Lu à sa sortie, donc il y a bien longtemps. J'en conserve un sentiment très mitigé et je ne lui accorde deux étoiles que pour l'écriture, sur le fond je lui en attribuerais encore moins.
Le sujet était pourtant intéressant et peu abordé. L'héroïne du livre est laide et cette laideur est le pivot central de l'intrigue. Pour une fois nous n'avons pas droit à une femme belle comme le jour. Rassurant car si l'on devait se fier à l'image de la femme telle qu'elle résulte de la littérature, on a un peu (beaucoup) l'impression que seules les femmes "belles" ont droit à une vie qui vaille la peine que l'on en écrive un roman. Que de stéréotypes face à des personnages masculins invariablement bien plus complexes et intéressants...
Et puis rares sont les femmes qui n'auront pas souffert, à l'un ou l'autre moment de leur vie, d'une remarque blessante à propos de leur physique. A cet égard le point de départ du livre est finement observé: l'héroïne réalise sa laideur à travers les propos de ceux qui, précisément, devraient l'aimer inconditionnellement. C'est tellement fréquent et bien sûr quel cataclysme lorsque cela se produit...
Mais à partir de là le livre emprunte un chemin franchement décevant et d'une ambiguïté fort malvenue car le traumatisme va entraîner la transformation de sa victime en un être humain infâme. Comme si la laideur de l'âme devait désormais s'aligner sur la laideur du corps.
On sort de cette lecture avec un sentiment de trahison car le parcours de l'héroïne conforte le stéréotype "sale gueule = sale garce". Bien sûr on n'a pas de peine à croire qu'un traumatisme puisse engager une personne dans une voie funeste mais pour une fois qu'un bouquin mettait en scène un personnage féminin atypique, on a presque envie de retourner ensuite aux bons vieux stéréotypes littéraires. Bref: dispensable...
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Le résumé dans la première page me laissait entrevoir quelque chose de beaucoup plus cruel.
Une petite fille que tout le monde dit laide qui veut se venger de toutes ces mesquineries, quoi de plus normal?
Sauf qu'on l'attend la vengeance, elle ne vient qu'à la fin et ce déferlement de cruauté vis-à-vis de la seule personne qui ait toujours été 'correcte' avec elle est un peu bizarre.
SPOILER----------------------
Oui, Vincent a couché avec sa mère avant de coucher avec sa soeur, mais Isabelle était bien plus jeune que lui et il l'a toujours vue comme une petite fille. Elle prend donc un malin plaisir à lui rejeter la mort de ses parents sur le dos, réussit à le faire partir, et finit comme une conne dans cette grande maison avec sa chère Alice qui ne dit plus un mot.
Pour être honnête, je m'attendais à une vague déferlante de cruauté, vague qui n'est jamais venue. le résumé en disait trop, puisque qu'il raconte l'histoire du début à la fin sans nous laisser de surprise.
Reste cette question à laquelle personne ne répond: dans quel but a-t-elle évincé tout le monde pour rester seule avec sa soeur devenue muette? Elle était malgré tout heureuse avec ses parents, avec Vincent, dans cette maison. Pourquoi avoir tout détruit? Comment cela peut-il lui apporter du réconfort et du bonheur, comme elle le dit à la dernière ligne?
C'est bizarre, la psychologie du personnage n'est pas très claire. Voilà.
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"Isabelle vivait insouciante jusqu'à ce qu'elle surprenne sa mère avouer que sa fille est laide. L'univers de l'adolescente est chamboulé et elle manque de se noyer mais un jeune homme la sauve de justesse. Accepté dans la famille, il va malgré tout au fur et à mesure créer des problèmes qui pourraient déchirer Isabelle."
Choisi au hasard dans une cabane à livres, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre car il n'avait pas de quatrième de couverture.
A dire vrai, il ne m'a pas laissé un souvenir marquant. Il se laisse lire, sans pour autant être très intéressant à mon goût.
Je voulais avoir une lecture surprise, et elle n'est ni bonne ni mauvaise.
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Entre le corps malade de son père et le corps sain de sa mère, entre le corps dégradé de l'un et le corps superbe de l'autre, il y avait une incompatibilité. Jusque là, elle avait cru que les liens qui l'unissaient à ses parents étaient immuables. Elle savait à présent qu'il n'est d'autre loi que celle de l'instant et de la solitude.
Tu vois, mon enfant, il m'a fallu attendre de vivre au bord de l'océan pour comprendre ce que vaut une heure. Elle n'est rien si l'on songe que l'heure suivante l'annulera. Elle peut être tout si l'on pense qu'aucune force humaine ne l'empêchera d'être ce qu'elle est.
une enfant laide,isabelle dont on s'occupe peu, consciente de sa laideur ....livrée a elle même, en vacance d'été
un père malade, une maman superbelle, mais qui a décide de passer la retraite et la convalescence de son mari , en dehors de la ville, dans une commune du bord de mer ...cette femme est très belle décidément , mais sa beauté n'est elle pas entache par cet homme malade , cette fille, laide? les a t elle recluse ds cette maison de st Laurent de la pré, afin de conserver sa beauté a elle, qu'elle ne soit pas entachée par la laideur de sa fille et la maladie de son époux? que d'autres pourraient voir? cette femme décidera t 'elle de mourir sur la falaise , car larguée par Vincent qui lui préfèrera son ainée, Alice, la plus belle de ses 2 filles et lasse de sa vie d'aidante etiolée d'une vie sans mondanité? quel est le rôle joué" par Vincent, cet intru, ce sauveur, l'amoureux de la fille laide, qui tentera de mourir, car elle découvrira que sa mère, qu'elle admire, la voit, la trouve laide .retirer le père de la ville et de son affaire, le laisser comme cloitré, est ce un bonne chose pour lui...
on trouve cette gamine horrible, mais la beauté, l'apparence, encore aujourd'hui n'est elle pas le passe partout du bonheur ?la mère elle même s'est comme cloitrée ds cette demeure, voulant arrêter le temps ,
, et en un dernier chant du signe se donné la mort , laissant alors sa fille laide dominer, oppresser son ainée, seules dans cette maison, sans attache, isolée. Isabelle emprisonne alors sa sœur, ou plutôt sa beauté, comme pour en faire sa poupée...et quel est le rôle de Vincent dans cela? pourquoi a t il suivi la voiture des parents , ce soir cde l'accident sur la falaise ?
la femme le mari , l'amant, la beauté, et la petite fille laide une maison et un héritage envié, jalousé, la méchanceté des villageois pour des gens pas d'ici ...ce n'est pas un récit, mais un fait divers empli de non dits que ce roman de Nicole avril , et d'où a, ma énième relecture, je tire cette critique .
Il y avait deux ans de cela, Étienne était parti avec Julien et son épouse pour un voyage officiel en Union soviétique. A Leningrad, la délégation française était allée visiter le cimetière où se trouvent inhumés par centaines de mille ceux qui moururent pendant le siège de la ville. Dans le mémorial à l'entrée du cimetière, les Soviétiques leur avaient montré, pieusement conservées dans des vitrines, les photos d'une population suppliciée. Des enfants morts de faim, des cadavres entassés dans les rues, des cahiers d'écoliers où des gamins de dix ou douze ans avaient consigné au jour le jour ce qu'ils avaient enduré, toute une liturgie de l'horreur. Afin que les visiteurs pussent mieux comprendre ce qu'avaient été leurs souffrances, les Soviétiques donnaient des chiffres et, pour cette compatibilité du néant, l'unité de mesure n'était plus le centimètre, le gramme ou la seconde, mais le cadavre humain. Tandis que l'un d'eux précisait que, pendant des mois, la ville n'avait plus été ravitaillée et que les gens mangeaient jusqu'aux rats, Marie, plantée devant une vitrine dans laquelle se reflétait son joli tailleur fuchsia, avait d'un geste machinal sorti de son grand sac Hermès son bâton de rouge à lèvres et, sans plus voir les enfants qui grimaçaient d'épouvante sur les photos, elle avait retouché le maquillage de sa bouche en profitant de son reflet dans la vitrine. Affolé par l'inconscience de sa femme, les yeux exorbités et le vermillon aux joues, Julien Sartouret avait donné à Marie un bon coup de coude dont l'effet avait été immédiat. Marie avait remisé immédiatement son rouge à lèvres dans son sac et avait pris le parti de tourner le dos à son reflet et aux enfants morts. Alors, tout était rentré dans l'ordre des voyages officiels.
D'un air attentif, elle se mordillait les mains. Car Isabelle n'était pas atteinte de cette manie somme toute assez commune qui consiste à se ronger les ongles - d'aucuns la nomment onychophagie, mais la chose n'en demeure pas moins banale - non, jamais elle n'aurait porté atteinte à l'intégrité de ses ongles dont du reste elle n'aimait ni la consistance ni le goût. En revanche, elle faisait ses délices de ces petits bouts de peau qu'elle écorchait d'abord à l'aide de ses ongles qu'il lui fallait par conséquent conserver en bon état pour satisfaire à cet usage et qu'elle grignotait ensuite avec gourmandise. Elle aimait la saveur de sa chair. Quand le bout de ses doigts avait été dépouillé des couches les plus superficielles, elle ne pouvait réprimer l'envie de mordre un peu plus fort, un peu plus profond, et le sang jaillissait au milieu du carnage. Elle connaissait parfaitement la topographie de ses mains. Elle pouvait déterminer avec une précision extrême quel doigt trop fraîchement cicatrisé saignerait à la première atteinte, quel autre au contraire presque intact résisterait à des assauts calculés. Il y avait des zones douces qui paraissaient n'avoir jamais été martyrisées et d'autres rugueuses et boursouflées qui devenaient douloureuses au moindre contact. La peau de tes doigts ressemble à celle des pommes de terre nouvelles, disait sa mère. Quand, en faisant la sauce de la salade, Isabelle devait presser un citron entre ses mains, le jus acide rongeait ses doigts jusqu'à l'os. Parfois, elle cherchait à évaluer combien de kilos de sa propre chair elle mangerait si elle vivait jusqu'à cent ans, car, de toute évidence, tant qu'il lui resterait un souffle de vie, elle trouverait en elle-même sa subsistance.