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EAN : 978B0BQ6ZQZ41
Avallon & Combe (10/02/2023)
4.75/5   10 notes
Résumé :
1980. 20 ans après sa supposée mort, Albert Camus se réveille dans un hôpital, à Moscou. Grâce à l’aide de ses plus chers amis et compagnons de toujours, René Char et Louis Guilloux, l’écrivain rentre en France et reprend son combat, cette fois-ci sous un nom d’emprunt.
Et si Albert Camus n’était pas réellement mort ? Quel serait son regard sur le monde ? Quelles seraient ses pensées ? Retrouverait-il Maria Casarès ? Renouerait-il avec son Algérie ?
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Encore un écrit sur Camus, direz-vous… Stop, je vous arrête, car Camus, L'espoir du monde n'a pas son pareil, ce livre est magistral et vous surprendra par son originalité. Audacieux, culotté, certains le penseront peut-être ou refuseront même d'accréditer ce dit. Ils se trompent gravement. Certes, il est ambitieux et osé d'entrer dans la peau et la pensée de Camus, de lui redonner vie vingt ans après sa mort et le faire parler à la première personne, mais Mona Azzam peut se le permettre car elle connaît Camus presque mieux que lui-même et est habitée par ses mots depuis sa tendre enfance. Plus que de l'audace, c'est une idée géniale et lumineuse, suscitée peut-être par le rêve de René Char ”Dans mon rêve, Albert n'était pas mort, il était en prison. Nous le savions tous. Il s'en évaderait sûrement, mais une action avait-elle été envisagée pour le tirer de son cachot ?”
Ainsi la plume de Mona Azzam va libérer un Camus plus vrai que nature, un Albert Camus qui se réveille d'un coma, dans un hôpital de Moscou, vingt ans après son accident. Sa plume va le rendre plus vivant que jamais pendant cinq années et quelques trois cents pages de récit. Véritable prouesse de l'écriture et des mots qui nous font retrouver et entendre Camus.

Avec Louis Guilloux puis René Char, ses amis, nous le suivons de Saint Brieuc à l'Isle-sur-la-Sorgue, passant par Paris, Lourmarin et même la Charente, jusqu'à Alger, Oran et Tipasa, ”dernier point de chute” où ” la boucle sera bouclée”. Nous pérégrinons avec Camus vivant mais condamné à l'anonymat et à la solitude. Seuls les mots et l'écriture l'en libèrent et nous écoutons son récit et ses réflexions au fil des jours et des événements, lisons même ses articles où il réagit à l'actualité sous le pseudo d'Alexandre, prénom qui n'est pas sans évoquer celui de résistant de René Char. Nous nous penchons avec émotion sur les lettres qu'il écrit à Maria et qu'il n'enverra pas. Lui parviendront-elles malgré tout un jour ?

Vraiment quelle imagination et quelle justesse dans ce roman ! Quel labeur sûrement pour y parvenir ! La réussite est totale tant sur le fond que sur la forme. Félicitations à Mona Azzam, merci à sa plume camusienne pour cette résurrection salutaire qui permet de ré-entendre la voix de Camus tout au long du récit. Cette ”voix de l'humain et de la paix”, dont il faut nous imprégner pour, à notre tour, lui donner vie chaque fois que des événements surgissent et interpellent. Elle est un cri, une révolte contre l'injustice, un regard d'amour. Elle est un art de vivre. ”Vivre, ce n'est pas se résigner”, tel fut le combat d'Albert Camus jusqu'à cet ultime écrit L'espoir du monde. Tel est également celui de Mona Azzam. ”Il existe encore un espoir. Aussi longtemps qu'il y aura des hommes épris de liberté”.

Camus, L'espoir du monde ravira et intéressera tous ceux qui aiment la Littérature, mais aussi L Histoire contemporaine et la Politique, la fiction bien sûr et par-dessus tout, ceux qui aiment Camus, et convaincra sans doute ses détracteurs. Il est aussi un ouvrage de référence à mettre dans les mains de ceux qui ne connaissent pas Camus, il leur fera aimer et leur donnera envie de se plonger dans son oeuvre à commencer par Noces.
Pour finir, c'est un roman qui fera date, dont on va beaucoup parler et que des lauriers viendront sûrement couronner.
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Et si Camus n'était pas mort lors de son accident de voiture en janvier 1960 ? S'il avait survécu après un long sommeil et découvert le monde des années quatre-vingt… qu'aurait été sa vision ? Prenant pour base l'hypothèse de l'universitaire Giovanni Catelli – souvent rejetée mais toujours soutenue par Paul Aster – développée dans « La mort de Camus », Mona Azzam offre un roman incroyable, mêlant inspirations camusiennes et réflexions sur les pérégrinations de nos sociétés actuelles. Dans un élan gonflé de poésie et d'humanité.

4 janvier 1980. Hôpital Bourdenko de Moscou. le patient de la 1960 semble soulever ses paupières lorsque Natacha, l'infirmière, lui prodigue les soins d'hygiène. Il se réveille après vingt ans de coma. Premier miracle. Deuxième miracle, elle l'a reconnu : c'est Albert Camus, arrivé dans des conditions mystérieuses à Moscou. Ayant appris la langue de Molière, ils vont se parler, se confier, et Natacha va discrètement l'aider à rejoindre le territoire français.

4 février 1980. Saint-Brieuc. Albert Camus commence sa résurrection chez son ami Louis Guilloux en attendant de retrouver d'ici peu l'autre grand confident : René Char. Personne d'autre ne devra savoir que Camus est de retour. Même pas Catherine. Même pas Maria. Cela n'empêchera pas Camus de continuer à écrire pour dénoncer les injustices du monde et saluer les belles actions. Albert va devenir Alexandre pour un chant d'espoir du monde.

Après une brève mais subtile évocation à Pasternak, la soudaine renaissance d'Albert Camus entraîne chacun de nous vers ce pourquoi il a toujours écrit : ne pas rester silencieux aux bruits du monde et sauvegarder l'homme de la peste de l'inhumanité. Exemples : l'importance des langues et des cultures algériennes « priver un peuple de sa langue, c'est l'amputer de son âme » ; le coup d'État en Espagne et lorsqu'un évènement se produit à l'étranger « Cela nous concerne tous » ; l'abolition de la peine de mort par Robert Badinter « Pour une fois, les mots ne sont pas des mensonges » la justice ne sera pas de demander la tête d'un homme ; la guerre en Irak « C'est à croire que l'homme puise sa survie dans les rouages de la violence. Or la violence n'est nullement une expression de l'intelligence » ; le terrorisme « Au nom de quoi un homme se permet-il de décider de la vie et de la mort d'autrui » ; l'assassinat d'Indira Gandhi « Sans un réveil, sans la lucidité, les armes et la violence triompheront. Alors il sera trop tard » ; la torture déclarée illégale par l'ONU en…1984.


Et puis, l'une des séquences « émotion » est lorsqu'Alexandre signe un article pour saluer la mémoire de Romain Gary « Romain Gary fait partie de ces êtres qui ont vécu aussi bien sur un grand désespoir que sur un grand espoir, oscillant sans cesse entre les deux, jusqu'à ce que les deux finissent par s'imbriquer l'un dans l'autre ». Mona Azzam ne traduit pas que l'esprit de Gary, elle traduit en même temps celui d'Albert, tous deux amoureux de la justice, de la Méditerranée et fuyant le sérail synonyme de vacuité.


Quelle gageure ce roman ! Car la sermocination utilisée par Mona Azzam n'est pas une figure de rhétorique pour se prendre pour Albert Camus mais pour s'interroger sur ce que l'écrivain aurait pensé de notre monde actuel et d'essayer – à l'aide de ses écrits, d'où les nombreuses citations le long du livre – d'y apporter une réponse. Et c'est une réussite totale, aussi bien pour l'âme du Prix Nobel qui flotte sur les pages que pour la prouesse scripturale qui jaillit de toute part. La romancière brille par l'art du détail, si bien qu'une seule lecture n'est pas suffisante pour saisir les maintes subtilités et les moult références : de Pasternak au chef-d'oeuvre des jumeaux…

Un roman aussi allégorique que l'était le romancier, aussi lumineux que cette phrase qui peut résumer un peu l'ensemble « L'espoir est le moteur qui nous fait avancer » car oui, il faut garder cet espoir, en dépit de tout. Même de ce qui paraît insurmontable. Merci Mona Azzam, merci Albert Camus. Merci à tous ces aèdes qui refusent les silences – sauf ceux qui sont « philarmoniques » – pour écouter les bruits du monde et briser ceux qui ne sont pas harmonieux.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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Bonjour à tous et à toutes,
Aujourd'hui, je souhaite vous faire un retour de lecture sur le magnifique livre de Mona Azzam « Camus, l'espoir du monde » aux Éditions d'Avallon. Mona est Membre du réseau des Auteurs Francophones et directrice France, elle est professeur de lettres, poétesse et passionnée de littérature, elle a déjà écrit une dizaine de romans.

Ce livre est un chef-d'oeuvre, il n'a pas son pareil, il est excellent, impérieux et original. Mona connait Camus sur le bout des doigts, on le ressent fortement. Mona a pris son temps pour écrire ce magnifique livre, elle a su entrer dans l'esprit de ses personnages, dans l'esprit de Camus, pour lui redonner vie vingt ans après sa mort et aussi le faire parler à la première personne, ce qui n'est pas simple. La couverture est sublime, le choix de Mona pour les polices de caractère renforce la beauté du livre.
La plume est poétique, imaginative, juste, franche, incisive, subtile, elle délivre un Camus plus vrai que nature, qui se réveille d'un coma, dans un hôpital de Moscou, vingt ans après son accident Mona va le rendre plus vivant que jamais pendant cinq années et plus de trois cents pages de récit. Pour les passionnés du célèbre écrivain, Mona est une véritable artiste, une auteure talentueuse, une déesse de l'écriture. Ces mots bien à elle, subtils, poétiques, nous font voir, imaginer et entendre ce penseur qu'était Camus.
En écrivant ce livre l'espoir du monde, Mona a réussi un pari osé, fou, magistral, celui de ressusciter l'illustre écrivain Albert Camus. Une fiction qui met en scène l'écrivain aux prises avec les bouleversements des années 80. On retrouve, dans cet ouvrage, un Albert Camus toujours aussi combatif. On ressent fortement l'admiration que Mona voue à ce personnage culte. À travers le savoir et les mots de Mona que l'on croirait sortis de la pensée d'Albert Camus, nous retrouvons l'illustre personnage, mais également le père et l'amant.

Quelques passages nés sous la plume de Mona pour vous mettre en appétit.
Ô Maria, si tu savais comme il est absurde de vivre avec le manque ! Tu me manques partout, dans la mer, même où nous ne nous sommes jamais mêlés. C'est à croire que nous sommes nés ensemble et que tu es partout où j'ai été et tout paysage sans toi a la lumière du passé.

En ce premier jour de printemps pluvieux après plus de deux ans de « retour » dans le monde des vivants, plus que par le passé, je suis convaincu que si j''avais à choisir entre le monde entier et toi, c'est toi que je préférerai à la vie et au ciel.
Toi seule Maria, mais il est trop tard.

Où es-tu, ma houle ? Si tu savais ce besoin que j'ai, alors que j'écris cette lettre dont tu es la destinataire qui ignore qu'elle en est destinataire, de t'étreindre, de me fondre dans ta houle revigorante ; vivifiante.
« Seul, le coeur vit, et pour toi. »
J'embrasse tes lèvres dont je croque le goût de sel ; je caresse tes épaules dorées par le soleil. Ton Albert

N'hésitez pas, ce livre vous bouleversera, vous fera vibrer, l'entraide, la solidarité, le respect et la paix sont les maîtres mots. le texte est fluide, respectueux, cet ouvrage se lit facilement, il est d'une très grande érudition, il mêle citations, fiction, littérature qualitative, il se déguste avec passion tel Albert Camus pour sa Maria et aussi pour son Algérie.
Pour conclure, je dirai que Mona avec Camus, L'espoir du monde, a laissé des empreintes indélébiles des traces qui feront parler d'elle et qui demeureront éternellement. Mariaclara

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L'essentiel, c'est ne pas se perdre
Mona Azzam aime Camus, je le savais et lorsque j'ai su qu'elle écrivait un livre sur lui je n'ai pas été étonnée.
Mais à réception de l'ouvrage, j'ai tout d'abord été conquise par l'objet, une couverture magnifique, et le choix de la mise en page, alternant les polices cela renforce le propos.
L'auteur part du postulat que Camus n'est pas mort ce 4 janvier 1960, c'est audacieux et fou car il faut avoir les moyens de ses ambitions et tenir jusqu'au bout.
Croyez-moi le pari est tenu, et j'ai été envoûtée par ce Camus vivant, et lorsque je vois le monde tel qu'il va, je pense souvent à lui en me disant que dirait-il ? Que ferait-il ?
Ce penseur, citoyen du monde nous manque indubitablement.
Le Camus du livre nous semble familier, cette figure emblématique dont les mots sont toujours des lumières éternelles, ses valeurs, sa vision…
« Je me révolte donc nous sommes »
Il a incarné son époque avec humanité, lucidité, acuité, il est intemporel.
Son esprit est là sous vos yeux.
C'est l'homme qui a appris la philosophie « sur le tas », celui qui est resté fidèle à ses origines, honneur, droiture, courage, dignité et si solaire.
Rien d'un barbon vivant hors du monde.
Appréhender l'oeuvre de Camus c'est lier sa pensée et sa vie.
Beaucoup de références littéraires, si judicieusement employées que le lecteur se surprend à aller au-delà de la phrase extraite.
Pour ce retour parmi les vivants, il faut la fraternité des fidèles : Jean Grenier, Louis Guilloux et René Char. Là aussi, la sagacité de l'auteur leur donne vie et place aux côtés de Camus.
C'est Camus qui tient la plume et revisite les années 1980, le philosophe, le journaliste et l'homme tout simplement.
Il faut pour pouvoir écrire comme cela de solides références, être imprégnée comme l'est Mona pour réussir ce tour de force.
Quand la création littéraire fait sens, de l'audace, encore de l'audace et toujours de l'audace, l'auteur peut s'énorgueillir d'avoir écrit un livre qui sera un tremplin pour relire l'oeuvre de Camus.
Laissez-vous embarquer dans cette aventure, Mona Azzam maîtrise son Camus jusqu'à la moelle, l'amour d'une vie.
Camus n'est pas mort.
©Chantal Lafon



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Camus, l'espoir du monde

Camus vivant, Camus contemporain dans les années 1980, celle de la gauche au pouvoir et des avancées sociétales majeures, si chères à Albert.

D'une grande érudition, mêlant fictions et citations, le texte se dévore avec passion tel Albert pour sa Maria et son Algérie.

Aussi osé que réussi, faire parler Albert, Rene et Maria à la première personne sans trahir ni falsifier.

Qu'aurait dit Albert Camus sur notre époque contemporaine? Assurément que plus que jamais se battre pour l'unité, l'entraide et la paix sont indispensables. Que la solidarité prévaut à tous les ismes: fanatismes, islamismes, fascismes et égocentrismes.

Merci Mona. Alors même que le travail de recherche et "d'assemblage" est conséquent, le texte est d'une grande fluidité. Immense respect.

Roman engagé assurément, roman poétique nécessairement, roman amoureux indéniablement.

A l'instar d'autres (je pense à Stéphane Carlier et Proust), comment ne pas relire Noces, puis l'été et terminé par le Premier homme.

Et si..
Comment ne pas projeter Albert en 2023....

Albert Camus : Idéaliste ou utopiste ?
D'aucuns répondront réaliste ... et avant tout humaniste. Sa voix nous manque tant aujourd'hui...

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Je suis né en 1868 et mort en 1927. Je suis l'auteur de "la poupée sanglante", du "fauteuil hanté" et du "fantôme de l'opéra", mais je suis surtout connu pour les aventures de Rouletabille dont le premier tome est "Le mystère de la chambre jaune', je suis, je suis...

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