en fait, c'est multiplié par bien plus. C'est quasiment infini, comme lorsqu'à travers un jeu de miroirs habilement disposés, une image nous offre une infinité de reflets.
C'est vertigineux !

Incroyable Paul Auster ! Comment a-t-il fait pour écrire un livre pareil ? Comment, en tant qu'auteur garder la cohérence, ne pas perdre le fil ? Comment mener à terme un projet aussi démesuré, pas seulement par sa longueur, mais par la complexité des histoires imbriquées ?
Il faut avoir un sacré talent pour faire tout cela. Et brillamment, en plus !
Outre les vies de Ferguson, Paul Auster nous montre tout un pan de l'histoire américaine contemporaine. Il glisse aussi entre les pages tous ses dadas : le baseball, le cinéma, la littérature, la musique, la politique, la ville de Paris... tout y passe, ou presque.
Si je prends l'exemple du base-ball : je ne connais rien à ce sport, mais je ne me suis pas lassée du tout. Je m'y suis même intéressée.
Parce qu'en plus des talents que j'ai déjà évoqués, Paul Auster a un don particulier : celui de réussir à m'intéresser à tout. Je parie qu'il réussirait à m'intéresser à la mise en conserve des petits pois !

Tel un réalisateur dirigeant un film, Paul Auster dirige ses personnages.
Tel un chef d'orchestre, il donne le tempo et décide de la coloration et de l'intonation qu'il donne à chaque passage.
Ce doit être grisant d'être à la barre dans une oeuvre d'une telle envergure.
C'est également grisant de lire un tel livre.
Alors, qu'attendez-vous ?
4 3 2 1... partez !
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