Auparavant, les Juifs d'Algérie (se trouvant en Fran
ce et ailleurs) n'avaient aucune histoire... écrite.
Eux-mêmes ne disaient-ils pas que leur histoire «n'avait
rien de mémorable». Les archives familiales étaient dispersées
et les plus âgés n'ont pas été encouragés à raconter.
Certainement en raison «d'une trajectoire trop
mise au compte de paramètres qui leur échappaient
entièrement, de choix qu'ils n'auraient pas maîtrisés,
d'événements qu'ils n'auraient que subis».
Les auteurs ont voulu encore savoir, savoir
mieux... aller au-delà de la nostalgie convenue et
de la complaisance folkrorique se limitant aux rites
hauts en couleurs.
La présence juive est attestée déjà durant la période
antique. Bien avant la conquête romaine déjà, des
des inscriptions latines et hébraïques. Elle est aussi
attestée par le rôle majeur des Berbères judaisés dans
les résistances armées aux invasions dont le plus
marquant est celui de la reine de l'Aurès, dite la Kahena
(Dihya). Après le VIIIe siècle, Tahert (près de
Tiaret) et Tlemcen deviennent des foyers rabbiniques
influents. Une présence malgré tout marginale qui se
re-développe avec l'arrivée, en grand nombre,
d'«expulsés» et de réfugiés fuyant l'Espagne, en 1391
puis en 1492 : «Des structures plus démocratiques,
un rabbinat puissant, une liturgie importée», et «l'élement
immigré s'impose à l'élément autochtone, par son mode d'organisation, son patrimoine spirituel,
son importance numérique aussi». Avec l'arrivée des
Turcs, c'est la «sortie défnitive de l'ombre». L'entrée
en force des Juifs d'Algérie sur le devant de la scène
commence avec l'arrivée des Français (le 16 novembre
1830, Bacri était nommé, par arrêté, «chef de la
nation hébraïque en Algérie»)... avec des fortunes diverses,
allant du Décret Crémieux accordant la nationalité
française et une assimilation galopante accompagnée
d'une allégeance, souvent trop démonstrative,
à la France... à l'Indépendance du pays en 1962, en
passant par l'antisémitisme et le racisme pétainiste des
populations européennes, plus virulent en Algérie
qu'en France (avec l'annulation brutale et totale du
Décret Crémieux, la confiscation de biens, l'internement....).
Le reste est une toute autre histoire... avec
l'exode massif, surtout vers la France, car il y eut, toujours,
en Algérie (bien plus qu'au Maroc ou en Tunisie),
un relatif désintérêt pour la politique sioniste.
Un livre solide, écrit pour les Juifs d'Algérie.
Une sorte de «retour à soi» qui tente de
remettre les pendules à l'heure, «l'historiographie
coloniale française ayant eu tendance à faire
du juif un objet de curiosité et à le dissocier de
l'environnement arabo-berbère».
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L’Algérie est une contrée où les emprunts
culturels ne se font pas à moitié : si le monde berbère s’est
islamisé profondément, la société algérienne restera, au
plus profond d’elle-même, hostile à la France... C’est là
une situation unique au Maghreb»