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EAN : 9782213636429
506 pages
Fayard (02/09/2009)
4/5   3 notes
Résumé :
Italienne (elle est née à Venise vers 1365), Christine vient, à quatre ans, vivre à Paris où son père, médecin et astrologue, a été appelé par Charles V.
Elle passera presque toute sa vie auprès de la cour royale et des hôtels princiers, à l'époque brillante et troublée de Charles VI - le roi qui perdra la raison - et d'Isabeau de Bavière, du premier humanisme, de la guerre de Cent Ans et du Grand Schisme. Son milieu familial (les métiers de robe proches du t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Après Les biographies de Charles VI, de Charles V et de Jean de Berry, Françoise Autrand eut la bonne idée de nous conter la vie de Christine de Pizan ( née vers 1364- morte vers 1430), célèbre autrice du Moyen Âge, qui devait traverser quelques-unes des décennies les plus agitées et les plus troublées de la fin du XIVème siècle et du premier tiers du XVème siècle. Venue avec son père, Thomas de Pizan, médecin et astrologue, à la cour du roi Charles V vers l'âge de quatre ans, elle fut sollicitée, après la mort de ce dernier, par l'un des frères du Sage roi, Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, pour écrire une oeuvre de commande, le Livre des fais et bonnes moeurs du Sage roy Charles V, véritable panégyrique à la gloire du troisième souverain de la dynastie des Valois, pour enseigner aux fils des princes à se bien gouverner et à se préparer à gouverner leur peuple, la vie de Charles V étant prise comme exemple de ce que devrait être celle de tout monarque, menée publiquement et dans le privé avec prudence et mesure, avec sagesse éclairée par le savoir, avec une exigence de bon et juste gouvernement, pour le "bien public", le bien de son peuple, et qui devait être aimé de ses sujets tout autant qu'il les aimait. Christine voyait en Charles V un roi idéal, presque à l'égal de Saint Louis, même si elle n'ignorait pas que son souverain de référence était aussi un homme qui avait autant de défauts que de qualités, bien qu'il s'efforçât de les corriger. Christine de Pizan espérait qu'en ce miroir du prince d'excellence tous ceux qui étaient appelés à régner se reconnaîtraient. Sur ce modèle, elle construisit toute une série d'ouvrages où l'on trouvait le rappel des mérites de ce roi hors pair. Bien sûr, le Livre des faits et bonnes moeurs est le reflet de ce qui plaisait au duc de Bourgogne et de ce qu'il pensait comme chef de clan voulant s'abriter sous l'ombre tutélaire du roi défunt, comme s'il pouvait seul s'en réclamer, alors qu'il était plus ou moins en désaccord avec son frère Louis d'Anjou, lui aussi grand admirateur de Charles le Sage et qu'il allait bientôt être aux prises avec le frère de Charles VI, Louis d'Orléans.
De tout cela, de ces déchirements et de ces querelles, de la guerre finalement, et du retour offensif des Anglais, qui allaient profiter de ces divisions, Christine sera le témoin, souvent désolé et impuissant, mais elle finira, sur le tard par se réjouir de l'arrivée de Jeanne la Pucelle en s'exstasiant comme elle savait le faire parfois, dans l'enthousiasme : "L'an 1429 reprit à luire le soleil" (Le Ditié de Jehanne d'Arc). Elle voyait là un signe du Ciel, bienvenu à la fin de sa vie qui pouvait se terminer dans une sérénité retrouvée et qu'elle espérait devoir durer après sa mort.
Connue pour ses traités moraux (Le Livre de la Prod'homie de l'homme ou le Livre de Prudence) et politiques (notamment le Livre du Corps de Policie) , mais aussi pour son oeuvre poétique (Ballades, Rondeaux et Lais, etc.), sa vision du rôle et de la place des femmes dans la société (La Cité des Dames), elle l'est moins pour l'intérêt qu'elle marqua pour la chose militaire (Le Livre des Faits d'armes et de chevalerie). On a donc là une oeuvre intéressante écrite par une femme qui trouva dans ses dons littéraires et son esprit de réflexion un moyen de subsistance et d'indépendance lorsqu'elle devint veuve.
Bien sûr, elle n'était pas avare d'éloges à l'endroit des gens dont elle vantait l'action et/ou dont elle "dépendait" financièrement. Et c'est un aspect qu'il faudra creuser, ce qu'à mon sens Françoise Autrand ne fait peut-être pas assez, même si elle est bien consciente de cela et si son travail est incontestablement le plus réussi et le plus abouti de tous ceux que l'on a écrits sur cette grande femme de lettres du bas Moyen-Âge français. On n'en attendait pas moins de l'une de nos meilleures historiennes de cette époque.


François Sarindar, auteur de Charles V, Dauphin, duc et régent (1338-1358), publié en 2019.
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Christine de Pisan ( vers 1365-1430 ) vit dans les siècles troublés du Moyen Age : le 14ème et le 15ème siècle connaissent la guerre de Cent Ans, la Grande Peste et les famines. D'origine italienne, elle est venue en France pour accompagner son père Thomas physicien du roi c'est à dire médecin. Grâce à lui et à ses propres talents, elle peut accéder à la cour de Charles V le Sage et Charles VI le roi fou. Veuve très jeune avec trois enfants à élever, ses qualités d'écriture et de réflexion lui permettent de mener une vie indépendante.
Femme instruite, Christine ne cesse tout au long de sa vie d'approfondir sa culture. Dans ses premiers livres, elle nous parle d'elle même. Elle nous confie sa solitude. « Seulette suis et seulette veuil être. Seulette m'a mon doux ami laissée. » Elle écrit des ballades, des poèmes d'amour. Elle côtoie l'élite parisienne des humanistes. Elle est la première femme à porter un regard sur soi . Mais ses préoccupations s'élargissent. Les problèmes politiques de l'époque : guerre contre les anglais, guerre civile, ambitions des princes alimentent ses réflexions politiques comme dans le le noble état de la chevalerie. Trois livres pour un futur roi : le livre des fais, le Livre de Policie et le Livre de la Paix esquissent la figure du roi parée des trois vertus royales : noblesse, chevalerie, sagesse. le roi doit être lié à son peuple par l'amour : amour du roi pour son peuple et amour du peuple pour son roi. Elle s'interroge aussi sur la légitimité du roi, la question de l'impôt, les rôle des conseillers du roi , ces « hauts fonctionnaires « dont la place dans la société est de plus en plus importante. Mais, l'oeuvre de Christine de Pisan , et c'est pourquoi elle m'intéresse, c'est la défense et la valorisation de la femme. le rôle de la femme dans la société doit être reconnu. Ses idées, elles les exposent dans son livre peut être le plus célèbre la Cité des Dames. Peut-on dire que Christine est la première féministe comme les mouvements féministes le soutiennent aujourd'hui ? Christine ne cherche pas à renverser l'ordre établi. Elle n'encourage pas les femmes à la révolte. Elle insiste sur les qualités des femmes qui doivent être l'humilité, la soumission, la patience, la sagesse, la discrétion...Mais, aussi, elles les encourage à chercher avec énergie une place reconnue dans la société. Dans la Cité des Dames, pour la première fois, une femme ose dire je c'est à dire parler en son nom propre, réfléchir sur sa condition de femme.
F.Autrand nous donne une biographie très vivante de Christine de Pisan. Elle fait le portrait d'une intellectuelle entourée de livres, penchée sur son écritoire, réalisant une oeuvre de science politique et morale. Une femme qui par son érudition, son écriture, sa volonté a réussi à briser sa condition de femme. Une femme qui n'a jamais cessé de croire en l'espérance et en la liberté de l'homme. Ce livre, c'est aussi la description de cette époque passionnante que sont les 14ème et 15ème siècles. Périodes de guerres, de misère, de malheur mais aussi période d'une brillante culture. La richesse de la cour des ducs de Bourgogne, les Livres d'Heures du duc de Berry en sont des témoignages.
Première intellectuelle ? Première féministe ? On se prend à rêver à la position qu'occuperait Christine dans la société d'aujourd'hui.
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