Mr Vertigo

Enfin, ça y est, je comprends pourquoi je n'accroche pas au style d'Auster…

Au deuxième chapitre, quand Walt tente une deuxième fois de s'échapper de la ferme de maître Yehudi, se déroule une étrange péripétie qui pourrait être narrée ainsi :

« Je me faufilai par la porte de la grange, où se trouvait rangée la charrette de maître Yehudi, et pris la route de Cibola (…). Me voilà donc en train de cavaler sur cette route (…), lorsque j'aperçus une charrette qui s'amenait en face de moi. Je n'y pris guère attention et continuai mon chemin, mais lorsque elle fut à une quinzaine de mètres, je regardai de nouveau. C'était la charrette de maître Yehudi avec, assis sur le siège, le maître en personne, qui me contemplait en souriant. »

Ainsi racontée, l'étrangeté de l'apparition sur la route de la fameuse charrette que j'ai vue précédemment immobile dans la grange, me saisit directement, sans même que le narrateur ait besoin de me raconter sa surprise : je vis la même expérience étrange que lui.

Or, ce n'est pas ainsi qu'Auster a écrit le passage, mais d'une autre manière :

« Je me faufilai par la porte de la grange à l'heure du déjeuner et pris la route de Cibola (…). Me voilà donc en train de cavaler sur cette route (…) lorsque levant soudain les yeux j'aperçus une charrette qui s'amenait en face de moi. Elle ressemblait étrangement à la charrette de maître Yehudi, mais comme je venais de voir celle-ci dans la grange au moment de mon départ, je traitais la coïncidence d'un haussement d'épaules. Lorsque j'en fus à une quinzaine de mètres, je regardai de nouveau. Ma langue resta collée à mon palais ; mes yeux dégringolèrent de leurs orbites pour s'écraser à mes pieds. C'était bel et bien la charrette de maître Yehudi avec, assis sur le siège, nul autre que le maître en personne, qui me contemplait en souriant. »

Dans cette option narrative, en tant que lecteur, je ne sais pas que la charrette est dans la grange au moment où le narrateur l'aperçoit à l'horizon. Il me donne cette information au dernier moment, si bien que je ne ressens pas la même surprise que lui. Pour exprimer cette surprise, il est donc obligé de passer par une phrase emphatique, franchement cliché et un peu ridicule : langue qui reste collée au palais, yeux qui dégringolent à terre. On se dit « ah oui, ok, il est surpris, on comprend » mais on reste passif, à distance, devant l'expérience du personnage. Au final, le passage est un peu lourd, artificiellement allongé (dès la "coïncidence", on comprend ce qui va se passer mais l'auteur fait comme si on avait pas saisi...), et ne transmet pas d'émotion.

Voilà le style d'Auster : il échoue à me faire partager une expérience ; je ne ressens pas les émotions de son narrateur. Ce style se contente de me transmettre platement des informations. Au bout de quelques dizaines de pages, je m'ennuie et renonce à la lecture...

Si seulement, le roman s'arrêtait après l'envol et ne tombait pas dans un bête roman d'aventure scolaire. Un début indispensable, le reste est a jeter.

j ai découvert ce livre et cet auteur sur les conseils d une amie. l on rentre vite dans ce roman,bien écrit et avec de nombreux rebondissements.les personnages sont très attachant,fort en personnalité et assez complexe.cependant,je ne sait pas trop pourquoi,j ai faillit le refermer avant sa fin à plusieurs reprises...un poil trop irréaliste à mon goût...un enfant qui vole... alors que tout le reste de l'histoire est crédible...j ai pas accroché,mais je n ai pas détesté non plus.