Ce livre paru dans la collection "Autrement" s'attache à nous tracer le portrait d'un quartier emblématique et objet de tous les fantasmes de la ville de Marseille : le quartier Belsunce, dont le nom est issu de celui d'un évêque qui se distingua pendant l'épidémie de peste. Belsunce est situé en plein centre-ville, entre la Canebière et la gare Saint-Charles. Ses rues sont étroites, et ses logements, encore aujourd'hui bien souvent assez vêtustes, pour ne pas dire délabrés. L'auteur dépeint essentiellement la fonction de transit du quartier, qui accueillit ou plutôt logea les immigrés italiens, espagnols, algériens, marocains, juifs pied-noirs, africains... Marseille est un port, Belsunce est près du port, et ce quartier, est finalement assez symbolique de la ville comme l'objet de tous ses fantasmes. Je me rappelle que ma grand-mère, habitant elle-même au centre-ville mais pas dans ce quartier, avait une expression, quand, enfants, nous n'étions pas sages, qui tombait avec force menace : "si tu continues, je vais t'envoyer à Belsunce". de l'autre côté familial, mon grand-père italien y avait transité, mais était très fier de dire qu'il en était sorti assez rapidement, pour le quartier d'Arenc, ce quartier, affirmait-il, étant rempli d'immigrés et donc infréquentable, montrant de ce fait sa volonté farouche d'assimilation. C'est cela Belsunce, tout ce qui constitue Marseille et tout ce dont elle veut se débarrasser. Un territoire dont on a un peu honte mais qui nous constitue.
Aujourd'hui, comme pour la plupart des grandes villes, le centre ville de Marseille est l'objet de réhabilitation, les pauvres du coeur de la ville partent en banlieue, et ceux qui ont les moyens paient des loyers hors de prix. On élargit les rues en les éventrant. Belsunce, restant définitivement à part, demeure un quartier "mal fréquenté", assez sale, toujours vêtuste, comme si la ville voulait garder intacte cette tache indélébile qu'elle a sur la conscience de renier ce par quoi elle s'est construite.
Bien documenté, illustré de nombreuses photos émouvantes dont il faut garder intacte la mémoire, j'ai aimé me plonger dans ce cours d'histoire une peu austère qui m'a appris certains éléments qui manquaient à ma propre mémoire d'enfant de Marseille.
Lien :
http://parures-de-petitebijo..