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EAN : 9782070123889
120 pages
Gallimard (07/05/2009)
3.61/5   19 notes
Résumé :

"L'état quasi extatique, ce vide d'une extrême densité, qui m'avait transi juste après qu'on m'eut annoncé que j'avais un cancer. aura été la plus surprenante étape de mon aventure. Aucun état amoureux, aucun événement, aucun autre voyage ne m'a donné à vivre cet exotisme engendré par l'effroi de me savoir condamné : un exotisme qui rejette aux confins de toute singularité, so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Avec en exergue cette phrase de Susan Sontag, "Dans la vallée des larmes, étends tes ailes."

Il s'agit d'un récit, celui d'un médecin urgentiste qui apprend, à 35 ans, qu'il est atteint d'un cancer, un lymphome digestif, d'assez mauvais pronostic.

"Pendant quelques années, on voit par les livres, et les livres conduisent vers des brancards et des lits. On le sait, on l'oublie et on se laisse entraîner: on vogue loin de la souffrance, là où rien ne meurt pour se régénérer selon la grande roue de la biologie. Cette masse de connaissances enivre et fait admirer la beauté de l'ordre et la logique de ses défaillances, jusqu'à ce qu'on se retrouve, gêné et maladroit, pour la première fois devant un regard où se lisent la peur d'avoir mal, l'angoisse de savoir, l'angoisse tout court.
Malade, c'était la distance du biologiste que je recherchais: je me plaçais loin de moi et descendais vers l'élémentaire, je faisais face en pensée à cette tumeur et contemplais ce qui menaçait de me désorganiser."

Vient le moment classique du traitement, les interventions, la chimiothérapie.
Et des aides, pour supporter l'angoisse, à chacun les siennes.
Et puis..:
"Au printemps suivant, mon cancer était déclaré en rémission complète. Et là, gourmand de tout et beaucoup plus jeune qu'avant, sans avoir eu besoin de signer de pacte, j'étais un faune sorti d'hibernation."

Après le vide complet, une sorte de deuxième naissance. Avec recherche de sensations et d'émotions multiples, des aventures sexuelles , au départ dans un désert.
A la recherche finalement de sensations comparables sur le plan intensité à celles qu'il vient de vivre. Ce n'est bien sûr plus possible.

"Pour devenir un être cosmique, il fallait errer, ramper, avoir soif, que les yeux brûlent, que la sueur irrite le visage; il fallait chercher de l'ombre, craindre la solitude et regretter de toutes ses forces d'être là; il fallait voir l'horreur du désert et s'y savoir prisonnier; et puis il fallait avoir la chance de s'en tirer…
Rechercher ce qui s'était montré une fois ne pouvait qu'être sacrilège -une imposture. Je ne devais rien désirer. Ni survivre, ni mourir, ni voir.
Le voyage commence lorsqu'on ne choisit plus. Mon désert, c'était un lit d'hôpital."

Une fois compris cela, la vraie re-naissance peut commencer.

Fort beau , honnête et lucide récit d'une expérience vécue jusqu'au bout dans ses conséquences mêmes, et un très bel hommage, encore une fois, à Primo Levi:

"Primo Levi m'aidait à tirer de mon expérience une autre leçon. Comme tout homme jeté dans un des cercles infernaux, sous cette menace continue qui l'y terrorise et à laquelle il s'habitue au point de ne plus la discerner de lui-même, comme tout homme qui se trouve enclos dans une parcelle de ce Mal et qui s'en sort, je portais désormais quelque chose d'infiniment plus important que moi."







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Le récit de la voie étroite qui mène de la maladie à la rémission, de la guérison à la résilience.
Patrick Autréaux est médecin, quand on lui découvre un cancer, il bascule dans un autre monde : celui des soins, de l'attente, du silence effrayé devant un avenir incertain. Dans une écriture tout à la fois nette, qui sertit ses phrases dans la douleur du malade, sa brutale hébétude face à la trahison du corps, et hantée par l'angoisse du vide et de la mort, l'homme s'abandonne à cette vallée des larmes qui s'ouvre sous ses pieds. Il lui faut affronter la maladie, la lourdeur des traitements, prendre conscience de la fuite du désir, comme de l'éloignement scellant le sort de sa relation avec son conjoint Benjamin.
J'ai été happée par la première partie du récit, celle qui décrit l'intériorité d'un être foudroyé par la maladie. Par contre, la seconde partie – la reconquête du corps dans une recherche hédoniste – m'a moins intéressée. La sincérité de l'auteur sur sa sexualité aiguisée par le retour à une vie normale n'est pas une pose, loin s'en faut. Il ausculte avec honnêteté sa « seconde naissance », cherche ce qui le pousse vers ces aventures brèves, triviales, consommatrices de chair. Mais, la doublure quasi mystique dont il les enrobe (anges, prophètes se tenant là pour que « le corps entier participe à cette fulguration ») ne me passionne pas.
Patrick Autréaux a puisé des forces dans la lecture de Primo Levi et Fritz Zorn, tous deux restés à jamais dans l'ombre de la mort. Tout au contraire, son bref récit est résolument ancré dans la lumière de la vie.
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« Être malade avait fait de moi un être aux aspirations cosmiques. Être en bonne santé ne faisait peut-être de moi qu'un égoïste. » p 49

Un court, mais intense récit, dans lequel un médecin urgentiste raconte son « voyage » à travers la maladie.
Il est jeune, médecin, et frappé d'un lymphome qui va le faire passer de l'autre côté du rideau, du côté des malades. Ce voyage va le porter de son lourd traitement à sa guérison.
Le médecin s'efface peu à peu pour laisser parler l'homme. L'homme ne s'encombre pas de détails, il va droit au but, avec des mots choisis, et dans une langue admirablement écrite.
La maladie est pour lui une seconde naissance ; et c'est à cette renaissance que nous assistons tout au long de ce livre sur les passages.

« L'appel du voyage ne venait pas d'une banale envie de partir, mais d'un besoin d'exotisme radical. Oui, peut-être étais-je vraiment pressé de mourir ? Rien ne m'avait été donné à vivre d'aussi intense que cette maladie ?» p66

L'auteur met en lumière un cap difficile à franchir dans sa vie sentimentale, l'éloignement, les solitudes bilatérales. Ce voyage, il le fera à sa façon, avec la compréhension et la tolérance de son compagnon.
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Le récit alterne entre phrases lapidaires, qui claquent, et les phrases longues, complexes, qui ralentissent le rythme. le texte fonctionne comme le respiration : de brèves inspirations parfois, des longues apnées sinon. Autréaux pose calmement les choses, sans emphase ni glisser dans le pathos (cf. « j'étais seulement malade. »). C'est une sorte de témoignage à coeur ouvert, mais dans la retenue, dans la modestie. La maladie est ici une expérience, comparée à une expédition alpine, en parallèle de ses lectures de récits de voyage. Mais c'est également une réflexion sur le langage même ; la portée poétique des mots, leur utilité. La prose d'Autréaux est en ce sens extrêmement poétique et douce. Les mots ne sont pas une agression.
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Un récit dans lequel le médecin Patrick Autréaux nous raconte sa descente aux enfers durant son traitement contre le cancer. L'écriture est agréable et soignée. Il raconte le soutien que lui apporte son compagnon, Benjamin. Les émotions et les sentiments des deux sentiments sont bien décrites et touchantes. Néanmoins, je n'ai pas apprécié les longs passages durant lesquels l'auteur collectionne les amants pour se sentir vivre à nouveau. Si c'est humain de vivre à 200% après une telle épreuve, ce n'est pas correct d'étaler ses infidélités alors que son compagnon semble souffrir. Je vous laisse découvrir ce récit court et sans faux-semblant.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Malade, j’ai contemplé le brasier abstrait qui détruit et reconstruit tout. Sur la route du retour, je n’en finissais pas de traverser ce continu et secret tohu-bohu. Comment les autres faisaient-ils pour ne pas s’émouvoir de cette révolution de l’être en eux et autour d’eux ? Peut-être que ces gens étaient des anges et que ma découverte ne les concernait pas ? Peut-être que j’étais le seul être humain ?
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« Il faisait beau. Tout était en pluie »

Après l’annonce, les traitements, les douleurs, les incertitudes.... Il est en rémission et souhaite vivre encore plus fort, il se cherche, il cherche une nouvelle direction à sa vie, mais la trouvera-t-il ?

Ce texte peut paraître comme un témoignage sur la maladie, la récidive, les questionnements, mais il est autre chose que cela, comme pour le texte de Fritz Zorn, il existe pour exprimer un basculement, une consolation...
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Dès le début de mes études, j’ai considéré comme un symptôme à pallier le progressif dessèchement intérieur qu’induisait en moi la pensée médicale. Si j’avais été d’abord avide à maîtriser son savoir et sa méthode, je sentais qu’elle avait tendance à systématiser un type de raisonnement qui menaçait d’éteindre la part irréductible de ce mystère qu’on peut avoir envie d’interroger face au corps qui se détraque, face à la folie, face au destin de l’individu malade. J’avais même parfois l’impression qu’en m’en privant elle me désincarnait.
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« L’appel du voyage ne venait pas d’une banale envie de partir, mais d’un besoin d’exotisme radical. Oui, peut-être étais-je vraiment pressé de mourir ? Rien ne m’avait été donné à vivre d’aussi intense que cette maladie ?» p66
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je cherchais par le langage à désobstruer l'immensité aperçue par ce trou que les termes médicaux avaient bouché d'une masse grise et d'explications savantes
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Video de Patrick Autréaux (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Patrick Autréaux
Patrick Autréaux - Les irréguliers .Patrick Autréaux vous présente son ouvrage "Les irréguliers" aux éditions Gallimard. Rentrée littéraire 2015. http://www.mollat.com/livres/autreaux-patrick-les-irreguliers-9782070147618.html
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