"
Cybione"
Que dire des premières pages de cette intégrale si ce n'est qu'il faut s'accrocher et surtout ne pas se bloquer sur une impression de totale incompréhension. Je crois lire un auteur de SF et je me trouve engluée dans un vocabulaire de plomberie assez cru et vulgaire qui finalement ne sera que la métaphore assez ludique d'un merdier gouvernemental à résoudre…
Et dès la quatrième page me voilà déjà prise dans la première grande aventure d'Elyia, le roue de secours de la roue de secours de la roue de secours des situations impossibles à résoudre.
Ce n'est pas le roman « Les cavernes d'acier » d'
Asimov et pourtant, tout de suite une similitude m'est apparue ; ce n'est clairement pas du
San-Antonio et pourtant l'auteur joue bel et bien avec les mots ; ce n'est pas non plus « Blade Runner » et pourtant plusieurs images du film me sont revenues en tête lors de ma lecture. Et même si parfois la situation globale semblait bien embrouillée, surtout pour ma petite tête, l'ensemble est un premier essai ma foi, pas mal réussi du tout.
Bravo Monsieur pour avoir en fait bien respecté la règle des trois S : du sang, il y en a bien ; du sexe, à améliorer peut-être et de la sueur, sueur qui a dû dégouliner de votre front lors de la seconde présentation du manuscrit sans l'avoir modifié d'un poil :-)
Sans attendre, je passe donc à la deuxième aventure de notre plombière galactique pas tout à fait humaine et qui a pourtant un caractère de cochon !
"Polytan"
La fougue juvénile semble avoir quitté l'auteur qui adopte une plume plus classique sans pour autant perdre sa vision futuriste qui reste ébouriffante. Ainsi tel restaurant qui semble sortir tout droit des dessins d'
Escher, tel ce plat imaginaire de pain trop levé qui me fait baver rien qu'en y repensant.
Le vocabulaire se lisse tout en restant innovant et l'histoire, mieux construite et plus lisible que dans
Cybione, n'est plus juste l'explosion d'un cerveau débordants d'idées mais bien une histoire construite et certainement relue ;-)
Pas de sexe ici et d'ailleurs, le personnage principal s'en plaint un peu à la fin ; du sang, pas vraiment non plus, juste quelques poursuites mortelles mais où l'hémoglobine n'a pas vraiment sa place ; de la sueur, là oui, pour gérer au mieux les implications politiques, stratégiques et sociales d'une utopie qui s'attaque à un gouvernement démocratique qui a le 'pouvoir des élus et pas des électeurs'...
Même si le style a un peu changé, l'écriture est fluide, l'histoire prenante et l'auteur, plein de nouvelles ressources.
Et je n'en ai pas encore fini avec
Ayerdhal, une intégrale ça se mérite !
« Keelsom, Jahnaïc » me voici :-)
« Keelsom, Jahnaïc »
Et le troisième tome est celui des explications… On comprend enfin ce que l'on soupçonnait, on met des mots corrects sur des concepts aux noms farfelus, on entre dans le vif du personnage principal qui lui aussi se cherche…
Toujours dans le cadre d'une situation socio-politique difficile qu'il puise dans notre histoire moderne et qu'il maîtrise de bout en bout, l'auteur nous entraîne dans une aventure qui finalement ne concerne que la survie future de notre plombière géniale. Plombière qui s'humanise, qui se découvre au fil de ses propres morts et qui défie son créateur à l'échelle de l'univers.
« Tu t'attendais à ça, Saryll ? »…
Et je ne me lasse pas de vous Monsieur
Ayerdhal, votre univers, même s'il est plus politique que mes lectures habituelles comble mon besoin d'aventures et de connaissances humaines.
Pour les 3 S, je crois finalement qu'ils ne sont pas vraiment indispensables pour faire d'une histoire un bon roman, il suffit d'un personnage surprenant et attachant et là, pour le coup, Elyia remplit bien son rôle.
Pas le temps ni l'envie de patienter avant de me plonger dans le dernier opus de cette intégrale à savoir « L'Oeil du Spad » :-)