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Muriel Sapati (Traducteur)
EAN : 9782264080165
312 pages
10-18 (18/08/2022)
3.28/5   95 notes
Résumé :
1979. La révolution islamique gronde à Téhéran. Une des plus vieilles monarchies au monde tombe pour le régime répressif de Khomeiny.

Contraints de fuir la capitale, Hushang, Roza et leurs trois enfants tentent de reconstruire leur vie dans le petit village reculé de Razan, au cœur de la région montagneuse du Mazandéran. Malgré la terreur, malgré les âmes des martyrs de la révolution qui rôdent en attendant l'heure de la vengeance, malgré la tempête d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
3,28

sur 95 notes
Iran.1988. La jeune narratrice de 13 ans raconte sa famille, les liens qui les unissent, leurs connexions avec la vie, la mort, le monde qui les entoure.

Ce livre se lit comme les réminiscences d'un songe, saisissant de réalisme, de surréalisme et de symbolisme. J'ai bien aimé cette alliance du merveilleux à la violence quotidienne, bien que j'aie parfois trouvé le dosage disproportionné, ce qui rend certains passages un peu longuets.
Au début c'est assez déroutant, d'autant que les personnages et les événements ne se révèlent pas de manière linéaire et chronologique. le temps y est élastique. La réalité aussi.

Je suis entrée dans un univers où djinns, tempêtes de neige noire, amours maudits, fantômes côtoient la triste réalité du régime de Khomeiny, avec d'un côté, les aspirations d'une famille bercée par la littérature et la poésie qui n'aspire qu'à continuer à pouvoir penser librement, autrement, et de l'autre, le régime répressif de Khomeiny. Entre ces deux pôles, mythes, légendes et croyances populaires tentent de se frayer un chemin précaire, comme un pont suspendu entre deux réalités. Pourra-t-il résister ?

C'est un regard décalé sur les conséquences de la révolution islamique sur la vie des gens, un regard où ce sont les rêves, l'imagination et l'héritage culturel qui interagissent. A mon avis, soit la magie opère, soit elle n'opère pas. En ce qui me concerne, elle a opéré. Un premier roman plutôt réussi et surprenant.

« La vie est trop imparfaite, voilà qui nous pousse à nous réfugier dans les rêves. […] Je pense que l'imagination est au coeur de la réalité, en tout cas, elle est essentielle pour comprendre le sens et la vérité les plus immédiates de la vie. »
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Encore une histoire tragique – une histoire récente, celle de l'Iran – liée à la folie meurtrière qui peut habiter les hommes au nom de la religion. Un peuple brutalement forcé à renoncer à sa culture ancienne, à sa joie de vivre, ses femmes murées sous le voile, ses enfants abrutis par une idéologie meurtrière, c'est ce qu'ont tenté de fuir Hushang, sa femme Roza et leur trois enfants en se réfugiant à Razan, village montagnard au coeur de la forêt. Loin de Téhéran, où la narratrice, une de leurs fille, est morte, même si elle continue à hanter le monde des vivants, brulée vive par les révolutionnaires, où leur fils emprisonné ne va pas tarder à être exécuté…Mais là aussi il est difficile d'échapper à la terreur du nouveau régime, les mollahs ne sont pas loin. Lors d'une crise mystique, anéantie par la mort de son fils, Roza va se réfugier en haut d'un prunier sauvage et bientôt disparaître, partir pour se perdre, pour fuir toute cette horreur…Obéir au peuple des forets, sa dernière liberté.

Beeta, la dernière fille vivante est restée seule avec son père dévasté de chagrin. Amoureuse d'Issa, orphelin car sa mère avait rompu un pacte passé avec les djinns, et qui connait le langage des libellules, elle partage avec lui un amour ardent avant qu'il l'abandonne brutalement. Après de longues années de désespoir, elle prend la forme d'une magnifique sirène, met au monde des centaines de poissons, part vivre au fond de l'océan mais sa nostalgie de la terre et des siens la perdra…
Le roman de Shokoofeh Azar mêle croyances anciennes, magie, sagesse pour lutter contre l'horreur de la violence destructrice du régime de Khomeiny qu'elle fait mourir dans un palais de glaces, très symbolique, son portrait de dictateur ayant été diffusé à l'infini pour écraser toute tentative de résistance. Elle dénonce l'assassinat des intellectuels et des opposants, la soumission des jeunes à la loi islamique, la destruction de la culture ancienne, la volonté d'imposer l'islam comme religion universelle, les autodafés, les exécutions sommaires, en replongeant aux sources de la culture populaire. L'histoire tragique de cette famille laisse une pointe d'espoir : au-delà des horreurs dont est capable l'être humain, il y a la voix de la Nature qui, si on prend le temps de l'écouter, nous ramène à la réalité et à la poésie dont l'imagination de l'homme l'a habillée. Un très beau roman.
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J'ai tout d'abord remarqué cette très belle couverture chatoyante et le titre de ce livre ont fait le reste, je dois avouer que je suis de plus en plus curieuse d'explorer la littérature étrangères car je lis tout de même beaucoup de littérature française.

J'ai tout d'abord aimé la plume de l'auteur mêlant histoire et fantastique avec les djinns mais j'ai rapidement déchanté, pourtant j'ai lu certains récits récemment avec ce type de procédé comme Notre part de nuit de Marina Enriquez que j'avais beaucoup aimé.

Ici j'ai malheureusement plus retrouvé Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez qui a été un calvaire de lecture pour moi, si la situation géographique et l'histoire diffère le réalisme magique est présent dans les deux romans.

Et pourtant j'étais vraiment intéressée à en connaitre plus sur cette période historique en Iran mais malheureusement je pense que ce type de récit n'est pas du tout fait pour moi dans sa forme, je pense que j'irai plus du coup vers des récits historique sans réalisme magique.

Et pourtant au début du récit je voulais vraiment suivre le récit de fuite de cette famille mais pour moi cela et vraiment trop parasité par d'autres éléments dans ce récit.

Je ne regrette cependant pas d'avoir tenté la lecture de celui-ci en emprunt bibliothèque.
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Je suis destabilisée à la fin de cette lecture que j'ai eu des difficultés à terminer.

L'histoire semblait pourtant avoir beaucoup d'atouts : la découverte de la société iranienne et de sa culture, ainsi que la critique du régime en place et de ses massacres. Quelques touches de réalisme magique ? de djinns et autres esprits ? Oui pourquoi pas. Cependant, ici le fantastique a pris de trop grandes proportions, ce qui m'a souvent perdue dans l'histoire.

De plus, l'auteure m'a également égarée dans sa ligne narrative et son espace temps, semblant apparemment faire régulièrement des sauts dans le passé sans que j'arrive à remettre les évènements dans le bon ordre.

J'avais beaucoup d'attentes pour ce roman, et la déconvenue n'en est donc que plus grande. Je ne doute pas qu'il y ait des messages cachés derrière tout cela, mais je n'ai malheureusement pas réussi à les comprendre.

Il y a tout de même des passages intéressants, notamment le moment de l'autodafé que j'ai trouvé particulièrement réussi, décrit avec brio, nous montrant toute l'absurdité de la chose.

Entre sirène, fantômes et autres étrangetés, je garderai plutôt en mémoire la tristesse de cette famille, les victimes faites par ce régime autoritaire, le contrôle étouffant de la population et de leur mode de vie.

J'aimerais beaucoup avoir l'avis des autres lecteurs afin d'avoir une meilleure compréhension de cette lecture.
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Le 18 août 1988, à 2h35 précises, Roza la mère de la narratrice (qui est âgée de treize ans) est montée sur la la plus haute branche de leur prunier d'Italie dans leur verger de Razan, (la famille ayant fui Téhéran en 1979) et y est restée trois jours durant. Au même moment, son fils Sohrab fut pendu – sans forme de procès – par les gardiens de la révolution. Et lorsqu'elle en redescendit, ses cheveux étaient devenus tout gris …

Le lecteur ira de surprise en surprise en avançant dans le récit, mi-poétique et mi- fantasmagorique de l'adolescente qui – bien qu'elle ait continué à côtoyer ses parents, sa soeur Beeta et son frère Sohrab – est en réalité morte le 9 février 1979 à Téhéran …

L'auteure nous conte l'histoire tragique de son pays – l'Iran – d'une façon à la fois symbolique et crue. Un beau roman sur le destin tragique d'un pays autrefois libre et moderne et de ses habitants profondément martyrisés depuis près de cinquante ans …
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critiques presse (1)
LeSoir
30 décembre 2022
Pour restituer toute la violence de la révolution iranienne, la romancière Shokoofeh Azar fait parler une fillette morte. Un livre singulier où résonne la rage des femmes de Téhéran et du Moyen-Orient.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Très tôt, avant l’aube, j’allais m’assoir à côté des fleurs en bouton pour assister à la naissance d’une goutte de rosée. Le reflet des premiers rayons du soleil apparaissait en même temps que la perle d’eau, puis elle s’évaporait et j’attendais le délicat soupir de la fleur, infime et éphémère, entre l’agitation des humains et celle de la nature. Du bout des doigts, je touchais les pétales qui venaient de s’ouvrir ; je les humais et me laissais envelopper de leur parfum.
J’appris peu à peu à fermer les yeux et à concentrer tous mes sens dans celui de l’ouïe pour mieux entendre le soupir des fleurs. J’appris alors à faire la différence entre le soupir du bouton de rose et celui de la fleur de figuier. Celui de la rose ressemble au doux baiser qu’un amant timide pose sur les lèvres de sa bien-aimée, humide et plein d’intensité ; l’éclosion de la fleur de figuier ressemble plutôt au baiser qu’envoie la bien-aimée à son amant, un baiser aérien soufflé dans le vide par des pétales en tulle.

(Chapitre 14)
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Au lieu de tenir compte des objets, des jours et des heures, si les gens frottaient simplement leurs paumes l’une contre l’autre rien qu’une fois pour saisir la plénitude du contact de la peau contre la peau, ils accèderaient à une meilleure compréhension du monde. Si les humains essayaient au moins une fois d’observer et de comprendre l’éclosion d’une fleur ou la naissance d’un agneau en faisant pleinement usage de leurs yeux, de leur ouïe et de leur odorat, ils en viendraient peut-être à la conclusion que de toutes les nuits et de tous les jours de leur vie, cette minute de contemplation est la seule qui compte vraiment.
(Chapitre 14)
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Khosro et lui avaient passé des jours à ranger les cinq mille sept cent trente-deux livres par ordre alphabétique et par thème. […]
Comme s’il était possible de prendre un livre, de noter simplement les chiffres et les lettres d’une cote sur la couverture et de le remiser sur une étagère. S’ils en prenaient un, Dieu seul savait quand ils le reposeraient. Ils parcouraient chaque ouvrage, se laissaient happer par certains passages et emporter dans les profondeurs abyssales de la lecture.

(Chapitre 15)
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Razan sentit venir le danger dès 1979 quand les membres de l’Armée du savoir qui venaient au village depuis des années et que l’on considérait quasiment comme des locaux – l’un de ces professeurs ayant même épousé une fille d’ici – partirent en ville toucher leur salaire annuel pour ne jamais revenir. Personne ne savait au juste quelle était la nature du danger, mais le départ définitif de cinq enseignants ne présageait rien de bon.
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Maman nous expliqua qu’elle ne voulait pas assister à des scènes de châtiments collectifs.
- Si nos yeux s’habituent à voir de la violence dans les rues et sur les places publiques, ils s’y accoutumeront de plus en plus facilement. Petit à petit, nous deviendrons nos propres ennemis, ceux-là mêmes qui propagent la violence, nous répétait-elle.

(Chapitre 3)
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Videos de Shokoofeh Azar (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Shokoofeh Azar
"Quand s'illumine le prunier sauvage", le joyau de la rentrée littéraire 2021 des éditions Charleston, est disponible en librairie et en ebook !
Son autrice Shokoofeh Azar a accepté de répondre à nos questions.
Après avoir fui l'Iran et la censure, elle a trouvé refuge en Australie où, profitant de sa liberté nouvelle, elle a décidé d'écrire un roman qui serait à la fois un voyage onirique dans la culture et le folklore iraniens et une dénonciation du régime islamique.
Écrit d'abord en farsi, le roman a été traduit en anglais par un traducteur ayant préféré rester anonyme de peur de répercussions. Dès sa publication, "Quand s'illumine le prunier sauvage" a été salué par la critique et repéré par plusieurs des plus grands prix littéraires.
Vidéo tournée dans la bibliothèque de Geelong à Melbourne, en Australie.
L'histoire
1979. La révolution islamique gronde à Téhéran. Une des plus vieilles monarchies au monde tombe pour le régime répressif de Khomeiny. Hushang, Roza et leurs trois enfants tentent de reconstruire leur vie dans le petit village reculé de Razan, au coeur de la région montagneuse du Mazandéran.
Mais personne n'échappe longtemps à la violence, et le chaos s'étend rapidement à l'ensemble du pays, n'épargnant ni les jeunes, ni les vieux, ni les vivants, ni les morts.
Djinns, démons, sirènes et fantômes côtoient dictateurs et bourreaux dans ce texte empreint de réalisme magique à la manière d'un poème perse. Un voyage merveilleux et terrifiant dans l'histoire et le folklore iraniens.
Pour vous procurer le livre : - Notre site : https://www.editionsleduc.com/produit/2581/9782368127544 - Fnac : https://livre.fnac.com/a15960754 - Amazon : https://www.amazon.fr/dp/2368126597
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