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EAN : 9782253933472
157 pages
Le Livre de Poche (15/05/2002)
3.81/5   48 notes
Résumé :
Dans tous les domaines où prévalaient autrefois l'intelligence, le bon sens, l'esprit critique et constructeur, c'est par quelque singularité facilement accessible à la sensibilité bourgeoise qu'un homme se fait maintenant apprécier.

Dans son milieu, on ne juge plus guère un individu sur ses capacités professionnelles, sur ses talents d'organisateur ou sur ses vertus familiales, mais sur des nuances de son tempérament, des aptitudes mineures et exquis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je me rends compte à quel point il m'est délectable d'entre une voix qui casse certaines unanimités, comme Beaudelair (remettez ses lettres dans l'ordre s'il vous chante). Parce que, oui, la poésie, bof quoi. Voire nulle, même. Même Beaudelair.
Ah ah ah.
Cette voix, celle de M. Delage avec qui converse Marcel Aymé, est celle d'un "bourgeois revendiquant un confort intellectuel". Tout ces mots a priori me répugnent. Et pourtant, la façon dont il argumente est tout à fait recevable et intéressante. J'aime beaucoup. Et j'adhère en partie. En tout cas, je le comprend. Et ça a tout son intérêt.
Tout comme je comprends, et comprendrai toujours les "révolutionnaires", ceux qui cherchent à casser (eux aussi) les normes et codes en cours, qui cherchent à se sentir et à sentir autre chose, plus vivant et vivable que les normes dans lesquelles ils baignent, corps et coeur souffrant. Oui, évidemment, je les comprendrai toujours.
Toutefois, "casser" n'a de sens qui si vous êtes et avez du construit. Quelque chose de substantiel et de valeur. Sans quoi, vous feriez mieux de vous taire, d'attendre, de travailler, de ne pas dévaloriser non plus la structure, l'échafaudage humain (certes souvent inhumain) qui est là, présent.
Aucune honte à être un artisan, bien mieux qu'un pseudo artiste falot, vide, ridicule et limite malsain et malséant pour nothing. Rien de constructif.
Ces débats sont des débats permanents depuis que l'humain est né. Et ça continuera.
En voici une version 1949, brève et plutôt bien faite, intelligente et amusante aussi.
Fuck Beaudelair, pour ma part.
Vive les petites-mains, sans qui on n'est rien du tout.
Merci aux artisans des mots, et aux artistes fous qui nous augmentent la vie, la réalité par leurs créations, inventions, recyclages, etc etc.
Et vive le silence, quand on n'a pas grand chose à dire.
C'est d'ailleurs ce que je vais vous "offrir" maintenant :
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Une suite d'entretiens philosophiques, un peu dans la tradition classique, sous la forme de dialogues (de sourds quelquefois...) entre l'auteur et un certain Monsieur Lepage, petit bourgeois borné et réactionnaire qui condamne avec la plus grande vigueur les dérives de la littérature et de la poésie moderne, toutes deux égarées dans les marécages du romantisme, du surréalisme, de l'existentialisme et de toutes sortes de perversions en isme. D'après lui, tout a commencé par les romantiques pour en arriver à sa bête noire, le grand pervertisseur, Charles Baudelaire et aller ensuite de mal en pis avec des auteurs comme Valéry, Gide ou les poètes hermétiques. Progressivement, le mal s'est étendu à la peinture avec Picasso et consorts puis à toutes les formes d'art avant de contaminer jusqu'à la substance même de la civilisation. Résultat : le bourgeois ne croit plus du tout en lui-même et en arrive à bêler à l'unisson de ses pires ennemis : les communistes.
Un essai politico-socio-philosophique assez particulier marqué au coin du bon sens et dans lequel Marcel Aymé se garde bien de prendre parti. Mais c'est un esprit fin, roublard, un peu anar et un tantinet retors. Il profite de ces dialogues faussement socratiques pour asséner quelques vérités bien envoyées tout en montrant le ridicule d'une théorisation tranchée et même poussée jusqu'à l'absurde. Ecrit en 1949, ce texte assez court (150 pages) n'a pas pris une ride. La sottise et le pédantisme tiennent toujours le haut du pavé aujourd'hui...
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Cet essai est un propos supposé entre l'auteur et Mr Lepage, un interlocuteur imaginaire quelque peu obtus et réactionnaire.
Ces réflexions sur les milieux intellectuels, bourgeois et artistiques permettent à Marcel Aymé d'égratigner, avec un sourire souvent moqueur et parfois cruel, la société de son époque et, de considérer avec ironie les nantis et les bien-pensant.
Cet ouvrage paru en 1949, n'a pas pris une ride et démontre, s'il le fallait, de la modernité de l'oeuvre de Marcel Aymé.
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Petit livre dont certains passages sont hilarants, et sont toujours très actuels dans cette description de la manière dont on acquiert dans les arts et la littérature la faveur d'un public bourgeois aisé avide de se montrer sous un angle ouvert et progressiste.
Certaines phrases pourraient en effet être utilisées telles quelles pour décrire des situations d'aujourd'hui.
L'auteur met en scène la rencontre fortuite d'un écrivain obligé de se mettre aux champs par des rapports de méfiance avec ses voisins dans l'atmosphère de la France des années après la libération, avec un homme bizarre qui professe des idées particulières sur ce que la littérature, depuis le romantisme, peut avoir de délétère. Et ces échanges sont l'occasion d'une description ironique de la pesanteur de ce qui ne s'appelait pas encore le "politiquement correct".
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Mon premier Marcel Ayme, je pioche dans la pléiade et voilà que son nom. Dans les rangées de ma librairie, 3 choix s'offrent à moi, je choisi le Confort intellectuel. Pour ma tête, le confort ne fut par certain au début, dictionnaire aux aguets, relecture de phrase, mais passé le cap, j'ai adoré.
Le sujet? le romantisme et son utilisation excessive des superlatifs en tout genre pour qualifier les choses les plus abstraites. L'utilisation de mots pour une poésie assoiffée de musicalité peu soucieuse du caractère étymologique. Jacques Audiberti serait ravit.
À dire vrai, je trouve ce dialogue entre deux hommes imaginaires encore juste de nos jours, où l'on s'extasie devant des choses insignifiantes. Quel est le véritable camp de l'auteur? Il tente de nous le cacher même si, par son histoire personnel, on se doute de son camp.
J'ai aimé et je lirais très vite un autre de ses ouvrages d'une richesse littéraire remarquable.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Page 117 :
Autrefois, l’art était tout bonnement une façon de faire. Il y a un peu plus de trois cents ans que le mot a commencé à se draper dans un brouillard majestueux et par la suite, il s’est tellement sublimé qu’il est devenu je ne sais quelle angoisse cosmique. quel infini indivisible dont le principe imprégnerait certaines créations de l’homme. Tout ça me paraît fleurer la mysticité et ressemble fort à une invention de cuistres laïques en mal de religion. L’Art majuscule, prétexte à com­bien de doctrines, théories, invocations, prédica­tions, et qui a ses rites et ses augures, je lui trouve un air de famille avec le Bon Dieu. Et quant à l’art sans majuscule, quant à ce participe divin dont les initiés éprouvent si vivement la présence dans un poème ou dans un tableau, ne vous semble-t-il pas qu’il est au chef-d’œuvre ce qu’est l’âme à la chair d’un chrétien? Je vous dis que ce ne sont pas là des façons claires de parler. Quand on parle de l’Art, tout le monde se comprend et personne ne sait au juste de quoi il s’agit. Voilà bien le pire danger. Se comprendre à demi-mot entre initiés tout en ne comprenant rien, c’est, je crois, le véritable mal du siècle — un mal qui n’est peut-être pas particulier à la bourgeoisie, mais dont elle est tout de même seule à crever.
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On devrait pouvoir dire à propos de la littérature ce que la déclaration des droits a dit de la liberté de l'individu. Quoi de plus simple et plus logique ?
"La liberté de la littérature finit où commence celle des autres activités humaines."
- Ce serait une définition bien vague, dis-je. Si la littérature devait s'insérer entre les autres activités humaines, j'ai idée qu'elle serait plutôt à l'étroit. Son rôle deviendrait bien effacé.
- Pourquoi donc ? Elle serait l'huile qui graisserait les rouages de la machine sociale. Elle aurait là un rôle plus estimable, du reste beaucoup plus difficile à tenir, que celui de la nébuleuse divinité qu'elle s'est assignée depuis cent cinquante ans. Il y faudrait au moins autant de talent et de génie et, à coup sûr un sens plus profond et plus complet de l'humain..
Je crois aussi que l'art n'aurait rien à y perdre. Mais je vous concède que ma définition n'est pas tout à fait au point. Disons plutôt : "la liberté de la littérature finit où commence celle des autres activités de l'esprit." Voilà qui n'est pas mal...
(extrait du chapitre VII)
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"Baudelaire est le plus nocif et le plus contagieux de nos poètes, celui dont l'art nous aura préparés à comprendre la poésie d'un docteur Petiot. Ne vous étonnez donc pas si j'exècre l'homme qui aura le plus contribué à ruiner notre confort intellectuel."
"Il réunit en lui, poussées à l'extrême, toutes les caractéristiques du romantisme: le flou, le mou, le ténébreux, le narcissisme, les infinis faciles. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir un petit fumet assez personnel de viande décomposée et de savonnette.
Romantique, il l'est au maximum, mais avec une certaine hypocrisie et c'est précisément de quoi je lui en veux. Son flou, son mou et ses ténèbres et toutes les conquêtes faciles de ses aînés, il nous les présente sous un uniforme classique, comme militairement ajusté et tellement sanglé et avec tant de sacerdotale gravité que le lecteur n'y voit que du feu et les critiques que profondeur."
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- [...] Le fait qu'une oeuvre d'art n'ait pas autant d'emprise sur ses contemporains qu'en peut avoir une ânerie ne prouve rien du tout. L'oeuvre d'art et d'abord quelque chose en soi.
- Point de vue d'écrivain. Le mien est celui du consommateur. Su rla recommandation de la critique, j'achète des livres pour les lire. Ce n'est pas que j'y prenne plaisir, puisque, comme je vous l'ai dit, je les trouve d'une qualité détestable, mais je crois devoir les lire afin de mieux connaître le cerveau et les nerfs de mon pays. Or, vous m'affirmez, vous écrivain, que cette littérature de choix a une importance conventionnelle et beaucoup moindre que celle des littératures à grosse consommation. S'il en est ainsi, je me demande pourquoi je continuerai à dépenser mon bel argent et à m'abreuver de sornettes qui n'ont même plus, depuis beau temps, le mérite de la nouveauté.
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Dans mon milieu, on ne juge plus guère un individu sur ses capacités professionnelles, sur ses talents d'organisateur ou sur ses vertus familiales, mais sur des nuances de son tempérament, des aptitudes mineures et exquises, des préférences artistiques. On le classera avantageusement parmi ses pairs s'il a en tête quelque marotte littéraire, si on lui connaît des goûts délicats, un peu maladifs ou mieux encore, dans la manière de vivre et de se comporter, quelque dépravation curieuse ou dégoûtante.
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Il était une fois un petit café-restaurant, entre ville et campagne, refuge d'une poignée de drôles d'oiseaux que le monde moderne n'avait pas encore engloutis.
« On boit un coup, on mange un morceau, on écoute des histoires. Toutes activités qui s'accommodent mal du va-vite. Chacun offre son grain de temps au sablier commun, et ça donne qu'on n'est pas obligé de se hâter pour faire les choses ou pour les dire. »
Madoval, le patron, Mésange, sa fille, Comdinitch, Failagueule et les accoudés du zinc – braves de comptoir… « Pas des gueules de progrès », ces gens-là, mais de l'amitié, des rires, de l'humanité en partage et un certain talent pour cultiver la différence.
Jean-Pierre Ancèle signe un premier roman tendre et perlé comme une gorgée de muscadet, aux accents de Raymond Queneau ou de Marcel Aymé.
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