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Contrairement à certaines nouvelles que l'on trouve parfois trop courte, celle-ci se suffit à elle-même. le sujet principal en est l'art, notamment la peinture. Plusieurs conceptions sont représentées par l'auteur : j'en ai retenu trois : celle de Lafleur, peintre réaliste, qui maîtrise parfaitement l'aspect technique de son art, simple et généreux, il met une partie de son âme dans ses tableaux, ce qui explique peut-être leurs qualités « nutritives », au sens propre comme au sens figuré. Il s'interroge également sur les responsabilités de l'artiste envers ses contemporains et tente de rendre son art accessible au plus grand nombre. A côté de cela, il y a la vision de Poirier, ancien ami et maintenant ennemi intime de Lafleur, pour qui l'art a une portée plus symbolique, plus intellectuelle. Sa peinture n'est pas à la portée de tout le monde. Il est plus imbu de lui-même, plus sûr de sa valeur mais offre également une autre explication à ce que représente l'art. Enfin, la troisième conception de l'art serait celle d'Hermèce, le marchand d'art, hypocrite et roublard, il profite de sa position pour flouer les artistes. Pour lui, c'est un moyen d'acquérir de l'argent, de devenir riche. Le style est fluide, travaillé sans être extraordinaire, non dénué d'humour. J'ai parfois trouvé quelques longueurs mais heureusement, elles sont peu nombreuses et l'auteur reprend vite le cours de son récit ! Je me suis beaucoup amusée à la lecture de cette nouvelle et j'ai très envie d'en découvrir d'autres ! Lien : http://lecturesdalexielle.ov.. + Lire la suite |
Marcel Aymé : “Le passe-muraille”, suivi de “La carte” (1957 / France Culture). Photographie : La statue du “Passe-muraille” de Jean Marais, d'après l’œuvre de Marcel Aymé à Paris, Montmartre • Crédits : Jean-Didier Risler / Only France - AFP. Lecture du soir par le comédien Philippe Dumas : “Le passe-muraille” et “La carte” de Marcel Aymé, une émission diffusée pour la première fois sur France Culture le 19 août 1957. Dans le journal « La vie doloise » du 27 octobre 1967, Charles Laurent, un ami d'enfance de Marcel Aymé, racontait : « J'ai eu l'immense privilège de lire “Le passe-muraille” en cellule, à la prison de la Butte ! Peu de lecteurs de Marcel Aymé ont eu, si j'ose dire, cette chance. Ceux qui l'ont lu le soir, en pantoufles, chez eux, au coin du feu, se sentent moins concernés par les aventures de Dutilleul que le taulard qui en est à son quatre-vingt dixième jour à l'ombre. »
Le recueil de nouvelles auquel “Le passe-muraille” donna son titre fut publié en 1943. Tous les récits qui le composent, à l'exception d'un seul, ont été rédigés pendant la guerre, et portent, d'une façon plus ou moins discrète, sa marque. “La carte”, la troisième nouvelle du recueil, est écrite à la façon du journal d'un certain Jules Flegmon, qui nous raconte comment, après qu'il a entendu parler d'une prochaine mise à mort des consommateurs improductifs, est bientôt rassuré par un ami conseiller à la préfecture de la Seine : « Naturellement, lui dit ce dernier, il n'est pas question de mettre à mort les inutiles, on rognera simplement sur leur temps de vie. »
Lorsque l’on songe que cette nouvelle a été publiée pour la première fois en avril 1942, on mesure à quel point l’humour et la fantaisie côtoient souvent, chez Marcel Aymé, une noirceur profonde. Pour une « lecture du soir », Philippe Dumas lisait “Le passe-muraille” et “La carte” et en rendait brillamment l'humour, la mélancolie et la noirceur dans une émission diffusée pour la première fois le 19 août 1957 sur les ondes de France Culture.
Source : France Culture