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EAN : 9782253006152
175 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
3.75/5   143 notes
Résumé :
Le procureur Maillard rentre chez lui tout content d'avoir obtenu la tête d'un accusé. Sa femme, ses amis, Roberte sa maîtresse, épouse du procureur Bertolier, se réjouissent de son succès. Celui-ci d'ailleurs s'écrie : « Dites donc, Maillard, c'est votre troisième tête. Pensez-y bien, mon cher. Votre troisième tête. A trente- sept ans, c'est joli. »
Mais, coup de théâtre : le condamné à mort s'est échappé et surgit au milieu de la charmante réunion. De plus,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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En 1950, cette pièce causa un scandale retentissant.
La tête des autres, c'est avant tout un réquisitoire contre la peine de mort, à une époque où la chose n'était pas franchement d'actualité. Mais c'est aussi, et là Marcel Aymé s'en donne à coeur joie, une charge contre la justice, telle qu'elle est pratiquée, c'est à dire de petits arrangements avec la vérité, dont on n'a que faire, du moment que l'on tient un coupable ! Il est peut-être innocent ? La belle affaire ! Ce qui importe c'est d'avoir un gibier.

En outre, n'oublions pas que la guerre n'étant terminée que depuis 5 ans, il y avait encore bien des comptes à régler …. et avant que beaucoup de turpitudes ne soient gentiment enterrées, Marcel Aymé s'offre la joie d'épingler les misérables crapules de la rue Lauriston, exécuteurs des basses oeuvres des ordures de gestapistes français.
Passent également à la moulinette, outre les deux procureurs, aussi sinistres individus l'un que l'autre, leurs dignes épouses, la gourde et la garce !
Nous sommes, comme chez Feydeau, au théâtre de boulevard, mais ici, ce ne sont pas les portes qui claquent, plutôt les gifles et presque les coups de feu !
Il n'y va pas avec le dos de la cuiller Marcel Aymé dans son panorama des turpitudes humaines et il nous offre un spectacle débridé et plutôt épicé !
Finalement, le seul honnête homme dans cette farce, c'est le condamné à mort, évidemment innocent, qui s'écrie :
-Ah, Procureur, vous prenez facilement votre parti d'une injustice
-Que voulez-vous, c'est le métier, répond l'intéressé.

Et le spectateur, de quitter son fauteuil avec un rire grinçant !
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Il s'agit d'une pièce créée en 1952, et qui provoqua à l'époque un véritable scandale, qui assura peut-être en partie son succès. La pièce s'attaque en effet d'une façon très frontale à la peine de mort, ce qui à l'époque n'allait vraiment pas de soi.

Le procureur Maillard rentre dans son foyer en annonçant une bonne nouvelle : il a réussi à obtenir la condamnation à mort de l'accusé, ce qui n'allait pas forcément de soi, vu le manque de preuves. Il est chaudement félicité, mais ses ennuis commencent : le condamné, Valorin s'est échappé et il est dans sa maison. Très vite la situation se complexifie : Valorin reconnaît en Roberte, la femme du procureur Bertollier, et maîtresse de Maillard, celle avec qui il a passé la nuit où il était censé commettre le meurtre. Il tient son alibi, et comme il peut donner des détails très intimes sur Roberte, la chose ne fait pas de doute pour Maillard et risque de ne pas en faire aux yeux de la justice. Mais Bertollier et Roberte sont complètement opposés à ce que Roberte témoigne, par peur du scandale. Bertollier va donc trouver un autre coupable, aussi innocent que le premier. Roberte quand à elle, va engager des tueurs pour tenter de se débarrasser de Valorin. Ce dernier arrive à les maîtriser, et ils ont pu lui apprendre le nom du véritable assassin, qu'ils connaissent très bien. Valorin veut à tout prix que le faux coupable trouvé par Bertollier soit libéré et remplacé en prison par le véritable meurtrier Mais nos deux procureurs ne veulent pas en entendre parler : l'assassin est le protégé d'un puissant mafieux avec qui nos deux procureurs ont des accords lucratifs. Valorin les oblige à aller le voir avec lui pour essayer de lui faire lâcher son homme.

La pièce est très théâtrale, dans le sens où il se passe toujours quelque chose, l'action continue à avancer sur les chapeaux de roue, et il est difficile de prévoir où tout cela va nous mener. C'est tout de même un tant soit peu au détriment de la vraisemblance : le condamné qui s'échappe si opportunément et se retrouve dans la maison du procureur qui l'a condamné, où il retrouve le témoin clé dans la personne de la maîtresse du dit procureur, la façon dont il arrive à maîtriser les tueurs etc. En réalité l'essentiel est sans doute dans la thématique de la peine de mort, Marcel Aymé démontre son absurdité (puisqu'un innocent est condamné) et met en question le fait que certains puissent condamner à mort. Les deux procureurs sont d'anciens collaborateurs, corrompus, prêts à tout, y compris à envoyer à mort un innocent pour préserver leur réputation ou intérêts, ils n'ont aucune légitimité à juger les autres. La justice est plutôt vue comme un pouvoir aux mains d'une certaine classe qui en profites pour promouvoir ses valeurs et intérêts. C'est grinçant, mais relativement univoque. Les personnages sont là pour démontrer plus que pour exister vraiment. Une vision de l'humain très négative, même le vertueux Valorin est au final fasciné et prêt à beaucoup pour Roberte, dont il connaît pourtant l'absolue noirceur.

Ma première rencontre avec Marcel Aymé me laisse un sentiment plutôt mitigé.
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Le procureur Maillard a obtenu la tête de Valorin, jeune chanteur de Jazz, celui-ci est condamné à mort pour un crime qu'il n'a pas commis. le procureur est chaudement félicité par ses proches à la réception qu'il donne ensuite, mais Valorin fait irruption à cette réception avec en mains les preuves de son innocence. Et ses preuves sont compromettantes pour le procureur et sa Maîtresse. Cette pièce, très moderne, a fait scandale en 1952, elle a fait l'unanimité des magistrats contre elle. Mais c'est une réflexion intelligente et ironique sur les rapports de la justice avec les pouvoirs et un solide réquisitoire contre la peine de mort.
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Vous connaissez Marcel, quand il dézingue, c'est pas vraiment avec un pistolet à eau, c'est à la Kalash, ou carrément au bazooka ! Là où Molière, Beaumarchais, Courteline, Renard et Feydeau y allaient avec le dos de la cuiller, voire à la louche, Marcel c'est à coup de marmite qu'il tombe sur la bêtise crasse de ses frères humains : on l'a vu à l'oeuvre pendant et après la guerre, à présent (5 ans après) il s'en prend à la justice. Ou plutôt aux juges, qui se laissent facilement corrompre. La toile de fond de cette exécution est toute trouvée : la peine de mort. Il faudra attendre encore trente ans pour voir ce crime légal disparaître de nos juridictions, mais en 1950, c'était encore au goût du jour. Ouvrir un tel débat était donc hardi, et même téméraire, car les relents de la guerre étaient toujours aussi pestilentiels.
C'est une pièce qu'il est difficile de classer dans un genre particulier : disons que c'est un vaudeville qui se transforme en charge terrible contre la justice et les magistrats, tenant à la fois de la farce et de la tragédie, tout en restant une pièce à thèse.
Le procureur Maillard est content de lui : il a obtenu la tête de Valorin, un joueur de jazz. Bien que promis à la guillotine celui-ci s'évade et donne à Maillard la preuve de son innocence : au moment du crime, il couchait avec la maîtresse de Maillard, Berthe Bertolier, elle-même épouse d'u autre procureur, collègue et ami de Maiilard. Pour éviter le scandale, les deux magistrats se mettent en quête d'un autre coupable. Ce n'est qu'un début : entre la Bertolier (Berthe, alors) qui n'hésite pas à recruter des tueurs pour descendre Valorin, le nouveau coupable idéal, Gozzo, tout aussi innocent que le premier, puis un troisième coupable (le vrai cette fois) et nos magistrats qui rivalisent de bassesse (il est vrai que ce sont d'anciens collabos, mais ce ne saurait être une circonstance atténuante, vous en conviendrez, quoique…), bref ça tourne au carnage, à l'écharpage massif où toutes les valeurs sont détournées au profit des intérêts personnels des intervenants…
Le thème de la peine de mort est au centre du débat : mais lui aussi est détourné : la peine de mort n'est pas combattue parce qu'elle tue un homme, quel qu'il soit, mais parce qu'elle risque de tuer un innocent. Bon pour le droit, mauvais pour la morale. Mais la morale, dans cette pièce est clouée au pilori dans chaque scène.
Si l'on s'en tient au simple vaudeville : Berthe Bertolier essaye à plusieurs reprises de tuer Valorin, alors qu'ils s'aiment, Juliette Maillard qui en pince pour Valorin ne comprend pas qu'il aime cette femme vénale et perverse. Elle sort de la pièce complètement écoeurée.
Les magistrats font surenchères sur surenchères dans la bassesse, la lâcheté, ne négligeant aucun moyen pour sauver leur apparente et factice dignité. Rares sont les personnages à sauver dans cette histoire : les principaux protagonistes, d'une amoralité que je qualifierai… d'inqualifiable, sont à la fois abjects et cocasses (quasiment ubuesques) et les autres, incapables de se révolter contre les évènements, sont pitoyables, sans pour autant inspirer la pitié.
C'est donc une farce tragique que cette pièce, qui fit scandale à sa première représentation en 1952 : l'auteur fut vilipendé pour sa prise de position contre la peine de mort, et également pour sa charge féroce contre la justice et les magistrats. Toutefois la pièce fut applaudie et on salua le talent de l'auteur. Il est vrai que celui-ci, cynique et incisif à son habitude, s'est souvenu de ses anciens (de Molière et Racine jusqu'à Alfred Jarry) pour nous concocter une satire implacable des institutions judiciaires où la notion même de justice n'est plus qu'un chiffon dont on se sert pour justifier ses propres déviances et exactions, et pour sauvegarder ses intérêts particuliers.
Chauffe, Marcel, chauffe ! Ah, pour chauffer, il a bien chauffé, Marcel, mais nous on a bien Aymé !



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J'ai passé un bon moment avec cette lecture à l'humour satirique voire un peu cynique ! Tout est permis du moment qu'on tient un coupable ... Est ce le bon ? On s'en fout ... La populace sera contente que la justice soit rendue ! Quelle Justice ??? Vous l'aurez compris, il s'agit bel et bien d'une critique contre la peine de mort ! A la fois drôle et cocasse, on ne s'ennuie pas. Toutefois, c'est très caricaturale !
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Mr Marcel Aymé avait pu s'inspirer de quelques fait divers croustillants que la presse, pudique, s'était employée à ne pas trop monter en épingle.
L'affaire, par exemple, de ce chiffonnier milliardaire, ami de plusieurs conseillers, et qui, ancien agent de la Gestapo, traitait à sa table de hauts dignitaires de l’État.
Ou l'affaire de ce juge de province, enquêtant sur l'assassinat d'un percepteur, et qui, devenu fou, tout à coup proférait les plus graves accusations contre un notable du régime.
Ou l'affaire...Mr Marcel Aymé avait le choix. On lui rendra cette justice, c'est bien le moins, d'avoir traité jusqu'au bout son sujet, sans ménager ses tristes héros, avec une lucidité indignée qui est d'un homme courageux et d'un grand pamphlétaire.
Pour le reste il appartient au lecteur de "Paris-Théâtre de se faire une opinion. Signalons, pour conclure, que Mr Marcel Aymé n'est pas décoré de la légion d'honneur...
(extrait de "Mr Marcel Aymé et la comédie de tous les jours", article du n° 76 de "Paris-Théâtre" paru en septembre 1953)
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Maillard
- Vous pouvez ravaler vos homélies et les réserver à votre usage. Et, surtout, ne manquez pas d'y rajouter une rallonge sur le chapitre de la corruption.
Bertolier
- C'est vous qui osez parler de corruption ? Vous qui avez cyniquement abandonné l'accusation contre le plus gros profiteur du béton armé ! Vous avez touché un joli paquet, hein ?
Maillard
- Et dites moi, à combien peut se monter le salaire d'un procureur qui s'est fait le valet d'une clique politicienne ? Un magistrat qui n'a pas craint de ramasser dans la boue et dans le sang une cravate de commandeur et qui a choisi de vivre grassement sur le fumier des scandales qu'il s'offre à étouffer.
(extrait de la scène XII de l'acte premier)
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Pauvres femmes que nous sommes, nous avons bien sujet d'envier l'autre sexe. Vous, par exemple, pour vous disculper, vous pouvez faire état d'une soirée passée à l'hôtel avec une femme sans qu'il vienne à personne l'idée d'en sourire ou de s'indigner. Mais cette femme, on la montrera du doigt. On ira partout répétant qu'elle est une garce, une catin.
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C'est bien simple, je suis claqué. Vingt fois, j'ai cru que l'accusé sauvait sa tête. Je le sentais m'échapper, me filer entre les doigts. Chaque fois, j'ai réussi à donner le coup de barre qui le faisait rentrer dans l'ornière.
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Je vous le demande, est-ce qu'on peut tuer son prochain sans se renier, sans appeler la mort sur sa propre tête ? Aucune autorité humaine n'a le droit de disposer de la vie d'un homme, car chacune de nos vies est le départ et l'aboutissement de tout ce qui est au monde.
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Vidéo de Marcel Aymé
Il était une fois un petit café-restaurant, entre ville et campagne, refuge d'une poignée de drôles d'oiseaux que le monde moderne n'avait pas encore engloutis.
« On boit un coup, on mange un morceau, on écoute des histoires. Toutes activités qui s'accommodent mal du va-vite. Chacun offre son grain de temps au sablier commun, et ça donne qu'on n'est pas obligé de se hâter pour faire les choses ou pour les dire. »
Madoval, le patron, Mésange, sa fille, Comdinitch, Failagueule et les accoudés du zinc – braves de comptoir… « Pas des gueules de progrès », ces gens-là, mais de l'amitié, des rires, de l'humanité en partage et un certain talent pour cultiver la différence.
Jean-Pierre Ancèle signe un premier roman tendre et perlé comme une gorgée de muscadet, aux accents de Raymond Queneau ou de Marcel Aymé.
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