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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
A Cantagrel, un village de la campagne comtoise, on distingue les hommes des bois de ceux de la plaine. Les premiers vivent au hameau de Cessigney qui se situe au milieu de la forêt. Les hommes sont bucherons et se livrent au braconnage et à la contrebande. Les différends se règlent à la chevrotine. Les familles du hameau sont très croyantes. Leur foi mêle la doctrine catholique à des rites païens.
Quant au bourg, il s'étend au milieu des champs de blé. Les hommes de la plaine sont principalement des paysans cossus car la terre ici est riche. La politique a divisé le village deux groupes : les calotins attachés à l'Église et les Républicains, anticléricaux, qui gèrent la mairie.

Ces clivages vont être le moteur de deux intrigues qui tourneront autour d'un personnage : Urbain Coindet. C'est un paysan respecté pour sa vaillance, élu au conseil municipal sous l'étiquette républicaine. Un jour, en rentrant de la foire, il trouve son épouse Aurélie pendue à une corde. La défunte était très pieuse mais un suicide empêcherait une cérémonie religieuse. Sa famille cherche donc à convaincre les villageois qu'il s'agit plutôt d'un meurtre commis par son époux. Quelques semaines plus tard, le veuf envisage de se remarier avec Jeanne, une fille des bois. Mais son frère sorti depuis peu de prison le refuse. Il accuse Coindet de l'avoir dénoncé aux gendarmes et décide de se venger.

Le roman est remarquablement construit et écrit ; on ne peut que s'étonner de sa faible notoriété. La vie campagnarde est décrite avec une ironie mordante et un grand souci de réalisme. Il est question d'amour, d'amitié, de jalousie, de commérages et de vengeance. Tout débute avec une scène d'une grande force. L'histoire conserve ensuite une grande intensité et il faut attendre les dernières pages pour en connaitre le dénouement. « La Table-aux-crevés » est un véritable chef d'oeuvre que je vous recommande vivement.
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« La Table-aux-crevés » est le quatrième roman écrit par Marcel Aymé, mais il a déjà marqué de son style un genre qui, après lui, ne sera plus tout à fait le même. le drame paysan, la tragédie rustique, le crime à la campagne, chez Marcel Aymé, c'est carrément une « comédie humaine », à la fois profondément véridique et pathétique, et en même temps d'une rare corrosivité, d'un esprit satirique implacable qui met à jour aussi bien les beautés que les noirceurs de l'âme humaine.
L'histoire se passe juste après la guerre de 14, à Cantagrel, petit village du Jura. le personnage principal du roman s'appelle Urbain Coindet, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas de veine : il rentre du marché, qu'est-ce qu'il trouve ? Sa femme Aurélie pendue dans la cuisine. C'est déjà un choc. Choc doublé quand il se voit pointé du doigt comme assassin. Choc triplé quand son beau-frère, Frédéric Brégard, qui sort de prison pour contrebande, l'accuse de l'avoir dénoncé. Comme dans tous les villages, il y a de multiples dissensions entre les habitants : entre les cléricaux (les calotins) et les républicains (Urbain, élu au conseil municipal en fait partie), et surtout entre les gens de Cantagrel et ceux du village d'à-côté, Cessigney, entre ceux de la plaine, et ceux des bois (comme qui dirait les Longeverne et les Velrans, dans « La guerre des boutons »). Urbain doit ses débattre dans tout ça, d'autant plus qu'une fille de Cessigney, Jeanne Brégard, la soeur de Frédéric et d'Aurélie, s'est amourachée de lui, et le sachant veuf, veut profiter de l'occasion…
Depuis Balzac et Zola, jusqu'à Giono et Pagnol, on sait que la campagne n'a rien à envier à la ville en fait de moeurs inavouables, de crimes, de turpitudes et de situations plus ou moins sordides. le Jura ne fait pas exception à la règle : la galerie de portraits que dresse Marcel Aymé est tout sauf monotone : vous y trouverez des villageois chafouins et rusés, un curé qui cherche à rameuter ses ouailles, un garde-champêtre ivrogne, un beau-père et un beau-frère à la gâchette facile, comme le soupirant éconduit de la Jeanne, des commères à chaque coin de rue… C'est avec une ironie mordante et une grande jubilation que Marcel Aymé met tous ces gens dans un chaudron et qu'il remue joyeusement avec une grande louche.
L'exercice n'est pas facile : à naviguer ainsi entre roman de moeurs et roman satirique, il est facile de tomber dans l'excès dans un sens ou dans l'autre. Tout l'art de Marcel Aymé consiste à maintenir un équilibre entre l'étude de moeurs sans complaisance, la description au scalpel des petites faiblesses humaines, et une verve à la bonne humeur communicative, même quand l'histoire n'est pas drôle.
Marcel Aymé n'a pas de mal à trouver cet équilibre, parce qu'il est un peintre de la vie : fin observateur de ses contemporains, il sait retenir les grandes lignes et aussi souligner les détails : les personnages qu'il décrit sont criants de vérité. Et comme ils nous sont montrés dans toute leur humanité, bonne ou mauvaise, ils nous touchent, nous émeuvent, deviennent à nos yeux aimables ou haïssables, parce que finalement, ils nous ressemblent.
« La Table-aux-crevés » a fait l'objet d'une adaptation au cinéma en 1951 : le réalisateur Henri Verneuil et son co-scénariste André Tabet (qui signera les dialogues du « Corniaud » et de « La Grande vadrouille ») ont pris le parti de mettre ne place une distribution toute provençale (Fernandel, Andrex, Fernand Sardou, Henri Vilbert…) qui tire le film plutôt du côté de Pagnol, mais ça marche quand même.
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Urbain Coindet, en rentrant de la foire de Dôle, trouve sa femme Aurélie, pendue dans la cuisine.
Le même jour, Frédéric Gari est arrêté pour contrebande de tabac et jure de se venger de son délateur.
Urbain, veuf, fait bientôt la cour à la belle Jeanne, qui se trouve être la soeur du contrebandier arrêté.
De son côté l'ex beau-père d'Urbain accuse son gendre d'avoir tué Aurélie et Capucet, le représentant de la loi du village, ouvre une enquête...
Marcel Aymé situe son intrigue dans un lieu qu'il connaît et qu'il aime, son pays, sa campagne. Il prend plaisir à imaginer ces rivalités de village sur fond de soupçon et d'affrontements entre républicains et cléricaux.
Ce roman est un de ceux qui ont fait de lui un écrivain qui compte dans la littérature, il lui a d'ailleurs valu le prix Renaudot en 1929.
Une adaptation cinématographique formidable a été tiré de cette superbe histoire avec un Fernandel réellement inspiré dans le rôle d'Urbain Coindet.
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Lire La Table-aux-Crevés ne m'a apporté que du bonheur. J'ai beaucoup aimé la plupart des oeuvres de Marcel Aymé, mais j'ai une faiblesse particulière pour cet ouvrage. Même s'il a obtenu le prix Renaudot, j'imagine qu'il ne peut pas plaire à tout le monde. Pour l'apprécier, par-delà les considérations purement littéraires, il faut sans doute aimer les hommes qui sont de vrais hommes, avec leurs incertitudes, leurs sentiments non exprimés, leurs appréhensions, leur courage et leurs muscles, les femmes qui sont de vraies femmes avec leurs cas de conscience, leur détermination inébranlable, leur raison et leur irrésistible féminité. Et puis, pour goûter un livre comme celui-là, je pense qu'il faut connaître le monde rural, la solidarité, les haines de voisinage, les rivalités ancestrales, politiques, religieuses et les rapports de force, sans oublier le bistro et les campagnes qui changent perpétuellement selon l'heure et les saisons.
Quant à la qualité du français, elle est si parfaite qu'elle dépasse de très loin la force de l'image. Elle vous fait passer un moment riche dans le milieu rural et vous fait oublier que vous lisez. Chaque mot du récit de Marcel Aymé peut cacher un trait d'humour si lisse, si subtil qu'on l'effleure à peine. Mais cet humour apporte à l'ensemble du récit une saveur inimitable qui tourne si facilement le drame en comédie sans amoindrir le tragique de la situation et apporte détente et plaisir.
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