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sur 445 notes
Pour moi, c'est la grande surprise de l'année 2019, je suis impressionnée ! C'est le qualificatif qui me convient ! Je ne suis pas très familière de la littérature actuelle. J'ignorais totalement qu'Isabelle Autissier écrivait. Je ne connaissais que ses talents de navigatrice. Mais quelle découverte que je dois à vos commentaires élogieux, notamment « michfred et viou ». Un grand merci ! Et puis, il y a la Russie et ses étendues qui vont rêver !

Elle maîtrise le style Isabelle Autissier, elle nous choisit un sujet déjà maintes fois décrit, l'Union Soviétique, tout en brossant avec finesse la psychologie de ses personnages : l'histoire bouleversée et bouleversante d'une famille sur trois générations du temps de l'Union soviétique jusqu'à la Perestroïka.

Mourmansk, après la 2ème guerre mondiale, un port sinistré, détruit par les bombardements, mais très animé où il y fait très froid, des marins, des femmes de marin, des enfants et des scientifiques. Il y manque de tout dans cette grisaille où le froid règne en maître, beaucoup de résignation, de personnes sans abri, il y a les bons de nourriture, les bons pour le charbon! La misère suinte de partout, dans cette brume du port de Mourmansk, les crépis des façades des immeubles sont délabrés, la moisissure s'invite en traînée sous les rebords des fenêtres et pour oublier, il y a l'alcool ; mais l'Union Soviétique veille au bien-être de ses citoyens.

Iouri 46 ans, exilé aux Etats Unis depuis 1994, revient vingt-trois ans plus tard pour une dernière visite à son père, Rubin, atteint d'un cancer du foie en phase terminale. Ce dernier ne lui a jamais parlé de sa mère, la grand-mère de Iouri, disparue du paysage hormis qu'elle était une scientifique mais sur son lit d'hôpital Rubin lui avoue « qu'il faudrait savoir » et il se met à lui raconter ses parents, Anton, son père et Klara, sa mère. Et comme « il faudrait savoir », Iouri va de son côté tenter de comprendre ce qu'est devenue Klara. Et de recherches en recherches, sa ténacité paiera.

Isabelle Autissier remonte le temps habilement à travers le destin d'Anton, de Rubin et de Iouri, elle nous emmène dans une des périodes les plus sombres de l'histoire de la Russie, elle évoque les hommes en noir qui débarquent en pleine nuit dans les appartements, la délation, la trahison des proches, la peur, le goulag, les tortures. Elle dépeint parfaitement l'organisation de la vie sous Staline jusqu'à l'arrestation en pleine nuit, sous les yeux de son fils Rubin, de Klara.

De cette supposée infamie, Isabelle Autissier nous dessine l'impact que celle-ci aura sur la vie de ces trois hommes et c'est une histoire chargée émotionnellement, faite de violences, de douleurs, d'incompréhensions et de fuites mais que c'est réaliste !

Enfin, il y a les bateaux, « le 305 », l'énorme chalutier congélateur de Rubin qui pêche aux abords de l'ile aux Ours, du Spitzberg et jusqu'en Terre de François Joseph, des archipels aux confins septentrionaux de l'URSS, là, la plume d'Isabelle Autissier donne toute sa puissance même si elle sait très bien illustrer la personnalité de ses protagonistes, la passionnée de la mer prend la barre ! Si vous voulez revêtir votre ciré jaune, c'est le moment mais il faut avoir le pied marin, c'est grandiose ! Vous recevrez même des vagues en pleine figure tout en remontant à la force des bras le chalut ! C'est magique lorsqu'elle parle, écrit, navigation Isabelle !

Et puis il y a les oiseaux, elle connait bien les oiseaux, Isabelle Autissier : ornithologue sera la profession de Iouri. Quelle sensation de liberté ils procurent à les regarder s'envoler!

En supplément : vous partirez en terre inconnue sans Frédéric Lopez mais en compagnie d'Isabelle Autissier pour cette belle découverte des « Nénets », une très belle promenade en terre sauvage suscitée par la plume imagée de l'auteure.

Un très beau voyage !





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Cela fait vingt-trois ans, soit l'exacte moitié de sa vie, que Iouri a tourné le dos à la Russie et à la tyrannie paternelle pour s'établir en Amérique. Lorsqu'il est appelé au chevet de son père mourant, il retrouve un homme toujours aussi brutal et méprisant à son égard, mais taraudé par une question sans réponse : qu'est devenue sa mère après son arrestation en 1950 sous ses yeux de bambin de quatre ans ? Iouri va se lancer sur les traces de sa grand-mère disparue, partant du berceau familial, Mourmansk, où Klara fut scientifique dans un centre de recherche, et son père patron d'un chalutier-usine.


Se déroule alors une passionnante saga à rebours, à la lecture prenante et aux personnages campés avec justesse et sensibilité : après la vie et le point de vue de Iouri qui, élevé à la dure et brimé, n'a eu d'autre échappatoire que la fuite, l'on découvre le parcours de son père, muré dans une carapace de brutalité qui lui a permis de survivre à l'explosion de son enfance, à l'ostracisme et à la misère contre lesquels il a dû se battre ensuite. Enfin, grâce à un enchaînement de circonstances peut-être quelque peu romanesque, Iouri va pouvoir reconstituer une partie du parcours de sa grand-mère, avalée par le terrible goulag.


En s'intéressant aux répercutions des purges staliniennes sur plusieurs générations d'une même famille et jusqu'à nos jours, ce récit offre une perspective historique et sociétale de la Russie, d'où émerge une formidable force de résilience, mélange d'acharnement parfois brutal à s'imposer et à réussir, et d'application à oublier pour mieux se tourner vers l'avenir.


Quatre principaux tableaux marquent cette vaste fresque : le quotidien à Mourmansk, cette ville au nord du cercle polaire où la neige est noire ; le puits sans fond du goulag et des camps de travail sibériens ; l'isolement glacé d'une île de l'Océan Arctique où les Nenets, nomades éleveurs de rennes, tentent encore de préserver leur mode de vie ; et, sans doute le plus spectaculaire et le plus réussi : l'épuisant et terrifiant huis-clos des campagnes de pêche à bord des chalutiers-usines russes, en compagnie de véritables forçats de la mer dont la rudesse n'a d'équivalent que celle des éléments.


Voyage autant géographique que temporel où la brutalité des hommes laisse néanmoins la place à de jolis passages poétiques sur la mer, les oiseaux et les beautés de la nature arctique, ce livre est aussi un hommage à l'impressionnante résilience de l'âme russe.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Je viens de terminer mon troisième livre d' Isabelle Autissier, laquelle, après l'odyssée-catastrophe  de Seule la mer s'en souviendra et  la macabre robinsonnade de Soudain, seuls, a décidément de vraies ressources de romancière et est loin d'être seulement une navigatrice qui écrit..

Oublier Klara? Pas de risque!

Pourtant c'est ce qui semble  a priori,  être arrivé à cette grand-mère disparue toute jeune encore,  peu avant la mort de l'ogre russe,  dans le blizzard glacé du Goulag.. comme des millions d'autres espions, révisionnistes , sociaux-traîtres et dissidents fantasmés par la paranoïa du tyran - et impitoyablement traqués par la bureaucratie à sa botte.

Klara.

Oubliée par les siens, dirait-on, de prime abord.

Oubliée par son fils, Rubin, le redoutable commandant de chalutier de Mourmansk, brutal et courageux, qui a su, à la force du poignet, s'extirper peu à peu de la suspicion qui faisait d'un fils de déportée un proscrit, pour s'élever dans l'ordre des responsabilités, devenir un homme craint, respecté à son bord comme à quai , et même pour s'enrichir et profiter cyniquement ,  perestroïka aidant, des "avantages" du capitalisme naissant et de l'oligarchie en place.

Oubliée par Iouri, son petit-fils, qui a bénéficié d'une éducation soviétique, populaire et  gratuite, a poussé ses études jusqu'à devenir un scientifique  de renom, puis  a prudemment émigré aux États-Unis afin de vivre en toute sérénité son homosexualité et son goût immodéré pour les oiseaux, ses êtres de liberté pure.

Rubin est vieux, malade, il va mourir et convoque,  par-delà les mers,  ce fils "américain" qui lui ressemble, à première vue,  si peu, et qui a avec lui une relation douloureuse et pleine de ressentiment, pour lui faire une ultime requête.

Celle de ne pas Oublier Klara,  justement.

De retrouver sa trace, de tenter de donner un sens à son arrestation, de mettre des lieux et des dates sur son effacement brutal, cruel, inexpliqué qui a bouleversé leur vie à tous les deux, le fils et le petit-fils. 

Et peut-être ainsi de renouer le fil brisé ou invisible qui les relie tous les trois.

De mettre à jour une filiation jusqu'ici refusée, bafouée , qui pourrait bien être,  littéralement, un vrai lien du sang.

Ou un lien de sang?

La force de ce récit tient à trois faits essentiels: une documentation historique irréprochable et parfaitement intégrée au récit , un refus des facilités romanesques qui "bouclent" trop parfaitement un récit (ici, au contraire, comme dans la vie, comme dans toutes les familles, des pans d'ombre subsistent, et la quête bureaucratique ou policière se mue, faute de traces ou de preuves, en mythe, en  légende, ou en point d'interrogation.) Et enfin une vraie épaisseur des personnages que j'ai trouvés nettement moins schématiques, plus complexes et donc plus attachants que ceux de ses précédents romans.

Mais la plus grande réussite de ce récit ,  à la fois prenant et classique,  reste attachée au brio d'Isabelle Autissier dans  les scènes de mer -la pêche en mer de Barents est de la veine du Grand Marin de Catherine Poulain - , à sa fascination pour les déserts glaciaires dont elle dit si bien la beauté désolée, et à sa passion  pour les oiseaux des mers qu'elle observe et décrit avec ferveur , comme  Iouri, son héros.. 

Dans ces pages-là, on touche vraiment la poésie. 

Non, pas de risque d'oublier Klara...
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En ces temps de canicule, partons donc à Mourmansk en Russie, la plus grande ville du monde située au-delà du cercle polaire. Non pour y contempler les dégâts du réchauffement climatique, mais ceux du stalinisme, et pour y chercher Klara. Ou plutôt son souvenir et l'histoire d'une famille. La quête commence auprès d'un lit d'hôpital, celui de Rubin, qui se meurt. Son fils Iouri est à ses côtés, de mauvais gré. Il a dû quitter dare-dare les Etats-Unis où il a émigré 20 ans auparavant pour y vivre librement son homosexualité et sa passion pour l'ornithologie. Alors qu'il pensait ne jamais rentrer en Russie, le voici donc au chevet de son père détesté. Celui-ci le supplie de chercher à savoir ce qui est arrivé à Klara, la mère de Rubin, arrêtée en 1950 en pleine nuit et en pleine période stalinienne, sous les yeux terrifiés de son mari et de son petit garçon. Et comme si cela n'était pas suffisamment déstabilisant, l'arrestation et la disparition de cette géologue de haut vol jettent sur la famille, suspectée d'être antirévolutionnaire, un voile d'infamie qui ne se lèvera pas avant de longues et cruelles années.
Trois générations, trois destins, dont seul celui de Iouri semble porteur d'espoir. Klara, victime de l'Histoire soviétique, son fils Rubin aux prises avec un sentiment d'abandon ingérable et dont le seul amour sera la mer, incapable qu'il est d'aimer les humains, et Iouri qui porte le poids de ce passé et d'une enfance terriblement malmenée. Les trois personnages ont en commun d'avoir beaucoup souffert et de s'être voués corps et âme à leur passion : la science, la pêche au chalut, l'ornithologie.
La mer, la nature et l'écologie, l'oppression des populations indigènes, les soubresauts de l'Histoire et leurs retombées sur l'intime, les relations filiales sont les thèmes qui traversent ce roman captivant. Avec une plume lumineuse et mélancolique, Isabelle Autissier nous invite à éclaircir le passé pour mieux construire l'avenir, et à n'oublier aucune des Klara de ce bas-monde.

En partenariat avec les Editions Stock via Netgalley.

#OublierKlara #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Oublier Klara ! Ce serait oublier Anton son piètre mari, Rubin son fils à la vie de rudesse et de hargne, marin sur chalutiers soviétiques et ce serait surtout oublier Iouri son petit fils, ornithologue, revenu des Etats-Unis pour accompagner les derniers jours d'un père qui lui reproche de ne pas lui ressembler et qu'il n'a jamais aimé.
Oublier Klara, ce serait oublier Irina, la voisine-tendresse de Rubin, Luka l'ami de jeunesse de Iouri et surtout Annia de la tribu des Nenets soeur de chaleur et de larmes de Klara.
Et ça c'est impossible pour moi tant le verbe d'Isabelle Autissier a su tisser des liens indéfectibles d'humanité et de fraternité avec les personnages de son roman.
A Mourmansk, l'amour manque sans es-poir de réveil. L'amour y a définitivement été balayé, aspiré par Staline qui a su cacher sous l'immense tapis de l'Urss des millions de vies en poussières.
Des années plus tard, Iouri rattrapera sa fuite et exhumera les vestiges du passé éteint.
Ce roman recèle la densité du malheur, la force de l'obstination pour ne pas s'asphyxier dans cette vie asthmatique, des soucis plein les bronches. Ce pays est un piège où les années sont des siècles. Il en faut du courage pour amnistier le passé, oublier tout ça…mais pas Klara.

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Isabelle elle aime bien le froid. En la suivant dans « Soudain seuls » par exemple, je me souviens m'être singulièrement caillé les miquettes au beau milieu de l'Antarctique.

Avec « Oublier Klara » Isa nous entraîne cette fois à l'autre extrémité du globe, direction Mourmansk, riant port de pêche où là aussi le plan bikini motif tropical, tu peux oublier. Mais les océans y font quand même et toujours partie du décor, fidèles équipiers de notre navigatrice aux multiples talents, fascinée depuis toujours par les eaux extrêmes de ces contrées perdues.

Une passion pour la mer et la nature qui ouvre tant bien que mal un sentier vers la liberté, voilà le dénominateur commun des trois destins contés ici. Klara, son fils Rubin, son petit-fils Iouri, trois silhouettes fondues dans la grande Histoire, de l'URSS de Staline à la Russie de Poutine. Trois générations bâties sur des zones d'ombre que Iouri, dernier de la lignée, tentera vaillamment d'éclairer.

A travers ces vies intensément fragiles, à la fois romanesques et ordinaires, Isabelle cause aussi bien de résilience, de mémoire familiale, de politique ou de préoccupations environnementales, dans cette fresque intelligente, poétique et foisonnante que j'ai eu bien du mal à quitter. Car en dépit de l'injonction du titre, Klara je ne suis pas près de l'oublier.


Lien : https://minimalyks.tumblr.com/
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Je ne connaissais pas Isabelle Autissier en tant que romancière, et je ne suis pas déçue d'avoir découvert cette facette de la navigatrice.
L'histoire est très intéressante, bien documentée, les personnages attachants.
La nature est omni présente, comme une peinture en toile de fond. le lecteur y retrouve l'attachement de l'auteure pour la mer.
Un bon moment de lecture.
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J'aime les romans d'Isabelle Autissier. Je suis sûre d'y découvrir de larges horizons. Et cette fois-ci, ce ne sont pas ceux des océans qui m'ont éblouie, mais ceux de cette Russie située au-delà du cercle polaire, de cet immense port de Mourmansk et encore plus au Nord, la toundra sibérienne avec les Nenets, peuple nomade et éleveur de rennes.

«  Quand vinrent décembre et janvier, seules les lumières de la lune se réverbéraient, bleutées sur la neige. le ciel s'étendait à l'infini, comme une couverture noire bordant la terre. »

En plus des descriptions oniriques de ces destinations lointaines, Isabelle Autissier a le pouvoir de vous faire apprécier Histoire et Géographie avec ses récits toujours riches d'humanité, même quand celle-ci est peu glorieuse.
Ha que je suis envieuse de tant de talents ! Mais comme je les admire tous les talents de cette auteure !

C'est au travers de trois générations que l'auteure va faire revivre l'histoire de l'ancienne URSS, depuis les goulags de Staline jusqu'à la Pérestroïka. Trois générations marquées par la violence, la peur, la dénonciation, la faim, le froid, l'absence de liberté. Et c'est par Iouri que l'histoire commence. Iouri, ornithologue reconnu dans une grande université des Etats-Unis, pays dans lequel il vit depuis vingt-trois ans. Autant d'années que celles vécues en Russie, pays qu'il a fui pour plusieurs raisons dont l'une est son père. Son père, Rubin, qui au soir de sa vie, justement lui demande de revenir au pays pour découvrir ce qu'il est advenu de Klara, sa propre mère enlevée par des hommes en noir lorsqu'il avait quatre ans.
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Une plongée refroidissante à Mourmansk , ville sinistrée après l'effondrement du régime soviétique , comme un antiguide de voyage ... mais ce n'est pas le propos principal d'Isabelle Autissier dans ce nouveau beau roman .

Iouri, la quarantaine, vit aux États-Unis depuis vint ans et y exerce sa passion, l'ornithologie en temps que professeur d'Université . Lorsqu'il apprend que son père mourant voudrait le voir, il se décide à retourner à Mourmansk , ville d'origine de sa famille et qu'il avait quitté sans regret . Son père , Rubin l'implore de chercher à savoir la vérité sur Klara, la mère de Rubin , scientifique de haut niveau arrêtée en 1950 dont plus personne n'a eu de nouvelles et dont la disparition a jeté l'opprobre sur la famille de Rubin, enfant à l'époque et a marqué à jamais la vie et le caractère de l'enfant.

Isabelle Autissier remonte le temps , d'abord avec les souvenirs de Iouri entre un pays au modèle politique à bout de souffle et la violence d'un père alcoolique puis l'enfance de Rubin sous Staline, d'abord dans un milieu privilégié grâce au statut de ses parents puis la déchéance après l'arrestation de Klara.

On ne connait jamais vraiment le passé de ses parents, leurs aspirations , leurs souffrances et leurs secrets .

Pour Rubin, l'abandon de sa mère et l'absence d'informations , le poussent à partir , ce sera la mer avec son horizon infini . La découverte de l'océan est pour lui une révélation et cette passion ne le quittera pas , la pêche au chalut dans la mer de Barents devient son univers, sensuel, violent et dangereux .

Pour Iouri, l'échappatoire face à la rudesse du père sera les oiseaux et le départ vers un ailleurs moins hostile et plus tolérant...

La fin du roman aborde , enfin, l'histoire de Klara : on frémit d'horreur devant le passé de ces citoyens soviétiques souvent arrêtés de façon arbitraire et injustifiée, leur conditions de rétention, les interrogatoires sans fin et les séjours dans des contrées inhospitalières ...

Isabelle Autissier dresse un tableau peu amène de l'URSS et de la Russie actuelle avec la désolation des villes ainsi que de certaines populations autochtones ayant subi de plein fouet le joug soviétique.

Par contre, ses descriptions de la mer sont magnifiques et son abord des relations filiales est adroitement mené , cela confirme, s'il en était besoin , son talent d'écrivain .

Un grand merci à NetGalley et aux Editions Stock pour leur confiance.

#OublierKlara #NetGalleyFrance
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Elle est vraiment surprenante Isabelle AUTISSIER. Cette fois, elle nous entraîne à Mourmansk, un port sur la mer de Barents, où Iouri part sur les traces de son enfance.

Tressé au fil de trois générations sous le régime soviétique puis russe, ce nouveau roman de l'ex-navigatrice Isabelle Autissier est bâti sur une trinité : le ciel pour Iouri ; la mer pour Rubin, son père, qui fut capitaine d'un chalutier quand les eaux de l'Arctique étaient encore poissonneuses ; la terre pour sa grand-mère, Klara, géologue, que Iouri n'a pas connue.
Le Monde - publié le 27 juin 2019 - Culture - Livres

Il n'a pas eu la vie facile Iouri. Son père a été très dur avec lui, et il n'a pas trouvé d'aide autour de lui, encore moins auprès de sa mère, qui ne la jamais câliné. Seule, une amie de la famille lui apportera un peu de douceur. D'ailleurs, il a fuit la Russie pour les Etats-Unis afin de se construire et vivre sa vie.

Une lettre de son père le rappelle en Russie. A sa demande, il va partir sur les traces de sa grand-mère, Klara, envoyé au Goulag.

Mais avant d'en venir à Klara, on va suivre la vie de Iouri depuis son enfance.

Je me suis demandé, un moment, mais pourquoi le livre a pour titre « Oublier Klara », alors que tout tourne autour de Iouri ? Et bien, tout simplement, parce que tout part de Klara. La dureté de son père, la lâcheté de son grand-père, la force de sa grand-mère. Iouri se posera bien des questions avant de retrouver et de savoir ce que sa grand-mère est devenue et pourquoi elle a été envoyée au Goulag. Enfin, enfin, Iouri se retrouvera et pourra se poser.
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