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Alors que l'Océan Viking, l'héritier de l'Aquarius, bateau de SOS Méditerranée est retenu depuis le 22 juillet dans le port de Porto Empedocle en Sicile, par les autorités Italiennes avec la bénédiction de l'union européenne toujours aussi lâche quand il est question de prendre et d'assumer ses responsabilités… qu'il fait, malheureusement, bon de se plonger dans un petit livre comme « Ulysse a dit ». Pas que ce soit le livre du siècle ou de l'année ni même celui de la semaine, c'est juste un livre intemporel, un livre du coeur, un livre du dégout et du courage.
Le dégout de nos sociétés, de nos… « civilisations ? » qui permettent que des Hommes meurent tous les jours de faim ou sous les bombes, que des Hommes soient asservis et assassinés au nom d'un dieu quel qu'il soit, le dégout d'un monde qui permet, pire, qui accepte, que des Hommes meurent en mer en essayant d'échapper au destin qu'on leur a tracé. Migrants, clandestins et autres petits mots doux pour les nommer. On les fait clandestins de la vie alors qu'ils sont la vie pendant que nous sommes « morts » devant nos écrans de télé, devant ces réseaux qu'on appelle sociaux, devant tant de choses. Morts de peurs. Peur de perdre son boulot, son fric, sa femme ou son mari, sa santé, son confort, sa place de parking, son match de foot, peur de l'autre, des autres. Hier l'autre c'était une couleur de peau, une religion, une orientation sexuelle, une conviction politique. Ca le reste aujourd'hui mais il faut y ajouter celui qui avance sans masque. Des goûts et des coups leurrent…
Ce petit livre, c'est le livre du courage. Courage de ceux qui partent. Même s'il est maintenant politiquement correct de dire qu'on ne peut pas accueillir toute la misère du monde (copyright rocard 89…) il serait tellement plus simple de ne pas la créer ni l'entretenir cette misère qui nous rapporte tant…
Oui courage de ceux qui quittent une terre, un parent, juste pour avoir le droit de vivre, juste pour avoir le droit de respirer sans risquer la sanction, juste pour avoir le droit de voir grandir ses enfants, juste pour que ses enfants aient une chance de grandir.
Courage aussi de ces gens HORS LA LOI !!!!!!! qui aident les « clandestins », courage des membres de ces associations qui désobéissent intelligemment. Tendre la main est aujourd'hui condamnable sans que ça ne pose le moindre problème…
Ce petit livre est un livre du coeur, écrit avec le coeur.
Ce petit livre c'est le pouls de l'humanité qui devient de moins en moins perceptible. C'est un battement rebelle, une pulsation qui vient battre aux tempes et qui fait mal à la tête, et qui fait mal au coeur.
Ce petit livre c'est l'histoire de Maïmouna, petite Malienne de treize ans, ce petit livre c'est l'histoire d'Ulysse, gardien de phare, ce petit livre c'est une histoire comme il y en a trop, ce petit livre c'est notre histoire.
Si vous venez tendre l'oreille aux dires d'Ulysse, ne vous perdez pas à savoir si c'est de la littérature ou pas, on s'en fout. Entendez juste ce souffle de vie, ce souffle d'en vie.
Ce petit livre c'est Maïmouna, c'est Mona Azzam, c'est un froissement d'elles.

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Ce roman est un rêve et un cauchemar.
Le rêve d'une mère, le cauchemar de sa fille.
De la Mauritanie à l'Espagne.
Des économies à l'épargne pour la traversée.
L'homme blanc aux cheveux dorés à l'arrivée « Ma avait prévu cela. »
La cale insalubre, le viol lugubre, le naufrage. « Ma n'avait pas prévu cela. »

De sa vie, il en a eu marre, Ulysse est gardien de phare, il a tout plaqué pour Gibraltar.
Ulysse a dit… Plus jamais ça.

Mais je n'y crois pas !
L'histoire de Maïmouna, Ulysse la raconte dans ce livre.
« Mais elle est aussi, une histoire universelle, celle de tous les migrants qui payaient et payeraient encore longtemps, au prix de leur vie, leur quête de contrées européennes où ils n'aspirent qu'a une vie normale, loin des conflits qui déciment leur pays d'origines. »

Mona Azzam a fait d'un sujet lourd un roman facile à lire, presque léger par la poésie qui s'en dégage. Un roman parfaitement adapté à la lecture par des adolescents, des lycéens. Pour qu'ils ne soient pas dupes, pour qu'ils sachent même s'ils n'y peuvent pas grand-chose.

« Comment va le monde – il est rouge sang. Et à mon avis il l'est pour longtemps.
Comment va la vie – il y a des endroits, elle vaut dix dollars – combien je te dois.
Comment va la guerre – elle va comme elle va. Elle est planétaire. On se reverra.
La dignité n'est pas notre spécialité. »
B. Lavilliers.

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Maïmouna, malienne, a 13 ans. Arrivée par bateau, elle fera irruption dans l'univers d'Ulysse, écrivain, borné sans limites par un phare et par la mer.
Elle a fui son pays en voyageuse clandestine, lui a migré de famille d'accueil en famille d'accueil.
Il se fera un devoir de raconter l'odyssée de cette déracinée, perpétuant ainsi la tradition des griots.

Deux oeuvres parcourent en filigrane le roman de Mona Azzam, le petit prince et Ulysse, qui reviennent en leitmotiv.

Cet ouvrage est un petit opus taillé comme un conte fictif, celui de la rencontre improbable du petit prince aux cheveux couleur d'or qui cherche à apprivoiser Maïmouna aux yeux caramel. C'est aussi un récit véridique sur l'abominable voyage qu'entreprennent ceux qui ont laissé leur âme dans un pays lointain.

C'est frais, plein d'embruns d'humanité, au bord de la naïveté qui sied aux propos.
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Maïmouna, petite Malienne aux yeux caramel, ta maman t'aimait tant qu'elle a sacrifié son amour pour tenter de te sauver.
Du jour où elle a entendu ton cri déchirant à travers la Savane, elle a su qu'elle devait t'éloigner de Yélékéla, de cette terre d'Afrique devenue hostile.
Alors, tu as fait ton baluchon sans rien dire et, à travers le désert, tu as marché dans ses pas jusqu'au bateau blanc qui devait te conduire à une vie meilleure, au djinn aux cheveux d'or de ton livre préféré.
Mais Ma n'avait pas prévu la maladie, la violence, la tempête, la France si lointaine.
Dieu seul savait, qui a mis Ulysse sur ton chemin afin que ton histoire ne tombe pas dans l'oubli.
Alors, du haut de son phare, Ulysse s'est fait griot, Ulysse a dit...

Un récit aux allures de conte qui n'occulte pourtant pas la cruelle réalité qu'affrontent ces naufragés de l'espoir que sont les migrants.
Une plume sensible, délicate, que Mona Azzam manie avec justesse, laissant dans son sillon de doux parfums d'embruns et, dans la bouche, le goût salé/sucré de la tragédie humaine.
Merci à David pour cette belle découverte !
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𝘜𝘭𝘺𝘴𝘴𝘦 𝘢 𝘥𝘪𝘵...

Cette Odyssée n'est pas la sienne.
Il se fera pourtant leur voix pour la conter, par-delà les flots, lui Ulysse, gardien du phare, la porte ouverte sur l'océan...

Cette Odyssée c'est la leur... celle de Maïmouna, celle d'Aminata, celle de tant d'autres qui, comme elles, tenteront le grand voyage. Terre rouge d'Afrique, terre de griots, terre de sueur et de labeur, terre d'islam et de répression...

Et au-delà de ces terres millénaires, au-delà de cette étendue bleue, houleuse et belle à la fois, cercueil au linceul d'écumes mais tant porteuse d'espoirs, l'avenir... L'espérance d'un nouveau printemps, les notes d'un chant salvateur. La vie. Chapitre Un.

Cette Odyssée, Maïmouna, petite malienne aux yeux caramel et au teint d'ébène, l'accomplira seule, loin de sa famille, sur une mer parsemée de cyclopes... Elle aussi se fera voix... Petite sirène dont les mélopées s'élèveront pour se faire écho des tourments qui ravagent son pays.

Avec une plume sincère, beaucoup de sensibilité et quelques jolies envolées poétiques qui lui siéent à ravir lorsqu'elle évoque la mer ou les contrées nord-africaines, Mona Azzam livre, à travers les yeux caramel de Maïmouna, un cri d'alarme, un playdoyer pour tous ces migrants à l'histoire universelle, à la recherche d'une petite étincelle de bonheur loin des conflits morcelant leur pays d'origine, le Mali.

Dans une région où AQMI fait toujours planer l'insécurité, où l'instabilité politique, les sécheresses, le terrorisme ou la corruption sont autant de fléaux qui forcent à l'exil, les forces armées françaises viennent toutefois récemment d'abattre le chef d'AQMI lors d'une action antiterroriste, entretenant une petite lumière d'espoir, comme un phare qui se dresse pour tous les Ulysse et les Maïmouna du monde...


(𝘈𝘘𝘔𝘐 : 𝘣𝘳𝘢𝘯𝘤𝘩𝘦 𝘥'𝘈𝘭-𝘘𝘢𝘪𝘥𝘢 𝘢𝘶 𝘔𝘢𝘨𝘩𝘳𝘦𝘣 𝘪𝘴𝘭𝘢𝘮𝘪𝘲𝘶𝘦)
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Ulysse a ditUlysse a dit l'horreur.
Ulysse a dit combien il aimait cette petite fille trouvée à bord d'un bateau de migrants, seule rescapée d'un drame qui la dépasse.
Ulysse a dit le courage de l'enfant.
Ulysse a dit que la France aurait pu, aurait dû être pour elle un nouveau départ.
Ulysse a dit que tout n'est pas si simple au pays du Petit Prince.

Mona Azzam a écrit un texte magnifique, sobre et bouleversant.
En consacrant son roman à une seule personne, une petite fille, elle donne une dimension extrêmement émouvante à ces drames auxquels nous sommes confrontés presque quotidiennement.
L'auteure a su trouver les mots pour exposer, sans juger. Son récit ne tombe ni dans le voyeurisme, ni dans le larmoyant.
Plus qu'un roman, ce court récit nous ouvre les portes d'un monde que nous ne voulons pas voir.

Une lecture coup de poing pour laquelle je remercie Babelio et les Editions La Trace.

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Ulysse retranché dans son phare écrit -
Djinn aux cheveux d'or , va sauver des eaux une petite sirène aux yeux caramel et aux fossettes irrésistibles ; accrochée à la mer !

Il écrira sa mémoire et le dira, tel Le Griot au pied de l'arbre du village de Maïmouna.

Il écrira le périple de ces migrants de tous pays, qui déploient leurs âmes au fond de la Méditerranée comme une immense étoile de mer qui n'en finit pas de grandir.

Maïmouna, courageuse petite fille, meurtrie, violentée, foudroyée par une Ombre , trouvera en haut de ce phare son "Petit Prince", qui, malheureusement, n'arrivera pas à tuer le serpent de son destin.

Beau conte plein d'humanité, qui, une fois la dernière page tournée, laisse un voile de tristesse embrumer nos yeux.
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"Et lorsque Ulysse a dit, son dit se fait clameur. Son dit se fait incantation. Son dit se fait cri intemporel. Son dit… se dit". Alors Mona Azzam a dit… et transmis le récit poignant de Maïmouna, la petite migrante clandestine, rapporté par Ulysse, l'écrivain-gardien de phare. Et le lecteur reçoit avec émotion ce vibrant témoignage, peu importe qu'il soit fictif, il est tragiquement universel.

Lui comme elle ont tout quitté un jour.
Lui, Ulysse, parisien de 45 ans, a abandonné son job, la sécurité, la réussite et les faux‐semblants mondains, pour la solitude, l'écriture et la mer.
Elle, Maïmouna, petite fille malienne de 13 ans, a quitté sa terre, sa famille et sa mère, fuyant les atrocités et la cruauté d'un peuple qui se déchire, pour voguer vers un monde meilleur.
Ma, en faisant monter Maïmouna sur le bateau de la délivrance, a prédit la rencontre de sa petite fille aux yeux caramel et d'Ulysse le Djinn aux longs cheveux d'or qui l'attend.

Savez-vous que Maïmouna signifie 'sous la protection divine' ?

La rencontre improbable de deux univers antagonistes, mais tous deux en recherche de liberté et de bonheur, ne pouvait avoir lieu que dans ce phare, au large de Gibraltar, repère de lumière au sein des ténèbres, se dressant, libre et résistant face aux tumultes des eaux tempétueuses et meurtrières.
"Ils étaient las, tous deux, sous la protection du phare, oubliés du monde, tels deux fragments de vie, deux survivants, certes de couleur de peau différente, mais semblables de par la mer, qui avait décidé d'unir leurs destins".

Quel récit émouvant et poétique ! Les mots et le cri de Mona Azzam sont saisissants. L'écriture est magnifique.
Ulysse a dit… pour ne pas oublier et que l'on sache. Mona a dit… pour que le lecteur n'oublie pas et dise à son tour.
" L'histoire de Maïmouna, une nouvelle épopée, celle de tous les migrants.
Ma avait prévu ça.
Ulysse, le djinn blond écrira cette épopée et la dira, comme le griot de Yélékéla. Pour que mon village redevienne pacifique. Pour que Pa ne meure plus jamais.
Pour que mes frères et mes soeurs dorment encore dans la hutte.
Pour que Ma ne soit plus malade. Pour que le maïs pousse encore dans les champs.
Pour que le maître continue à lire le Petit Prince.
Pour qu'Ainata soit encore aussi belle qu'avant.
Et pour qu'Abdou puise sourire de nouveau."

Comment ne pas être touché par ce récit. Car "Ulysse nous dit, en disant. A nous d'écouter son dit. Et de nous y retrouver".
" En chacun de nous, murmure une Maïmouna, l'enfant que nous avons été; l'enfant que nous n'avons pas été… Cet enfant qui n'est pas le nôtre, mais qui aurait pu l'être. Et qui devient le nôtre par des liens autres que ceux du sang. Des liens indéfectibles qui sont l'assise de notre rapport à autrui : l'humanité".
" En chacun de nous, sommeille un Ulysse… un héros qui du héros, n'a nulle prétention si ce n'est celle de dire. Afin que résonne en nous tel un fracas de vague l'essentiel ".

Mona Azzam chaque fois nous surprend et se renouvelle dans ses écrits, pour notre plus grand plaisir, mais reste fidèle aux thèmes qui lui tiennent à coeur : solitude, liberté, humanité et la mer bien sûr. Ce sont aussi ceux qui me sont chers.
Sur quel rivage nous emmènera-t-elle dans son prochain ouvrage ?
En attendant je veux juste lui adresser un simple et profond 'merci Mona'. Toute ma gratitude aussi pour les éditions La Trace qui font délibérément le choix de la qualité de l'écrit et nous offrent de surcroît de si belles couvertures.
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Qu'est-ce qui pousse un parent à jeter son unique et dernier enfant dans un bateau pour qu'il ait une meilleure vie, ailleurs… en France ? C'est le récit d'une vie, semblable à tant d'autres, qui pour fuir la noirceur humaine, n'hésite pas à braver les éléments. Va t-elle survivre à la traversée de la mer Méditerranée ? Supposons qu'elle y arrive sur le continent européen, aura-t -elle la vie tant espérée ? Ou bien va-t-elle se confronter à nouveau à la cruauté humaine ? Un roman fort sur le sort tragique réservé à ces âmes africaines victimes à la fois du terrorisme islamique et de l'indifférence occidentale. L'alternance de désespoir et d'espoir tout le long du roman maintient en haleine le lecteur jusqu'au bout ! Merci @mona_azzam_auteur pour ce texte bouleversant Qu'est-ce qui pousse un parent à jeter son unique et dernier enfant dans un bateau pour qu'il ait une meilleure vie, ailleurs… en France ? C'est le récit d'une vie, semblable à tant d'autres, qui pour fuir la noirceur humaine, n'hésite pas à braver les éléments. Va t-elle survivre à la traversée de la mer Méditerranée ? Supposons qu'elle y arrive sur le continent européen, aura-t -elle la vie tant espérée ? Ou bien va-t-elle se confronter à nouveau à la cruauté humaine ? Un roman fort sur le sort tragique réservé à ces âmes africaines victimes à la fois du terrorisme islamique et de l'indifférence occidentale. L'alternance de désespoir et d'espoir tout le long du roman maintient en haleine le lecteur jusqu'au bout ! Merci à Mona Azzam pour ce texte bouleversant : un roman qui fait entendre la voix de ceux que l'on ne veut pas entendre !
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"Ulysse a dit…", le dernier roman de Mona Azzam, c'est d'abord une magnifique première de couverture, une mer, un ciel de couleurs fondues dans un camaïeu de bleus et de blancs sur lesquels veille un phare. "Ulysse a dit…", le dernier roman de Mona Azzam, c'est aussi un avant-propos plein d'amour, qui dit l'humanité, la vie, la mort.

"Ulysse a dit…" Il a quitté son poste au sein d'une start-up spécialisée dans les placements financiers pour devenir gardien de phare dans le détroit de Gibraltar. Un jour, "un bruit fracassant [le] força à ouvrir les yeux…". Et il le vit, "…semblable à une plume blanche…les flancs éventrés contre les récifs. Un voilier gisait là, prisonnier marin…". Et "C'est alors qu'il l'aperçut, au travers d'un rideau d'écume…Là-haut, au-dessus de sa tête, hissée à une corde, se balançait un corps frêle." Et le destin d'Ulysse bascule.

C'est un chant que Mona Azzam nous donne à écouter, un chant d'une rare beauté, le chant d'amour pour une petite fille et son peuple. Maïmouna, treize ans, a quitté son pays de misère et de terreur, laissé sa maman derrière elle, pour rejoindre un paradis rêvé et pourtant inaccessible, un paradis qui sera bientôt un enfer. Les mots s'emmêlent, se tordent et sombrent au gré des vagues de cette mer, cet océan porteurs de mort. Ils se cognent contre les rochers que surveille le phare. Tel le ressac ils vont et viennent en une musique triste et pourtant mélodieuse. L'écriture est sublime, poétique et riche des divers degrés de langue utilisés selon le narrateur. C'est d'abord la voix de Maïmouna que nous entendons, fragile, hésitante, apeurée. Puis c'est Ulysse "Le Djinn aux cheveux longs, couleur de blé…" qui parle ou plus exactement écrit. Il écrit l'Odyssée, une odyssée contemporaine, la dit, la vit, la fredonne :

"Le bateau plongeait dans les abîmes/ Et je chantais./ Des bruits fracassants retentissaient sans cesse./ Et je chantais./Abdou ne me porta pas mon repas./Je chantais quand même./Le capitaine ne revint pas cogner à ma porte./Moi, je chantais./Ma nuit noire me plongea dans les ténèbres./Et moi, au coeur des ténèbres, je chantais."
Et les mots se transforment, deviennent autres, le rythme s'accélère, et le coeur bat plus fort.

"Ulysse a dit…" est le chant d'un aède, qui berce et nous enveloppe de références littéraires nombreuses, flamboyantes. Homère et Du Bellay veillent. La lecture se fait mélodie et la bienveillance nous caresse. Maïmouna est là, près d'Ulysse pour toujours. Et dans son chant vivent tous les migrants.

"Ulysse a dit…" hommage éblouissant, vibrant, émouvant, à ces femmes, hommes et enfants qui perdent leur vie à espérer gagner un éden inaccessible.

Lien : https://memo-emoi.fr
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