Mon île

Ce récit est très autobiographique, à la fois douloureux et nostalgique. Comme l'auteure, Kadmo, la narratrice, a été déchue de sa nationalité et contrainte à l'exil. En attendant l'heure du retour, Kadmo évoque à travers plusieurs récits son île natale, Mykonos, avant que celle-ci ne soit transformée par le tourisme. Elle en rassemble la mémoire, laissant resurgir le destin de très nombreux personnages, dans un récit labyrinthique et déroutant, mais aussi bouleversant.

Le livre de l'auteure grecque Melpo Axioti,  Mon île (en grec, son titre est Ma maison) est inclassable, comme le définit également sa traductrice Lucile Arnoux-Farnoux, dans une excellente préface. Il est totalement original lorsqu'il paraît en 1965 et le reste encore aujourd'hui par sa construction.

Plusieurs récits s'emboîtent dans le récit : d'abord, une chronique de Mykonos au début du XXe siècle (avant qu'elle ne devienne une ile des Cyclades prise d'assaut par les touristes), vue par les histoires de vie de certains de ses habitants. Ils racontent avec finesse leur quotidien  mais aussi, ceux de leurs ancêtres, y compris les plus lointains du XVIIe siècle lorsque l'île devait faire face aux attaques des corsaires. le lecteur rencontre des personnages attachants dont le restaurateur du musée archéologique devenu aveugle à force de recoller les tessons des vases antiques, des marins au long cours "à la géographie si différente de celle d'un homme sédentaire" (p. 94), la vieille Biatrizo qui raconte inlassablement le passé des habitants de l'île car "c'est pour cela que je continue à vivre, pour conserver l'autrefois !" (p. 44).
Dans cette chronique, s'insèrent des éléments autobiographiques de la vie de l'auteure, mais également des documents d'archives sur l'histoire de Mykonos du XVIIe au XIXe siècles. Passé et présent s'entremêlent très simplement avec comme fil conducteur les souvenirs des uns et des autres et l'idée sous-jacente qu'ils sont inextricablement liés pour comprendre l'île.

En italique s'insèrent enfin, entre les pages de la Chronique de Mykonos, des bribes de la vie de Kadmo, la narratrice qui ressemble à celle de l'auteure : après avoir été déchue de sa nationalité hellénique en raison de son engagement politique au parti communiste grec, elle a connu la douleur de l'exil après la seconde guerre mondiale d'abord vers la France puis vers l'Allemagne de l'est, avant de pouvoir enfin rentrer en Grèce en 1964.

Un véritable coup de coeur.

•VIENS JE T'EMMÈNE EN GRÈCE•
🦊 Les Cambourakis proposent un catalogue d'une richesse infinie, cette collection de livres de poche est irrésistible. J'avoue qu'il me suffit de croiser une couverture pour fondre. Aujourd'hui, nous partons en Grèce pour un dépaysement total, une sorte de bulle méditerranéenne avec une auteure à la plume délicate. La Grèce, je m'en rappelle comme si c'était hier, voyage scolaire avec ma classe de grec en 3ème. Madame Antoniazzi, cheveux longs et blonds, un style désuet, elle n'a pas d'âge, marchant sur l'eau de la Petite Venise à toute allure. le pas décidé, ma professeur de latin et grec aurait pu m'emmener n'importe où. Entre Apollon et Artemis qui y sont nés, Mykonos demeure intemporelle. La mer Égée et ses reflets d'un bleu azur restent gravés. Ces maisons typiques, de ce blanc immuable, font rêver, chaque pan de paysage est inaltérable•••
🦊 Exilée politique, Melpo Axioti et déchue de sa nationalité, fut traduite par Aragon pour « Vingtième siècle ». Elle va recréer les sensations, les odeurs, les ruelles ainsi que toute l'architecture de Mykonos, l'île de son enfance. À la fois poétique, à la limite de l'enchantement, chaque personnage décrit au cordeau, chaque allée en dédale, chaque escalier apparaît comme divin. Je m'y serais cru, allongé à même le sol, dévalant une pente raide pour me baigner dans cette eau où les rayons du soleil commencent à brûler ma peau. La description de cette population aux couleurs locales, ayant évolué, annonçait beaucoup de folklore. Une espèce de conte de détache, une fable par moments et le retour à une certaine réalité à d'autres, on ne décroche pas grâce à la qualité de l'écriture de Melpo Axioti. À vrai dire, vous aurez l'impression de lire une épopée, un poème à la limite du surréalisme. Les digressions ne sont jamais faites au hasard et amènent tant de profondeur et d'épaisseur à chaque personnage. A travers ce peuple déchu, on ressent une lutte qui ne cesse de grimper•••
🦊 Traduction Lucile Arnoux-Farnoux, Juin 2019•••
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Un roman qui aborde les mémoires de l'auteur pour son île après avoir dû s'exiler loin de son pays : la Grèce.
Un lyrisme précis et un amour de son pays qui illumine les pages de ce petit ouvrage.
L'amour des expatriés, on peut mesurer la douleur de l'auteur de vivre loin de sa patrie.