Prosélyte du végétarisme, le digne M. Berthaud est surpris par sa fille Roberte alors qu'il déguste un steak en tapinois. Sur cette anecdote saugrenue,
Marcel Aymé bâtit un roman à l'intrigue bien grêle mais qui, à l'instar d'une belle pièce de boucherie, n'en chatouille pas moins les papilles de son lecteur.
Rouge, brillant, son roman évite la graisse superflue à l'extérieur (point de flafla ici) et est délicatement persillé d'humour : ce gras délicat, nacré, lumineux, fond à la lecture et donne au roman une saveur particulière exacerbant son esprit discrètement sarcastique. le romancier a attendri sa tranche de vie petite-bourgeoise d'un maillet bonhomme et la sert sans accompagnement inutile.
Marcel Aymé s'en est donné à coeur joie et son plat, simple et efficace, accompagné d'un appétissant déglaçage coquin est des plus roboratifs.
On se délecte de chaque bouchée : on se régale aux ridicules du docteur Dulâtre avec sa pharmacopée grotesque et au snobisme pitoyable de la starlette Lucy (prononcer Leucé) ; on se pourlèche aux platitudes conjugales de Mme Berthaud ou aux forfanteries lubriques du Général d'Amandine ; on se repaît des inconvenances machinales de la nymphomane Josette et des rustreries cambrousardes du calculateur Lardut ; enfin on se lèche les doigts avec le reste d'une distribution aux petits oignons...
Une histoire servie à point. Comment ne pas Aymé ?
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