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4,02

sur 1378 notes
J'avais entendu parler de la Trilogie new-yorkaise de Paul Auster, mais pas de Mr Vertigo. Merci à Val, du blog La Jument verte, pour ce cadeau. Cela m'aura permis de découvrir cet écrivain et ce fut plutôt une bonne surprise.

Je dois avouer qu'au départ, j'étais un peu sceptique concernant l'histoire : apprendre à un gamin à voler… soit on est dans le fantastique pur et dur, soit on se moque de lui… Pourtant, Maître Yehudi, qui va recueillir le jeune garçon, ne semble pas être sous l'emprise d'une quelconque drogue. Il a senti un don chez cet enfant désoeuvré et va l'aider à le développer. Un maître à penser qui recueille un enfant pauvre subissant des choses qui vont l'endurcir, on connaît déjà avec Hector Malot. Mais j'ai presque envie de dire que cet épisode n'est qu'un prétexte pour l'auteur afin de déployer quelque chose de beaucoup plus intéressant, – enfin, à mes yeux – , l'Histoire (avec un grand H) de l'Amérique.

J'ai aimé l'écriture de Paul Auster et je renouvellerai l'expérience, c'est certain.

Bon, alors, où ai-je bien pu mettre sa trilogie, hein ?
Lien : https://promenadesculturelle..
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🎵Fais comme l'oiseau 🎵
Attention Mesdames et Messieurs, voilà une histoire tout à fait extraordinaire (roulements de tambours), celle de l'enfant-oiseau, j'ai nommé Walt le Prodige, et de Maître Yehudi qui lui apprit à voler. Et ça va voltiger, vu qu'il y en a des hauts et des bas dans la vie de Walter Claireborne Rawley, de la violence terrible, avec notamment le Ku Klux Klan et sa «meute d'assassins glapissants avec des draps blancs sur la tête», mais aussi de la belle et forte relation humaine avec Maître Yehudi, du rude réalisme social et de la merveilleuse apesanteur. Un drôle de mélange, de quoi nous faire tourner la tête que cette bien étonnante autobiographie de Mr Vertigo. Avec aussi des personnages secondaires incroyables, comme cette Maman Sioux qui elle aussi en aura connu dans sa vie des très hauts et des très bas, lui laissant un regard souvent froid et inexpressif mais aussi parfois un des sourires les plus chaleureux qui soit.

Un livre surprenant qui nous invite à «décoller du sol et flotter en l'air», qui nous apprend qu'«Il faut se laisser évaporer», tout en étant bien ancré dans l'histoire des USA.
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Paul Auster, que d'heures délicieuses, j'ai passé avec vous !
Une fois de plus, je suis séduite par ce talent de conteur hors pair et cette fascinante relation qu'il sait établir : Cette filiation père-fils.
Mr Vertigo, je serais tentée de dire sans une pointe d'humour est une histoire vertigineuse.
Et, même, si cette histoire d'un homme qui lévite et marche sur l'eau est improbable. Tant pis, on y croit.
Maître Yehudi, juif Hongrois s'empare du destin d'un enfant déshérité de Saint Louis, et va tout lui apprendre.
Ce maître à le coeur pur, un homme providence qui sauve, d'abord cette femme Sioux, ce jeune noir nommé Esope puis l'enfant qui volera.
Mais même les hommes bons ne peuvent lutter contre la haine qu' anime le coeur des hommes du Ku Klux Kan.
Ce récit nous emporte dans les aventures toujours invraisemblables, de l'éducation à la réalisation d'un rêve : voler.
Ce qui me touche profondément chez Paul Auster, c'est son écriture limpide qui nous berce et nous entraîne dans les méandres compliqués de la filiation et de l'amour.
Le maître, c'est le père que cet enfant n'a pas connu, qui lui donne son amour sans attendre de retour.
Le maître, c'est cet homme plongé dans la lecture de Spinoza comme seul compagnon, une philosophie qui lui fait dire:
"On s'enivre du monde, bonhomme. On s'ennivre des mystères du monde"
Je serais tentée de ne rien rajouter après une telle "invitation ".
Paul Auster, un auteur à lire, lire.... encore.








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Je fais souvent ce rêve étrange et merveilleux que je vole...Je flotte, portée par les courants d'air, au-dessus des champs, je monte jusqu'aux nuages, je parle aux oiseaux...

Eh bien, l'histoire de Paul Auster, ou plutôt de son héros, un jeune garçon orphelin quasi enlevé par un mystérieux Mr Yehudi pour devenir quelqu'un hors du commun, reflète exactement mon rêve.
En effet, après une période d'initiation très cruelle mentalement et physiquement dans la campagne reculée du Midwest en compagnie de Maman Sue, une vieille Indienne, et d'Esope, un jeune noir tout cabossé mais très intelligent, Walt se lance ou plutôt s'élance vers les hautes sphères de la célébrité. de champ de foire en music-hall, il parcourt les USA en compagnie de son mentor pour montrer au monde qu'il peut voler. Nous sommes à la fin des années 20 et Charles Lindbergh vient de prouver la toute-puissance de l'homme et de la machine en reliant New York à Paris en solitaire. le nom de son avion, « Spirit of Saint Louis », rappelle furieusement à Walt sa ville de naissance, signe qu'il est fait pour voler comme Lindbergh mais sans aide technique d'aucune sorte.
Mais la vie est ainsi faite, elle est constituée de hauts et de bas et quand l'adversité survient, on retombe durement sur le sol. D'aventure en aventure, nous suivons Walt jusqu'à sa vieillesse, dans une narration pleine de verve d'une vie hors du commun à de nombreuses reprises, mais tellement humaine quand même.

J'ai donc suivi avec intérêt cette histoire d'engagement et de passion puis de volonté de s'en sortir, depuis ces années abondamment décrites précédant la 2e guerre mondiale jusqu'au détour des années 90. La fidélité au maitre, la persévérance, la célébrité, l'amour et la maladie sont des thèmes récurrents et bien exposés dans un langage fleuri et plein d'à-propos - Paul Auster reste Paul Auster ! – mais à vrai dire, l'histoire en elle-même ne m'a pas plus emportée que ça.
Curieux, allez-vous rétorquer, si vous vous référez à mon introduction. Mais l'effet Auster n'a pas pris totalement cette fois-ci, j'ai ressenti une certaine distanciation vis-à-vis des personnages.

N'empêche, je vais m'efforcer d'imiter Walt. Essayez aussi, peut-être y arriverez-vous !
« Il faut apprendre à ne plus être soi-même. Il faut se laisser évaporer. Laisser ses muscles devenir inertes, respirer jusqu'à ce qu'on sente son âme s'écouler hors de soi, et puis fermer les yeux. le vide à l'intérieur du corps devient plus léger que l'air alentour. Petit à petit, on finit par peser moins que rien. On ferme les yeux ; on écarte les bras ; on se laisse évaporer. Et alors, petit à petit, on s'élève.
Comme ça. »
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Alors, ça a été ?
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Alors Mc Cartney , Cézanne, Les , Ricard , Isson...j'en connaissais pourtant des Paul mais d'Auster , point ! de plus , allez savoir pourquoi , j'avais toujours imaginé Auster en femme - Auster , Austen erreur bien compréhensible , vous en conviendrez...ou pas – mais allez pas lui dire hein , pour peu qu'il approche un bon double metre et soit adepte du free fight ! C'est pas que j'ai peur , c'est juste que j'ai la peau qui marque...Quoi qu'il en soit , une tres belle découverte en appelant d'autres dans un proche avenir...parce que dans un proche passé , ça parait fortement compromis...

Walt , jeune orphelin de neuf ans livré à lui-meme et certainement voué à un avenir plus que miteux , fait alors la rencontre de sa vie en la personne de Maitre Yehudi . Ce dernier , semblant déceler un potentiel hors norme chez ce mome sale et puant , lui promit qu'à force de travail et d'abnégation , il saurait voler ! Alors effectivement , des voleurs , on en connait tous : Riri la main froide , Jojo la Mitraille , Bébert le faussaire , Dédé le boucher de Belleville...j'en passe et des plus tarte mais là , vous faites fausse route m'sieurs dames ! Il va voler , voleter , voltiger l'gamin , tel le phénix des hotes de ces bois , assurant ainsi la fortune de ces deux touchants inséparables acolytes !

Franchement , tout comme ce jeune héros à la gouaille toute gavrochienne , j'ai trouvé que le récit peinait à décoller . Je me suis meme demandé – et connaissant ma quasi inexistante propension à l'interrogation , c'est jamais bon signe – si tout le bouquin n'allait pas etre qu'un laborieux apprentissage immanquablement couronné de succès . Et là , à ma grande honte , j'ai frissonné : brrrrrr ( note perso : retravailler le frisson ) . Gravissime erreur du triste lecteur impatient et fou-fou que j'étais ! Clément Marot déclama un jour au sortir de son PMU dominical : tout vient à point...et la caravane passe ! Comme il avait raison le bougre ! Si le récit patina à l'allumage , ce fut pour mieux me happer , me subjuguer et me transporter vers un plaisir de lecture stratosphérique !
Récit initiatique s'il en est . Magnifique conte parabolique sur la vie , ses choix , ses conséquences , ses désillusions , la faculté à se reconstruire apres avoir connu une gloire sans égale assortie d'une descente aux enfers toute aussi fracassante ...Tout y est , tout se tient avec brio ! Une pseudo biographie attachante prenant ses racines fin 1920 et s'étalant sur près de 60 ans . Etonnant ce postulat de départ voulant qu'un etre , à force de détermination et de ténacité , puisse maitriser l'art de s'élever dans les airs et pourtant j'ai adhéré totalement ! L'écriture est directe et puissante , mixant avec bonheur une foultitude de sentiments . Un récit parsemé habilement d'une kyrielle de faits historiques furtifs pour asseoir un peu plus une histoire deja captivante ! du Ku Klux Klan à la prohibition en passant par la crise , la guerre et le jeu , l'on jubile en découvrant Walt le prodige dans un périple parsemé d'embuches que l'on sent , cependant , déboucher sur une gloire sans égale , aussi éphémère que fondatrice ! Un récit magistral sur l'amitié , l'amour , la mort , la vie ! le ton alterne avantageusement sérieux et humour ! Les personnages suscitent une adhésion immédiate ! Walt le frondeur impétueux , Yehudi la droiture sereine , Slim – dit bas de plafond - en Oncle beaucoup plus intéréssé par l'argent que par les liens du sang , Mrs Witherspoon en modele drolatique de femme libérée , autant de personnages divers et complémentaires apportant leur écot nourricier à un récit de haute volée !
A découvrir sans plus attendre , vous ne le regretterez pas ! Foie... de veau !

Mr Vertigo , vers l'infiniiii et au-delààààà !
4.5 / 5
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Quelle vie que celle de Walt, tiré tout gamin du ruisseau de Saint Louis par Maître Yehudi, élevé par lui, dans tous les sens du terme, jusqu'à son firmament, violemment retombé au sol, repartant de zéro, côtoyant la fange et tutoyant les anges, tout cela en traversant dans l'espace et dans le temps tous les mythes américains du 20ème siècle!

Cet Auster-là a été un petit bonheur à lire, et ce sur les multiples plans qu'il superpose : Qu'on l'aborde sous l'angle du roman d'aventures, du roman initiatique, sous l'angle historique, sous celui de la fantaisie pure ou encore sous celui de l'amour filial, que de rebondissements, de clés à découvrir et de saveurs dans ce récit!

Paul Auster s'est lâché sur ce coup-là, pour le plus grand bien du lecteur qui lâche prise avec lui et se laisse emporter par toutes les passions qui fourmillent dans ce livre : de la tendresse pour la relation maître à élève entre Walt le prodige et son parangon de bienveillance et de sagesse de maître à la violence des retournements de situations, de l'éclat de rire devant les facéties de ce titi gouailleur et bouillonnant d'énergie vitale à la tristesse face aux coups du sort qui s'abattent sur lui, jusqu'à l'extase absolue à contempler Walt prendre son envol.
La scène descriptive du spectacle dans lequel Walt s'élève de marches en cordes invisibles pour voler au-dessus des spectateurs du théâtre est et restera pour longtemps celle que je me rejouerai chaque soir, comme un enfant, pour m'assurer la plus belle des nuits.
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Si j'aime découvrir de nouvelles autrices et de nouveaux auteurs et les opportunités sont immenses grâce à Babelio, j'ai aussi mes autrices et auteurs fétiches. Je les retrouve comme des amies et amis, ces Duras, Morrison, Woolf, Kundera, Modiano, Proust, Roth,etc…et puis, il y a mon cher Paul Auster, ce merveilleux conteur, même lorsqu'il parle de sa propre vie, comme dans Un homme invisible ou Chronique d'hiver. Il me surprend toujours, et rarement me déçoit (ce fut quand même le cas avec La vie intérieure de Martin Frost).

J'ai fait une nouvelle et belle découverte d'un autre aspect du monde « austérien” avec Monsieur Vertigo, un roman dans lequel Paul Auster m'a entraîné dans un autre monde, et surtout une autre manière d'écrire. Et après avoir lu ce livre, je me dis qu'avec lui, d'autres surprises m'attendent encore, avec, par exemple 4321, ou Tombouctou, que je n'ai pas encore lus.

On peut dire sans trop se tromper,je crois, que Mr Vertigo est plutôt un conte avec sa part de merveilleux et du « mentir-vrai » cher à Aragon.
L'intrigue débute aux USA en 1927, se prolonge en grande partie dans les années trente, sur fond du racisme et des méfaits du Klu-Klux-Klan, de la crise de 1929, de la pègre mafieuse de Chicago et d'ailleurs.
Comme souvent chez lui, les premières phrases sont extraordinaires, plantent immédiatement le décor. Ici c'est: « J'avais douze ans la première fois que j'ai marché sur l'eau. L'homme aux habits noirs m'avait appris à le faire… » .

C'est l'histoire de Walt Rawley, qui, dans sa vieillesse, nous raconte sa vie mouvementée et invraisemblable, aux multiples rebondissements.
Une vie marquée par une rencontre improbable entre Walt, un garçon de 12 ans passablement déluré et maître Yehudi, un homme dans la force de l'âge qui décèle en lui la potentialité d'un don exceptionnel, celui de la lévitation, qui se révèlera après de dures épreuves.
Et Walt produira un spectacle célèbre qui aura un succès retentissant dans tous les États-Unis.

C'est pour une part une sorte de roman initiatique, mais pas que cela. C'est aussi une histoire rocambolesque aux multiples rebondissements, avec des « bons » et des «méchants » et que je ne vous «spoilerai » pas, ce serait bien dommage. Et on y trouve tant de personnages attachants, et aussi quelques ordures.
Un seul petit bémol: la dernière partie du livre qui survole rapidement les péripéties de la vie de « Monsieur Vertigo », de 1939 à 1992, date à laquelle Walt se met à écrire son livre, est un peu bâclée.

Une grande réussite, à mon avis, c'est le mode narratif de ce conte « populaire ». En effet, Paul Auster a choisi de faire raconter cette histoire par Walt sur le mode truculent, trivial, argotique, parfois grossier. Il faut, sans nul doute, féliciter la traductrice, Christine Leboeuf, d'avoir su si bien traduire dans notre langue de Molière, le langage fleuri, imagé, de ce poulbot des USA.

En conclusion,une autre facette magnifique de l'oeuvre de Paul Auster, qui comme quelques autres, je pense à Woolf avec Orlando, Gary, avec sa série « Emile Ajar », dont La vie devant soi, sait à merveille changer de registre, pour notre plus grand bonheur.
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Mr Vertigo est un roman surprenant à tous égards. Même si je suis loin d'être un spécialiste de Paul Auster, je crois qu'il s'agit d'un livre vraiment à part dans sa bibliographie et l'intrigue ne cesse de rebondir de surprise en surprise.

Le livre utilise le mode narratif de l'autobiographie. Walt est un enfant des bas-fonds, une sorte de David Copperfield, perdu dans le fin fond de trou-du-cul-land, aux prises d'un oncle violent. Il croise la route de « Maître » Yehudi, qui l'embarque avec lui en lui promettant de changer sa vie misérable pour devenir Walt le prodige. L'étranger fascine l'enfant, qui pourtant n'est pas né de la dernière pluie, et promet de lui apprendre à voler ! Comme il n'a rien à perdre et qu'il meurt de faim, Walt suit le Maître et rencontre ses proches, personnages aussi fascinants que ce dernier : Maman Sioux, Esope, Mrs Witherspoon.

L'apprentissage occupe la plus grande part du récit. Il est long, terrible, douloureux. On pense à l'enseignement tyrannique réservé aux enfants « prodiges ». le parallèle avec la vie du violoniste « prodige » Yehudi Menuhin vient à l'esprit – clin d'oeil de Paul Auster. L'enfant a le don en lui et brule de savoir quand il sera prêt. Encore un parallèle avec Yehudi Menuhin quand ce dernier dira à propos de son entrainement : « il faut le faire tous les jours, il faut que ce soit aussi facile et naturel pour l'artiste que de voler pour un oiseau, et on n'imagine pas un oiseau dire : eh bien, je suis fatigué aujourd'hui, je ne vais pas voler » …

Puis dans l'Amérique du Ku Kux Klan, de Lindbergh et de la grande dépression, le Maître et son élève vont traverser le pays à la recherche de la gloire.

Mr Vertigo est un roman surprenant. Drôle et émouvant. Historique et Surréaliste. Un roman d'apprentissage et d'amitié.

15 mai 2012
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Un livre plaisir de Paul Auster, pourtant tout aussi noir que les autres, mais avec la fraîcheur et l'insolence de l'enfance, et une petite dose de magie pour faire rêver.
J'aime cet aspect de chute abyssale dans les romans de Paul Auster où le personnage doit tout reconstruire de zéro, se relever alors qu'il n'a plus rien, qu'il a tout perdu. C'est ce qui arrive au jeune Walter, un Oliver Twist moderne qui rencontre sur son chemin maître Yehudi qui lui promet de lui apprendre à voler, voler comme un oiseau.
Je n'en dis pas plus pour ceux qui voudront le lire, mais je voudrais juste dire que c'est un roman merveilleux!
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Ce n'est pas peu dire je pense d'un livre qu'il est de qualité « Paul Auster »… Alors dire qu'il s'agit certainement du meilleur de l'auteur ! Et pourtant je vais oser. Après avoir lu un certain nombre de ses oeuvres, son style maintenant identifié, c'est ici que je le préfère, dans le conte à la fois incroyablement réaliste, presque naturaliste par moments (avec d'immenses plongées dans la misère matérielle de l'espèce humaine, universelle ou particulière) et tout autant fantastique.

Le jeune Walt, de quelques printemps à peine âgé, sombre dans la violence et la misère facile et crasseuse des villes américaines à l'aurore des années 30. Maître Yehudi, un étrange sage des temps modernes va le recueillir de force avec la promesse de le rendre millionnaire avant son treizième anniversaire. Son projet ? Lui apprendre à voler.

C'est donc réellement un conte initiatique auquel nous convie l'auteur, emprunt d'une certaine touche de magie mais à laquelle l'écriture invite à croire. N'est-il pas naturel de voler si l'on s'y entraîne parfaitement ? N'est-ce donc pas plus humain que le tricot ou le baseball ?

Mais Auster va finir par se perdre dans son histoire, s'égarer dans ses contradictions. Alors que l'écriture est incroyablement rythmée et la portée de l'aventure éminemment poignante, il semble se laisser gagner par une envie de spectaculaire, par le goût de l'improbable retournement de situation. Envie de fantastique ? Tentation du merveilleux ? Un peu de fatalisme, finalement ? Une touche de destinée, de kosmos vengeur… le fil échappe entre les doigts, mais jamais le livre ne tombe des mains. La fin laisse sur sa faim. Les cent dernières pages sont étranges et le dénouement hasardeux. Pas à la hauteur du reste de l'histoire ou pirouette philosophique – tout cela n'est que divertissement futile. Un peu grossier peut-être, presque irrespectueux pour le parcours qu'avaient réussi à accomplir ses personnages. Provocateur sans aucun doute. Et on en redemande donc ! Qu'il est fort ce Paul Auster…

Mr Vertigo reste néanmoins un de mes livres de chevet favoris et un conte à lire absolument, que ce soit par amour de l'écriture d'Auster, magistrale dans cet opus, ou simplement pour repousser un peu plus les limites de l'esprit humain, le carcan de nos rêves.
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