J'ai rarement autant baillé pendant la lecture d'un roman. Tout y est caricatural. C'est un condensé d'idées préconçues et de facilité.
Vingt-cinq années d'histoire vues à travers les manifestations où ils se retrouvent avec l'idéalisme de la jeunesse. Mais socialement, tout les sépare : La riche famille de Anne, et la très moyenne classe de Virginie. Et pour bien nous le faire comprendre, la mère de famille Virginie continue à voter à gauche, tandis que la riche Anne se décide enfin à voter à droite, comme papa-maman. L'ordre naturel des choses, selon Anne Azoulai. Sauf que. Sauf qu'il s'agit d'une famille juive, et l'on sait bien que sociologiquement ils ont peu d'amitié pour la droite, pour des raisons historiquement évidentes. Et pourtant Anne Azoulai trouve évident, fondé, et démontré que les juifs riches votent à droite. On pourrait ainsi multiplier les exemples, ayant tous pour point commun le manque de profondeur des personnages, l'absence de finesse psychologique.
De plus il n'y a même pas une qualité d'écriture qui pourrait faire oublier à quel point c'est ennuyeux.
Le sujet est pourtant original et rarement traité, mais là c'est totalement indigeste. Je l'ai fini quand même parce que je n'aime pas ne pas finir un livre et que j'espérais en vain que ça puisse s'arranger.
je le déconseille ...
« Les propos d'Anne me ramenaient en arrière, son exemplarité, son ascendant, cette manière qu'elle avait de toujours me regarder en grande soeur, cet air impérieux. Or, dans mon jardin, devant mes enfants, mon mari, mes beaux-frères et belles soeurs, devant mes collègues, ceux d'Alain, son regard ne m'a pas traversée ; il s'est bloqué quelque part à la surface de ma peau, comme un couteau qui se plante mal, une lame qui se tord et rate sa cible. Quelque chose en moi s'est durci sous ses mots. »
« Il n'y a plus guère que sa couche qui soit ma maison, je pense à Phèdre en écoutant Nicole Croisille. Je ne sens pas la honte, la honte qui me cuisait quand Anne me faisait écouter ses disques de variété. C'est une chanson sentimentale avec des violons, des trémolos, des paroles de supermarché, une femme amoureuse qui hurle pour qu'il lui téléphone, que son coeur lâche, qu'elle veut juste entendre sa voix. »
« Nous sommes bras dessus bras dessous, nos trois bouches hurlantes. »
Je pense encore à ce trajet qui les ramène vers Paris, à ces mois, ces années qui nous séparent de notre prochain dîner, à nos vies qui auront le temps de creuser leurs différences.
Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...