La Musique du hasard

Nashe, un jeune type du début trentaine, reçoit un héritage après une rupture. Début intéressant. Libre comme l'air et riche, il se met à voyager sur les routes américaines. Encore mieux, j'adore les «road… book ?». Puis, il rencontre un autre type, plus jeune, autour dix-huit ou vingt ans. Pozzi qu'il s'appelle, un as du poker. Haha ! Mystérieux, ça pique ma curiosité.

La musique du hasard semble avoir tous les ingrédients d'un roman captivant où tout est possible. Je ne pouvais que l'aimer. Surtout que le roman a été écrit par le grand Paul Auster lui-même !

Alors que les folles dépenses continuent et que l'argent de Nashe s'amenuise, Pozzi propose de renflouer les coffres avec une partie de poker qu'il est convaincu de pouvoir gagner. Pourquoi pas ? Jusqu'à ce point, le hasard semble avoir joué en leur faveur. Toutefois, les choses ne tournent pas comme prévu et le duo doit alors rembourser une dette importante. Et leurs créanciers ont des idées originales pour la leur faire rembourser.

Malheureusement, c'est là que j'ai décroché. Pas parce que c'est mauvais ni que c'est mal écrit, non ! Comment cela pourrait-il être, avec Paul Auster ? C'est que je trouvais cela trop invraisemblable, trop absurde, trop dingue. Certains diront que c'est la force du roman. Question de goût, je suppose.

Conséquemment, toutes les qualités de l'oeuvre et la pertinence des thèmes abordés (pente fatale, questionnement philosophique, folie), je n'arrivais à m'y attarder. Dommages…

Une rencontre entre deux paumés, une alliance un peu folle pour une partie de poker...Une histoire qui nous plonge dans une ambiance brumeuse et irréelle où plusieurs questions restent en suspens. Auster ne fait pas dans le pré-mâché et laisse le lecteur faire ses propres conclusions. Un rythme lent parfois déroutant où on se demande quelle sera la fin. L'histoire est comme un gros nuage de fumée d'un cigare au dessus d'une table de jeux, arriverez-vous à deviner les cartes de la partie?
PS: livre adapté au cinéma

J'aime beaucoup cet auteur et je me suis laissée embringuer dans cette histoire. Aux côtés de Nashe, j'ai sillonné les routes des différents États des États-Unis, je me suis perdue avec lui dans cette irrésistible envie d'évasion, de manger les kilomètres les uns après les autres, sans but, sans vraiment fuir mais sans vraiment chercher à atteindre un quelconque objectif. J'ai tremblé aux côtés de Pozzi dans de mémorables parties de poker, j'ai admiré son jeu, ses manières outrancières, sa filouterie, sa perspicacité.

Et j'ai plongé avec eux deux dans l'enfer du remboursement de leur dette de jeu. Paul Auster arrive à créer sous nos yeux tout un monde rempli des malheurs de notre société (l'argent comme maître mot, l'appât du gain, le fait de tout pouvoir acheter avec l'argent, comme la liberté, l'amour...) et en même temps, il distille au fil des pages des questions existentielles et philosophiques. Car finalement, que demander de plus que Nashe et Pozzi ? Ils ont un travail avec un tarif correct qui leur permet de rembourser leurs dettes, ils sont nourris et logés... oui, mais finalement l'auteur arrive à nous démontrer au fil du récit qu'ils leur manquent l'essentiel : la liberté. Même s'ils ont accepté les termes du contrat visant à rembourser ce qu'ils doivent à Stone et Flower, l'absence de liberté les gangrène. On voit comment elle les use au fil des semaines, à quel point la date fatidique de "libération" de leurs dettes est comme un phare dans la nuit.

Ce livre nous fait du coup nous questionner par l'effet d'un miroir. On a la chance de pouvoir être libre, finalement cela n'a pas de prix, mais à quel point l'utilisons-nous vraiment ? À quel point nous en servons-nous pour prendre les décisions capitales ?

Un livre intéressant qui résonnera longtemps en moi.

Quel univers Auster !
Mon préféré reste la somptueuse trilogie new yorquaise.

Deux hommes qui errent, un peu perdus dans leurs vies. Un pompier, père d'une petite fille, qui sillonne l'Amérique en voiture sans but. Et un jeune joueur de poker qui vient de tout perdre au jeu. Une rencontre qui va les mener chez deux milliardaires excentriques, un peu douteux. L'aventure prend un tour inattendu. Hasard? Conspiration? Comment vivre quand la vie perd son sens? Un livre qui se lit comme une réflexion sur le devenir des Etats-Unis, pays de l'argent roi.

Comme souvent chez Auster, ce roman est l'histoire de quelqu'un qui ne sait plus bien où il en est dans la vie, cherche sa raison d'être, se cherche lui-même, cherche une façon d'être heureux et dont la vie bascule peu à peu imperceptiblement. Jim Nashe, ayant reçu un gros héritage, commence par quitter son travail et sillonner les routes à toute allure à la recherche de sensations fortes, sans penser au lendemain. Mais au bout de presque un an de cette « vie » il rencontre Jack avec qui il décide de miser le restant de sa fortune au poker. S'ensuit la rencontre de deux millionnaires excentriques et la perte d'une partie qui aura pour conséquence le remboursement de leur dette par Jack et Jim consistant en la construction d'un mur au beau milieu d'un pré, sans nulle autre raison d'être que la lubie des deux millionnaires (ce mur étant constitué des pierres d'un ancien château), mur symbolisant plus ou moins la vie dépourvue de sens, sans doute.
On comprend progressivement le piège que constitue ce travail et l'atmosphère d'enfermement et de violence sous-jacente qui règne dans cet endroit où la suspicion est présente des deux côtés, du côté des employés et des employeurs. Malgré une belle plume et un climat bien mis en place, je n'ai pas accroché car le récit comporte plusieurs débuts d'histoires en germe, plusieurs éléments intéressants mais qui ne débouchent sur rien d'autre par la suite (je pense à la maquette de Stone, au petit vol commis par Jim de deux personnages de cette maquette, au sort de Jack, à celui de Tiffany, de la fille de Jim etc.) et certains passages m'ont paru ridicules, comme lorsque le narrateur décrit le travail de Jim et Jack comme si c'était quelque chose de terriblement éprouvant ressemblant presque à un esclavage moderne alors qu'ils ne transportent à deux que des pierres de 30kgs chacune et sont en plus de leur paye logés gratuitement (quand on pense au travail de certains maçons, tailleurs de pierre et autres…)
La fin est pour moi également bâclée. Bref, j'avais beaucoup aimé la trilogie New-Yorkaise du même auteur mais là je suis sortie un peu déçue de cette lecture.

C'est avant tout pour moi un livre étrange. J'ai bien aimé suivre l'histoire des très sympathiques Nashe et Pozzi même si en fin de compte je reste avec l'impression d'être passé à coté de quelque chose. Je ne vois pas très bien ou l'auteur a voulu en venir et trop de questions sans réponses me trottent dans la tête après la dernière page. Pourtant, ce roman par moment surréaliste me laisse une bonne impression et c'est avec plaisir que je l'ai lu.

Toujours une bien belle écriture pour ce road movie assez déroutant
En tout cas une grande frustration de quitter sur une telle fin deux héros auxquels je me suis attachée !

Premier livre de Paul Auster que je lis, et j'en lirais d'autre. La musique du hasard m'en a convaincu.

L'histoire d'un homme qui, après une séparation difficile, touche un petit pactole. Pas assez pour se considérer riche, mais suffisant pour lui donner envie de s'évader de son petit monde.

Une première partie road-trip, puis une partie plus longue en tête à tête avec un compagnon.

Il faut aimer les côtés psychologie et descriptions (c'est à dire que si vous n'aimez que du Marc Lévy ou du Bernard Werber, autant passer votre chemin) et seule la fin m'a déçu, ce qui explique ma note moyenne.

Jim Nashe, pompier et mélomane âgé d'une trentaine d'années, devient l'héritier d'un mystérieux père qu'il n'a pas vu depuis plusieurs décennies. Pour rompre la morosité d'une existence vacillante, il se déleste de ses possessions matérielles et décider de tailler la route. A mesure qu'il parcourt le pays sans but au volant de sa voiture, doucement, ses souffrances semblent s'alléger. Mais la rencontre inopinée d'un jeune homme instable - grand joueur de poker - va bouleverser son voyage.

Première incursion dans l'univers de l'auteur, je constate que sa plume présente des caractéristiques cinématographiques. Les scènes sont visuelles, s'enchainent avec un rythme assez effréné, les dialogues, piquants et empreints de sarcasmes, s'articulent plutôt bien.

Les personnages principaux : Jim (le pompier mentionné précédemment) et Jack (son acolyte) affichent une certaine symétrie malgré leurs différences. Notez au passage la proximité de leurs noms. Parcours familiaux chaotiques, déceptions amoureuses, galères financières.

Chez Paul Auster, les pères paraissent universellement détachés, défaillants, et absents. Les femmes qui sont inexistantes, et sans relief, ont deux fonctions principales : le soin porté à autrui et/ou la satisfaction charnelle.

La dialectique quête de soi/errance, au coeur du récit, s'inscrit dans une forme de dépouillement plus ou moins choisi, qui s'impose aux protagonistes, ce qui finit d'ailleurs par les réunir. L'argent, principalement hérité ou gagné au jeu, occupe une place centrale puis qu'il habite toutes les pensées des personnages. Une critique discrète de l'absurdité capitaliste se dessine en filigrane.

J'imagine que ce livre se situe dans la longue tradition des roadtrips littéraires (Kerouac, London...) : virées en voiture dans de grands espaces, tentatives de réinvention de soi. Mais c'est une littérature que je connais mal, à titre personnel.

J'ai bien aimé cette lecture car elle est facile d'accès et plutôt divertissante. Mais je ne pense pas réitérer avec cet auteur.