AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Hachette (01/01/1923)
3/5   1 notes
Résumé :
Nous n’avons pas encore dans notre base la description de l’éditeur (quatrième de couverture)
Ajouter la description de l’éditeur

Vous pouvez également contribuer à la description collective rédigée par les membres de Babelio.
Contribuer à la description collective
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Histoire de FranceVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Permettez-moi aujourd'hui — avant que de rendre hommage à un quelconque livre — de rendre hommage à une profession : celle de bouquiniste.

Je me rappelle encore avec émotion la toute première fois où j'ai poussé la vieille porte crasseuse et pénétré dans un de ces temples sombres et poussiéreux, où s'entassaient des milliers d'ouvrages, certains frais, certains brillants, mais beaucoup d'autres jaunis à jamais, moisis ou marqués du sceau puissant de l'odeur de renfermé depuis bon nombre d'années.

L'air y était rare, autant que la lumière, et les murs, tapissés de plusieurs couches de livres, se rapprochaient chaque jour un peu plus et défiaient dangereusement les règles de l'équilibre. Les quelques clients s'y croisaient difficilement mais tous avaient l'air absorbé, tous avaient cette frénésie sourde du chercheur de trésor à la dernière étape de sa quête.

Il y en avait pour tous les goûts, et même un peu plus, dans cette caverne d'Ali Baba et — le plus incroyable de tout — c'est que quoi que vous demandiez à la tenancière, elle savait de mémoire retrouver l'éditeur et l'improbable endroit où vous aviez une chance de le dénicher dans tout ce fourbi et même s'il était nécessaire de commencer à creuser ou bien si l'huître contenant la perle rare que vous recherchiez avait déjà été ouverte.

Pour dire vrai, on n'y trouvait pas souvent ce que l'on était venu y chercher, mais on ne repartait jamais les mains vides, avec trois ou quatre livres au lieu d'un, des livres qu'on n'avait même pas imaginé et qui nous ravissaient plus que l'autre qu'on avait déjà oublié... jusqu'à la prochaine expédition.

Il me faut encore spécifier que tous les bouquinistes n'étaient pas vieux et poussiéreux à l'image de la camelote qu'ils proposaient — c'était un métier décent et qui attirait des vocations — mais il est vrai que d'année en année, je vois fermer ces échoppes les unes après les autres et bien peu se rouvrir, et dans celles qui survivent, ceux qui étaient d'âge moyen sont devenus âgés et commencent à faire leurs derniers comptes.

Robert Musil célèbre dans son tome 1 de L'Homme Sans Qualité cet extraordinaire pouvoir de connaissance sur les livres acquis empiriquement par les bibliothécaires, sans même avoir jamais lu un livre, simplement en observant les comportements des lecteurs. On peut probablement étendre cette remarque aux bouquinistes, voire même bien d'autres aptitudes.

Bien sûr, ils n'étaient pas tous serviables, qualifiés, honnêtes ni aimables, mais certains l'étaient réellement au-delà de toute mesure, un peuple rare d'où transpirait un indéniable et indéfectible amour des livres.

À toutes ces personnes, vivantes ou disparues, vous tous auxquels je dois des pans entiers de ma bibliothèque, vous qui luttez sans arme contre les glaives d'internet, à vous tous enfin, je voudrais vous témoigner mon profond respect et ma profonde reconnaissance pour tout ce que je vous dois. À vous tous, merci du fond du coeur.

Ce livre dont je souhaite vous entretenir aujourd'hui, comme beaucoup d'autres, c'est chez ces merveilleux commerçants des mille et une nuits que je l'ai découvert et ce fut, pour 5 F de l'époque, quelques heures de bonheur et d'oubli momentané de mon quotidien.

L'enseignement de l'histoire, plus que tout autre domaine disciplinaire, est le fruit de choix politiques. Je dirais même — et je pèse mes mots — de propagande politique.

Que ce qui va suivre ne vous arrache pas trop de sourires car, pour avoir compulsé bon nombre de ses successeurs des années 1980, 1990, 2000 et 2010, la propagande politique est toujours là, peut être un tantinet plus discrète, mais toujours là et bien là.

Donc, dans cet auguste Cours Élémentaire Et Moyen d'Histoire de France de Gauthier et Deschamps datant — à peu près au vu de la clarté des informations — de 1923, on peut lire que (je cite) : " La République a fait de la France une grande puissance coloniale, la seconde après l'Angleterre. Notre territoire colonial est 15 fois celui de la France ; il est peuplé de 60 millions d'habitants, auxquels la domination de la France est douce. "

On peut y lire tout un tas de jolis messages dans ce genre et de contre-vérités historiques voire, quand on ne s'embarrasse pas trop de la marque du vélo, de véritables mensonges historiques.

Les messages (subliminaux ou liminaux) concourent tous à forger dans la tête du petit Français qu'il n'existe rien de mieux que la République dans laquelle il vit (on ne va tout de même pas lui parler de Tocqueville, tout de même). La révolution de 1789 est montée aux nues sans aucune nuance avec les gros titres suivants : La nation est souveraine, L'égalité civile existe, la liberté de conscience existe [N. B. : comme on peut le constater en lisant l'ouvrage !], La liberté de la presse existe, La liberté du travail existe, La justice égale pour tous existe et L'instruction populaire est obligatoire.

Pour Napoléon Ier, on trouve en revanche les titres suivants : L'empire fut une époque de guerres, L'empire fut une époque de despotisme, La gloire de Napoléon nous a coûté cher et la citation suivante de Thiers : " Il ne faut jamais livrer la patrie à un homme, n'importe l'homme, n'importent les circonstances. " Vous avouerez que ça a le mérite d'être clair.

Ensuite, concernant le XIXème siècle, on lit : Les étrangers vainqueurs rétablissent la royauté [N. B. : Aaah ! ces sales étrangers !], Louis-Philippe, le roi citoyen, fut un roi bourgeois [N. B. : Ouuuh ! le gros bourgeois !], La République de 1848 a donné le suffrage universel [N. B. : Super ! (bon, on oublie de préciser qu'il s'agit, bien sûr, du suffrage universel des seuls hommes, mais ça c'est pas très important)], le règne de Napoléon III a été très désastreux pour la France [N. B. : Ouais, ça c'est bien vrai et Paris s'en souvient encore !], La IIIème République a sauvé l'honneur de la France par l'organisation de la résistance à outrance, etc., etc., etc. (Tiens, d'ailleurs, cette résistance à outrance annonce cette autre résistance à outrance qui n'a pas encore eu lieu en 1923 mais qui ne tardera pas à se faire jour...)

Je ne vous parle pas, car cela nous emmènerait probablement trop loin, du fantastique chapitre sur les Gaulois, dont il est précisé que le territoire allait jusqu'au Rhin, Ho ! Hé ! vous avez entendu ? Jusqu'au Rhin ! Au Rhin on vous dit, JUSQU'AU RHIN ! Non, mais ça n'a pas l'air comme ça, mais si on ne le répète pas, ces sales germains l'oublient périodiquement...

J'ai hésité à mettre une, deux, trois, quatre ou cinq étoiles à ce livre en fonction du niveau de recul que l'on prend dessus. Si c'est la qualité historique qui nous intéresse, il faut probablement aller à moins que un. Pour ma part, je le hisse largement au-dessus de cinq étoiles en raison de la véritable mine d'informations en creux qu'il nous apporte sur les rouages de la république, euh, de la fantastiquissime, mirobolantesque, mirifique, magnifique et paradisiaque (et autres rimes en ique et aque) république, voulais-je écrire, mais mes doigts ont fourché.

J'en terminerai en rappelant, pour la seconde fois, qu'il n'y a pas à rire de la manipulation de nos petites têtes d'élèves contenue dans ce livre car rien n'a changé de nos jours, seuls les chevaux de batailles sont quelque peu différents. Par exemple, quand j'étais à l'école dans les années 1980, le XIXème siècle politique n'existait pas, la France avait connu un trou entre Napoléon Ier et la IIIème République. À l'heure actuelle, ce n'est guère mieux, on ne parle que de révolution industrielle et encore en omettant soigneusement le rôle trouble des banques, les gentilles petites banques, et les gentilles petites spéculations qui avaient — comme maintenant — le soucis du citoyen et qui n'influaient en rien sur le cours de l'histoire... Peut-être une autre fois parlerais-je de la "volonté d'émancipation démocratique" des peuples qui a conduit à la chute du mur de Berlin, car c'est bien d'elle qu'il s'agit et non de la faillite économique de l'U.R.S.S. qui elle n'a probablement compté pour rien, du moins, c'est ce que j'ai lu dans un livre d'histoire récent (et donc fiable, bien entendu).

Mais, bien évidemment, ceci n'est que mon avis, hautement discutable, hautement critiquable, c'est-à-dire, pas grand-chose.

Commenter  J’apprécie          619

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
(Question : d'où viennent les clichés d'Astérix ? N. B. : ce livre d'histoire est tout à fait contemporain de la scolarité de René Goscinny.)
Les Gaulois vivaient presque comme des sauvages ; ils étaient batailleurs : ils passaient la plus grande partie de leur temps à se faire la guerre entre eux. Ils vivaient de la chasse et de la pêche. Ils se reposaient en faisant d'abondants repas. Toujours dehors, ils n'éprouvaient pas le besoin d'avoir de belles maisons. Un hutte de terre, au bord d'un rivière ou dans une clairière de la forêt, leur suffisait.
Commenter  J’apprécie          120

autres livres classés : propagandeVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Autres livres de Cours Gauthier et Deschamps (1) Voir plus

Lecteurs (1) Voir plus



Quiz Voir plus

Et s'il faut commencer par les coups de pied au cul

Dans un film de Jim Jarmush, un tout jeune couple d'adolescents se demande : Y a-t-il encore des anarchistes à -------- à part nous ? Peu de chances. Où çà exactement ?

Paterson
Livingston
Harrison
New York

10 questions
23 lecteurs ont répondu
Thèmes : anarchie , éducation , cinéma americain , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}