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Critique de Presence


Il s'agit du deuxième tome, après Première salve (épisodes 1 à 7). Il contient les épisodes 8 à 14, parus en 2000.

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Épisode 8 - L'agent Graves a une discussion pleine de sous-entendus avec Lono, en terrasse, sous un grand soleil. Ils évoquent ce qui s'est passé à Atlantic City et après. Au cours de la discussion, il est également question de 7 Minutemen, mister Shepherd, du Trust, d'activation, et d'une explosion d'hélicoptère (épisode 5).

Azzarello et Risso construisent un épisode dans lequel ils commencent à dévoiler un peu du mystère de grande ampleur que sont les agissements de l'agent Graves, ses motivations et ses relations avec Lono. À nouveau les 2 créateurs font preuve d'une maestria bluffante. Risso imagine une mise en scène telle que chaque case apporte des informations visuelles complémentaires, rendant chaque plan intéressant. Azzarello tient le lecteur en haleine en lui donnant quelques pièces de puzzle, assez consistantes pour rassasier sa soif de découverte, tellement incomplètes que le lecteur accélère sa lecture pour en découvrir plus.

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Épisodes 9 & 10 - Cole Burns est un marchand ambulant de glace (et de cigarettes tombées du camion) dans un quartier défavorisé de New York. L'agent Graves lui confie une mallette avec 100 balles et un nom : Goldy Petrovic, le malfrat responsable de la mort de sa grand-mère. Cole a aussi une petite amie Sasha, et un concurrent en affaires Lazlo. Il réagit bizarrement à une expression : Croatoa.

Une nouvelle mallette, une nouvelle vengeance, une nouvelle pièce du puzzle, une histoire à la saveur à nouveau différente, et un métier (vendeur de crèmes glacées) qui fait penser à la chanson "Ice cream man" interprétée par van Halen dans leur premier album (Van Halen).

Episode 11 - L'agent Graves remet une mallette ainsi qu'un nom à Lily Roach, serveuse dans un établissement restauration rapide. Épisodes 12 à 14 - Mister Shepherd a suggéré à Dizzy Cordova de se rendre à Paris pour rencontrer un personnage singulier : Mr. Branch.

Dans la première histoire, Azzarello et Risso proposent une nouvelle histoire de vengeance, suite à un crime particulièrement odieux. Ils abordent également une question de société délicate : la parenté non désirée, avec un regard plus nuancé que le ton de la série ne le laisse supposer, entre le futur père très jeune qui voit ses projets d'avenir réduits à néant, et une mère ayant perdu son enfant qui a des idées très arrêtées.

La dernière histoire ramène un personnage du premier tome (Dizzy Cordova) et montre qu'il reste beaucoup à découvrir sur ce personnage. Azzarello introduit un nouveau personnage (mister Branch) haut en couleurs qui lui aussi apporte quelques pièces de puzzle. Il s'en suit des échanges plein de suspense entre Dizzy et lui, l'une ne sachant pas ce qu'elle peut prendre pour argent comptant, l'autre ne sachant pas ce qu'il peut raconter, et dans quelle mesure il sera cru. Azzarello construit son récit en insérant quelques scènes d'action (de peur de perdre des lecteurs impatients en cours de route), une nouvelle apparition du nombre XIII, des dialogues vifs échangés pendant une longue promenade dans Paris. Ce décor permet au lecteur français de mieux apprécier le travail d'interprétation de Risso.

Au fur et à mesure des déplacements de Lizzy et Branch, le lecteur peut constater comment Risso choisit des éléments visuels identifiant Paris (les ponts, les façades), comment il les représente de manière simplifiée, en les tirant vers l'icône symbolique. Il est visible qu'il a effectué des recherches conséquentes pour trouver des éléments spécifiques et représentatifs, inscrits dans l'inconscient collectif comme étant tellement parisien, sans se contenter de se limiter aux symboles les plus basiques. On n'échappe quand même pas à une vue de la Tour Eiffel. En y regardant de plus près, il est visible également qu'il a tronqué quelques inscriptions de manière arbitraire (Hôtel saint Germain, amputé de "main") et qu'il a pris une ou deux liberté avec la réalité (la fontaine Saint Michel, sans bâtiment en arrière plan). Mais cela signifie aussi qu'il a été chercher une référence pour ladite fontaine, et qu'il l'a représentée de telle sorte qu'elle soit reconnaissable. Il s'agit donc plutôt d'une licence artistique pour réaliser une composition plus efficace. Parmi les rares approximations, la scène de dégustation des escargots montre qu'il n'a pas trouvé de référence visuelle. Par contre, la scène avec les toilettes à la turque est très drôle et très représentative du désarroi que l'on éprouve lorsque l'on découvre une installation de ce type pour la première fois.

Pour les personnages, Eduardo Risso utilise le même style que pour les épisodes précédents. Il crée à nouveau des individus uniques, plausibles et inoubliables. C'est presque surnaturel la facilité avec laquelle il donne vie à Lily Roach qu'il suffit de regarder pour voir sa fatigue de l'existence, son caractère affable, sa souffrance latente suite au décès de sa fille, sa difficulté à faire face à cette mort arbitraire dépourvue de sens. Il est possible de détailler chaque personnage et de percevoir ses traits de caractère dans sa façon dont il s'habille, dont il porte ses vêtements, dans son langage corporel. À nouveau, Mister Branch est une personne complexe, attachante, et dont on se méfie immédiatement. le lecteur se surprend à décrypter chaque expression sur son visage pour guetter un indice sur ses intentions, sur le ton avec lequel il prononce ses paroles. Au final, dialogues et images se combinent pour former un portrait sophistiqué de chaque protagoniste, avec un niveau d'interpénétration qui pourrait faire croire que ces pages sont issues d'un seul et unique artiste, et non de la collaboration d'un scénariste et d'un dessinateur.

Avec ce deuxième tome, Azzarello continue d'utiliser le dispositif artificiel de cette mallette si pratique et de cette proposition qui abuse un peu de la suspension consentie de l'incrédulité du lecteur. Mais cet artifice s'efface devant une plongée crédible dans des milieux divers et variés, allant de l'arnaqueur professionnel de la tournée du vendeur de glaces dans un quartier défavorisé à la serveuse accablée par les vicissitudes de la vie, en passant par un Paris sublimé de magnifique manière par Eduardo Risso. La gigantesque conspiration d'opérette qui commence à se dessiner cède également le pas à l'émergence de thèmes sociaux et de moments révélateurs de la condition humaine. le lecteur a à la fois le bénéficie d'une intrigue rocambolesque à haute teneur en divertissement, et la sensation de toucher de ressentir quelques uns des aspects les plus désespérant de l'humanité. Les machinations continuent à prendre de l'ampleur dans Dos rond pour le daron (épisodes 15 à 22).Il s'agit du deuxième tome, après Première salve (épisodes 1 à 7). Il contient les épisodes 8 à 14, parus en 2000.

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Épisode 8 - L'agent Graves a une discussion pleine de sous-entendus avec Lono, en terrasse, sous un grand soleil. Ils évoquent ce qui s'est passé à Atlantic City et après. Au cours de la discussion, il est également question de 7 Minutemen, mister Shepherd, du Trust, d'activation, et d'une explosion d'hélicoptère (épisode 5).

Azzarello et Risso construisent un épisode dans lequel ils commencent à dévoiler un peu du mystère de grande ampleur que sont les agissements de l'agent Graves, ses motivations et ses relations avec Lono. À nouveau les 2 créateurs font preuve d'une maestria bluffante. Risso imagine une mise en scène telle que chaque case apporte des informations visuelles complémentaires, rendant chaque plan intéressant. Azzarello tient le lecteur en haleine en lui donnant quelques pièces de puzzle, assez consistantes pour rassasier sa soif de découverte, tellement incomplètes que le lecteur accélère sa lecture pour en découvrir plus.

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Épisodes 9 & 10 - Cole Burns est un marchand ambulant de glace (et de cigarettes tombées du camion) dans un quartier défavorisé de New York. L'agent Graves lui confie une mallette avec 100 balles et un nom : Goldy Petrovic, le malfrat responsable de la mort de sa grand-mère. Cole a aussi une petite amie Sasha, et un concurrent en affaires Lazlo. Il réagit bizarrement à une expression : Croatoa.

Une nouvelle mallette, une nouvelle vengeance, une nouvelle pièce du puzzle, une histoire à la saveur à nouveau différente, et un métier (vendeur de crèmes glacées) qui fait penser à la chanson "Ice cream man" interprétée par van Halen dans leur premier album (Van Halen).

Episode 11 - L'agent Graves remet une mallette ainsi qu'un nom à Lily Roach, serveuse dans un établissement restauration rapide. Épisodes 12 à 14 - Mister Shepherd a suggéré à Dizzy Cordova de se rendre à Paris pour rencontrer un personnage singulier : Mr. Branch.

Dans la première histoire, Azzarello et Risso proposent une nouvelle histoire de vengeance, suite à un crime particulièrement odieux. Ils abordent également une question de société délicate : la parenté non désirée, avec un regard plus nuancé que le ton de la série ne le laisse supposer, entre le futur père très jeune qui voit ses projets d'avenir réduits à néant, et une mère ayant perdu son enfant qui a des idées très arrêtées.

La dernière histoire ramène un personnage du premier tome (Dizzy Cordova) et montre qu'il reste beaucoup à découvrir sur ce personnage. Azzarello introduit un nouveau personnage (mister Branch) haut en couleurs qui lui aussi apporte quelques pièces de puzzle. Il s'en suit des échanges plein de suspense entre Dizzy et lui, l'une ne sachant pas ce qu'elle peut prendre pour argent comptant, l'autre ne sachant pas ce qu'il peut raconter, et dans quelle mesure il sera cru. Azzarello construit son récit en insérant quelques scènes d'action (de peur de perdre des lecteurs impatients en cours de route), une nouvelle apparition du nombre XIII, des dialogues vifs échangés pendant une longue promenade dans Paris. Ce décor permet au lecteur français de mieux apprécier le travail d'interprétation de Risso.

Au fur et à mesure des déplacements de Lizzy et Branch, le lecteur peut constater comment Risso choisit des éléments visuels identifiant Paris (les ponts, les façades), comment il les représente de manière simplifiée, en les tirant vers l'icône symbolique. Il est visible qu'il a effectué des recherches conséquentes pour trouver des éléments spécifiques et représentatifs, inscrits dans l'inconscient collectif comme étant tellement parisien, sans se contenter de se limiter aux symboles les plus basiques. On n'échappe quand même pas à une vue de la Tour Eiffel. En y regardant de plus près, il est visible également qu'il a tronqué quelques inscriptions de manière arbitraire (Hôtel saint Germain, amputé de "main") et qu'il a pris une ou deux liberté avec la réalité (la fontaine Saint Michel, sans bâtiment en arrière plan). Mais cela signifie aussi qu'il a été chercher une référence pour ladite fontaine, et qu'il l'a représentée de telle sorte qu'elle soit reconnaissable. Il s'agit donc plutôt d'une licence artistique pour réaliser une composition plus efficace. Parmi les rares approximations, la scène de dégustation des escargots montre qu'il n'a pas trouvé de référence visuelle. Par contre, la scène avec les toilettes à la turque est très drôle et très représentative du désarroi que l'on éprouve lorsque l'on découvre une installation de ce type pour la première fois.

Pour les personnages, Eduardo Risso utilise le même style que pour les épisodes précédents. Il crée à nouveau des individus uniques, plausibles et inoubliables. C'est presque surnaturel la facilité avec laquelle il donne vie à Lily Roach qu'il suffit de regarder pour voir sa fatigue de l'existence, son caractère affable, sa souffrance latente suite au décès de sa fille, sa difficulté à faire face à cette mort arbitraire dépourvue de sens. Il est possible de détailler chaque personnage et de percevoir ses traits de caractère dans sa façon dont il s'habille, dont il porte ses vêtements, dans son langage corporel. À nouveau, Mister Branch est une personne complexe, attachante, et dont on se méfie immédiatement. le lecteur se surprend à décrypter chaque expression sur son visage pour guetter un indice sur ses intentions, sur le ton avec lequel il prononce ses paroles. Au final, dialogues et images se combinent pour former un portrait sophistiqué de chaque protagoniste, avec un niveau d'interpénétration qui pourrait faire croire que ces pages sont issues d'un seul et unique artiste, et non de la collaboration d'un scénariste et d'un dessinateur.

Avec ce deuxième tome, Azzarello continue d'utiliser le dispositif artificiel de cette mallette si pratique et de cette proposition qui abuse un peu de la suspension consentie de l'incrédulité du lecteur. Mais cet artifice s'efface devant une plongée crédible dans des milieux divers et variés, allant de l'arnaqueur professionnel de la tournée du vendeur de glaces dans un quartier défavorisé à la serveuse accablée par les vicissitudes de la vie, en passant par un Paris sublimé de magnifique manière par Eduardo Risso. La gigantesque conspiration d'opérette qui commence à se dessiner cède également le pas à l'émergence de thèmes sociaux et de moments révélateurs de la condition humaine. le lecteur a à la fois le bénéficie d'une intrigue rocambolesque à haute teneur en divertissement, et la sensation de toucher de ressentir quelques uns des aspects les plus désespérant de l'humanité. Les machinations continuent à prendre de l'ampleur dans Dos rond pour le daron (épisodes 15 à 22).
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